Elle s’était assise sur le bord de la fontaine. Son panier à tissus, fils et aiguilles à ses pieds, Athénaïs n’avait conservé dans ses mains que son présent travail. La jeune fille était vêtue d’une robe bleu pâle élégamment serrée sur ses bras et sa poitrine, mais qui tombait avec amplitude sur son ventre et ses hanches. Ses pieds, chaussés de talonnette, étaient croisés et légèrement repliés le long de la fontaine. Le bas de sa robe les dissimulait, mais on devinait son assise gracieuse, les genoux collés et le dos droit. Ses main s’affairaient sur le tissus coincé dans l’anneau de bois qui servait à le tende. Le visage de la noble était incliné vers le bas laissant retombé quelques mèches noires qui contrastaient délicieusement sur sa peau pâle. Ses yeux étaient rivés sur l’aiguille qui perçait habilement sa toile. Ainsi concentrée, son visage était sérieux, mais ne perdait rien de sa beauté naturelle.
Athénaïs était de passage à Émeraude. Sa tante avait convaincue son père de la laisser l’accompagner jusqu’à ce magnifique royaume. Cette dernière avait estimée que la jeune fille allait pouvoir s’instruire durant le voyage et que celui-ci serait moins loin par le fait même pour la veuve d’une cinquantaine d’année. La raison principale de leur voyage toutefois de rendre une visite de courtoisie à un vieil ami. Conseiller à la cour du roi d’Émeraude, l’homme avait accueillis chaleureusement les deux nobles dames au début de la semaine. Il leur avait fait visiter quelques lieux mythique du château, mais Athénaïs était amoureuse du jardins sud. Tout près de l’aile royale, le jardin était riche en flore et baigné d’une lumière naturelle durant de nombreuses heures. C’était ce que la jeune opalienne avait pu constaté lors de ses dernières promenades.
Aujourd’hui, sa tante et le conseiller avait proposé une sortie dans la capitale pour acheter dans les commerces. Toutefois, le jeune fille avait décliné l’invitation présumant une faiblesse. On ne l’avait point prié de les accompagner. Les deux adultes avaient même semblé soulagé d’enfin avoir quelques temps en privé. Athénaïs ne pouvait leur en vouloir après tout. Ils avaient sans doute des souvenirs à partager qui n’étaient convenable pour ses jeunes oreilles. Convaincue que l’ambiance du jardins la revigorait, la jeune fille s’y était rendu après le petit-déjeuner. Armée d’un nouveau mouchoir à décorer, Athéanïs tissait un motif floral dans l’un des coins. Son travail était précis bien que rapide. Cela démontrait son habileté à manier l’aiguille.
Dernière édition par Athénaïs le Sam 09 Fév 2019, 21:24, édité 1 fois
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Vaelin
Sam 17 Nov 2018, 14:13
Vaelin peina à se tirer du sommeil. Il avait passé la nuit précédente à intensifier ses recherches sur l’utilisation de sang lors de rituels afin faciliter le lien entre deux êtres vivants et ainsi réduire la concentration requise. Ses tests avaient été plus ou moins concluants et il n’était pas particulièrement satisfait des résultats. Les échecs ne le dérangeaient habituellement pas tant que cela, mais les échecs lui coûtant une nuit de sommeil et de précieux sujets de tests le mettaient généralement d’humeur maussade pour les heures suivantes. Il était prudent avec ses requêtes, pour ne pas éveiller les soupçons, et justifiait généralement ces extravagances en évoquant de vagues recherches anatomiques. Cette fois, il s’était procuré deux lapins blancs qui avaient docilement attendu leur sort, la fourrure tachée de son propre sang, et dont il s’était débarrassé avant d’aller dormir pour quelques heures à peine. S’il avait su qu’il ne tirerait rien de leur mort, il aurait au moins absorbé leur énergie vitale.
Il se prépara seul pour la journée à venir, parfaitement à l’aise dans le silence pesant de ses appartements. La vie à la cour pouvait rapidement devenir cacophonique et il appréciait ces moments de solitude. Il choisit de se vêtir d’une chemise d’un vert très foncé, d’un surcot sans manches en soie noire rehaussé de fils d’or, et d’un pantalon noir. Une ceinture ornée de plaquettes de bronze, ceinte par-dessus le tout, lui assurait une silhouette plus fine et une allure plus noble. Le roi d’Émeraude alla ensuite inspecter son visage dans la glace et grimaça en constatant la noirceur de ses cernes contrastant avec la pâleur de sa peau. Son manque de sommeil récent n’arrangeait rien à tout cela. Il soupira et attacha négligemment ses cheveux de manière à ce qu’ils ne le dérangent pas, puis alla se sustenter.
Encore une fois, il fit porter son repas à sa chambre pour y manger seul. Anthea lui en voudrait sûrement de ne pas l’avoir attendue, mais il se savait être de trop mauvais poil pour être de bonne compagnie, ce matin. Il retira la cloche qui recouvrait l’assiette et dévoila les habituels délices auxquels peut avoir droit un roi. L’odeur de la nourriture lui assaillit les narines et il eut un haut-le-cœur. Rien de tout cela ne l’intéressait. Il n’avait pas faim, il se sentait faible à cause de la nuit précédente et voulait ruminer à propos de la stagnation de ses recherches. Si seulement il avait vampirisé les lapins, il serait en bien meilleure forme. Durant les derniers mois, il avait pris l’habitude de réserver une partie de ses cobayes au drain d’énergie vitale. C’était, à ne pas en douter, vil, mais ces larcins de vie épisodiques lui avaient permis d’être, de temps en temps, dans une forme exceptionnelle et pouvaient même compenser le manque de sommeil et de nourriture. Il s’était promis d’étudier cet aspect de la nécromancie plus en profondeur.
Sur un coup de tête, Vaelin s’empara d’une tranche de pain de seigle et fila aux jardins. Il venait d’avoir une idée. Avec un peu de chance, il arriverait à s’emparer d’un oiseau pour se revigorer un peu. Le jardin sud était habituellement assez vide de si bonne heure et il comptait bien en profiter pour s’improviser ornithologue. En quittant l’aile royale, il avisa les gardes en poste de ses déplacements et ces derniers effectuèrent brève une rotation pour couvrir l’itinéraire de leur souverain. S’il y avait quelque chose que Vaelin s’était assuré de mettre au clair, c’était son besoin d’intimité. De ce fait, les hommes en charge de sa sécurité avaient été obligés de mettre au point un système particulier. Leur souverain exigeait qu’ils gardent une certaine distance et n’interfèrent pas avec ses activités, à moins que cela ne soit absolument nécessaire. Heureusement, comme le château était déjà un lieu très sécuritaire, il n’était pas très difficile d’exaucer les souhaits du roi et de se tenir à distance. Ce dernier en était même venu à ne plus percevoir leur présence et était très satisfait de leur discrétion.
Ainsi, il déboucha sur le jardin et fut aussitôt ébloui par la lumière y régnant. Le soleil ne serait pas à son zénith avant de nombreuses heures, mais déjà le jeune homme sentait les signes avant-coureurs d’une éventuelle migraine provoquée par la clarté naturelle. Il fut presque amusé de sa condition misérable. Presque. L’étrange prédateur se mit en chasse sans plus attendre, ne s’attardant pas dans la contemplation de l’exceptionnelle flore l’entourant, produit du travail acharné d’une équipe de jardiniers particulièrement compétents qui faisait à chaque fois s’extasier les visiteurs de ce lieu.
Vaelin erra un temps, dissimulé par la végétation, serrant son bout de pain dans sa main et sentant le sang commencer à battre à ses tempes. Anthea avait toujours préférée le jardin et savait s’y débrouiller mieux que lui. Comparé à elle, il se sentait ridicule dans cette petite oasis au cœur du château. Éventuellement, il s’arrêta près d’un vieux chêne en entendant le chant enjoué de quelques volatiles insouciants s’y étant perchés. Fébrilement, il émietta la nourriture et l’offrit, paume vers le haut, à qui voudrait bien approcher. Heureusement pour lui, les oiseaux du jardin, habitués qu’on les nourrisse, n’étaient pas farouches et l’un d’eux ne tarda pas à s’aventurer hors de son perchoir. Le poids infime de l’oiseau sur ses doigts lui arracha un sourire. Il ne savait pas vraiment de quelle espèce il s’agissait, mais son plumage jaune était ravissant. Il incanta doucement et laissa la magie affluer.
Au fil du temps, il avait décortiqué les formules contenues dans le livre qui étaient destinées à l’aspiration de vie et il était venu à grandement s’améliorer lors de leur utilisation. Plus besoin d’encombrant cercle rituel, ni même de gesticuler comme un pitre, quelques mots antédiluviens murmurés avec malice suffirent à vider l’oiseau de toute vigueur sans même qu’il ait l’occasion de fuir. La sensation de la vie jaillissant en lui fut délectable, mais brève. L’animal était trop petit et faible pour réellement le satisfaire. Cependant, il se sentit mieux. Son début de migraine et la nausée qui l’avait empêché de manger plus tôt disparurent. Sans considération, il jeta le cadavre dans un buisson non-loin, confiant qu’un éventuel prédateur ou charognard s’en chargerait. Il releva la tête vers les branches au-dessus de lui et remarqua qu’elles étaient vides. Les autres oiseaux avaient dû sentir le danger. Avec un haussement d’épaules, il reprit son chemin.
Le petit animal avait été drainé en quelques instants, alors qu’il lui avait fallu plusieurs secondes pour faire subir un sort similaire à son premier chaton. Il était possible de mettre cela sur le compte de l’inexpérience, mais aussi sur celui de la taille de l’animal. Généralement, le vol de vie semblait se plier à ces deux variables. Depuis peu, il avait même constaté être capable de drainer un lapin, bête tout de même plus corpulente qu’un chaton, en moins de temps qu’il lui en avait fallu, lors de cette première nuit fatidique. L’expérience qu’il avait acquise rendait la taille supérieure du rongeur sans conséquence. Alors il se demanda ce qu’il en serait d’un homme. À ne pas en douter, il faudrait un certain temps pour s’emparer de l’essence vitale d’un adulte, mais il y aurait probablement là assez d’énergie pour lui faire tourner de l’œil. L’idée était très intéressante et il commença à dériver vers ces sombres machinations, songeant à toutes les formules occultes qu’il aurait l’occasion de tester.
C’est en s’imaginant toutes sortes de scénarios morbides qu’il arriva près de la fontaine et tomba sur une jeune fille occupée à broder qu’il reconnut comme étant Athénaïs. C’était une noble d’Opale en visite au royaume depuis quelques jours qu’il avait eu l’occasion de rencontrer brièvement. Ils avaient été formellement présentés, mais sans plus. Il ne s’était pas attendu à la croiser en plein cœur des jardins et resta légèrement surpris par cette apparition soudaine. Curieux, il se contenta de l’observer en restant à une distance respectable.
L’Opalienne était ravissante et sa jolie robe bleue lui allait à ravir. Le roi apprécia la finesse de ses traits, partiellement dissimulés sous une cascade d’ébène, réalisant qu’elle arborait la pâleur de sa peau avec bien plus de grâce que lui. Son visage semblait paisible, bien qu’elle soit concentrée sur son travail. Elle paraissait, d’ailleurs, s’y affairer avec une dextérité remarquable. Assurément, elle n’en était pas à ses premiers points. Vaelin n’avais jamais porté un grand intérêt à la gente féminine, mais il devait admettre qu’elle était agréable à regarder.
Le monarque effaça l’expression froide peignant ses traits, comme s’il ne s’était agi d’un masque et s’avança de quelques pas, désireux de révéler sa présence.
« Il semblerait que je ne sois pas le seul à être venu chercher un peu de quiétude en ces lieux » commença-t-il. Préférant prévenir le moindre quiproquo, il poursuivit. « Pardonnez-moi, je ne désirais pas vous surprendre ainsi, mais il semblerait que nous ayons eu la même idée, ce matin. La vie de château peut être terriblement épuisante, n’est-ce pas ? »
Il lui adressa un subtile sourire compréhensif, puis désigna le rebord de la fontaine, peu loin d’elle.
« Me permettriez-vous de me joindre à vous ? Vos talents de brodeuse m’intriguent grandement et il me semble passionnant de pouvoir les observer de plus près. À moins que vous ne préféreriez rester seule, j’ai beau être roi, il serait inconvenable de ma part de vous importuner pour cette seule raison. Vous pourriez aussi me conter votre périple jusqu’à Émeraude, je voyage très peu et j’avoue être curieux de savoir comment il s’est déroulé. »
Pourrait-elle vraiment refuser quoique ce soit au souverain du royaume dans lequel elle restait présentement ? Certainement pas. Il avait été bien trop poli, et elle le serait aussi. Elle accepterait et il prendrait place près d’elle. Ils se plieraient au jeu de la cour et peut-être Vaelin verrait-il cette rencontre fortuite lui être profitable. Après tout, elle était noble et, s’il se fiait à ce qu’il savait des quelques lignées royales de l’Alliance, elle avait du sang bleu. Ils faisaient tous deux partie d’une élite très influente. Peut-être pourrait-elle lui faire part de quelques faits intéressants. Restait à savoir si elle était aussi intelligente que belle.
Dernière édition par Vaelin le Mer 28 Nov 2018, 00:20, édité 1 fois
Vaelin
Rang Classique : RoiNombre de messages : 193 Rôle : Porté disparu
Plus sur le personnage Âge: 33-38 Race: Humain
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Mar 20 Nov 2018, 21:09
Malgré la minutie et l'attention que requérait son travail, Athénaïs conservait une position droite. Le mouchoir de coton blanc se trouvait légèrement au dessus de ses genoux lui permettant de garder un angle confortable dans ses bras. Ses yeux ne quittaient pas la petite aiguille qui traversait d'un sens et d'un autre le tissus en laissant derrière lui un sillon coloré. La noble décorait son ouvrage de feuilles bien vertes. Ainsi, le fil que l'aiguille voyageait ressortait vivement sur la blancheur du tissus. Jointe aux autres couleurs, la décoration avait tout pour attirer l'attention. Heureusement, il avait été bien réaliser. Le croquis qui guidait ses points avait valu qu'elle se pratique sur papier avant. Sa tante serait ravie de son cadeau, elle en était sûr. Elle souleva un peu l'aiguille et son fil pour évaluer la longueur de celui-ci. Elle en aurait assez pour une dernière forme. Après quoi, elle pourrait commencer à broder les initiales de sa tante pour conclure la décoration. Un détail qu'elle pourrait faire rapidement. Probablement avant de trouver le sommeil ce soir.
Une voix masculine la tira de sa solitude en émettant la constatation qu'elle n'était plus seule dans le jardins. Athénaïs releva la tête de son ouvrage pour la première fois depuis qu'elle s'y était attelé. Il aurait bien pu faire noir autour d'elle que cela ne l'aurait pas étonné tant sa concentration avait été forte. Suffisamment forte pour qu'elle ne remarque pas l'approche de l'homme. Elle reconnu tout de suite le roi d'Émeraude avec sa magnifique chevelure ébène qui encadrait son visage aux traits délicats. Sa silhouette avait étonné la noble jeune fille lorsqu'elle l'avait vu pour la premièrement fois. Elle était bien différente de celle des Opaliens que le service militaire avait gonflé. Cela ne lui avait pas déplus. Au contraire, le physique de sa majesté l'avait intrigué et charmé.
La jeune fille étira ses lèvres en un sourire. Elle se releva doucement de son siège pour lui faire une révérence polie. Elle étira légèrement la jupe de sa robe en fléchissant les genoux. Elle accompagna son geste d'un mouvement de tête pour compléter son salut.
-Votre Majesté.
Se contenta-t-elle de lui répondre après qu'il ait soulevé le point que la vie au château puisse être éreintante. Elle devait avouer que malgré tous le conforts des lieux, ces derniers étaient animés d'une manière qu'elle n'avait pas l'habitude. Son manque d'intimité aussi concernant à lui peser. Vivre constamment au près de sa tante était une autre réalité que celle qu'elle avait connu jusqu'ici. Sa tante avait une vie plus mouvementé que son frère. Elle connaissait tant de gens. Elle allait toujours à la rencontre d'un et d'autre. Elle avait toujours un petit quelque chose pour quelqu'un. Elle n'arrêtait jamais et même que prendre simplement le thé avait elle était étourdissant tant elle avait de sujets à partager. Cette journée seule avait déjà apporter des effets positifs sur l'état d'esprit d'Athénaïs. Simplement par le fait de rencontrer quelqu'un par ses propres moyens étaient déjà plus agréable.
Lorsque le souverain Vaelin lui demande la permission pour lui tenir compagnie, la jeune fille se senti rougir. Était-ce convenable ainsi seuls ? Athénaïs ne s'était jamais retrouvé seule avec un roi hormis son cousin et roi de Topaze, Doran de Topaze. Leur lien de parenté semblait toutefois excuser leur proximité. Toutefois, ici à Émeraude, cela la prenait un peu de court. D'autant plus qu'il semblait lui accordé un intérêt qui ne la laissait pas froide. Il lui semblait qu'il s'était rapproché encore un peu d'elle.
- Je suis honoré de votre intérêt pour mon loisir. Toutefois, je ne sais guère si cela est une bonne idée. Je ne crois pas que mon maigre talent seul comble votre esprit. Je suis persuadé que sa majesté est habitué à de plus stimulantes observations.
Répondit Athénaïs réalisant bien trop tard que le roi avait probablement évoqué sa broderie comme une excuse. Elle joignit ses main dans son dos un peu honteuse de s'y être attardé autant. Elle sentit une bouffée de chaleur se dégager de ses oreilles. Celles-ci devaient être rouge sous son épaisse chevelure.
- Si son excellence le désire, je peux en effet lui raconter quelques anecdotes de mon voyage. Je ne me suis guère souvent éloigné de la capitale de mon pays moi-même, j'ai bien peur. J'ai toutefois énormément de chance d'avoir eu Émeraude comme première destination.
La noble marqua une courte pause pour indiquer au roi son banc improvisé pour l'inviter à s'y assoir. Elle-même y reprit place en prenant soin de ne pas froisser sa robe. Elle repoussa son panier d'artisanat un peu plus loin après y avoir rangé son mouchoir. Elle reporta son regard sur l'homme qui s'était assis avec elle.
- Vous régnez sur un royaume fort jolie pour ce que j'en ai vu, Altesse. J'ai été impressionné par la montagne de Cristal que l'on voir se dresser depuis la frontière. Ma tante m'a raconté quelques histoires à son sujet durant notre route. Cela m'a fortement intéressé. Bien plus que les innombrables potins dont ma tante raffole à ma grande peine. J'aurais aimé un compagnon de voyage plus renseigné. Peut-être qu'à ma prochaine visite, je serai ce compagnon. Je n'ai pas l'intention de rester sur ma faim de savoir.
Vaelin ne put empêcher l’ombre d’un sourire de flotter sur ses lèvres en remarquant l’embarras qu’il provoquait chez son interlocutrice. En bonne petite noble, elle avait effectué une révérence élégante et l’avait salué, mais les mots qu’il avait adressé à son égard l’avaient vraisemblablement pris de court. Non, en effet, il n’était pas réellement intéressé par sa broderie. Aussi beau que soit le motif qu’elle s’acharnait à créer, le roi ne s’y intéresserait que pour quelques minutes, tout au plus. Elle avait raison sur ce point, et il fut amusé par cette inattendue combinaison de vivacité d’esprit et de naïveté. Bien vite, elle sembla réaliser que son travail manuel n’avait été qu’une excuse pour la complimenter et s’inviter à ses côtés.
Le rouge monta aux joues de la jeune fille et elle se ressaisit en acceptant son offre de lui faire part de ce qu’elle avait pu voir au cours de son voyage. En vérité, il ne s’attendait pas à être particulièrement captivé par ce qu’une jeune fille à peine sortie de l’enfance et ne s’étant jamais éloignée de son royaume pourrait lui raconter. Mais peut-être pourrait-elle le surprendre. Il était ouvert à cette possibilité.
Elle s’écarta pour lui faire poliment une place et il vint s’installer à son côté.
« Merci bien. » la remercia-t-il doucement.
L’endroit était, à sa surprise, particulièrement agréable. Ainsi placé au bord de la fontaine, il était possible d’avoir une vue unique sur le jardin environnant tout en se faisant bercer par le son de l’eau. Quel dommage qu’il eut horreur de se trouver à l’extérieur, car autrement cet endroit aurait pu devenir son favori. Il reporta son attention sur son interlocutrice, désormais en train de ranger son matériel de couture et pendant un court instant, il put apercevoir de plus près son mouchoir. Il en apprécia la qualité en silence. Elle était douée et cette pensée fut, à son grand amusement, étrangement rassurante.
Enfin, Athénaïs lui adressa de nouveau la parole. Elle le complimenta sur la beauté de son royaume et, bien qu’il ne comprenne pas tout à fait ce que cela avait à voir avec lui, il se dit qu’il était vrai que le pays n’était pas à feu et à sang et que les félicitations pour cette preuve de leadership devaient bien lui revenir. Fut ensuite mentionnée la montagne de Cristal. Il se retint de justesse de prendre un air contrarié. La magie était déjà bien controversée dans l’Alliance et il n’avait pas besoin que quelque noble commence à s’y intéresser et à la populariser. Cependant, il lui fallait avouer, à la défense de la jeune fille, que la mystérieuse montagne de Cristal était bien plus fascinante que les plus récents potins de la cour. Légèrement à contrecœur, il se résolut à aborder le sujet, un peu malgré-lui. Toutefois, il s’assurerait bien évidemment de rester en contrôle des informations qu’il partagerait.
« Vos éloges me vont droit au cœur, mais je dois avouer un peu honteusement qu’il y a bien longtemps que je n’ai pas eu l’occasion de me rendre moi-même dans la campagne Émerienne. » commença-t-il, préférant d’abord souligner son compliment de cette petite remarque.
Il laissa planer un court silence ayant pour but de renforcer cette impression de honte, puis poursuivit.
« Néanmoins, je me tiens informé de ce qui se passe dans mon royaume. Je crois que cela plairait probablement à votre tante, car je suis au courant des événements les plus croustillants se passant dans ma cour. » lui dit-il avec une pointe d’espièglerie qui sembla réchauffer la froideur de son être pendant une précieuse fraction de seconde.
« Mais je me tiens aussi informé de ce qu’on raconte au sujet de la montagne de Cristal… » Il marqua une pause pour laisser planer le mystère et captiver l’attention d’Athénaïs et planta fixement son regard dans le sien avant de prononcer la phrase suivante. « J’admire votre soif de connaissance, mais soyez prudente, on peut parfois découvrir certains secrets qui auraient mieux fait de rester enfouis. On devient alors la proie de ceux qui cherchent à découvrir cesdits secrets. »
« On raconte que la tour des mages, située au sommet de la montagne de Cristal, abrite un savoir magique inestimable. Apparemment, il y a des centaines d’années de cela, un puissant mage aurait scellé l’entrée de la tour afin d’en interdire l’accès… C’est ce qu’on raconte et vous devez déjà connaître cette version de l’histoire. »
Cette version était, en effet, très répandue et il ne doutait pas que sa jeune interlocutrice en ait entendu parler au cours de son périple.
« Laissez-moi cependant vous faire part de ma version des faits. Nombreux sont ceux qui arpentent mon royaume pour y découvrir un moyen de pénétrer ce lieu mystique. Ces gens sont des êtres magiques dotés de pouvoirs terrifiants, plus destructeurs les uns que les autres. Il n’est pas rare qu’ils s’entretuent ou mettent en péril la sécurité de mes sujets et vous pouvez être certaine que leur présence sur ces terres est illicite. »
Voilà qui saurait refroidir ses ardeurs, songea-t-il. Elle ne semblait pas intéressée par ces histoires par envie de découvrir la tour par elle-même, mais le roi d’Émeraude préférait ne prendre aucun risque et la décourager de s’intéresser plus sérieusement à ce sujet. Il en avait déjà assez de tous ces touristes lunatiques. Il poursuivit.
« Pardonnez-moi, je ne voulais pas parler de politique, mais ce sujet me trouble, ces temps-ci. J’ai peur que la magie ne redevienne un problème, comme il y a de cela 300 ans. La magie rend puissant, et cette puissance est trop souvent utilisée à des fins personnelles par ceux qui la possèdent. C’est une menace bien réelle qui me cause beaucoup d’inquiétudes. J’espère ne pas avoir gâché cette agréable matinée avec mes fabulations de souverain tourmenté. Mais donnez-moi donc votre avis sur tout cela, ne me laissez pas monologuer ainsi, votre avis m'importe. »
Vaelin n’avait pas parlé plus qu’il ne l’avait voulu. Il n’avait pas livré d’information sensible à Athénaïs, pas plus qu’il était bouleversé par la quête des touristes. Il désirait simplement voir ce que pensait la jeune fille à propos de la magie et savoir si elle pourrait potentiellement se joindre au plan qu’il avait commencé à orchestrer. Il avait même été plutôt honnête. La magie des quêteurs le dérangeait bel et bien et causait en effet de nombreux problèmes. À part la sienne, toute magie lui était problématique.[/b]
Vaelin
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Invité
Dim 06 Jan 2019, 21:53
Athénaïs ne put s'empêcher de penser que cela devait être un trait récurant chez les jeunes rois… Cette envie d'aller mettre les pieds directement dans la boue de la campagne de son royaume. Elle se rappelait fort bien que son propre Roi en avait aussi évoqué la tentation. Était-ce peut-être parce qu'ils n'avaient pas à la faire que le besoin de le faire était aussi important ? C'était pourtant si enfantin. Le roi d'Émeraude semblait se sentir véritablement honteux… La jeune fille ne parvenait pas à comprendre pourquoi. En quoi, sa présence physique apporterait quoi que ce soit à cette partie de son royaume… Comme lors de sa discussion avec son cousin, Athénaïs ne parvenait pas à cerner l'enjeux. Peut-être était-ce à cause de sa jeunesse, de son manque d'instruction ou encore de son sang non royale… Son sexe y jouait peut-être aussi… À vrai dire, tant de choses l'empêchait de comprendre.
Elle releva l'humour du Roi émerien avec un sourire plus révélateur. Elle tenta de réprimander derrière sa main un rire plus sincère. Ce manque de contrôle n'était pas digne d'une dame comme l'aurait soulevé sa tante. Toujours doser ce que l'on exprime. Elle fuit un court instant le regard de son compagnon pour reprendre maitrise d'elle-même. Ce fut toutefois l'évocation de la fameuse montagne de Crystal qui rappela la jeune Noble à l'ordre. Elle replongea son regard presque translucide dans celui sombre et captivant du roi. Il la mit en garde contre certains secrets… La voix de sa mère lui revint brutalement en tête : "Les secrets existent pour le rester sinon ils ne seraient plus des secrets".
Sa majesté Vaelin lui raconta les mêmes faits que sa tante quelques jours plus tôt rendant véridiques ce que cette dernière avait avancé. Il ajouta toutefois des éléments de son cru. Le corps de la jeune adolescente se raidit avant d'être traversé par un frisson d'horreur. Ses yeux s'écartèrent légèrement pour exprimer son effroi ou plutôt sa terreur. Ses mains se resserraient sur sa jupe emprisonnant fermement le tissu pour s'empêcher de trembler. S'il y avait bien une chose qui, enfant, l'avait suffisamment terrorisé pour qu'encore cela lui donne la frousse, c'était la magie… Source de chaos et de destruction. C'était un mal qui avait consumé le coeur des êtres vivants.
Soudainement consciente de s’être laissé emporté par la peur, Athénaïs se mordit la lèvre et échappa au regard du souverain en tenta de regarder ailleurs. Légèrement baisé, son visage se recouvrit de mèches sombres pour dissimuler son expression. Dans sa tête, la noble tentait de faire le tri et chasser les craintes. Lorsque le roi l’invita à donner son avis, Athénaïs entoura ses mains sur ses bras et se leva. Elle fit quelques pas pour s’éloigner lentement contournant légèrement la fontaine. Les jets d’eau qui retombaient dans le bassin la dissimula un ainsi, un court instant où elle laissa l’inquiétude apparaitre sur son visage. Elle se retourna finalement vers le monarque avec un visage concerné.
- Vous avez la montagne de Cristal et moi, j'ai un mur qui déchire mon royaume à cause de la Magie. Pire encore, je dois avouer… Siège sur le trône de mon pays, un roi dont l'histoire dégoûte plus d'un sujet. J'avais cru que le mur, malgré qu'il nous prive de terres nourricières, nous protégerait de cette magie … Je crains désormais qu'il ne soit bientôt plus qu'un souvenir plutôt qu'une véritable barrière.
Athénaïs se rapproche de nouveau du roi. Son expression s'était adoucie. La crainte de voir le Grand Mur un jour disparaitre l'avait réveillé à plusieurs reprises depuis le couronnement de son cousin. Quand on savait ce que son prédécesseur avait entamé avant lui, il était légitime de craindre comment son jeune frère, magique de surcroit, allait prendre la suite. Même si sa mère se faisait rassurante et promettait une avenir paisible ainsi que prospère, la jeune fille doutait que ce soit sans peines et combats. Doran semblait pour l'instant bien discret et docile, mais pour combien de temps avant que la magie ne le fasse devenir fou ? Comment savoir si sa soeur jumelle ne l'avait pas envoyé en terre opalienne pour les détruire de l'intérieur ?
- Ne croyez pas que je n'ai pas de loyauté envers mon roi, sa majesté. Je suis bien consciente que trop de choses m'échappent encore et que je ne peux comprendre ce qu'être roi implique entièrement. Seulement…
Elle avait gardé son regard bas, presque rivé au sol. Elle se sentait un peu honteuse de montrer autant de … comment dire…. Aussi peu de confiance pour le régent de son royaume. Son cousin qui plus est. Elle ne souhaitait pas faire en mal, seulement, elle avait senti qu'elle pouvait confier cette crainte au roi Vaelin. Peut-être était-ce trop tôt ? Après tout, elle venait à peine de faire sa connaissance. Quoi qu'il en soit, maintenant qu'elle avait commencé, elle ne pouvait pas s'arrêter. Elle releva le visage vers la royauté décidée et sûr des mots qui franchiraient ses lèvres.
- Pour l’Alliance, je me ferais orpheline s’il le fallait. La magie a mis à mal notre continent depuis des siècles. Elle n’est pas la récompense des Dieux, mais leur malédiction. Ils ont maudits les Hommes avec la magie pour nous punir. Elle est un mal dont nous devons nous préserver à tout prix.
Durant son récit quelque peu enflammé à l’encontre de la magie, Vaelin remarqua qu’Athénaïs semblait effrayée. Le roi d’Émeraude fut légèrement pris de court par cette réaction, il ne s’était certainement pas attendu à ce qu’elle soit si effrayée par le sujet de la magie. Certes, les jeunes filles de la cour étaient généralement très expressives, mais Athénaïs semblait l’être encore plus. Il fut étonné d’apprécier cela, comme si cette transparence lui permettait de toujours savoir à quoi s’attendre de sa part. De plus, il était reposant de ne pas toujours devoir tenter de déchiffrer quelque moue cryptique. Bien sûr, il était possible que ces mimiques d’effroi ne soient qu’un subterfuge, mais en prenant l’identité et l’éducation de la jeune fille en considération, cela semblait peu probable. Le souverain n’était pas le meilleur juge de caractère, mais il doutait de se faire berner si facilement.
La noble finit par se calmer et prendre la parole à son tour. Elle évoqua le mur séparant Opale et Topaze, ainsi que le dirigeant de son royaume, son propre cousin. Le mur était un sujet fascinant et, s’il ne s’était pas autant attardé à l’étude de la magie, peut-être Vaelin aurait-il envisagé la construction d’un monument similaire pour protéger l’Alliance de la guerre opposant l’Empire et la Confrérie. Il n’avait jamais pris la peine de se demander si les coûts liés à de tels travaux en valaient la peine, mais il avait une bonne idée de la réponse.
À la mention du passé controversé de Doran, Vaelin haussa un sourcil. Il ne s’était pas attendu à ce qu’elle aborde un sujet aussi délicat, surtout pas avec quelqu’un qu’elle rencontrait pour la première fois. S’agissait-il de naïveté ou avait-elle quelque chose à y gagner ? Il préféra rester légèrement sur ses gardes en attendant d’en savoir plus, toutefois désormais très intéressé par la tournure que semblait prendre la conversation. Athénaïs précisa sa pensée en ajoutant qu’elle ne voulait pas sembler manquer de loyauté, ce qui était tout à son honneur, et que certaines choses pouvaient lui échapper. Après cela, elle sembla légèrement honteuse pendant quelques instants, puis repris du poil de la bête et acheva sa tirade en énonçant avec conviction son patriotisme et son aversion pour la magie.
Le roi d’Émeraude se leva lentement de la fontaine, de manière à ne pas devoir s’adresser à la jeune fille en levant la tête, ce qui aurait été quelque peu inconfortable et l’aurait placé dans une position symboliquement inférieure. Ce n’aurait pas été acceptable.
« Votre honnêteté, ainsi que vos inquiétudes, me touchent. Il ne fait aucun doute qu’ils témoignent de votre grand cœur et cela est tout à votre honneur. » commença Vaelin d’une voix qui se voulait rassurante. « Cependant, vous devriez être plus prudente, lors de telles tirades. Je suis bien conscient de la passion qui vous anime et l’admire grandement, mais ces discours politiques pourraient vous nuire s’ils parvenaient à l’oreille de la mauvaise personne. »
Le roi était soulagé qu’elle ait choisi de se confier à lui en ce lieu isolé, loin de toute oreille indiscrète, mais il ne pouvait s’empêcher de se demander si elle n’avait pas déjà été identifiée comme problématique par qui que ce soit faisant partie de l’entourage de son cousin. En effet, si elle se permettait de faire mauvaise réputation à son souverain sans plus de cérémonie, elle risquait de rapidement de s’attirer des problèmes. Il se surprit à hésiter, pesant le pour et le contre de cet intérêt qu’il s’était découvert pour elle. Enfin, il décida de lui donner le bénéfice du doute.
« Néanmoins, il est rare d’avoir à faire à des gens pouvant faire preuve de tant d’éloquence dans la dénonciation de ce mal qui ronge l’Alliance, j’admire cela. Vraiment. »
Il fit quelques pas dans sa direction pour venir la rejoindre puis, après s’être arrêté un court instant à sa hauteur, lui fit un léger signe de la tête pour l’inviter à l’accompagner dans l’un des nombreux sentiers du jardin. Il la mena vers une haie fleurie projetant une ombre fraiche et la longea, laissant la jeune fille s’imprégner de son parfum alors qu’il poursuivait la conversation.
« La magie est certainement quelque chose de problématique, mais que pensez-vous des types bénévolents de magie ? Certaines personnes s’en servent pour aider les autres, les soulager de leurs maux et simplifier leur vie de tous les jours. Que pensez-vous de ces êtres bienveillants qui tentent de faire du monde qui les entoure un endroit meilleur à l’aide de leur don ? N’y a-t-il pour vous pas la moindre place pour ces gens dans un monde idéal ? »
Il s’était adressé à elle de manière nonchalante, bien que toujours polie. Sous cet air désintéressé et cette question apparemment banale se cachait le désir de savoir si Athénaïs n’était qu’une jeune femme fanatique, traumatisée d’une manière quelconque par l’éducation qu’on lui avait inculquée, ou si elle avait pris la peine de réfléchir à la question. Car bien que le sujet fût délicat, il était inévitable et Vaelin avait lui-même passé d’innombrables soirées à théoriser à ce propos. La jeune noble n’était pas stupide et le roi d’Émeraude était curieux de savoir si son interlocutrice était aussi réfléchie qu’elle était passionnée. Sa réponse lui permettrait d’en apprendre beaucoup sur elle.
Vaelin
Rang Classique : RoiNombre de messages : 193 Rôle : Porté disparu
Plus sur le personnage Âge: 33-38 Race: Humain
Invité
Mar 02 Juil 2019, 14:43
Elle avait parlé plus qu'elle n'aurait du. C'était son défaut. Sa mère l'avait prévenu qu'un jour cela allait lui nuire et ce jour était aujourd'hui assurément. Elle espérait seulement que le roi d'Émeraude comprendrait... La jeune fille ne le lâcha pas du regard. Elle ne le pouvait pas. Elle voulait voir son expression en réponse à ses aveux. Serait-il sincère comme elle ? Elle en doutait. Il était corrompu par les jeux de la royautés et de la noblesse. Il était un roi après tout. Il n'avait pas vraiment eu le choix de se prêter à ces jeux qu'elle fuyait.
Lorsqu'il se leva finalement de la fontaine, leur différence de taille lui rappela sa place face à ce roi. Elle n'était d'une poussière sur son chemin si tel était son désir. S'il partageait le même secret que le Roi Doran, il l'écraserait avant qu'elle ne puisse devenir une réel menace. Il n'y avait rien qu'elle puisse faire. Elle n'était personne contre lui ou contre Doran. Elle baissa son regard vers le sol, impuissante. Elle abandonnait. Elle n'était qu'une brebis parmi les loups.
« Votre honnêteté, ainsi que vos inquiétudes, me touchent. Il ne fait aucun doute qu’ils témoignent de votre grand cœur et cela est tout à votre honneur. »
À son honneur ? C'était un beau discours. En vérité, elle lui avait aveuglément livré ses faiblesses, ses craintes et surtout son impuissance.
« [...] mais ces discours politiques pourraient vous nuire s’ils parvenaient à l’oreille de la mauvaise personne. »
Comme lui ? Elle ferma les yeux, incapable d'affronter le regard du roi sur elle. Elle le sentit se rapprocher d'elle. Elle se sentit vulnérable encore plus alors qu'il se tenait devant elle. L'entrée du jardin était juste derrière lui. Était-il mieux pour elle de fuir ? Elle rouvrit les yeux pour confronter le regard du souverain une dernière fois. Elle surprit sur son visage une expression neutre, presque sans intérêt. Un masque parfait qu'elle ne parvenait pas à imiter. Le roi lui indiqua un des sentiers qui traversaient le jardin. Elle se contenta de le suivre docilement en silence, incapable de trouver la moindre chose à lui répondre. Leur pas s'ajustèrent naturellement et Athénaïs joignit ses mains dans son dos ne sachant plus quoi en faire. Elle évitait soigneusement de le regarder, attendant qu'il rompe le silence.
Lorsqu'il le fit, ce fut pour lui relançer une question. Elle fut un peu désarçonné que le roi lui pose cette question de manière si désintéresser. Comme s'ils étaient intime beaucoup plus qu'ils n'auraient du. Cela était-il de la fausse confiance ? Quelque chose pour la berner dans un coin ? Devait-elle y répondre ou se murrer dans un silence pour éviter de s'enfoncer plus profondément dans les problèmes ? De toutes manières, Le roi d'Émeraude savait déjà son secret.
- L'Histoire nous a déjà montré que ces gens ne le resteront pas éternellement. Un jour, il abuseront de leur supériorité. Le bien qu'ils auront accomplis ne pourra jamais pardonné le mal qu'ils commettront.
lui répondit-elle.
- Mon père appel cela la folie des Grands hommes. Nous n'avons pas besoin de magie pour rendre ce continent meilleur. Les dieux nous testent et nous sommes entrain d'échouer depuis fort longtemps...
Elle s'arrêta, de parler et de marcher. Elle leva sur la majesté un regard suppliant. C'était sa dernière tentative.
- Je vous en supplie. J'ai besoin d'un allié. Pour mon royaume... Pour l'Alliance et pour Enkidiev.