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| | Je sais rien mais je dirais tout | Eredin |
| | JahëlLun 19 Nov 2018, 15:00 | | Je sais rien mais je dirais tout “ L'enseignement : apprendre à savoir, à savoir faire, à faire savoir. L'éducation : apprendre à savoir être. ” de Louis Pawels - An 1570 MOIS 5 - |
« Ereeeediiiin ? » criait Jahël sans s’arrêter. Au cas où tu ne l’aurais pas remarqué cher lecteur, notre protagoniste préféré… cherchait quelqu’un. Et pas n’importe qui ! Même si, en soit, quand Jahël cherchait quelqu’un, c’était toujours de façon… eh bien. Pas de façon chevaleresque. Pas de façon courtoise. Pas de façon polie. En bref, comme tu as pu le constater, son moyen de recherche qu’il utilise le plus et qu’il considérait comme le plus adéquat, était de crier le nom de la personne, haut, fort, et parfois dans des sonorités suraiguës dont seuls les animaux pourraient les entendre. C’est de l’exagération bien entendu. Enfin… j’espère. En tout les cas, c’était généralement très énervant lorsque Jahël cherchait quelqu’un. Il remuait ciel et terre… et cherchait dans des endroits impossibles. Comme par exemple, sous une tasse. Oui, Jahël a vraiment cherché ce Eredin sous une tasse. Qui sait, peut-être cachait-il à l’ordre ses capacités magiques de rétrécissement et se cachait-il sous une tasse pour échapper à Jahël ? Ce n’était pas impossible. Qu’il tente de s’échapper, s’entend… Donc, Jahël cherchait Eredin. Qui était-il ? Un Chevalier. Il aurait pu être l’Empereur lui-même que cela n’aurait pas changé grand-chose sur la manière de chercher de Jahël, mais passons. C’était donc un Chevalier d’Irianeth, mais pas n’importe lequel ! C’était l’ancien maître de Jahël. Oui. Oui, oui, oui. Un être – encore vivant – avait eu la patience et le mérite d’avoir éduqué et entrainer Jahël pendant 5 longues années laborieuses. Et il était encore vivant – je me répète, mais c’est un point extrêmement important. Déjà car Jahël pouvait difficilement appeler un mort (haha) et enfin car il fallait être incroyable pour survivre à un tel périple en compagnie de cet être blanc dont le corps rougissait en quelques secondes au contact du soleil. Jahël prit une profonde inspiration. « EREDIIIIN ! » « Il n’est pas ici ! » tenta de répondre une servante alors que le « iiiiin » strident et assourdissant se terminait petit à petit. Autant dire que l’intervention de la bonne femme eut raison de la fin du « iiiin » : Jahël se stoppa net. « Pas là ? » « Non, il est à la Forteresse. » « Oh. » Pas un merci, pas un au revoir : Jahël se détourna bien vite et partit en direction de la Forteresse. Pour en revenir à Eredin, c’était un noble. Il avait l’attitude d’un noble, ainsi que tous les avantages – à savoir, un manoir. C’était dans ce manoir que Jahël avait cherché en premier. D’ailleurs il était entré sans frapper au grand dam du personnel – car tout bon noble a un personnel pour s’occuper de nettoyer cet immense manoir – et avait retourné la maison. Autant dire qu’il avait doublé le travail des serviteurs après son passage. Ce n’est que vers la fin de son investigation que la bonne femme eut le courage de lui apprendre que le maître n’était pas là. Enfin… Jahël n’était pas très sûr que ce soit la première fois qu’on le lui disait. Tellement concentré dans sa tâche qu’il avait oublié un peu le monde autour de lui, alors il n’était pas impossible que les serviteurs lui avaient déjà annoncé l’absence d’Eredin en ce lieu. Bah, peu importe. C’est avec un grand sourire et la gorge légèrement irritée qu’il bondit sur son fidèle destrier – il en changeait tous les mois – pour galoper en direction de la Forteresse. Pauvre Eredin… s’il essayait de se cacher de Jahël, il venait de se faire vendre par ses employés. Il allait peut-être devoir faire un ménage de printemps… enfin, si et seulement si cela le dérangeait. Pourquoi cela le dérangerait-il après tout ? Il a survécut à 5 années, il pouvait bien survivre à quelques heures ! Ou quelques jours. Ou un squattage de plus longues durées… Enfin, on verra bien. Et puis, Eredin était fort. Alors il survivra. On y croit. Jahël mit quelques jours avant d’atteindre enfin Pikay, et à terme, la Forteresse. Il faut dire que les plateaux de Lissen n’étaient pas la porte à côté bien que le manoir d’Eredin se situait au sud du territoire. Fort heureusement, Jahël avait prévu le coup et c’était prit de quoi survivre : des provisions, des couvertures, et tout un panel d’armes chacune plus dangereuses les unes que les autres lorsqu’elles passaient dans les mains du Chevalier. Malgré ces quelques jours de route à dos de cheval, Jahël n’avait pas perdu son sourire mi-béat mi-niais. Chose assez inhabituel : au lieu de totalement abandonner son canasson sans même l’amener au type qui s’occupe des chevaux (j’aiperdulenomnem’enveuillezpasj’ailaflemmedecherchersurl’internetsodémerdez-vous), Jahël prit le temps de ranger son moyen de locomotion ainsi que son attelage avant de partir à nouveau à la recherche de sa bibliothèque sur patte. Car oui, une chose que j’ai sans doute oublié de préciser : Jahël considérait qu’Eredin avait la science infuse et qu’il saurait répondre à tout type de questions, des plus débiles au plus invraisemblables en ne passant pas par la case « Parce que Parandar ». Donc, tu te doutes bien cher lecteur, que la raison de sa recherche n’était autre que… des questions. Nous mettrons sous silence le fait que Jahël avait réussi à soigneusement abandonner son écuyer – il n’avait pas fait exprès. Non, du tout. Mais son retour à la Forteresse signifiait qu’il était possible de recroiser cet être faussement diabolique, alors Jahël allait devoir faire preuve de prudence… c’est ainsi qu’au lieu d’hurler le prénom du Chevalier à tout va, il demanda aux passants s’ils ne l’avaient pas vu. Au bout du 10ème « Non je ne l’ai pas vu », la face de Jahël perdit son sourire, remplacé par de la bouderie intempestive. Lassé de courir partout pour se manger des refus, il avait fini par s’assoir dans un petit coin d’herbe non loin de la Forteresse. D’ordinaire il n’aimait pas spécialement être dehors – en rapport avec le soleil – mais là comme le soleil était caché sous une tonne de nuages gris cotonneux, le Chevalier se sentait enfin libre de pouvoir respirer. Il avait même retiré sa capuche, c’est peu dire ! Jahël ferma les yeux quelques secondes en soupirant. Soit Eredin essayait vraiment de l’éviter, soit il n’avait vraiment pas de chance dans sa recherche. Mais… comme on dit, la roue tourne ! Alors qu’il rouvrait les yeux avec lassitude, son regard accrocha un crâne vieillissant qu’il aurait pu reconnaître entre mille : celui d’Eredin. Passons sous silence que de toute manière, quelques soit la personne, Jahël la reconnaîtra entre mille s’il l’a vu au moins une fois… Bref, revenons à nos moutons. Jahël avait trouvé Eredin. Il était de dos, peut-être ne l’avait-il pas vu, et marchait je-ne-sais-vers-où. Il n’en fallut pas plus à Jahël pour se lever d’un bond, puis de courir, les larmes aux yeux, jusqu’à cette vision paternaliste. « EEEEE-REEE-DIIIIIIIN » cria-t-il alors pour attire son attention, un grand sourire aux lèvres, les bras tendus vers l’avant, une musique romantique dans l’air… une musique romantique dans l’air ? On arrête tout. A peine Jahël était-il arrivé à a hauteur d’Eredin, à peine avait-il tenté de l’enlacer, qu’il se reçut cette main sur son crâne, stoppant net son geste. Eredin, le bras tendu, refusa le câlin d’amour et d’affection de son ex-écuyer en appuyant simplement la paume de sa main sur le crâne de Jahël, façon mur impénétrable. Les bras de Jahël retombèrent le long de son corps tandis qu’il se décollait de la main d’Eredin. Il leva alors vers lui des yeux de chiens battus, la petite larme à l’œil, l’air parfaitement attristé de ce rejet. « Pourquoi tu veux jamais de câliiiins… » fit-il d’une voix plaintive. Puis, très vite, il devint sérieux. « Les câlins permettent au corps de se détendre et de vieillir moins rapidement. » Regard de jugement face aux cheveux ternes de son ancien maître. « Ceci explique cela… » Jahël sentit un rayon de soleil perfide qui avait profité d’un trou dans les nuages pour venir courir sur la peau du visage du jeune homme, alors il rabattit sa capuche d’un geste sec, presque irrité. « Erediiiin ! » reprit-il en minaudant. « J’ai pleiiiiins de questions ! J’ai un Ecuyer. » Notons que le terme eut du mal à sortir. « Granie-truc. Il me suit partout. » Une soudaine paranoïa le fit se retourner pour vérifier qu’il n’était pas derrière lui, à l’ attendre, en le fixant. Puis, il revint vers Eredin. « Je fais quoi avec ? Et pourquoi il m’a prit pour une fille ? » C’est certain qu’avec les cheveux longs, la petite taille, le visage fin et les vêtements larges, impossible de confondre Jahël avec une fille. « Les filles ça ressemble à des filles et les garçons à des garçons. Les filles ont des seins. Des petits et des grands. Certains plus moelleux que d’autres. Pourquoi y’en a des plus gros et des plus moelleux ? Une fille m’a dit que c’était un don des Dieux, mais quels sont les critères des Dieux pour dire qu’une fille doit avoir des gros seins et une autre des petits ? Pourquoi les garçons ont pas de seins ? Ca a l’air drôle pourtant. » Il s’arrêta une seconde, prit une profonde inspiration… « Et-pourquoi-les-dieux-doivent-décider-pour-nous – Comment-on-parle-à-un-Dieu – On-envoie-un-pigeon – On-fait-des-sacrifices-humains-pour-qu’ils-envoient-le-message – Je-peux-demander-à-avoir-des-seins – Et-des-cheveux-plus-longs – Et-d’autres-couleurs – Les-seins-c’est-réservé-qu’aux-filles – J’ai-entendu-dire-que-les-algues-avaient-un-bon-effet-sur-la-calvitie… » Jahël venait de parler d’une traitre, sans faire de pauses. Toutes ces phrases étaient des questions, sauf la dernière qui visait simplement à prévenir Eredin contre la perte de cheveux. Tiens, Jahël se dit que ce serait un bon cadeau pour l’Empereur, des algues, pour sa calvitie… ( @Cybard). Le visage devenu rouge, Jahël dut s’arrêter pour reprendre son souffle avec labeur… puis il reprit une profonde inspiration, s’apprêtant à lancer une autre tirade de questions.
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| | | InvitéMer 21 Nov 2018, 18:58 - C’est absurde ! Tour prend fou. - Tu ne vois pas les choses avec assez de recul mon vieil ami, tu ne vois que le présent sans envisager les différentes occurrences du futur. Cavalier prend fou. Échec. - La guerre est le meilleur moyen de faire, un royaume comme Turquoise, on en a besoin ! Roi en D3. - C’est faux, tant que l’on n’aura pas de base avancée suffisamment fiable à Perle qui nous permette de défendre une attaque de l’Alliance pendant qu’on attaque l’ordre. Et ça, rien ne peut nous le garantir. Reine en F5. Échec et mat. - Maudit sois-tu Eredin. La gloire de l’Empire est ce qui est le plus important. Si on ne fait pas de conquête, comment satisfaire le peuple, comment le rendre fier ? - Il ne sert à rien qu’il soit fier si l’on doit sacrifier la moitié de notre armée. La défaite les rendrait encore plus amers et plus enclins à renverser le pouvoir en place. Le statut quo, la guerre des images, des crieurs, des espions, des idées. C’est en enrichissant la haine des pauvres pour l’ennemi qu’ils resteront unis et patriotes sous notre giron. - C’est une guerre de femmelette que tu veux mener, une guerre de lâche. L’Empire mérite mieux que des penseurs de pacotille comme toi. Rien ne vaut le fer. - Bien au contraire mon vieil ami… Bien au contraire…
Je vois… Il ne me laisse pas le temps d’argumenter et de débattre que ce bon vieux Kalvin est déjà parti. Ce n’est pas nouveau. Nous aimons bien jouer aux échecs ensemble mais il suffit que l’on ouvre la bouche pour qu’à nouveau nos vieux conflits s’attisent à nouveau. Il n’arrive pas à comprendre ma position. C’est un stratège brillantissime et un joueur accompli et pourtant il ne jure que par le fer… C’est dommage. Mais les avis de certaines personnes ne sont pas faits pour être changés je suppose. Qu’importe, qu’importe… Je n’ai pas pour vocation d’infléchir les volontés et opinions de chacun. Je suis là pour apporter au nouveau point de vue, pour insinuer le doute dans leurs esprits. Leur apporter une réflexion alternative et les forcer à confronter leurs idées. Vous l’aurez deviné sans aucun doute, j’adore débattre.
Et si je parviens sans trop de mal à contenir ma frustration, j’aurais préféré continuer à parler… Enfin, je ne sais point si c’est l’âge qui m’a rendu fataliste mais ça n’a plus vraiment d’importance à présent. Dans ces cas-là, les livres sont des bons refuges, difficiles de débattre avec eux de vive voix bien-sûr, mais il m’est déjà arrivé d’écrire des livres pour répondre à d’autres et apporter un point de vue alternatif. La recherche, le savoir, on n’a pas assez d’une vie pour tout emmagasiner. Sauf dans le cas de Jahël, bien entendu. Je m’empare du livre que j’avais posé avant de jouer : « Histoire et coutumes des colonies pré-Empire : une assimilation nécessaire ». Un ouvrage intéressant qui confrontera mes idées bien arrêtées sur la question. Il me tarde déjà de rentrer au manoir.
Dans mon cas, pas d’écuyer, pas de serviteurs, mes allées et venues à la forteresse se font seul, avec seulement des provisions et un livre comme compagnie. Direction les écuries et son palefrenier qui, je l’espère à penser à nourrir ma jument. « EEEEE-REEE-DIIIIIIIN » Une dizaine d’années auparavant, je me serais laissé surprendre et serais resté sans réaction face à ces paroles sonnant telle une déclaration d’amour. Entre temps, cinq ans d’entraînements se sont écoulées avec Jahël. Ainsi, sans même y penser, comme un réflexe, mon bras quitte le long de mon corps tandis que la main trouve le front de mon ancien écuyer, pour l’empêcher d’avancer.
Je vais profiter de ce petit instant pour vous parler de Jahël. Depuis mon entrée dans l’ordre et encore maintenant, j’aime garder un œil attentif sur les cours de l’Ordre. Il m’arrive même parfois d’en donner. De ce fait, j’ai connaissance des énergumènes destinés à intégrer les rangs des chevaliers. Ce jeune homme en faisait partie. Officieusement éloigné mais officiellement toujours héritier d’une famille de nobles, il n’en a pas tiré le moindre aspect. Rien dans son comportement ne laissait présager une once de noblesse. Et comme toute personne non-noble détenant de l’argent, celui-ci fut, est, et sera encore gâché, notamment en victimes. Ce jugement peut vous sembler critique mais il est en réalité neutre. Peut-être est-ce parce que tout en lui paraissait incontrôlable qu’il m’a été confié, un chevalier expérimenté ? Était-ce une demande de ses parents afin de lui inculquer une once de noblesse ? Est-ce que mon comportement noble était censé déteindre sur lui ? Je l’ignore. Seuls les faits comptent. Et le fait est qu’il m’a été attribué comme écuyer.
Ce ne fut pas des années faciles. Il est difficile de s’adapter à lui. Quoique… Non… Ce que je dis n’est pas correct… Il n’est simplement pas souhaitable de s’adapter à lui. Sa vie ne comporte aucune discipline, aucune constante, aucune régularité au point où ça en devient pathologique. Je n’ai pas pensé un instant que mon rôle était de contenir des pulsions qui existent chez lui. Cela n’aurait pas été possible, c’est bien trop ancré. J’ai toujours pensé que mon devoir était de lui ancrer une certaine discipline et de casser le côté « Je veux ça, maintenant, tout de suite » bien trop développé en lui. Qu’est-ce que cela implique concrètement ? Fini les nuits de vingt-quatre heures. Les heures de sommeil et de réveil étaient imposées. Est-ce qu’il en a râlé ? Oui. A-t-il essayé d’attenter à ma vie ? Également. L’ais-je empêché d’être violent gratuitement en ma présence ? Oui. Tout cela en tentant de canaliser son énergie sur des exercices bien différents de ceux que j’ai pu faire avec d’autres écuyers. Tout ceci était bien évidemment facilité grâce à sa capacité exceptionnelle de mémorisation. Sa manière d’apprendre avec une aisance déconcertante toutes les techniques de combat auxquelles je me suis consacré pendant plus de trente ans. Je n’en garde pas de jalousie. S’il peut survivre à un champ de bataille grâce à mes leçons de stratégie et de combat, j’en serais le plus heureux.
J’aime à croire que j’ai pu bien le former et qu’il saura s’épanouir et ne pas me remercier moi, mais remercier l’Empire en se battant pour lui, au péril de la vie s’il le faut. Mais sans doute suis-je naïf. Je ne suis pas sourd face aux bruits de couloirs sur certaines de ses activités. Je n’ai ni le droit ni l’autorité de l’en empêcher. A peine me reste-t-il un devoir de conseil.
La suite de ses paroles ? Ce n’est pas une surprise. Peut-être des initiés, ne connaissant pas Jahël seraient surpris d’un tel débit de voix, d’un tel enchaînement d’idées. S’il est une qualité que je lui reconnais, c’est sa curiosité. Je l’ai toujours encouragé dans cette voix. D’autant plus avec toutes les informations qu’il est capable de retenir. Mais je pense que vous n’avez pas oublié qui je suis. Mon visage de marbre peut en effet paraître froid et je ne compte pas la laisser finir de prendre son inspiration. « Bonjour Jahël, comment vas-tu ? Je suis ravi de te voir que tu te portes bien. » Une manière à peine détournée de lui faire comprendre qu’une discussion courtoise doit commencer d’une certaine manière. Bien entendu, je n’ai pas la stupidité et la naïveté de croire que le suggérer implicitement est suffisant. « Ne t’aie-je point appris qu’il faut saluer une personne avec qui l’on veut discuter sans que cela ne soit prémédité ? » Bien sûr que si que je lui ai appris, et bien sûr que oui qu’il a retenu. Cela dit, l’excitation a souvent tendance à prendre le dessus dans ses actions.
« J’aimerais que tu recommences Jahël s’il te plait. Montre-moi que tu as retenu ce que je t’ai appris. » Je pense que si je lui avais donné un ordre, il aurait sans doute essayé de me tuer. Mais l’aspect intéressant avec sa personnalité est qu’il a ce besoin de faire plaisir aux gens… D’une manière souvent très maladroite, j’en conviens… Mais l’incitation et la demande ont bien plus de succès que les ordres. « Seulement à ce moment-là, nous pourrons discuter des sujets qui t’intéressent. Que ce soit à propos de Gianny, ton écuyer et comment le gérer, beaucoup de choses qui le rendent très spécial ou bien ton intérêt marqué pour la poitrine des femmes ainsi que le soin de mes cheveux. » Je retiens un soupir en me disant que j’en sais très probablement plus sur l’écuyer de Jahël que lui. Je ne sais pas ce qu’il s’est passé dans la tête du maître des attributions mais nul doute que c’est un duo très intéressant qui a été formé…
Explosif aussi… Très explosif.
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| | | | JahëlSam 24 Nov 2018, 16:24 | | Je sais rien mais je dirais tout “ L'enseignement : apprendre à savoir, à savoir faire, à faire savoir. L'éducation : apprendre à savoir être. ” de Louis Pawels - An 1570 MOIS 5 - |
Jahël ne put poursuivre son cheminement de pensée, son cheminement de question. Il y avait tant de choses qu’il ignorait qu’il se demanda s’il arriverait un jour à tout savoir sur tout. Est-ce que son cerveau y survivrait ? C’était un autre problème. Peut-être c’était le fait que plus il retenait de choses, moins il avait de chances de grandir dans sa tête ? C’était plutôt contradictoire. Il voulait savoir le plus de choses possibles sur le monde, sur les conventions sociales, sur les adultes et leurs activités d’adultes. Normalement, pour un être normalement constitué, cela devrait le faire évoluer vers de la maturité… ce serait bien ironique si c’était le contraire. Mais le cerveau de Jahël était une machinerie complexe. Qui peut dire comment il évoluera à l’avenir ? En régressant, en progressant… sans doute que ce seront ses rencontres et ses expériences qui le forgeront et induiront tel ou tel changement. On peut dire qu’il avait réussi à évoluer d’une certaine manière, grâce à ces 5 années avec Eredin, puisqu’il lui a inculqué la fidélité à l’Empire… et, sans doute pas intentionnellement, mais Jahël n’avait pas envie de le décevoir non plus. Eredin, c’était un peu comme une figure paternelle qu’il n’avait jamais vraiment eut puisque ses parents ne s’étaient jamais conduit comme des parents. En fait, Eredin fait office de papa et de maman pour Jahël. Même si Jahël ne lui avait jamais tété le sein. Je crois. J’espère…
Donc, revenons à nos moutons : Jahël fut interrompu dans son flot de question par Eredin. Malgré tout le respect que Jahël pouvait avoir pour cet homme – oui Jahël était capable de respecter quelqu’un et ce même s’il se permettait de critiquer l’âge avancé de la personne – cela ne lui fut pas plaisant d’être ainsi interrompu. C’était impoli. On lui avait apprit à ne pas interrompre quelqu’un lorsqu’il parlait, justement pour cette histoire de politesse. A noter que Jahël n’était, de base, pas quelqu’un d’exceptionnellement poli puisqu’il considérait cela comme une perte de temps. Bref, il n’aimait pas être poli, mais il aimait encore moins qu’on ne soit pas poli envers lui. Ironique n’est-ce pas ? Tout était ironique avec notre Chevalier. Du coup, nous voilà rendu avec un Jahël boudeur. Il gonfla légèrement les joues, fronça les sourcils, fit la moue, souffla légèrement tandis que son regard dévia par terre. Il avait l’impression d’être prit en faute par son père, il se sentait étrangement coupable, ce qui le faisait bouder encore plus. Il se mit même à légèrement se balancer d’avant en arrière, ses pieds ne bougeant pas de place. Cela démontrait clairement qu’il n’était pas à l’aise dans cette situation. Pourtant, Eredin n’avait pas levé la voix. Il ne semblait même pas être sévère, ou strict comme pouvait l’être l’Empereur lors de ces propos, ou Bahal lorsqu’il donnait des ordres. Il lui rappelait simplement les règles de bienséances lorsqu’on voulait discuter avec une personne. En soit, Jahël n’avait pas spécialement besoin de rappel puisqu’il s’en souvenait. Il choisissait simplement parfois – souvent – de les éviter pour en venir directement au but, surtout lorsqu’il avait un flot de questions en tête. Jahël était souvent comme ça, à ne pas vouloir être poli, discret, courtois ; il préférait être direct, brut, et aller droit au but. Pourtant, Eredin lui faisait très clairement comprendre qu’il allait falloir faire un effort s’il voulait parvenir à ses fins.
Il y eut un silence pendant quelques minutes, minutes pendant lesquelles Jahël continuait de bouder, regardant ses pieds, gonflant les joues, faisant la moue et se dandinant. En fait, son attitude laissait penser qu’il ne faisait rien d’autres qu’attendre. En vérité, dans sa tête, il classait. Il classait les informations qu’il jugeait importantes à dire en premier, tout simplement car Jahël avait souvent tendance à oublier que les autres êtres vivants n’avaient pas sa formidable capacité de tout retenir. Alors, même s’il avait beaucoup de questions, il savait qu’il allait devoir poser ses questions pas à pas… ou du moins essayer. C’était tout de même rageant de ne pas pouvoir dire tout ce qu’il avait en tête sans crainte que son interlocuteur n’en retienne que le quart – et encore, je suis gentil en disant le quart. Ce n’est qu’une fois qu’il eut l’impression d’être organisé qu’il se décida à relever la tête, d’effacer de moitié sa moue boudeuse – oui seulement de moitié car il était quand même irrité – pour enfin reprendre la parole en regardant Eredin droit dans les yeux.
« Bonjour Eredin. T’as l’air plus en forme que t’es cheveux, je suppose que c’est une bonne chose, ça veut dire que t’es pas encore proche de la mort. Ce serait pas bien que tu meurs tout de suite. » Sous entendant qu’il avait encore trop de questions sans réponses et qu’il n’avait pas envie de les poser à quelqu’un d’autres qu’Eredin donc ça l’embêterait qu’il meurt prématurément. Néanmoins, peut-être, et je dis bien peut-être, que c’était aussi une forme de marque d’affection. Comme quoi la mort d’Eredin affecterait peut-être notre tête blanche. J’ai dis peut-être. « J’aime pas Granie. » Oui, Jahël connaissait très bien le nom de son écuyer, mais il avait simplement décidé de ne pas l’appeler comme tel. En fait, il n’y avait que quelques rares personnes que Jahël appelait par leur prénom. Elles se comptaient sur les doigts d’une main qui aurait fait un tour chez un bourreau. « Il est lent, il obéit pas, il veut pas me faire à manger ni faire le ménage. Il sert à quoi s’il obéit pas ? En plus il est pas intelligent, il m’a prit pour une fille ! Ses capacités visuelles laissent à désirer, il pourrait prendre une peluche pour un être vivant. J’ai pas de seins je suis pas une fille ! » Oui, on en revenait toujours à cette histoire de sein. D’ailleurs, pour prouver ses dires, Jahël se mit même à tripoter ses pectoraux histoire d’être bien sûr qu’il n’avait pas de sein. « Pourquoi il m’a prit pour une fille ? Il est idiot ? Je fais quoi avec ? Je peux le tuer ? C’est une demi fée, il aura des ailes ? Je pourrais les lui arracher ? »
Et on en revenait toujours à un flot de questions… mais cette fois-ci, Jahël s’était forcé à avoir un débit de voix normal. Il s’était également forcé à ne pas trop poser de questions – même si certains diraient que c’était déjà trop – et se mit même à attendre les réponses d’Eredin. Les mains jointes en avant, il se mordit l’intérieur de la joue pour se retenir de parler plus, les yeux brillants de curiosité prêts à boire chaque parole de son ancien maître.
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| | | InvitéSam 01 Déc 2018, 11:27 Je pense que bien des chevaliers auraient désespéré avec un écuyer tel que lui. J’ai failli oser prétendre qu’il n’est pas méchant mais je pense que je me fourvoierais. Il n’y a pas que du bon et bien peu de noblesse chevaleresque en lui. Sa capacité à tout retenir est tout bonnement édifiante et pourtant la mise en application est parfois laborieuse. Pour résumer, il est un contraste permanent, physiquement d’abord mais aussi en termes de caractère où sa faculté de passer d’une béatitude niaise à une folie sanguinaire est incroyablement rapide.
Durant cette demie-décennie où je lui ai enseigné tout ce que je connais sur le combat, les stratégies, le monde qui nous entoure, la politique et j’en passe, j’ai toujours cherché à instaurer un certain équilibre. J’ai l’intime conviction que la personne en charge de l’attribution des nouveaux écuyers a visé le contraste entre nous. Lui, tel l’océan, capable d’être calme tout comme de se déchaîner en terribles tempêtes détruisant tout sur son passage. Moi, que j’estime être un lac, une surface lisse, sans ondes, imperméable aux éléments environnants. Peu flatteur me direz-vous d’être un lac en comparaison d’un océan ? Ce serait pourtant la réalité, j’ai bien moins de potentiel que Jahël et moins de puissance qu’une personne ayant la capacité de tout apprendre en un instant. Je n’en suis pas vexé, je n’en suis pas déçu. J’estime simplement être plus fiable. On sait à quoi s’attendre avec moi.
Et s’il est difficile de canaliser l’océan, c’est parfois possible lorsqu’il n’est pas trop énervé. Je suis heureux de voir qu’il tire quelques leçons de ce que j’ai pu lui apprendre durant toutes ces années. Il comprend vite mais il faut lui expliquer doucement. Je ne perds pas espoir que de lui-même il apprenne la politesse. Quant au respect ? Ma foi, j’ai bien peur que toutes les causes ne soient pas réalisables… D’autant plus que l’éducation par la force n’a jamais été une possibilité avec lui, attiser sa colère n’est pas une solution viable. Ce n’est pas faute pourtant d’avoir testé, de le maintenir avec ma poussée contre une falaise de toutes mes forces jusqu’à ce qu’il se montre plus conciliant, plus docile. Ce fut un échec criant, retentissant même si l’on prend en compte les cris qu’il lâchait pour tenter de s’extirper.
« Je n’ai en effet pas l’intention de rejoindre les plaines de lumière dans l’immédiat. Ne t’aie-je pas dit que je vous enterrerai tous dans l’Ordre ? » C’est une phrase que nous adorons sortir avec Uthred, marque de notre ancienneté et notre longévité dans l’Ordre. Bien peu atteignent nos âges quasi vénérables. D’autant plus pour mon ami viticole. Il est toutefois vrai que je me fais globalement beaucoup de souci pour bon nombre de sujets, Jahël en faisant partie. Si je ne suis pas soucieux, si je n’ai pas de réserves sur un nombre important de domaines, je me sens souffrant. J’ai besoin de me créer des problèmes, de trouver des solutions, de critiquer mes solutions, en trouver de nouvelles. J’ai besoin qu’on aille contre mon sens et me dire que j’ai tort pour pouvoir me prouver que j’ai raison en poussant ma réflexion. « Tu n’aimes pas grand monde Jahël. » Un simple constat, froid, implacable, surtout sortant d’une bouche sans sourire comme la mienne. Pour dire vrai, je me pose beaucoup de questions à ce sujet. Est-il capable d’aimer ? Est-ce que son côté changeant ne change pas ses sentiments aussi vite qu’ils sont apparus ? Mais dans ce cas, peut-on appeler ça des sentiments alors que dans ma définition, ils sont gravés dans du marbre ? Ses sentiments volent-ils ainsi d’une personne à une autre ? Sont-ils plus ou moins forts que les miens ? Plus parce qu’ils ne peuvent s’étioler dans le temps car éphémère ? Ou moins parce qu’ils n’ont pas le temps de mûrir comme ils devraient ? Tant de questions sans réponse… Qu’importe, je les obtiendrai un jour, je ne suis pas pressé, la patience est mère de toutes les vertus.
Si je n’avais pas attaché autant d’importance à mon apparence sévère, je pense que je serais en train de m’esclaffer. « Allons donc Jahël… » Je ne vous ferai pas une liste exhaustive de tout ce qu’a pu faire et dire mon ancien écuyer mais je n’ai aucun souvenir qu’il ait fait le ménage, qu’il m’ait fait à manger et pensé que j’étais mourant à cause du recul de mes cheveux sur mon crâne ainsi que les filins blancs commençant à s’y installer. « Est-ce qu’il ne te rappelle pas quelqu’un ? » Je n’ai pas réellement d’espoir qu’il y croit ou se fasse à l’idée, sans doute se vexera-t-il à l’idée que je puisse le comparer à l’infortuné écuyer qui désirait sûrement un autre maître tandis que lui ne désirait pas en avoir un et ne l’avait de toute évidence pas demandé.
« Je te rejoins toutefois que s’il t’a pris pour une fille, ses capacités d’observation sont fort peu développées. Tu n’es pas plus une fille que je suis mourant. Même si, comme tu as su bien le remarquer, certaines filles ont une poitrine fort peu développée. » Je n’ai pas de problèmes à parler d’attribut féminin pas plus que de sexe. Ce sont des choses naturelles, pas nécessairement discourtoises dont il faut parler sans gêne. C’est cette dernière qui n’est pas noble et particulièrement embarrassante pour tout le monde. « Il s’agit donc de ton rôle en tant que maître de le mettre sur le droit chemin, améliorer ses capacités, que ce soit d’observation, de pouvoirs ou même de noblesse si tu y parviens. » Même si sur de nombreux domaines, j’estime être quelqu’un de pragmatique, j’avoue être un indécrottable optimiste en ce qui concerne les membres de l’Ordre et leur amélioration tant en termes de personne qu’en termes de puissance. « Tu as donc sans doute pu deviner qu’il est de ton devoir de le rendre moins idiot et de le garder en vie et de ne pas le démembrer. » Toutefois, même mon optimisme ne peut camoufler mon appréhension. J’ai été capable de contenir ses crises, ou tout du moins, à ne pas y succomber. Mais est-ce que son écuyer sera capable d’en faire de même… J’ai quand même quelques doutes.
« Et comme tu as été poli. Oui, il n’y a que les femmes qui ont de la poitrine, et celle-ci est différente sur chacune. Certaines poitrines seront fermes et tomberont peu tandis que d’autres seront dans le cas inverse. Certaines en ont très peu, il est vrai, surtout chez les personnes les plus minces. Ce n’est pas une vérité absolue mais chez les personnes corpulentes, la poitrine l’est également aussi. Et comme tu l’as fait remarquer à Gianny, tu n’es pas une fille, ainsi, tu ne peux en avoir, même en priant les dieux pour leur demander. » Je n’ai nullement oublié les questions qu’il m’avait initialement posé. Si mes facultés de mémorisation n’ont rien d’hors norme, je suis tout de même capable de retenir certaines choses. Donc ses questions. « As-tu d’autres interrogations qui tourmentent ton esprit ? » J’ai toujours aimé sa curiosité et sa capacité à toujours avoir des questions à poser, plus ou moins pertinentes. Rien n’est plus fade qu’un écuyer trop d’accord ou trop peu curieux… Même si je peux convenir que je ne suis sans doute pas suffisamment engageant pour qu’on vienne m’en poser…
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| | | | JahëlVen 14 Déc 2018, 19:28 | | Je sais rien mais je dirais tout “ L'enseignement : apprendre à savoir, à savoir faire, à faire savoir. L'éducation : apprendre à savoir être. ” de Louis Pawels - An 1570 MOIS 5 - |
Eredin n’avait pas l’intention de mourir. Du moins, pas dans l’immédiat. Cela intrigua Jahël. Peut-on repousser la mort par simple volonté ? La mort n’est-elle pas quelque chose de soudain, pouvant prendre possession des personnes avec la rapidité d’une panthère et la sournoiserie d’un serpent ? Comment Eredin faisait pour ne pas rejoindre les plaines de lumière maintenant ? Avait-il un pouvoir qu’il tenait secret qui serait une sorte de protection contre le dieu de la mort elle-même ? Un artéfact peut-être ? Jahël avait passé 5 années avec Eredin, et il n’avait clairement oublié aucuns détails sur l’accoutrement de son ancien maître, sur ses objets, ses éventuels bijoux, les choses qu’il prenait avec lui à chaque voyage… aucuns n’avaient l’air d’être un artéfact. Peut-être était-ce pour ça qu’on ne savait pas… car il n’en avait pas l’air ! Pas une once d’onde magique, pas de formes explicites… le regard de Jahël se fit d’autant plus suspicieux lorsqu’Eredin lui rappela – bien inutilement d’ailleurs – sa phrase favorite. Ce à quoi il avait une réponse d’ailleurs, une réponse qu’Eredin avait très certainement déjà entendu.
« C’est impossible, » s’opposa alors Jahël d’un ton très sérieux. « Si l’on prend en compte ton âge et la dégradation avancé de ton corps du au temps, tu as plus de chances de mourir que moi. Si on prend en compte ton intelligence et ton expérience dans l’ordre, tes chances de survies remontent, mais ton âge et ton corps vont te faire défaut et tu finiras quand même par mourir avant. » Froid ? Oui. Lorsque Jahël expliquait quelque chose, ce n’était jamais avec de la chaleur. Surtout lorsque ce pouvait être des choses désagréables à entendre. Le chevalier blanc n’avait pas l’impression de dire quelque chose de mal… c’était simplement dans sa logique. Il parlait en toute honnêteté. Il ne voyait pas l’intérêt de masquer ses mots sous ce que les adultes appelaient courtoisie et bienséance. « Mais tu devrais vivre encore longtemps. Normalement. » Chose assez inhabituel, pour ne pas dire que c’est tout nouveau : Jahël émettait une sorte d’espoir, d’envie qu’Eredin ne meurt pas. Même s’il le cachait bien sous ses paroles – qui ne reflétaient que peu souvent ce qu’il ressentait – pour bon observateur et bon orateur, cela se sentait. D’ailleurs, lorsque l’ancien maître constata que Jahël n’aimait pas grand monde, ce dernier prit un air boudeur : ses lèvres firent la moue, légèrement en avant, tandis que son regard se fit vexé et fuyant. Il se mit à dandiner très légèrement d’un pied à l’autre, avant de grommeler dans sa barbe-inexistante : « Je t’aime toi, c’est suffisant. » Il réfléchit un millième de seconde. « Et Samaël aussi. »
Trois choses à savoir : premièrement, Jahël n’appelait que peu de personnes par leur vrai prénom. Je l’ai peut-être déjà dis, mais je tiens à le dire encore : c’est réellement très rare. Rare au point où il devient évident que les personnes qu’il appelait par leur vrai prénom sont des personnes qu’il estime, de prime abord, mais aussi des personnes qu’il apprécie. La deuxième chose, c’est que Jahël ne sait pas faire la distinction entre les différentes formes de l’amour. Notamment l’amour fraternel/amical et l’Amour, avec un grand A. Ainsi, il a tendance à tout regrouper à un « j’aime/j’aime pas ». « J’aime telle personne ». Pas forcément amoureux, mais simplement amicalement. Enfin, la troisième chose à savoir… c’est qu’en général les personnes qu’il aimait ne vivaient guère longtemps, car Jahël aime par-dessus tout scarifier les choses qu’il aime. Et les garder intemporellement avec lui, comme des trophées. De ce fait, s’il n’avait pas eut cette interdiction de tuer et torturer les membres de l’ordre, Eredin et Samaël… de toute façon, maintenant, Jahël avait apprit à demander la permission, et accepter lorsqu’on lui refusait ses demandes. « Je peux t’arracher la peau pour en faire un abat-jour ? – Non – Ah, ok… ». D’où le fait qu’il ne veuille pas qu’Eredin meurt… puisqu’il ne pouvait pas le taillader pour en faire un trophée, il devait se contenter de le garder tel quel.
La discussion passa bien rapidement à Granie, l’écuyer de Jahël. Ce qui ne fit que faire bouder notre chevalier d’autant plus, notamment lorsqu’Eredin sous entendait qu’il était comme lui. Il faut dire que la cuisine et le ménage n’ont jamais été des domaines qui ont intéressé Jahël, préférant de loin… tout le reste, à vrai dire. Les armes, la magie, la politique, en passant par la couture, la médecine, les potions… et ainsi de suite. En tout les cas, même si Jahël adorait apprendre et s’améliorer, il détestait faire apprendre et améliorer les autres. Tout simplement car les incroyables capacités de Jahël n’étaient pas inhérentes à tout le monde, et le fait que d’autres puissent être plus lents et avoir besoin de plus de temps pour assimiler les choses… indisposés notre chevalier au grand cœur. En d’autres termes : Jahël n’aimait pas les explications d’Eredin sur Granie, et sur ce qu’il devait en faire. Notamment le passage « de ne pas le démembrer ». Jahël aurait adoré avoir des ailes de fée. Enfin, ils passèrent à un sujet beaucoup plus intéressant : les poitrines des femmes. Informations que Jahël nota précieusement dans son esprit, tout en se demandant comment aurait put être la poitrine de sa sœur, Jehan, si elle était encore là. Certainement qu’elle devait être grosse et bien ferme, car cela semblait être le plus moelleux, donc le plus confortable, donc le mieux. Il était tout de même fort déçu de ne pas pouvoir demander aux dieux d’avoir une poitrine.
Jahël réfléchit quelques instants. Un petit silence s’installa. Il digérait tranquillement les informations qu’il venait de recevoir. Pas que cela demande du temps pour intégrer, simplement qu’il pouvait se le permettre. En règle générale, les informations fusaient dans l’esprit de Jahël plus rapidement que la vitesse de la lumière, alors parfois il aimait prendre son temps pour apprécier la chose. Il allait reprendre la parole, pour lancer d’autres questions, entre-ouvrant la bouche… quand un gargouillement terrible tordu le ventre de notre chevalier. Un gargouillement tonitruant, qui dura bien plusieurs secondes avant de se calmer. Jahël avait, bien évidemment, refermé la bouche, avant de lever des yeux plein d’espoir vers Eredin.
« Je peux avoir à manger ? » demanda-t-il d’une voix fluette. Il faut dire que sa longue recherche l’avait affamé, et il voulait pouvoir manger de la bonne cuisine. « J’ai faim. » Constatation inutile, mais constatation quand même. « On pourra aller chercher des algues après ? Il faut les faire bouillir et les manger après. Pour la calvitie. Y parait que ça marche. Et comment je dois faire apprendre à Granie alors qu’il est lent ? Hm… Je sais pas si… Je serais un bon maître. » Jahël se pinça les lèvres tout en regardant ailleurs, fixant sans vraiment les voir les personnes qui passaient. « En plus il est pô gentil. » Et c’était vrai. « Il m’énerve. » Ce qui, pour son propre bien, n’était pas une bonne idée. Enerver Jahël… non, clairement, pour sa survie, il ferait mieux d’éviter. Mais, voilà, on ne peut aller contre la nature des personnes. « Pourquoi Bahal m’a donné un écuyer ? C’est un choix étrange. Comment il détermine qui devrait être avec qui ? Il étudie d’abord les personnes avant de choisir le meilleur choix ? Pourquoi je serais le meilleur choix pour Granie ? » En d’autres termes, comment Bahal dirigeait l’ordre. Par bien des côtés, Jahël avait l’impression que c’était du gros n’importe quoi… de l’autre, il n’avait fichtrement aucune idée de comment Bahal gérer son truc. Et il était curieux de savoir. Pas qu’il avait une quelconque vu sur le titre de chef des chevaliers – Jahël serait sûrement le moins compétent en tant que chef – mais il avait juste… envie de savoir. Plissant les yeux, suspicieux, le regard de Jahël retourna vers Eredin. « Tu étais content que je sois ton écuyer ? » Attention, brisage de cœur d’ici quelques minutes. « Je pourrais abandonner Granie quelque fois pour être tranquille ? » Deux questions qui n’ont absolument aucuns rapports. Mais si Jahël pouvait abandonner Granie quelque fois… ce ne serait pas de refus. « Il doit obligatoirement dormir avec moi ? Dans ma chambre, je veux dire. Et comment je lui fais apprendre à maîtriser sa magie si elle est pas comme la mienne ? »
Jahël se mordit l’intérieur de la joue, se retenant de parler encore une fois. Le tout suivit par un nouveau gargouillement de faim…
CODAGE PAR AMATIS
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Plus sur le personnage Âge: 43-48 ans [L5] Race: Humain
| | | InvitéDim 23 Déc 2018, 19:21 Comprendre Jahël est une tâche complexe. Sans doute la plus difficile des tâches à laquelle j’ai essayé de m’atteler. J’ai en amour ces domaines où un critère d’entrée entraîne un critère de sortie en fonction d’un paramètre. Laissez-moi m’expliquer en termes plus imagés. Nous avons de la glace, c’est notre critère d’entrée, une température élevée est, supposons, le seul paramètre ici, le critère de sortie sera de l’eau. C’est quelque chose de concret, d’existant, de vérifiable autant de fois que nécessaire.
La communication de Jahël ne correspond absolument pas à ces critères. En effet, la même conversation avec lui avec des paramètres identiques peut avoir des milliers de résultats différents. C’est perturbant. Pour autant, je m’y suis quelque peu accommodé et ai bien moins de mal à communiquer avec lui qu’au début de notre collaboration où chaque conversation débouchait inévitablement sur une impasse. Mais passons ce point et revenons sur la conversation en elle-même. Ce n’est pas la première fois qu’il me rappelle à la dépravation de mon corps par une vieillesse avancée. Élocution que je juge bien évidemment excessive. Les jeunes savent se distinguer par une imprudence et une non connaissance de leurs capacités qui les précipitent dans des situations bien plus dangereuses et qui peuvent porter atteinte à leurs vies. Se connaître est un luxe qu’ils ne prennent pas le temps d’acquérir. Il est probable qu’une fois encore, nous survivions à une nouvelle génération de têtes brûlées.
Toutefois, mon ancien écuyer est d’une trempe différente. Je le pense très conscient de ses capacités. Son empressement à poser tant de questions est un aveu d’une connaissance incomplète, est un aveu d’une personne qui sait qu’elle peut encore s’améliorer. Bien sûr, tout le monde possède toujours des axes d’amélioration, mais personne autant que Jahël n’est capable de se rapprocher d’une perfection toute relative. Et pour autant sa soif d’apprendre est toujours présente. C’est louable. Je n’aurais jamais pensé pouvoir penser ça de lui à prime abord. Lui, le garnement sanguinaire incapable de la moindre discipline… Bien que ce ne soit toujours pas son point fort j’en conviens aisément…
« Mmh ? » Mon expérience m’amène à ne pas être un homme qu’il est aisé de surprendre. J’ai vécu bien des situations au cours de ma vie et je pense être armé pour une bonne partie. Cependant me voir répondre être aimé lorsque j’évoque qu’il n’aime presque personne ? C’est… Inattendu. Et étrangement réconfortant. Je ne pensais pas être fleur bleue au point de laisser passer, même imperceptiblement une lueur de surprise presque attendrie, bien vite chassée par ma sévérité habituelle. C’est inhabituel, même de sa part, et surtout, c’est la preuve que l’on n’est jamais au bout de ses surprises avec cet énergumène. Enfin, je garde mes réflexions pour moi et je tente de passer moi aussi à la suite de ce qu’il dit. Car oui, je pense que j’ai plus de mal à suivre le cheminement de ses pensées et les changements brutaux de sujets qu’à le suivre physiquement où malgré mon âge, mes entraînements m’ont permis de ne pas trop m’enfoncer dans un marasme physique.
Passer d’un sujet sentimental à un sujet traitant de la nourriture avant de revenir sur un sujet sérieux ? Aucune difficulté pour Jahël et encore quelques difficultés pour moi. Fort heureusement, j’ai pour habitude de ne jamais me départir de nourriture, et Parandar sait qu’avec les questions qu’il vient de me poser, nous allons en avoir besoin… Je peux déjà faire une croix sur mon départ ce jour. « Marchons. » Je m’élance d’une allure martiale. Où ? Ça n’a aucune importance, il s’agit de marcher, je trouve que cela stimule les capacités de réflexion. La situation n’est pas nouvelle pour Jahël qui a parcouru bien des kilomètres en ma compagnie. Une longue minute s’écoule sans que je ne pipe mot. Je peux presque l’entendre contester et hurler qu’il a faim mais là aussi, il est habitué à ces instants de silence, de calme. Pas certain qu’il se soit habitué cela dit.
Je sors une lamelle de bœuf séché que je lui lance. « Pour te faire patienter jusqu’aux cuisines. » Voilà. Il suffisait de marcher un peu pour définir l’objectif, à peine incité et influencé par les gargouillements fort désagréables à l’écoute du ventre de mon ancien apprenti. Nouvelle minute de silence. Depuis le premier jour où j’ai été désigné comme son maître, il n’a jamais eu de cesse de poser des interrogations parfois particulièrement judicieuses et parfois à côté de la plaque. Cette fois, c’est dans la première catégorie que sa question se situe. « Les arcanes des attributions ne me sont pas données à moi non plus, tu sais, mais d’expérience, en effet, il analyse sur des critères qui n’appartiennent qu’à lui que tel écuyer devrait être avec tel chevalier. C’est logique pour toi et moi par exemple, il a vu ton potentiel d’apprentissage et il sait que mes connaissances portent sur divers sujets que je pouvais t’enseigner aisément. » Notez que je n’ai pas répondu à la question qui peut être considérée le plus comme brise-cœur. Or, si la diplomatie me caractérise dans les sphères mondaines où la sincérité n’a pas sa place, c’est moins le cas avec mes frères d’armes. « Je me suis posé la même question que toi quand tu m’as été attribué bien que je comprenais son souhait de t’inculquer des valeurs disciplinaires. Néanmoins, je n’ai vite plus douté de ton choix quand j’ai compris ta curiosité et ta soif d’apprendre. » Tous les chevaliers ont toujours un œil sur la génération à venir. Or, Jahël représentait à merveille une noblesse déchue, dépravée, tout ce que j’exècre au plus haut point. Nul besoin de dire que je n’étais pas ravi de devoir lui enseigner quoique ce soit. Au final, ce n’est pas sur lui que j’ai porté la faute mais sur des parents dont la lâcheté équivalent à la curiosité de leur rejeton.
« Ainsi, je ne saurais que trop te conseiller de ne pas chercher de points communs ou de points divergents mais plutôt ce que tu peux lui apporter. C’est un frère d’arme désormais. » Il n’a jamais été question de tergiverser avec moi sur ce sujet. L’Ordre est l’Ordre et est prioritaire sur tous les désidératas personnels de ses membres. Non, je n’étais pas ravi d’avoir Jahël comme écuyer, mais jamais, Ô grand jamais il me serait venu à l’idée de contredire cette décision ou de la faire abroger pour avoir un apprenti plus sage. « Tu as des… facilités que Gianny n’a pas. Que personne d’autre n’a à vrai dire. C’est une chance en même temps que c’est problématique. Tu devras lui montrer deux fois, dix fois, cent fois, mille fois la même botte pour qu’il l’intègre. » Il y a une question à laquelle je n’ai pas répondu. Pourquoi Jahël serait le meilleur choix pour Gianny ? Il ne l’est pas, tout simplement. Jahël possèdes des capacités, des facilités qui rendent tout l’apprentissage facile. Or, comment expliquer quelque chose que l’on ne comprend pas puisqu’on l’intègre machinalement, intuitivement ? Comment expliquer lorsqu’on « sait » quand et comment faire quelque chose sans le « comprendre » ? Cela ajouté aux relations sociales… compliquées qu’il peut entretenir rend la raison de ce choix assez nébuleuse. Toutefois, je n’en parlerai pas, les raisons de ce choix ne m’appartiennent pas et je ne les comprendrai sans doute pas avant que l’alchimie ne fonctionne entre eux. C’est la raison pour laquelle c’est Bahal et personne d’autre qui se charge des attributions. « Mais tu as beaucoup de choix. Dans mon idée, l’apprentissage doit être complet et permanent… » Surtout avec Jahël comme client qui nécessite beaucoup d’exigence… « … mais tu as la possibilité de lui accorder plus de temps et ainsi te retrouver parfois libéré de tes obligations. Toutefois, il faut que tu veilles à ce qu’il soit le meilleur des écuyers à l’adoubement. » Objectif ambitieux ? Oui, bien entendu. Mais s’il n’a pas d’objectif, s’il donne des entraînements au rabais à son écuyers alors l’ordre en pâtira. S’il entraîne son écuyer au-delà de ce qu’il est capable de faire… Alors l’Ordre sera doté d’un membre puissant.
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| | | | JahëlJeu 03 Jan 2019, 13:18 | | Je sais rien mais je dirais tout “ L'enseignement : apprendre à savoir, à savoir faire, à faire savoir. L'éducation : apprendre à savoir être. ” de Louis Pawels - An 1570 MOIS 5 - |
Si Jahël avait regardé Eredin au moment de sa déclaration « d’amour », il aurait certainement noté le changement dans son expression. Un changement parfaitement surprenant qui ne dura que très peu de temps, mais dont le regard aiguisé du Chevalier n’aurait pas manqué en temps normal. Il faut savoir qu’Eredin n’offrait guère beaucoup de panel d’expression différente. En fait, les expressions d’Eredin équivaudraient aux expressions d’un poisson rouge : inexpressif jusqu’à la mort. Il serait amusant que l’ancien maître meure avec la même expression qu’il arborait d’ordinaire. Jahël marquerait sur sa tombe : « Même dans la mort, toujours indéchiffrable ». Mais, Jahël n’était pas un homme qui se laissait aller à un même sujet. Il était plus du genre à en avoir plusieurs en même temps, de sauter sur l’un avant de revenir à un autre puis en créer un nouveau. C’était tout un réseau complexe dans la tête de Jahël, et sa logique dans cette perplexité était aussi indéchiffrable que le visage de pierre d’Eredin.
Jahël avait faim. Ça lui arrivait – heureusement. Le souci avec Jahël, c’est qu’il n’aimait guère attendre. Il fallait que tout vienne tout de suite lorsqu’il le demandait. Sûrement un aspect de son éducation ratée d’enfant psychopathe qui avait tout ce qu’il obtenait en un claquement de doigt pour que les parents n’aient pas à en subir les représailles. Autant dire que ce fut dur lorsque Jahël entra dans l’ordre de se plier au fait qu’il n’était rien de moins qu’un soldat et qu’il devait attendre comme tout le monde, ainsi que suivre les ordres. On ne peut que louer l’immense patience d’Eredin, une fois encore, qui fut certainement celui qui se prit le plus les foudres du bébé Jahël gâté.
« Marchons. » « Mais… » s’indigna Jahël du tac-o-tac. « J’ai faim ! »
Jahël avait prononcé cette dernière phrase comme si c’était quelque chose de grave qu’il fallait remédier tout de suite. Le tout avec une pointe de caprice et de bouderie. Mais cela ne marcha pas avec Eredin – cela ne marchait jamais avec Eredin – et il s’élança en direction de je-ne-sais-où, n’attendant même pas que Jahël le suive, n’écoutant même pas ses supplications. Le visage de Jahël devint légèrement rougi par la vexation tandis que son regard envoyait haine et mauvaises ondes dans le dos d’Eredin alors qu’il le suivait à un petit pas de distance. Ce n’était pas la première fois qu’Eredin emmenait Jahël se promener avec lui – ce malgré le fait que Jahël ne cessait de clamer que c’était inutile et une perte de temps considérable mais passons – et Jahël devait donc subir. Contrairement à certains, Jahël ne sentait pas le besoin de marcher pour réfléchir. A vrai dire, ses réflexions allaient tellement vite dans son esprit qu’une marche n’aurait duré que quelques secondes, donc dans ce cas-là effectivement c’était inutile. Mais il avait bien vite comprit que tout le monde n’était pas aussi vif d’esprit, dont Eredin.
C’est alors qu’un morceau de bœuf séché vola jusqu’à lui. Jahël l’attrapa au vol, fortement attiré par l’appel de son ventre, et mordit à pleines dents dans le morceau de chair censé le faire patienter jusqu’aux cuisines. Mais la lamelle de bœuf n’était pas infinie, combien de temps passeraient-ils à marcher avant d’atteindre les cuisines ? Jahël rongea son frein tandis qu’il dégustait le plus lentement possible – et ce malgré les cris de son estomac – son morceau de fortune. Il se passa encore un moment de silences pendant lequel Jahël ne pipa mot, sachant pertinemment que c’était à Eredin de parler. Bon, ce n’était pas bien dur de tuer le temps à vrai dire, l’attention déviante de Jahël avait tendance à se focaliser sur les petits objets volants ou les briques sur un mur, les comptant distraitement. Puis, finalement, Eredin reprit la parole pour répondre sur le sujet des attributions. Jahël écouta attentivement cette fois, puisque c’était un domaine qui l’intriguait et le rendait d’autant plus curieux. Mais il était fort déçu qu’Eredin ne puisse lui en dire plus, et cela se lisait très clairement sur le visage de Jahël. Eredin continua de parler, répondant à chaque questions de Jahël… ou presque. Il avait très bien noté qu’il y avait des questions qui étaient passées à la trappe. Ce qui pouvait être un désavantage pour Eredin s’il ne souhaitait tout simplement pas y répondre, car Jahël a tendance à insister… sauf s’il trouve mieux à faire. Comme, manger par exemple. De ce fait, Jahël ne put guère en apprendre plus sur son jumelage ou encore ce qu’il devait faire avec Gianny. Certes, Eredin lui expliqua brièvement qu’il devait en faire le meilleur Ecuyer et donc futur Chevalier possible, lui apprendre encore et encore la même chose, et ainsi de suite. Mais cela ne fut que rendre le cerveau de Jahël plus confus – c’est certainement ce qui sauva Eredin d’une relance sur les questions non répondues. En d’autres termes, Jahël ne savait pas tellement comment se comporter avec Gianny. C’était la première fois qu’il avait un écuyer. Il n’avait pas la sagesse et la patience d’Eredin, ni la compassion de certains. Il doutait même d’inspirer beaucoup de fierté et de respect, Gianny lui-même devait être dérouté et dégouté de l’avoir comme maître. Il en avait parfaitement conscience, mais ce n’est pas comme s’il en avait quelque chose à faire. Les relations humaines, l’image qu’il pouvait rendre, c’était des choses dont il avait du mal à intégrer tout simplement car il n’en voyait pas l’utilité. L’efficacité était mieux que l’apparence, non ?
Il s’arrêta. Eredin venait d’arrêter de parler, de lui faire la leçon, et l’attention de Jahël était désormais entièrement dans ses pensées. Comme à chaque fois, il croisa les bras sur sa poitrine, regarda vers le bas, les yeux dans le vague, la tête légèrement penchée sur le côté, pensif. En général, c’était… bon signe ? Je ne saurais dire en fait. Cela signifiait que Jahël prenait plus de temps que ce qu’il prenait d’habitude pour intégrer et réfléchir à ce que venait de lui dire Eredin. Le chevalier se remémora l’apparence de Gianny : yeux rouges, cheveux blancs, peau blanche. Il avait tout de même noté des muscles apparents. Son statut de demi-démon devait certainement lui permettre d’avoir des facilités au niveau endurance et force. Son attitude… ouais, il n’en avait pas grand-chose à faire de son attitude, tant qu’il obéissait… et ça c’était certainement le plus gros challenge. L’obéissance. Eredin avait du trimer longtemps avant d’obtenir un Jahël gentil, mignon et obéissant – oui, bien entendu que Jahël était gentil et mignon. Et obéissant. Jusqu’à un certain point. Enfin bref. Cela a prit du temps car Eredin devait trouver la manière de se comporter et de faire apprendre à son écuyer. Cela sous entendait de s’adapter à son écuyer et pas de faire l’inverse. Sauf que pour pouvoir trouver la meilleure façon d’enseigner, n’est-il pas mieux de d’abord apprendre à connaître le jeune homme ? Après tout, si Eredin avait d’abord apprit à connaître Jahël, il aurait prit moins de temps pour comprendre comment s’y prendre et Jahël aurait peut-être pu en apprendre d’autant plus – et puis il faut dire qu’à l’époque Jahël n’était pas du genre à parler de soi. Donc… apprendre qui était Gianny. Ses capacités, ses préférences en terme d’arme, ses connaissances, ses résistances. Puis, trouver la meilleure façon de lui apporter ce que sait Jahël. C’était un autre point difficile à aborder, puisque les connaissances de Jahël étaient larges, beaucoup trop larges. Mais surtout, il ne voyait pas comment il aurait la patience de faire apprendre un coup en plusieurs fois alors qu’il fut si facile pour lui de l’apprendre durant son propre apprentissage. Sans doute Bahal a-t-il décidé de lui donner un écuyer pour qu’il apprenne, justement ? Mais comment Bahal pouvait-il en savoir autant alors qu’ils ne s’étaient quasiment jamais parlés en tête-à-tête ? Comment plaçait-il ses pions, comment gérait-il tout ça ?
Jahël grogna, se prit la tête avec ses mains et secoua ses cheveux de frustration, non sans taper du pied rageur.
« Mais comment je suis censé faire tout ça ?! » se mit-il alors à hurler sans même se préoccuper de si Eredin était avec lui ou non. « Comment je suis censé expliquer ? Comment devenir patient ? Comment me faire obéir par Grr… Gianny ? » Notez que le véritable nom de l’écuyer avait eu du mal à sortir des lèvres de Jahël. « Comment Bahal voit tout ça ? Il utilise combien de variables pour dire qu’un tel jumelage sera ce qui apportera le plus de bénéfices et de mérites à l’Ordre ? Une dizaine ? Une centaine ? Plus ? Est-il super intelligent ? Comment apprendre à comprendre ce que je sais déjà pour faire apprendre ? Je suis pas sûr que ce soit une bonne idée, Gr-Gianny aurait du être ton écuyer, je suis pas un enseignant, je suis pas un maître, je-… » suis pas un chevalier ? La phrase faillit sortir des lèvres de Jahël.
Les larmes lui montèrent aux yeux tandis que son énervement monta encore d’un cran. Il serra les poings, tapa encore deux fois du pied, puis devint parfaitement immobile, fixant un point dans le vide avec dans les yeux une rage sourde qu’il vaudrait mieux ne pas attiser. Il essayait de se canaliser afin d’éviter de passer ses nerfs magiquement et douloureusement sur Eredin. Pour une rare fois, Jahël avait du mal à comprendre. Peut-être que certaines choses doivent être faites pour être comprises et apprises… mais est-ce que Jahël aura la patience d’apprendre cette chose compliquée qui est d’être un maître ?
« C’est nul… » grommela-t-il entre ses dents. « C’est nul, c’est nul, c’est nul… » Jahël baissa la tête presque avec honte, ses cheveux longs passant de chaque côté de son visage pour le masquer tandis qu’il se retenait tant bien que mal de pleurer.
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| Rang Classique : Chevalier Nombre de messages : 816 Rôle : Chevalier d'Irianeth
Plus sur le personnage Âge: 43-48 ans [L5] Race: Humain
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