Folk show, I've gotta go [PV]

mois 5 - 1570

Fairë n’était pas à Diamant. Fairë n’était accompagnée si de son mari, ni de sa grande-sœur. Cela était assez rare pour être souligné. Que faisait-elle donc, si loin de chez elle ? Mission spéciale. Elle était chargée de protégée une jeune noble diamantoise durant ces excursions sur Enkidiev. L’elfe appréciait de changer un peu d’air, et aimait d’autant plus ce sentiment de liberté qu’il lui soulevait le cœur et lui donnait l’impression d’avoir des ailes. Mais Fairë n’aimait pas être séparé des gens qu’elle aimait. Oh, elle était pourtant bien entourée puisque trois autres collègues étaient venus avec elle. Bien heureusement – elle avait simplement souffler l’idée à son Capitaine – Fairë n’avait pas été placée en responsable de cette mission. Elle avait pourtant largement l’expérience et l’ancienneté pour être responsable de la sécurité d’une noble, mais l’exercice pouvait être tout aussi utile aux plus jeunes recrus. Et l’homme en question avait prêté allégeance à la Garde Royale depuis cinq années, il était enfin temps qu’il prenne un peu de galon et apprenne sur le terrain. Il fallait dire que la vie de tous les jours étaient assez calme et constante. Il n’y avait guère que les soirées à la taverne ou les corvées de patate qui venait parfois troubler les quartiers des gardes. Et bien évidement, s’il avait la moindre question, Fairë était là, toujours, fidèle au poste. Il était cependant amusant de voir les petits jeunes se débrouiller avec de toutes nouvelles responsabilités, mais cela faisait parti de la formation, et Fairë, comme tout Garde, était passé par là et s’en était, à la surprise de beaucoup, bien sorti.

Mais ce soir, sa protégée n’avait pas besoin d’elle. Arrivée au palais de Jade, deux gardes étaient largement suffisant pour sa protection personnelle. Sans compter les gardes du château, la jeune femme ne craignait rien. La confrérie de Jade était bien réputée pour sa sécurité. Fairë pouvait donc bien profiter de sa soirée. Et sans surprise, elle emmena son collègue, Ash, à la taverne Au Poulet Rôti. « Tu n’as pas assez fêter ta centième année ? » plaisanta l’homme. Depuis la vingtaine d’année qu’il était là, il avait fait la majorité de ces missions avec l’elfe qui était effectivement bien décidé à fêter sa centième année à la moindre accalmie. « Tu sais, je vais encore avoir cent ans pendant encore quelques moi, si je n’en profite pas maintenant, quand pourrais-je le faire ? » répondit-elle, amusée. Evidemment, étant de race Elfique, elle avait la vie devant elle, et subissait l’épreuve du temps bien moins que ces collègues. Ash ne faisait pas exception. Ses tempes devenaient grisonnantes et son corps, bien qu’en pleine forme, perdait de son efficacité. Fairë ne put s’empêcher de ressentir une pointe de nostalgie. Elle avait déjà dit adieu à de nombreux amis, mort au combat ou simplement de vieillesse. Elle en avait même vu certains naître, avant de les enterrer, et ne souhait ce genre de chose à personne d’autre. Heureusement pour elle, Ecelli était un elfe, et possédait la même longévité qu’elle. Une chance !!

Les deux compères poussèrent alors la porte de la taverne. L’endroit, très loin des châteaux qu’ils fréquentaient d’ordinaire, ne manquait cependant pas de charme. L’auberge semblait plutôt bien famée et la fête semblait avoir déjà commencée. « Tu pais ta première tournée ! » dit-elle alors, tout sourire, avant de lancer une grande tape dans le dos de son collègue. « Tu me dois bien ça, après tout ! » assura-t-elle, n’en disant guère plus, puisqu’elle n’avait rien à ajouter. Ash ne lui devait pas plus que les autres puisque, de toute façon, le chantage avec leur capitaine ne fonctionnait plus, elle n’avait pas plus de chance que les autres gardes. Pas de traitement faveur, chez les Ithildins, et c’était bien mieux de cette façon. « Je commence, mais simplement parce que je sais que tu paieras la suivante, et ceux, jusqu’à ce que tu ne sois plus en mesure de voir clair. » plaisanta-t-il, avant de faire quelques pas vers le comptoir pour prendre sa commande. Fairë, quant à elle s’installa à une table occupée par un jeune homme seul qu’elle salua, enjouée. « Bien le bonsoir mon ami ! Très bonne soirée en perspective, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle appuyant ses mots d’une tape dans le dos. Ah, cette soirée commençait bien, Fairë pouvait le sentir. Et, elle avait le nez pour ce genre de chose !

L’instinct de l’elfe était unanime : le jeune homme n’avait pas envi de conserver, il ne semblait même pas avoir envi d’être là ou de boire cette bière, pourtant prometteuse qu’il avait entre les mains. La jeune femme haussa un sourcil, surprise par le manque de réponse de son « interlocuteur ». Ce genre de situation ne lui arrivait jamais, ou très rarement. Une fois tous les dix ans, peut-être, et Fairë n’avait donc pas l’expérience pour répondre de manière appropriée. Que devait-elle faire ? S’en aller ? Changer de table ? Continuer la discussion ? Elle ne pouvait décemment pas laisser le jeune homme se noyer dans une mélancolie bien étrange à cet âge. En effet, si la garde royale ne faisait pas son âge, le jeune homme auprès duquel elle s’était assise était bien trop jeune pour être déjà blasé. La guerrière haussa les sourcils lorsque l’homme s’écarta d’elle, lui tournant presque le dos. « Très bien » soupira-t-elle. Ce n’était guère le genre d’accueil qu’elle avait espéré trouver à Jade. Les bonnes manières se perdaient, semble-t-il.

Heureusement, Ash arriva, deux choppes de bière en mains. « Fairë, que lui a tu dis pour qu’il réagisse de cette façon ? » demanda-t-il, une lueur amusée dans le regard. « Je savais bien que je n’aurais pas dû te laisser toute seule plus d’une seconde. » dit-il, tout en s’asseyant en face de sa collègue qui se contenta d’un haussement d’épaule. Elle n’avait rien fait de particulier. Elle s’était pour une fois contentée d’une salutation plus que normale et ne comprenait pas la réaction du jeune homme.

L’elfe trempa ses lèvres dans la douce boisson que lui avait apporté son collègue, et en apprécia immédiatement le bon goût. Évidemment, ce n’était pas du niveau des tavernes de Diamant, mais c’était tout de même agréable. Requinquée par sa boisson, son sourire naturel ne mis pas longtemps avant de revenir sur son visage. Elle jeta un coup d’œil discret envers leur camarade de table, toujours silencieux et reclus, avant de reporter son attention sur Ash, dont la voix grave passait sans problème au-dessus du brouhaha ambiant de l’endroit. « Tu crois qu’on en as pour combien de temps ? » demanda-t-il, avant de lui-même s’attaquer à sa choppe. « Quelques jours tout au plus. Je ne connais pas la suite du trajet exact, mais je pense que nous devrions être rentrés à Diamant d’ici deux semaines, tout au plus. » répondit-elle, et mettre des mots sur le temps qui lui restait encore loin de chez elle lui était étrange. Cela faisait un temps certains qu’elle n’était pas partie si longtemps, et peut-être que cette mission arrivait à point nommé. Il était bon de ne pas trop s’habituer à un endroit précis. Après tout, qui pouvait savoir si Diamant allait rester son affectation encore longtemps. Elle-même ne saurait le dire. « Cela fait du bien de sortir un peu. » avoua Ash. « Passer la journée sur la route m’avait manqué, et je crois bien que nos montures s’en trouve satisfaites. » continua-t-il. « Effectivement. » souffla Fairë, dans un sourire. Satisfaites étaient un bien faible mot. Macar, qui sortait de blessure et n’avait pas eut l’occasion de sortir depuis un long moment avait bien failli la mettre par terre le premier jour. « Tu aurais pu faire plaisir à Macar, et à nous tous en te laissant tomber. » soupira le garde, une pointe de regret dans le regard. « Pour en entendre parler pendant les cent prochaines années de ma carrière ? Non merci. » répondit-elle, dans un sourire, avant de jeter un nouveau regard envers le jeune homme.

« Vous savez, vous n’avez pas besoin d’exclure de cette façon. » dit-elle, à son attention. Elle avait essayé, de ne rien dire, de s’occuper de ses affaires, mais c’était plus fort qu’elle. « Mon ami est Ash de Diamant et moi-même suis Fairë d’Elfes. » se présenta-t-elle, il parait que c’était la bonne chose à faire avant de sauter sur quelqu’un pour discuter. « Et vous.. ? » demanda-t-elle alors, espérant obtenir de meilleur résultat que précédemment. Car pour l’elfe, il était inconcevable d’être à la même table que quelqu’un, et de ne pas discuter. La sociabilité était une chose très importante pour elle, et elle ne comprenait pas comment il pouvait en être autrement pour d’autres.

Fairë avait un don avec les asociable. L’elfe en était persuadée. Après tout, n’était-elle pas l’une des seules en mesure de faire sortir sa grande sœur et Capitaine de sa caverne ? N’était pas en mesure de mettre tous les membres de la Garde Royal de Diamant sur la même longueur d’onde, choppe en mains, un sanglier sur le feu ? Oh, rien ne résistait à la guerrière, rien. Et ce n’était pas ce petit jeune qui allait l’effrayé. Elle était décidée, elle allait lui porter secours. Lui montrer à quel point le monde était beau, à quel point il était stupide de commencer sa vie blasée comme il semblait l’être. Et cette détermination dans le regard de la jeune femme tira un rire à son collègue et ami. La tâche était hardue, Fairë pouvait le sentir d’ici, mais elle avait déjà fait pire. Elle faisait pire, tous les jours, et du haut de ces cent ans, elle allait tout de même parvenir à ses fins, n’est-ce pas ?

Sa petite discussion avec Ash l’avait reboosté et la malice qui dansait à présent dans son regard l’incita à lancer la première offensive. Se présenter elle, et son compagnon était une façon comme une autre de commencer une discussion bien plus polie que précédemment. La réaction du jeune, cependant, n’était pas encore très satisfaisante. Il s’était recroquevillé sur lui-même et avait tourné la tête dans la direction opposée de celle de l’elfe. Il avait tout de même décliné son identité aux deux compères. « Kutt ! » s’exclama la jeune femme, répéta avec beaucoup plus d’entrain ce prénom qu’on venait de lui donner. « Kutt. » répéta Ash, plus sobrement, en écho. « Première fois dans une auberge, Kutt ? » demanda-t-il alors, soulignant sans vraiment le faire, le malaise du jeune à se retrouver dans un endroit si bruyant et peuplé. «  Rien de mieux qu’une bonne boisson pour faire passer l’appréhension. » avoua Fairë, posant ses yeux verts sur son complice. « Tavernier ! » s’exclama l’homme aux cheveux gris. « Une choppe de votre meilleure liqueur ! » ordonna l’elfe. « Et ces pomme de terre cuites au feu de bois dont on nous a vanté les mérites !! » ajouta Ash, ravi. Boire sans manger n’était pas vraiment une bonne idée. Il tourna d’ailleurs un regard malicieux en direction de sa collègue. « Je te préviens, je ne suis pas Ecelli, je ne te tiendrais pas les cheveux. » assura-t-il, tout sourire. « Tu aurais peut-être dû couper les tiens, alors. » rétorqua-t-elle, tout sourire, avant de reporter son attention sur Kutt. Ash avait glissé sur le banc pour se poser en face du jeune homme.

« Alors Kutt » s’exclama-t-il, tout aussi enjoué que sa collègue. La joie de Fairë et sa bonne humeur était une maladie contagieuse. « Voudrais-tu te joindre à nous ? » demanda-t-il. « Tu n’as pas l’air à ton aise, mais je t’assure qu’avec un peut de tout cela, tout ira mieux. Et tu verras que tu n’as rien à craindre de moi. Elle c’est une autre histoire. » avoua-t-il, souriant, engageant, avant de grimacer : l’elfe venait de lui envoyer son pied dans son tibia. « Et puis tu pourrais nous dire ce qui te tracasse » proposa la garde. « Tu n’as vraiment l’air dans ton assiette. » remarqua-t-elle, avant d’ajouter, dans un chuchotement. « C’est Jade, n’est-ce pas ? » demanda-t-elle, la voix sous entendait un nombre de choses qui dépendaient entièrement de son interlocuteur. Après tout, elle ne savait rien de lui. D’où venait-il ? De Jade ? Si oui était-il, lui aussi, l’un de ses traditionnalistes attachés à leurs croyances ? Si c’était le cas, la question de l’Elfe ne manquerait pas de faire son petit effet, du moins l’espérait-elle largement.