She's a twisted trickster (Vicky)

Sa dernière mission l’ayant mené à parcourir les terres de l’Empire, Khanrell avait profité de cette immersion en «territoires ennemis» (selon le point de vue, bien sûr), pour mieux connaître la culture de ces gens, s’identifiant, dès qu’on le lui demandait, comme une entité neutre ne cherchant pas la bagarre et voyageant simplement. Bien sûr, ce n’était pas exactement la vérité, puisqu’elle laissait la mort, le sang et les cendres sur son passage, mais elle était assez douée pour jouer les voyageuses innocentes lorsqu’elle sentait que c’était nécessaire, et savait quand laisser planer la rumeur de ses talents lorsqu’elle sentait plutôt qu’il y avait de l’or à mettre dans sa bourse.

Et justement, les Impériaux étant d’habiles manipulateurs souhaitant convertir tout le monde à leur cause, spécialement les gens originaires de l’Alliance, comme elle, ses talents avaient vite été reconnus et appréciés. Les offres d’emplois stables n’avaient cessé de pleuvoir, car on reconnaissait son talent, mais Khanrell resterait toujours une âme libre et sans attache. Bien sûr, il fallait manger, elle prétendait donc accepter de travailler pour un individu, commettait quelques larcins, semant souvent la mort, empochait ses premières paies, et lorsqu’elle commençait à s’ennuyer, disparaissait aussi vite qu’elle était apparue, dans un nuage de fumée (littéralement, car elle foutait le feu pour couvrir sa fuite) avant de poursuivre sa route à la recherche d’un autre employeur potentiel. Le plus temporaire des employeurs, idéalement.

Ses multiples quêtes la menèrent tranquillement jusqu’à la Colonie d’Argent, fière forteresse de l’Empire, qu’elle pénétra grâce à ses talents incontestés pour les déguisements et son apprentissage des mœurs et coutumes impériales au cours de ses vagabondages. Elle n’eut qu’à jouer les jolies nobles, sa peau peinte pour en changer la couleur, imitant une hybride de haut rang, au port altier et à l’air si pince-sans-rire que les guetteurs aux portes n’osèrent même pas essayer de la questionner, pliant l’échine sous son regard sévère, craignant peut-être qu’elle leur coupe la tête. C’est probablement ce qui serait arrivé, d’ailleurs, si quelqu’un avait découvert son manège et avait voulu lui bloquer l’accès, mais en êtres biens avisés, personne ne s’était opposé aux personnages qu’elle représentait.

Quelques minutes plus tard, elle se débarrassa de son costume avec soulagement, le rangea bien en sécurité à la chambre qu’elle avait loué au cœur de la ville, à l’Auberge du Dragon d’Argent, un peu pimpant comme enseigne en comparaison avec la piètre valeur des lieux, mais passons. Vêtue de ses habituels vêtements de cuir, la flamboyante jeune femme ne manquait pas d’attirer l’attention en arpentant les rues de la forteresse, mais maintenant qu’elle y était entrée, gare à celui qui tenterait de la faire sortir sans son accord. Il ne lui fallu pas très longtemps avant de trouver la meilleure taverne pour répondre à ses besoins, un taudis légèrement malodorant, regroupant la plèbe de ce monde, des tueurs aux simples pickpockets, et quelques potentiels clients qui cherchaient à faire accomplir leurs sales besognes par d’autres mains pour garder les leurs propres, à défaut de leur honneur. Bref, un véritable petit paradis pour la rouquine qui dévoila sans gêne sa tignasse enflammée, commandant un verre bien fort pour bien démarrer la soirée, qui commençait à peine. Ses lames, bien visibles, ne laissaient aucuns doutes sur la fonction qu’elle occupait.

Il ne se passa pas une heure avant qu’elle remarque cette femme qui, malgré les habits humbles dont elle s’était vêtue, respirait la richesse et la noblesse simplement par sa prestance. Sa coiffure blonde ridicule contrastait horriblement avec sa tenue, clairement la dame n’avait pas le talent de Khanrell pour le déguisement. Une noble, donc, qui cherchait à ne pas être reconnue dans ce lieu de perdition, et qui affichait sur son visage une moue frustrée d’enfant gâtée qui n’a pas eu son jouet. Parce qu’elle avait souvent à faire avec ce type de clientes, la flamboyante assassin présuma une histoire de mari infidèle ou de concurrente trop entreprenante sur un bon parti. La jalousie était à la base d’au mois la moitié des contrats qu’on confiait à la belle rouquine, qui s’en amusait toujours. Elle se fichait, en fait, éperdument de savoir si la demande de meurtre était justifiée ou non, tant qu’elle était payante et distrayante. Hors, des histoires de couchettes, c’était toujours amusant.

Alors qu’elle quittait son tabouret au bar et sa consommation (vide évidemment) pour rejoindre celle qu’elle pensait pouvoir servir, Khanrell fut prise au dépourvu en voyant celle-ci se mettre en branle également, mais pour aller rejoindre une autre rouquine (assez séduisante faut l’avouer, elle ressemblait même un petit peu à la Rose Brûlante) et se mit à lui parler. S’approchant discrètement, l’assassin ne pu que constater que la noble blonde était effectivement une cliente potentielle… mais la séduisante rouquine était une adversaire! En effet, la dame était en train d’expliquer son «problème» à l’autre, qui semblait l’écouter avec intérêt. Irritée, la tueuse à gages se retint de grincer les dents, et se mit à toussoter assez fort pour interrompre la conversation des deux femmes, leur adressant chacune un sourire, plutôt avenant pour la blonde, et défiant pour la rousse.

-Chère dame, il me semble que vous faites erreur n’est-ce pas? Ne vous ai-je pas tout juste entendu dire qu’il vous fallait faire disparaître toutes traces d’un certain amant trop avenant pour préserver votre mariage? Scanda-t-elle un peu trop fort, s’attirant le regard épouvanté de la Noble qui se mit à observer frénétiquement autour d’elle pour être sûre que personne d’autre n’écoutait leur conversation. C’est certainement la Rose brûlante, alors, que vous cherchiez, n’est-ce pas? Eh bien je suis à votre service, milady, vous pouvez me faire confiance, le coquin cessera de vous nuire. Je conviens que cette… femme ici présente peut avoir quelques similarités avec moi, mais il n’y a qu’une seule vraie Rose Brûlante, ajouta-t-elle en sortant de sa besace l’une des fleurs qu’elle traînait toujours partout où elle allait, en guise de signature évidente, et la tendit à sa cliente potentielle. Et pour ce qui est de s’immiscer dans votre résidence pour faire taire votre bavard garde du corps (non mais quel cliché quand même!), il n’y a personne de mieux placé que moi. D’ailleurs, qui t’es toi? Demanda-t-elle bêtement à l’adresse de celle qui ressemblait beaucoup plus à une courtisane qu’à une criminelle endurcie. Enfin, il faut dire que Khanrell n’était pas particulièrement bien placée pour parler non plus…

Il était une fois… Une jeune mercenaire rousse coincée dans une taverne mal-famée, qu’il fallait plutôt qualifiée de taudis d’ailleurs, à la recherche d’une quelconque mission qui lui rapporterait de l’argent à foison. Mais Vicky (puisque c’est elle la jeune mercenaire, vous l’aurez compris xD) détestait ce genre d’endroit, qu’elle jugeait indigne d’elle. Oh, bien sûr, c’était une criminelle, donc elle devait bien se retrouver dans ce genre d’établissement un jour ou l’autre, mais elle s’était toujours servi de son physique attirant pour vivre dans le luxe et elle espérait que cela dure éternellement. Mais, voilà, à Argent, le monde de la noblesse commençait à se poser des questions sur les circonstances de la mort de ses différents maris, qui étaient tous morts dans des circonstances étranges (tués par elle, mais j’ai pas besoin de préciser je suppose o/). Et, quand les nobles se posaient des questions, ils en venaient également à préférer éviter la jeune femme qui était la cause de toutes ses rumeurs. Alors, évidemment, pour se faire un peu d’argent de temps en temps, en attendant que les rumeurs se calment, Vicky était obligée de se rabattre dans ce genre d’établissement. Établissement dans laquelle son physique agréable à regarder (surtout sa poitrine…) attirait tous les hommes à venir lui proposer un coup rapide.

Mais la rouquine n’était pas là pour ça, et puis de toute façon elle ne coucherait jamais avec des types de ce genre. Alors elle repoussa violemment tous ceux qui vinrent l’accoster d’un violent coup là où ça fait mal et laissa son regard se balader dans la pièce à la recherche d’un quelconque noble qui aurait une mission à lui confier. Et, justement, après un long moment à rester assise sans rien faire et à grommeler contre le destin qui n’était décidément pas avec elle aujourd’hui, Vicky aperçut  une femme blonde, absolument pas à l’aise dans ce genre d’établissement, s’approcher d’elle lentement. La jeune mercenaire eut donc un petit sourire, jusqu’à ce qu’elle remarque une autre femme aux cheveux de feu, qui semblait également s’intéresser à la noble blonde, se lever. Elle sortit donc son poignard et commença à jouer avec discrètement, contre sa cuisse, de façon à ce que seule sa potentielle rivale le voit. Mais, heureusement pour elle, la noble ne remarqua pas celle qui s’était levée et se dirigea directement vers notre chère Vicky. Cette dernière écouta donc attentivement sa potentielle cliente, notant chaque détail du contrat dans son esprit, et retenant plus particulièrement le montant de la prime. En même temps, elle se mit à réfléchir à la façon dont elle s’y prendrait pour s’occuper de l’amant encombrant qui semblait gêner sa cliente. Et, alors qu’elle était en train de se dire qu’elle pourrait très bien séduire l’amant pour mieux le tuer au lit, elle entendit une toux prononcée, puis des paroles on ne peut plus claire. Furieuse qu’on vienne peut-être lui voler un contrat lui offrant beaucoup d’argent, elle se retourna brusquement et jeta un regard noir à la personne qui venait de l’interrompre. Puis, reconnaissant rapidement le visage de la femme qu’elle avait aperçu plus tôt, elle plaça son poignard bien à sa vue, effrayant par la même la noble qui ne comprenait rien à ce qu’il se passait, et offrit son plus beau sourire à sa potentielle rivale.

« Qui je suis ? Simplement une jeune femme à la recherche d’un boulot ! Boulot que cette personne vient de me fournir, à MOI. Et vous, ma chère amie, qui êtes vous ? Parce que, à part que vous semblez aimer les roses et voler les contrats à vos collègues, on ne sait rien de vous… »

Le ton qu’employait Vicky était un ton qui pouvait sembler amical mais, intérieurement, elle était bouillante. La façon dont elle jouait avec son poignard devant le nez de l’autre rousse faisait bien comprendre à qui y prêtait suffisamment attention que la mercenaire n’appréciait vraiment pas qu’on lui pique un contrat, quel qu’il soit…

Oh, un petit peu soupe au lait la tueuse amateur? Khanrell n’avait même pas dit un mot encore qu’elle se prit un regard d’une noirceur qui aurait presque pu être effrayante si l’assassin avait eu la moindre dose de prudence. À la place, l’air menaçant et l’arme bien sortie de son adversaire du jour la fit ricaner méchamment. La pauvre n’avait pas encore compris ce qui lui tombait dessus, on ne faisait pas la morale à la Rose Brûlante sur la loyauté entre collègues… parce qu’elle n’en avait pas, ne faisait équipe avec personne. Aux yeux de la flamboyante, elles étaient en compétition. Et toute les escroqueries étaient bonnes, même les plus tordues, aux yeux de la plus belle des deux rouquine, pour parvenir à ses fins.

-Je le ne lui en veux pas, à cette Dame désemparée de s’être trompée sur la personne. Pardon ma pauvre, mais elle ne voulait pas t’offrir de contrat, elle cherchait la Rose brûlante et elle t’a prise pour moi. N’est-ce pas ma très chère dame?

La noble blonde, figée en voyant les armes des deux femmes (parce que oui, Khanrell avait également dégainé peu discrètement l’une de ses dagues, attirant ainsi toute l’attention de la clientèle de l’endroit sur le trio surprenant, la plupart espérant un bain de sang) s’était mise à hésiter, et probablement à espérer disparaître sous terre.

-Si vous voulez voir votre problème s’envoler… en fumée… Je m’en occupe, n’ayant crainte. Vous me payerez après, je vous fait confiance, vous avez l’air d’une dame d’honneur. Comme ça, vous n’avez même pas à choisir, voyez? La première qui réglera le compte de cet amant encombrant remportera la prime et c’est tout, comme ça… Khanrell retourna son regard corrosif vers son adversaire. Dommage qu’elle fut si délectablement séduisante, elles auraient pu bien s’entendre, dans d’autres circonstances. Tu verras bien que tu n’es pas à la hauteur dans mon ombre, beauté.

Adressant une salutation distinguée à sa cliente, et un doigt d’honneur enfantin et idiot à sa rivale, dont elle ignorait toujours le nom, Khanrell tourna les talons, en ayant entendu assez de toute façon lorsque la Dame expliquait ses ennuis à l’autre pour avoir tous les détails dont elle avait besoin afin de commettre son larcin. Elle savait quel manoir pénétrer, et même dans quelle aile le trouver. Restait qu’à espérer que la loyauté de l’homme n’ait d’égale que la délicatesse de la Rose Brûlante, soit être totalement nulle, et le problème serait fort rapidement réglé. En moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire, la flamboyante tueuse à gages avait retrouvé la chambre de son auberge et son maigre bagage, lequel contenait des costumes qui feraient l’affaire. Elle macula rapidement sa chevelure d’henné pour la rendre noire, et donc plus discrète, et enfila une sublime robe de soie, à la fois distinguée et osée, un agréable mélange de prostituée et de noblesse qui avait le dont de lui permettre de s’infiltrer dans la plupart des manoirs et même quelques châteaux sans attirer de soupçons, mais qui en dévoilait juste assez pour attirer la convoitise des hommes et les entortiller dans sa toile.

La fausse noble n’eut qu’à papillonner un peu des cils et agiter son éventail délicatement devant son buste pour que le garde à l’entrée du manoir ne la laisse entrer après qu’elle eut vaguement indiqué qu’elle venait voir sa cousine. Juste avant de passer la porte, elle lui laissa savoir qu’une rouquine armée comme une tueuse l’avait suivie sur la route et qu’elle était fort inquiète pour sa sécurité. L’imbécile lui laissa bien sûr savoir qu’il ne laisserait entrer aucune femme à la chevelure correspondant à sa description, ce qui amusa fort bien Khanrell alors qu’elle poursuivait sa mission, se demandant comment son incapable de rivale allait bien se débrouiller avec ça.

Maintenant, il ne lui restait qu’à rejoindre l’aile nord, ce qui se fit aisément, personne ne lui portant particulièrement attention dans les couloirs, puisqu’elle se fondait merveilleusement bien dans le décor, et essayer de trouver le fameux garde du corps dans les quartiers des soldats, pour l’informer que son aventure avec la Dame cessait immédiatement… Ou plutôt, pour la faire cesser dans le sang. Discrètement, elle ouvrait toutes les portes sur son passage, se mettant à rougir comme une vierge effarouchée lorsqu’elle était surprise en flagrant délit, prétendait être perdue avec le talent d’une actrice hors-pair et continuait ensuite sa ronde dès qu’on cessait de lui porter attention… Khanrell progressait donc plutôt bien, quoi qu'un peu trop lentement peut-être, mais elle finirait bien par tomber sur sa cible. Tiens, elle pouvait toujours utiliser sa technique habituelle pour sous-tirer des informations à... oh, lui, il avait l'air parfait! Papillonnant à nouveau de ses longs cils faussement peints de noir, l'assassin roula des hanches jusqu'à un jeune homme domestique à l'allure facilement manipulable.

-Excusez-moi, mon très cher... je cherches euuh... bredouilla-t-elle en feignant non seulement l'innocence, mais aussi la gêne, comme si elle s'apprêtait à commettre un péché. Valery... vous savez où... je peux le trouver?

N'ayant absolument aucune difficulté à feindre de rougir, le tableau était parfait, et l'effet fut instantané. L'air de compréhension qui apparut aussitôt sur le visage du serviteur laissa entendre à Khanrell qu'elle n'était pas la seule jolie demoiselle à se coltiner Valery. Tant mieux, s'il était un coureur de jupons, elle n'aurait aucune difficulté à débarrasser la Dame Blonde de son amant bruyant. Il lui marmonna avec ennuie des indications très claires, qu'elle suivit à la lettre, certaine d'arriver ainsi avant sa rivale.

Les réactions de la Rose Brûlante, comme elle se nommait elle-même, à ses paroles ne firent qu’énerver d’avantage Vicky, si cela était possible. Non contente de la déranger et de potentiellement lui voler un contrat, la rouquine se permettait également de ricaner en remarquant la mauvaise humeur de notre mercenaire préférée, et de persister dans son idée que c’était à elle que l’idiote blonde avait voulu parler. Et puis, en plus, elle avait sorti une dague, comme pour la menacer ! Ah non, vraiment, Vicky était on ne peut plus agacée par les réactions de sa rivale. Rivale qui, visiblement, ne savait pas que ce n’était pas une bonne idée d’énerver la mercenaire. Heureusement pour elle, l’appât du gain était plus important que sa colère, et elle ne risquait donc rien. Parce que, si cela n’avait pas été le cas, Vicky lui aurait planté son poignard dans le ventre sans même qu’elle s’en rende compte. Quoique… Non, c’est trop lâche ça… Disons plutôt qu’elle l’aurait provoquée en duel et aurait fini par la tuer, puisque c’était définitivement elle la plus forte des deux !

Mais les choses ne se passèrent pas comme ça. Tout d’abord, la noble qui avait proposée le contrat attendait toujours une réponse, réponse qui ne venait pas à cause de cette idiote qui les avaient interrompues… Et, deuxièmement, une taverne comme celle-ci n’était pas le genre de lieu où il faisait bon lancer un duel. A en voir le regard des clients, qui avaient remarqué l’altercation entre les deux femmes, un combat était tout ce à quoi ils voulaient assister. Et puis, de toute façon, dans ce genre d’endroit, ça finissait toujours en bagarre générale avec des chaises qui volaient, du verre brisé et ce genre de choses… Alors, honnêtement, il valait mieux régler ce différend sur le terrain, rivaliser afin de savoir laquelle des deux s’occuperait de l’amant dérangeant en premier. Et, étrangement, il semblait que, sur ce point, Vicky était du même avis que son adversaire. Elle se contenta donc de soupirer, de serrer les poings, de ranger son poignard puis de rouspéter dans sa barbe lorsque la rouquine partit.

« On verra bien si je suis pas à la hauteur, espèce d’idiote ! »

Puis, afin de ne pas prendre de retard sur la Rose Brûlante, Vicky sortit de la taverne en trombe et se dirigea vers son manoir, laissant la blonde seule dans la taverne à essayer de comprendre ce qu’il venait de se passer, puis se changea. Elle opta pour une robe montrant suffisamment de ses charmes pour faire rêver les hommes, sans pour autant trop en dévoiler, et se dirigea d’un pas décidé vers la demeure de son employeuse du moment, dont elle lui avait indiquée l’emplacement avant d’être sauvagement interrompue par l’idiote rousse. Une fois arrivée là bas, sans qu’elle ne comprenne pourquoi, la mercenaire fut arrêtée par les gardes à l’entrée, qui lui demandèrent de décliner son identité avant même qu’elle puisse faire quoi que ce soit. Ne se laissant pas démonter pour autant, Vicky joua de ses charmes en s’approchant lentement de l’entrée, essayant, sans trop de difficultés apparemment, de les faire changer d’avis.

« Voyons mes chers, pensez-vous vraiment qu’une femme comme moi puisse être ici pour faire du mal à quelqu’un ? Honnêtement, ai-je l’air si effroyable que cela ? Enfin… si vous avez des doutes, je pourrais peut-être vous laisser me fouiller… »

Cette dernière phrase, accompagnée d’un petit clin d’œil séducteur, fut ce qui acheva définitivement les gardes, qui laissèrent finalement passer notre mercenaire préférée. Sachant très bien que c’était sûrement son adversaire qui lui avait fait ce coup-là pour l’empêcher de mener à bien sa mission, Vicky hâta le pas et pénétra dans l’aile nord en un temps record. Seulement, arrivée là-bas, elle remarqua la Rose Brûlante en train de chercher quelqu’un dans les couloirs. Avec un petit sourire victorieux, la veuve noire passa discrètement derrière elle et continua son chemin. Alors comme ça, elle ne savait pas où elle pourrait trouver le dénommé Valery ? C’était bien la preuve qu’elle n’était pas faite pour cette mission ! La noble blonde l’avait dit pourtant, où il était très probable qu’il se trouve… Il fallait écouter ma chère ! Ce que Vicky avait fait…
Donc, satisfaite de ce petit avantage qu’elle avait sur sa rivale, la jeune femme aux cheveux de feu se dirigea d’un pas assuré vers le lieu qui lui avait été indiqué par sa commanditaire. Arrivée proche de la chambre en question, puisque c’était une chambre (celle du fameux garde du corps pour être exact), Vicky entendit des gémissements, et un plan germa petit à petit dans son esprit. Elle prit un air à la fois attristée et énervé, puis ouvrit brusquement la porte de la pièce. Elle tomba alors sur le fameux Valery, en compagnie d’une femme, et se mit à hurler sans réfléchir.

« J’EN ÉTAIS SÛRE ! Comment oses-tu me faire ça, Valery ?!! Je croyais que tu M’AIMAIS ! »

Le garde du corps devait sûrement se demander ce qu’il se passait, et qui était cette rousse qui entrait si violemment dans sa chambre, mais ce ne fut apparemment pas le cas de la femme avec qui il copulait quelques instants auparavant, puisque cette dernière le gifla, avant de sortir en trombe de la chambre en pleurant. Se faisant, elle avait laissé Vicky seule avec sa cible…

Eh ben dites donc, ce manoir était une vraie passoire. Y entrait qui le voulait bien juste avec un petit sourire en coin, il fallait croire que l’esprit critique et la conviction des gardes étaient inversement proportionnels à la quantité de muscles, et que leur manque de contrôle sur soi devait n’avoir d’égal que la taille de leur libido. Mais certainement pas de leur appareil reproductif, que Khanrell s’imaginait de fort maigre acabit, bien sûr, sinon, ils ne se seraient pas laissés entourlouper par le simple sourire d’une garce comme sa rivale. En effet, alors que la fausse brunette suivait les indications données par le domestique blasé, elle se retrouva vite à suivre les mêmes couloirs que l’amateur qui voulait lui faire compétition. Un sourire plein de malices aux lèvres, la flamboyante créature suivi son adversaire silencieusement, ne pouvant s’empêcher de lui mater le derrière quand même, mais ce tout à fait silencieusement.

C’est ainsi qu’elle ne manqua rien de la scène, alors que la rouquine jouait les jeunes effarouchée à l’idée que son amant la trompe avec une autre, faisant fuir la petite lady offusquée, mettant fin aux ébats fougueux qui avaient résonnée dans le couloir quelques secondes plus tôt. Khanrell roula des yeux vers le ciel en songeant à quel point sa compétiteur ne savait pas si prendre et comment elle la trouvait ridicule. Si elle était arrivée la première, la Rose Brûlante aurait assurément rejoint le petit duo pour en faire un trio, roulant joyeusement une pelle à sa cible avant de l’égorger. Dans la fougue du moment, il n’aurait pas compris tout de suite que celle qui se joignait à lui n’était pas l’une de ses maîtresses habituelles et même la petite cocue se serait facilement laissé embobiner. Voilà que l’autre avait tout gâché avec une ferveur qui tenait du professionnalisme. Car oui, on peut être professionnelle dans l’art de tout faire merder.

-Au SECOURS!!! GARRDDEEE, hurla compulsivement Khanrell, songeant que tant qu’à avoir déjà gâché son plan, aussi bien s’enfoncer d’avantage. C’est une TUEUUUSE!! Des gardes à moitié armés et habillés sortaient déjà en panique de leurs chambres, se précipitant à la rencontre de la rouquine qui venait à peine de mettre les pieds dans la chambre de sa cible. Elle veut s’en prendre à MON AMOUR, par JALOUSIIIEEEE… se mit même à pleurnicher la Rose Brûlante, pour faire bonne mesure, et franchement plus douée en comédie que l’autre, tous se précipitèrent vers son adversaire.

Dans la cohue, Khanrell en profita pour s’infiltrer entre les gardes qui débarquaient et tentaient de se saisir de la rouquine, laquelle se débattait plutôt bien il fallait l’avouer. L’assassin d’expérience se précipita sur le lit de sa malheureuse cible en feignant de pleurer de peur et se mit à essayer de l’embrasser compulsivement, sans jamais réussir à atteindre sa bouche, car celui-ci, déboussolé, essayait de comprendre ce qui se passait et tentait de la repousser, lui demandant d’abord qui elle était et ce qu’elle faisait dans sa chambre.

-Comment ça, qui je suis, mon bel amour?... bredouilla-t-elle en feignant si bien la déception qu’elle vit une lueur d’hésitation dans le regard du coureur de jupons. Toutes ces nuits, si chaudes, que l’on a passés ensemble, ça ne pouvait pas rien dire! Roucoula la tueuse en s’approchant subtilement de sa victime, le cajolant du bout des doigts sur son torse nu, un sourire suave aux lèvres. Tu sais, je ne t’en veux pas pour les autres, ça ne change rien pour moi, je suis prête à… partager, si c’est pour être à nouveau comblée de ta passion virile.

Tout en lui susurrant ses paroles qu’elle voulait rassurante, Khanrell rapprochait ses lèvres fardées de poisons de celles de sa cible, qu’il lui suffirait d’embrasser pour qu’il ne succombe dans les minutes à venir. Elle n’eut toutefois qu’à peine le temps d’effleurer sa bouche qu’elle fut prise de force par un garde et repoussée vers l’arrière. Trop concentrée sur sa mission, la Rose Brûlante n’avait plus porté attention à l’altercation derrière elle. Sa rivale l’avait-elle dénoncé pour se venger? Enfin, ce ne serait qu’un juste retour de balancier, mais n’empêche qu’elle avait été si près du but! Grognant et se débattant, la flamboyante jeune femme se mit en quête du poignard qu’elle portait dans sa botte, menant un agile combat contre les gardes, mais la force de ceux-ci et leur nombre, de loin supérieur, eut finalement raison d’elle, et elle se retrouva les poings dans le dos et privée de son arme.

Dans la même posture qu’elle, sa rivale devait également avoir été désarmée dans la cohue, et la tueuse la foudroya du regard. La colère qu’elle ressentait alors suffit à déclencher son pouvoir, incendiant les mains de celui qui la détenait prisonnière, lui faisant pousser un horrible cri de douleur, mais elle ne put causer d’autre dommages, puisqu’elle reçu un violent coup à la tête qui, sans lui faire perdre complètement conscience, lui coupa tous ses moyens. Lorsqu’elle reprit contenance, elle se retrouvait déjà derrière les barreaux, et ce en très mauvaise compagnie.

-Toi… Espèce de salope. Si tu t’étais mêlée de tes affaires, on n’en serait pas là, j’avais un plan tu sauras, et bien meilleur que le tiens… grommela Khanrell en s’adossant aux barreaux qui faisaient office de murs.

Feignant la faiblesse, la Rose Brûlante voulait surtout tourner le dos à leur geôlier, alors qu’elle remontait subtilement le devant de sa noble robe (malheureusement grandement abimée dans l’escarmouche) pour dévoiler à sa rivale les couteaux de lancé qui y étaient toujours cachés, ceinturés sur sa cuisse, avec un sourire complice aux lèvres. Elle en retira un et l’enfonça dans son épaisse tignasse savamment remontée sur le dessus de sa tête et s’adressa au porteur de clé qui les surveillait d’un air mécontent.

-Hey… chéri?... roucoula Khanrell en touchant peu subtilement les zones érogènes de son propre corps. Tu vois bien qu’il y a erreur là, non? Une pauvre jeune noble comme moi, derrière les barreaux? Parce que j’ai voulu protéger mon amant de cette… err… t’es qui toi déjà? J’aimerais bien connaître le nom de celle qui a voulu tuer mon beau Valery.

Son plan se déroulant exactement comme elle l’avait prévu, l’amante étant partie en pleurant, Vicky se retrouvait enfin seule avec Valery et s’apprêtait à se servir de son poignard pour mettre fin à la vie du coureur de jupons. Elle s’approcha donc lentement de lui, gardant son air de jeune femme attristée et attendant des explications après avoir découvert qu’elle était trompée. Mais, à l’intérieur d’elle, elle ne pensait qu’à une chose : accomplir sa mission et prouver à son idiote de rivale qu’elle était meilleure qu’elle. Malheureusement, alors qu’elle était prête à atteindre son but, la rouquine fut interrompue par un hurlement derrière elle, hurlement qui attira immédiatement les gardes du manoir dans la chambre de Valery. Sentant la rage l’envahir à nouveau, Vicky lança un regard noir à celle qui se faisait appeler la Rose Brûlante et commença à se débattre pour se libérer de l’emprise des soldats. S’aidant de ses poings et de ses pieds, elle donnait des coups bien placés qui faisait vaciller ses attaquants, mais cela ne suffisait pas. Il fallait faire quelque chose pour éviter de se faire capturer. Elle songea bien un instant à utiliser Bishaou, son poignard, qui était à sa cuisse, caché sous sa robe, mais elle chassa rapidement cette idée de son esprit. Malgré tout ce merdier, la mercenaire ne voulait toujours pas abandonner sa couverture.

Heureusement pour elle, la solution vint d’elle même. Alors qu’elle se débattait toujours, elle jeta un œil vers sa cible et remarqua l’autre rousse à ses côtés sur le lit, prête à l’embrasser. Intérieurement enragée, mais n’en montrant rien, Vicky se mit à pleurer et tomba à genoux. Elle feignit si bien la tristesse que les gardes se mirent à hésiter et se jetèrent des regards interrogateurs entre eux, l’un d’eux tenant tout de même les bras de la mercenaire dans son dos. Profitant de l’occasion, la rouquine tourna ses yeux embués de larmes vers le lit et prit la parole.

« Ce n’est pas moi la tueuse, c’est elle… Moi, dame Victoria, je venais juste voir mon beau Valery pour passer du temps avec lui, et voilà que je découvre qu’il me trompe et qu’une étrange femme veut me faire passer pour une assassin afin de m’empêcher de la gêner dans ses plans… »

Feignant la jeune femme résignée à se faire emmener aux cachots, Vicky se releva et ne prêta plus vraiment attention à la suite des événements. Ou, pour être plus exact, elle jeta un léger coup d’œil vers la Rose Brûlante et ne put s’empêcher d’esquisser un sourire discret en la voyant se faire arrêter, ou encore lorsqu’elle se fit assommer. Sourire qui disparut assez rapidement pour laisser de nouveau place à son air attristé. Bien sûr, à l’intérieur d’elle, elle avait envie de tuer tout ses gardes, et d’en profiter pour s’en prendre à sa rivale, mais ce n’était vraiment pas une bonne idée. Ils étaient trop nombreux, et elle n’aurait aucune chance. Alors sa couverture de jeune femme noble attristée et victime de ce que l’on pourrait appeler une "erreur judiciaire" était le meilleur moyen qu’elle avait de se sortir de là. Peut-être qu’un des geôliers se laisserait avoir à son jeu et la laisserait sortir. Et c’est justement pour ça que Vicky n’avait pas déjà assassiné tout le monde et suivait tranquillement les soldats jusqu’aux cachots. Cachots où elle resta pendant un long moment à ne rien faire, attendant que sa rivale se réveille pour lui faire savoir discrètement le fond de sa pensée…

Et, justement, ce moment finit par arriver. A peine réveillée, la femme aux cheveux de feu insulta votre mercenaire préférée et lui fit bien comprendre que, si tout avait foiré, c’était absolument de sa faute. Vicky, vérifiant que les geôliers regardait ailleurs, jeta un regard noir à sa rivale et s’approcha lentement d’elle, jusqu’à ce que son visage se retrouve à seulement quelques millimètres du sien, et laissa enfin échapper la colère qu’elle retenait au fond d’elle depuis qu’elle avait été interrompue dans sa tentative d’assassinat. Elle asséna un violent coup de poing dans le ventre de la rouquine (enfin ptet pas si violent que ça, puisque Khanrell n’a pas eu la respiration coupée xD) et murmura des paroles on ne peut plus claires.

« Écoute moi bien chère… Rose, si tout a foiré, c’est parce que tu t’es incrustée dans la taverne, et que tu as voulu me piquer mon contrat. Sans toi, Valery serait déjà mort, alors la ramène pas s’il te plaît ! »

Une fois ce point mis au clair, Vicky retourna s’asseoir en face d’elle et la regarda, un peu étonnée tout de même, remonter sa robe. Mais, lorsqu’elle aperçut les couteaux de lancer, la mercenaire eut un petit sourire carnassier et fit également découvrir à la Rose Brûlante le poignard qu’elle avait toujours à la cuisse, aucun des gardes n’ayant eu l’intelligence de la fouiller, puis s’approcha lentement des barreaux de la cellule pendant que sa rivale jouait de ses charmes afin d’amadouer les gardes. Voulant elle aussi sortir d’ici, la mercenaire participa également à ce petit jeu.

« Messieurs, il y a erreur… Comme je l’ai déjà dit à vos collègues lorsqu’il m’ont arrêtés, je suis Dame Victoria d’Argent, épouse d’un noble qui a malheureusement quitté ce monde il y a quelque temps. Je venais juste voir ce beau Valery pour qu’il me remonte le moral, il semblait m’aimer tellement… »

Bien entendu, Victoria n’était pas son vrai prénom (mais ça vous le savez xD) et la vérité concernant l’époux dont elle parlait avait été modifiée à son avantage. Mais ça, personne n’avait à le savoir, n’est-ce pas ?

(Ps : les gardes sont partis après nous avoir mis en cellule, il en reste juste un ;) sinon, notre plan n’aurait pas de sens XD)

Oh la garce! Elle avait osé? Khanrell lança à son adversaire l’un de ses regards assassins qui lui promettait mille tourments lorsqu’elle en aurait fini avec elle. Un coup bas de la sorte, la frapper alors que c’était de sa faute à elle qu’elles se retrouvaient dans cette position, c’était à la fois d’une stupidité incroyable et d’un danger qu’elle ne mesurait clairement pas… la demi-démone allait faire une bouchée de cette petite poufiasse… Enfin, dès qu’elle serait sortie de derrière les barreaux, ce qui, avec l’autre pour lui nuire et tout faire foirer ses plans, n’était pas gagner.

Apparement pareillement armée qu’elle, «Victoria» lui lança un sourire carnassier, auquel la Rose Brûlante lui répondit avec toute la haine qu’elle possédait. Ses iris, déjà rouges au naturel, devaient certainement briller de mille feux, et n’importe qui ayant la moindre intelligence (ce dont sa rivale semblait évidement dépourvue) aurait fait dans ses culottes juste à la menace qui planait dans ce regard. Puis, l’autre assassin (qui ne méritait clairement pas ce titre) vint jouer le même jeu qu’elle, se plaignant au garde qui les surveillait d’une erreur sur la personne. Non seulement elle était une abrutie, mais en plus elle était incapable de faire quoi que ce soit sans copier Khanrell, ce qui prouvait encore plus à cette dernière qu’elle était, et de loin, supérieur en tout point à sa compagne de cellule. Toutefois, elle ne pouvait plus continuer de l’invectiver et l’insulter, puisque, même s’il ne démontrait aucune compassion, leur geôlier leur portait désormais assez d’attention pour risquer d’entendre tout ce qui se prononcerait, même en chuchotements. Il fallait donc jouer le grand jeu.

-Moi qui allait me faire réconforter par mon Valery… soupira Khanrell en mentant de façon si dramatique qu’elle aurait pu s’y tromper elle-même. Le seul contact de sa peau a sus m’émoustiller aussitôt. Quel gaspillage tout de même, ce temps perdu par l’erreur des gardes de m’avoir séparée de lui. Et maintenant que je me sens toute prête pour une passion… dévorante... Je n’ai pas un homme pour me combler.

Rapidement, la Rose Brûlante lança une œillade faussement attristée à leur geôlier qui, de toute évidence, avait l’air fort intéressé par ses propos et vraissemblablement allumé par leur petit jeu, mais qui ne semblait pas sur le point de broncher encore, tergiversant sans doute entre l’envie et le devoir. Tant pis, elle n’avait pas le choix, il fallait mettre le paquet.

-Eh bien, il ne me reste qu’une seule solution. Je ne peux pas me laisser ainsi insatisfaite, c’est insoutenable, je devrai m’offrir ce plaisir moi-même. À moins que ma tendre Victoria, pour qui j’éprouve la plus grande admiration, n’ait également ce désir ardent de jouir? Que dirais-tu qu’on se complète à deux, à défaut d’avoir sous la main un mâle virile pour nous combler? Qui as dis que nous en avions besoin, de toute façon? Avec toute la tendresse que je te porte, ma bonne amie...

Avec une langueur bien calculée, Khanrell attrapa sa rivale par le corset, l’approchant brusquement d’elle en lui jetant à elle seule un regard chargé de menaces. Qu’elle ose la frapper encore, et elle goûterait la colère de la Rose Brûlante. Malgré tout, ses lèvres s’étirèrent dans un sourire suave, alors qu’elle entreprenait de détacher le haut de la robe de Victoria, se rappelant l’arme cachée sous sa jupe qu’elle ne voulait pas que le geôlier aperçoit.

-Allez, viens ici, je te promets de ne pas te faire mal… roucoula-t-elle en songeant qu’elle n’allait pas lui faire mal… «tout de suite». Je ne suis pas rancunière, moi, tu vois? Je te l’aurais partagé, notre beau Valery, si tu n’avais pas raconté tous ces mensonges à mon sujet! Maintenant, faisons la paix. Dommage qu’on n’ait pas un médiateur pour nous aider à… pacifier?

Non mais franchement, quel homme pourrait résister à cela? Achevant de déshabiller le buste de sa rivale, Khanrell du admettre qu’elle était plutôt agréable à regarder, même si elle la détestait profondément. De toute façon, baiser dans la haine, c’était toujours bien excitant! Et la fausse brune n’avait même pas besoin de regarder derrière elle pour vérifier, il était évident que son petit stratagème allait fonctionner. Impossible que leur garde n’ait pas la subite envie de se joindre à leur jeu sous peu, surtout qu’il les pensait toutes les deux sans armes. Feignant la délicatesse, la Rose Brûlante glissa ses doigts dans la chevelure rousse de Victoria, mais seulement pour tirer dessus cruellement, dans l’objectif de rapprocher son visage du sien, jouant la sensualité mais en s’assurant de lui faire mal. D’ailleurs, lorsqu’elle l’embrassa en y mettant toute la passion qu’il fallait pour émoustiller leur spectateur, celui-ci ne pu se rendre compte qu’elle fit aussi exprès pour la mordre, avant de libérer ses lèvres pour lui lancer un autre regard assez équivoque. Ça, ce n’était que le début de sa vengeance. Oui, elle était vraiment rancunière.

Bien que le stratagème de Vicky semblait avoir été suffisant pour attirer l’attention du geôlier, qui s’était approché pour assister à la suite des événements, la Rose Brûlante ne put s’empêcher d’en rajouter encore plus. Celle qui se faisait appeler Victoria savait très bien que c’était une façon de montrer qu’elle était plus apte qu’elle, et cela l’agaçait au plus haut point, mais elle préférait ne rien montrer de ce qu’elle ressentait au fond d’elle. Après tout, à présent, le garde était quasiment collé à la cellule, assistant à la scène avec un intérêt grandissant, et il aurait été suicidaire de s’attaquer à la rousse. Alors, résistant à son envie d’insulter et de tabasser sa rivale, Vicky se contenta de pencher la tête sur le côté, feignant l’étonnement, avant de porter une main à sa bouche et de pousser un petit cri se voulant outré. Elle regarda la Rose Brûlante, essayant de deviner si elle pensait vraiment ce qu’elle pensait (ou, du moins, en faisant semblant de ça, puisqu’elle savait que c’était le plan) avant de prendre la parole.

« Vous voulez dire, Madame, que vous voulez que… vous et moi, nous… Mais c’est insensé voyons ! »

Mais, avant qu’elle n’ait le temps de simuler plus longtemps la surprise et l’outrage, la mercenaire se sentit attirée vers sa rivale on ne sait comment (enfin… si, vous, les lecteurs, vous avez comment, mais Vicky a pas fait gaffe quoi xD). Puis, sans qu’elle n’ait eut le temps de réagir ou de feindre de résister, sa poitrine commença à être libérée et elle sentit les lèvres de la Rose Brûlante sur les siennes. Vraiment surprise que cette dernière ait pris les devants aussi rapidement, la mercenaire se laissa faire sans réagir pendant quelques secondes, l’esprit ailleurs. Ce ne fut que le goût de son propre sang dans sa bouche qui la ramena à la réalité. Fait étrange, d’ailleurs, elle se rendit compte qu’elle appréciait sentir ce goût sur son palais. Mais ce n’est qu’un détail sans importance pour la suite de l’histoire, donc revenons à nos moutons…
Je disais donc… Lorsqu’elle sentit le goût de son propre sang dans sa bouche, la jeune femme aux cheveux de feu reprit ses esprits et lança un regard qui en disait long à sa rivale. Ce n’était que le début des hostilités, et elle ne se laisserait pas faire si facilement ! Elle regarda donc le geôlier, puis la Rose Brûlante, puis de nouveau le geôlier, avant de se jeter littéralement sur l’autre rouquine pour s’emparer de ses lèvres, tout en lui arrachant stricto sensu son corset. Ce baiser (rempli de haine d’ailleurs, mais ça il n’y a que les deux filles qui peuvent le savoir o/) dura plus d’une minute, puis Vicky se tourna de nouveau vers le garde, lui lançant un regard plus coquin que précédemment.

« Je… Il est vrai que j’apprécie grandement ce genre de moments avec vous, ma chère ! Vous avez raison, puisque nous n’avons pu profiter de la virilité de Valery, profitons de la proximité que nous offre cette cellule… »

Sur ces mots, et bien qu’elle n’en ait pas plus envie que ça, Vicky s’approcha de nouveau de la Rose Brûlante et lui déposa un baiser sur la nuque, puis un autre, puis un autre…

Spoiler:

La fausse pudeur de Victoria lui semblait si ridicule que Khanrell peina à retenir un rire, son visage se fendant quand même d’un sourire moqueur malgré son effort pour garder son sérieux. Disons que dans le rôle de la damoiselle prude, la rouquine était bien peu crédible, même pour un œil mon aguerrit que le sien, mais avec de la chance, leur geôlier serait trop intéressé par les «avantages considérables» qu’elle dévoilait malgré elle, dévêtue par les mains habiles de la demi-démone. Toutefois, il était évident qu’elle était surprise lorsque leurs lèvres se rencontrèrent, non pas parce qu’elle n’avait pas anticipé ce geste, assurément, puisque le plan de la fausse brune n’avait pas été bien subtile. Avait-elle véritablement jamais eu quelque rapport que ce soit avec une femme? Pourtant, à la voir se dévergonder comme elle l’avait fait plus tôt avec leur cible, son ennemie du jour ne lui avait pas semblé le genre de femme à se restreindre au jour. Après tout, des fesses… c’est des fesses, qu’elles soient velues ou non?

L’envie tiraillait profondément la Rose Brûlante de se moquer de la prostituée de bas étage qui fréquentait sa cellule, mais elle se retint en sachant qu’elles étaient écoutées et que, si elle voulait faire croire à une passion bouillante entre elles pour que le garde ne puisse leur résister, elle se devait d’en ajouter sur sa contemplation de la garce qui, véritablement, était assez séduisante pour que ce ne soit pas trop difficile de mentir.

-Incensé? Mais qui se soucierait du sens en ce moment? On est prises l’une avec l’autre et on se plait, aussi bien faire contre mauvaise fortune bon cœur…

Ou bonne partie de jambes en l’air? À noter que Khanrell ne croyait pas vraiment qu’elles allaient profiter un max de la situation, puisque dès que leur garde serait assez bête pour s’introduire dans la cellule (et dans l’une d’elles par la même occasion) la première qui aurait l’occasion de frapper le ferait assurément, et ensuite, elles n’auraient d’autres choix que de s’empresser de quitter les lieux pour ne pas être surprises avec le cadavre. Et comme l’homme démontrait déjà une faiblesse de volonté évidente (il avait le nez scotché entre les barraux pour mieux mater les poitrines des deux jeunes femmes, Victoria s’était occupée de lui enlever son propre corset avec une brusquerie qui n’avait d’égale que celle de la demi-démone) cela n’allait certainement pas tarder…

Malgré sa haine pour son adversaire, la réponse de sa chaire aux baisers de celles-ci dans son cou gagna sur son exaspération, et elle en vint à devoir reconnaître que ça lui plaisait bien, ce petit combat d’hyènes. Avec des gestes brusques dans l’intention de lui faire mal, mais qui pouvaient paraître comme de la simple hâte pleine de désir aux yeux de leur voyeur, Khanrell acheva de dénuder entièrement sa comparse avec une efficacité qui démontrait bien son habitude avec les femmes, ce qui n’était, visiblement, pas réciproque. Tant pis, même si Victoria était plus maladroite qu’elle, ça ne ressemblerait qu’à de la timidité, et ça pouvait plaire à certains hommes, tant que ça attirait leur gardien, elle s’en fichait, même si la demi-démone n’aurait pas craché sur une amante plus expérimentée, assurément. Lorsqu’elle eut terminée de lui retirer sa robe, la mercenaire aux cheveux teints la souleva de terre par les hanches avec une force qui pouvait sembler étonnante pour une femme de sa stature quand on ne connaissait pas ses origines réelles, et forçant la rouquine à enrouler les jambes autour d’elle pour pouvoir la déposer (avec peu de délicatesse) au sol, afin de s’allonger au dessus de son corps nu.

Inutile de regarder derrière elle pour vérifier ce que faisait leur garde, elle entendait distinctement des clés s’agiter avec empressement, comme s’il essayait de trouver la bonne et les testait toutes, abrutis par sa hâte.

-Hummm Victoria… je te désires tellement tu n’as pas idée.

Disons qu’elle n’avait pas idée encore, en effet, à quel point elle la désirait… morte. Son stratagème l’amusait cependant trop pour s’arrêter, et parce que se gâter avec une femme lui plaisait autant qu’avec un homme, Khanrell ne retint pas son envie de découvrir de ses mains et de ses lèvres ce corps nu et plutôt séduisant allongé sous elle.

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Toute occupée qu’elle était à déposer de nombreux baisers dans la nuque de sa rivale, Vicky ne remarqua pas les frissons qui parcourrait le corps de cette dernière. De toute façon, qu’est-ce que cela lui aurait apporté de savoir ça ? Le but de sa manœuvre n’était pas de prendre du plaisir, ou d’en donner à la Rose Brûlante, mais simplement d’attirer l’attention de ce garde si facilement corrompu. C’est d’ailleurs pour cette raison que, bien que son corps commençait à montrer des signes de contentement, la mercenaire aux cheveux de feu préféra les ignorer et se concentrer sur sa tâche, ses mains parcourant le corps de Khanrell, s’attardant sur les zones potentiellement érogènes que pouvait être ses fesses et sa poitrine. Bien entendu, comme je vous le disais, le but premier n’était pas de donner du plaisir à la rousse, mais si cela permettait à Vicky de détourner quelques secondes l’attention de sa rivale, et ainsi lui permettre de s’enfuir en la laissant là, pourquoi ne pas essayer ?

Cependant, « Victoria » eut à peine le temps de faire germer une idée de plan dans son esprit, qu’elle se retrouvait déjà allongée au sol, complètement dénudée, la Rose Brûlante au dessus d’elle lui murmurant des paroles on ne peut plus explicites. La veuve noire ne savait pas réellement ce qu’il s’était passé, les choses s’étant déroulées un peu trop rapidement pour elle, mais elle commençait à un peu trop apprécier le traitement qui lui était infligé. Et bien qu’elle ait réussi à faire taire son plaisir jusqu’à maintenant, cela devenait de plus en plus compliqué de résister. Pourtant, il était hors de question que la Rose Brûlante prenne le contrôle de la situation ! Il fallait lui prouver qu’elle était beaucoup plus forte que cela.
Alors, avec une fougue qu’elle ne se connaissait pas, Vicky roula pour se retrouver au dessus de Khanrell, et l’embrassa, non sans prendre la peine de lui mordre la lèvre à son tour, comme une vengeance de ce qu’il s’était passé quelque secondes plus tôt. Elle commença également à caresser la cuisse de sa rivale, remontant petit à petit jusqu’à une zone normalement réservée uniquement à l’époux…

Obnubilée par son envie de prouver à la Rose Brûlante que c’était elle la plus forte, Vicky continua ce petit jeu aussi longtemps qu’elle le put. Et cela sembla être du goût du geôlier, qui parvint enfin à ouvrir la porte de la cellule après une dizaine de tentative. Mais, occupée comme elle l’était, la mercenaire ne le remarqua même pas. Ce ne fut que lorsqu’elle sentit quelque chose tenter de pénétrer son arrière train qu’elle se rappela son objectif d’origine et reprit ses esprits.
Rapide comme l’éclair, Vicky sortit alors son poignard et le dirigea vers ce qui tentait de pénétrer en elle. Le sang se mit alors à gicler et l’homme poussa un cri de douleur qui allait sûrement retentir dans tout le château. Cri qui fut heureusement interrompu par un nouveau coup de poignard dans le ventre du garde...

D’accord, là il fallait avouer que Khanrell s’emballait beaucoup trop pour ce qui était supposé n’être qu’un piège à l’égard d’un tiers, elle était elle-même en train de se prendre au jeu et espérait presque que leur garde n’intervienne pas, afin que son divertissement se poursuivre. Mission ou pas, la jeune mercenaire appréciait toujours une bonne partie de jambes en l’air, que ce soit avec un homme ou une femme, et même si Victoria lui était exécrable à souhaites, elle était jolie et répondait assez bien à ses gestes, malgré son hésitation de pucelle du début. Clairement, elle devait savoir s’y faire, seulement moins avec la gente féminine, mais ça ne l’empêchait pas de réagir avec férocité aux morsures et à la vigueur sauvage de la Rose Brûlante, excitant celle-ci au plus haut point.

Après tout, pourquoi ne pas faire contre mauvaise fortune bon cœur? Il fallait bien qu’elles se distraient dans cette prison pourrie, en attendant de pouvoir s’en libérer, et si la compagnie de sa rivale l’avait d’abord exaspérée, elle se révélait fort intéressante, à mesure qu’elle sentait les résistances de celle-ci se briser à son contact. Même Victoria semblait désormais se plaire dans leur jeu, à moins d’être une fichue bonne actrice, ce dont Khanrell doutait fortement, car elle avait l’air, au premier abord, d’une bonne à rien. Sauf pour s’envoyer en l’air, car elle reprit assez vite le contrôle de la situation, retirant à la Rose Brûlante sa position de pouvoir en la renvoyant valser sous elle. Il n’est pas difficile en voyant la bouillante mercenaire de comprendre qu’elle avait d’avantage l’habitude de dominer ses relations plutôt que de se laisser contrôler, quel que soit le sexe de son partenaire, mais la main qui remontait sous sa jupe suffit à la convaincre de ne pas protester. Toute cette histoire l’avait effectivement enflammer et ce n’était là qu’un soulagement bien mérité.

Bientôt, les deux jeunes femmes furent si bien prises dans leur propre jeu, à se caresser mutuellement intimement de façon aussi suave que brutale, qu’elles furent toutes les deux surprises par l’arrivée de leur garde, dont les pantalons avaient déjà rejoints le sol, et qui essayait d’empaler sa partenaire par derrière. Un sourire carnassier apparut sur les lèvres de Khanrell lorsqu’elle sentit le sang maculer ses cuisses, bien que n’ayant pas vu le geste posé par Victoria, le cri produit par sa victime était assez explicite. D’ailleurs, l’assassin détourna aussitôt son attention vers l’eunuque pour mettre fin à ses hurlements (et ses souffrances) avant qu’il n’alerte tout le château.

-Ah ben il était temps qu’il se magne celui-là! Un peu plus et je croyais vraiment que je serais forcée de te finir… se força-t-elle à grommeler, prétendant un soulagement d’être libérée de la garce.

Après tout, il était hors de question de lui dire qu’elle était déçue de ne pas continuer leur jeu parce qu’il lui avait plu, au final. Jamais Khanrell ne donnerait cette satisfaction à sa rivale. En fait, si l’autre n’avait pas crié, elle aurait certainement forcé Victoria à rester plus longtemps, mais maintenant, elles devaient fuir avec que des secours rappliquent. Replaçant ses vêtements à la hâte pour pouvoir profiter de la porte restée béante, la Rose Brûlante était sur pieds et prête à partir plus rapidement que sa comparse, laquelle avait été dénudée entièrement dans l’exercice. La première des fugueuses atteignit donc rapidement la sortie des cachots, mais freina sa course en entendant le bruit d’une chute et le grognement de douleurs de sa compagne d’infortune.

-Vraiment? Bon sang, je n’ai pas envie de perdre mon temps à sauver tes fesses moi, elles ne le méritent pas! Grommela Khanrell en faisant malgré tout demi-tour pour l’aider à se dépêtrer les jambes du pantalon dans lequel elle avait pris pied, celui que leur vigie avait négligemment laissé par terre. Je t’assures, si je le fais, ce n’est pas parce que j’ai envie que tu m’accordes une faveur plus tard, mentit-elle avec aplomb, mais parce que je sais que si je ne le fais pas et que tu meurs, tu vas venir me hanter, salope.

Malheureusement, lorsqu’elles eurent fini de dégager Victoria, un trio de gardes rappliquait déjà, leur bloquant le chemin… Joie. Finiraient-elles un jour par trouver la sortie ? Il ne fallut que quelques secondes aux nouveaux venus pour deviner ce qui venait de se passer (même si les détails ne pourraient jamais dépasser leur imagination), mais c’était tout ce qu’il fallait à la Rose Brûlante pour s’armer et viser d’un des couteaux de lancer qui ne lui avaient pas été retirés plus tôt, étant toujours sous sa jupe. La lame se ficha avec brio dans la gorge de l’un des hommes.

-Plus que deux, chacune un, on les abats, récupères nos armes, et on ne se revoit plus jamais. J’en ai plus qu’assez de ta sale tronche.

Petit à petit, Vicky commençait à beaucoup trop apprécier le traitement qu’elle infligeait à la Rose Brûlante, et qui lui était infligé par cette dernière. Elle se surprit même, à un moment, à pousser un gémissement incontrôlé. C’est pourquoi, lorsque le garde entra enfin dans la cellule et qu’elle dût s’en débarrasser, un sentiment confus s’empara de son esprit. D’un côté, elle était déçu, espérant que cela continue, bien que sa partenaire lui soit des plus détestables, mais, de l’autre, on pouvait dire qu’elle était soulagée. Soulagée de ne pas avoir à expérimenter sa première relation saphique dans un cachot sordide. Et, plus encore, soulagée de ne pas avoir à expérimenter sa première relation saphique avec la Rose Brûlante, créature certes agréable à regarder mais au caractère des plus exécrable. Toujours est-il que, bien qu’elle soit soulagée, pour les raisons que je viens de vous citer, le sentiment qui prédominait chez Vicky était qu’elle aurait voulu poursuivre et emmener la Rose Brûlante au septième ciel. Mais, bien entendu, elle ne se l’avouerait jamais, et surtout pas en face de cette connasse rousse.

Alors, pour se donner une contenance et prouver à la Rose Brûlante qu’elle avait été aussi impatiente qu’elle de voir le garde les rejoindre, Vicky lécha le sang présent sur son poignard puis se dirigea vers sa robe afin de se vêtir le plus rapidement possible. Malheureusement, ayant été complètement dénudée, contrairement à l’autre, ce fut plus long que prévu. Et, pour cela, la mercenaire aux cheveux de feu en voulut encore plus à sa rivale. Elle était sûre qu’elle l’avait fait exprès, qu’elle avait tout prévu afin de l’empêcher de s’enfuir et de la laisser se faire de nouveau capturer tandis qu’elle s’enfuyait en la laissant là. Vicky en était même certaine ! C’était totalement le genre de la Rose Brûlante, de faire ça. C’est pourquoi, lorsqu’elle fut enfin vêtu, la rousse se précipita vers la sortie du cachot afin de ne pas se laisser distancer par sa rivale. Malheureusement, dans sa précipitation, elle ne remarqua pas les pantalons du garde, qui étaient restés au sol, et se prit les pieds dedans. Poussant un juron, qui n’avait rien de noble, elle s’étala de tout son long sur le sol.

Et, à son grand étonnement, la Rose Brûlante vint à son secours. Elle se serait attendue à ce que cette dernière en profite pour partir en courant mais, pourtant, elle venait à son secours. Comment cela se faisait-il ? Vicky avait-elle était si douée que cela lors de leur petite partie de jambes en l’air ? Non, il devait forcément y avoir autre chose ! Mais quoi ? La mercenaire rousse préféra ne pas se poser plus de questions que cela et se contenta simplement de plaquer sa rivale contre un mur, Bishaou contre sa gorge – Bishaou étant le poignard de Vicky, je vous le rappelle. Puis, comme pour énerver la Rose Brûlante, elle lui déposa un baiser plein de haine sur les lèvres.

« Tu n’es pas obligée de mentir tu sais, ma jolie ! Tu peux bien avouer que, si tu me sauves, c’est pour pouvoir de nouveau coucher avec moi un jour… salope ! »

Bien entendu, ce n’était qu’une pique lancée à la Rose Brûlante pour la faire tiquer, et Vicky n’espérait pas du tout pouvoir retenter l’expérience un jour, mais cela l’amusait. Lancer une pique à quelqu’un que l’on détestait était toujours drôle. Malheureusement, la mercenaire aux cheveux de feu n’eut pas le temps de profiter de son plaisir puisque, d’un seul coup, trois gardes se dressèrent devant elle. L’un d’entre eux fut tué directement par l’autre idiote de Rose mais, après cela, il en restait encore deux dont il fallait se débarrasser. Bien décidé à partir le plus vite d’ici, Vicky serra Bishaou dans sa main et se dirigea vers le premier, qu’elle blessa directement au bras. Loin de se laisser abattre, le garde riposta et tenta de lui asséner un coup au niveau de la poitrine. Malheureusement pour lui, la veuve noire était trop rapide pour lui et elle esquiva son attaque. Ce qui lui permit ensuite de lui planter son poignard dans la gorge.

« Et de un ! Je suppose que, de ton côté, tu te bats encore, Rose ! »

Encore une pique… Décidément, Vicky était en forme aujourd’hui ! Était-ce l’adrénaline du combat ? Ou encore le fait qu’elle n’ait jamais détesté quelqu’un comme elle détestait la Rose Brûlante ? Parandar seul le savait…

Hey, en plus d’être stupide, cette garce n’avait donc aucune notion de danger ni de sens des priorités? Non seulement l’avait-elle stupidement menacée de sa lame après avoir été SAUVÉE par la Rose Brûlante, mais en plus elle perdait son temps à «rallumer» celle-ci en l’embrassant, comme si elles pouvaient se permettre de s’échauffer à nouveau les sangs alors que des gardes débarquaient pour leur faire la peau. Si Khanrell n’avait pas eu une soudaine restriction mentale, causée par l’attrait évident qu’elle avait malgré elle pour Victoria, elle l’aurait éventré à l’instant, puisqu’elle était bel et bien aussi armée que sa partenaire. Heureusement, celle-ci fini par avoir la bonne idée de baisser son arme, non sans une réplique qui tira un sourire carnassier à la flamboyante mercenaire.

-Ou parce que je souhaite te tuer moi-même plus tard, qui sait? Laissa-t-elle planer afin d’implanter un doute, bien qu’elle savait que, si elle recroisait un jour Victoria, ce serait assurément pour finir ce qu’elles avaient trop bien commencé.

Bientôt lancées toutes les deux dans leur combat contre les deux derniers gardes, le troisième étant mort d’un lancer de couteau bien visé par Khanrell, cette dernière en oublia assez vite sa «collègue» pour se concentrer sur son adversaire, tournant autour de lui comme une tigresse autour d’une proie appétissante, le narguant en l’évitant pour tester ses réflexes. Il était si évident qu’elle ne ferait pas le poids dans un engagement rapproché, si bien que la Rose Brûlante le trompa en le laissant s’approcher assez d’elle, fonça sur lui pour éviter son énième attaque, en allant de front cette fois-ci plutôt qu’en fuyant, de sorte qu’elle le frôla. Non pas de sa lame, mais de sa main enflammée. Bientôt, la tunique du garde s’embrasa tout entière, et l’homme roulait au sol en hurlant pour éteindre les flammes qui le dévorait. Ce qui n’était, évidemment, pas efficace, puisque le feu magique était nourri par la férocité de la mercenaire, qui se délectait du spectacle. Le petit commentaire de Victoria ne suffit pas à la faire décrocher son sourire. Eh non, son garde n’était pas encore mort, mais c’était beaucoup plus drôle de le voir mourir lentement de la sorte que de simplement l’égorger comme un porc.

Lorsque, les chairs à vifs et le corps crispé dans une évidente souffrance, sa victime cessa d’hurler en sombrant dans l’inconscience, Khanrell afficha une moue déçue et, sans plus un regard vers les cadavres, dont le sien qui flambait encore, pris la direction de la sortie. Juste avant de laisser Victoria en plan, elle lui adressa un dernier sourire sadique dont elle seule avait le secret, mais qui ne cachait malheureusement pas la lueur coquine dans ses iris rougêatre.

-En espérant ne jamais te revoir, sale garce, feignit-il de se réjouir, juste avant de lui envoyer un baiser soufflé de la main, et courir dans le couloir à la recherche de la sortie.

Les Dieux devaient avoir aimé le spectacle, ou alors elle avait simplement une chance à tout casser, mais la mercenaire ne croisa presque personne durant sa fuite, n’ayant ainsi aucune résistance l’opposant. Jamais elle ne vérifia si l’autre rouquine s’en sortait aussi bien, et pour l’instant, elle s’en fichait. Il fallait mettre le plus de distance possible entre les cachots et elle, pour sa santé mentale, parce qu’elle n’était pas certaine d’être capable de résister à sauter sur Victoria si jamais l’occasion se présentait. Pour son plus grand bonheur, Khanrell croisa au moins une personne sur sa route, et ce pauvre Valery n’eut à peine le temps de crier l’Alerte, les yeux écarquillés de frayeurs en voyant passer devant ses yeux celle qui avait tenté de le tuer plus tôt et qui affichait son arme bien en vue et un regard de tueuse. L’instant d’après, il périssait sous sa lame, et si quelqu’un avait bel et bien entendu son cri, il ne parvint jamais à rattraper la meurtrière, qui courra si bien et si vite hors du palais pour aller récupérer sa paie, qu’on ne la retrouva jamais.

[FIN]