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L'hospitalité de sa Majesté | Doran

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Mer 03 Juil 2019, 13:35

L'hospitalité de sa Majesté
King of a kingdom
King of the sea


An 1575 - Mois 3
Un temple dédié au dieu des animaux s'élevait crânement sur la rive de cette rivière d'Opale. Un magnifique endroit avec une colonnade corinthienne renfermant des statues d'animaux et une représentation subjective du dieu.
C'est dans la salle des offrandes que se trouvaient Rufus et ses compagnons. Ils étaient occupés à remplir les sacs d'or, de perles, de victuailles. Tout ce qui avait été offert au dieu. Le prêtre se tordait les mains en les voyant.

- S'il vous plaît messires...Reposez les offrandes. Vous ne saurez échapper à la colère du dieu que vous offensez...

Rufus ricana.

- Et que va faire ton dieu ? Nous envoyer ses super-pigeons à l'attaque ?

Les pirates éclatèrent d'un rire sonore et continuèrent de garnir leurs sacs de toile. Le roux surveillait tout ce petit monde quand le prêtre s'approcha de lui.

- Je vous le demande une dernière fois, messire...

Pour toute réponse, Rufus dégaina son épée. D'un coup violent, il décapita la statue divine qui s'écrasa par terre, se brisant en mille morceaux. Il mit ensuite la lame sur la gorge du prêtre.

- Et que crois-tu que ton dieu pense lorsqu'il te voit boire comme un âne et profiter grassement quand ses fidèles meurent de faim ?

L'ex Mak'Habre rengaina son épée et s'adressa à la cantonade.

- Allez les enfants, on s'en va !

Les pirates se dirigèrent vers la sortie du temple. Rufus mit son bras sur le torse du pirate qui fermait la file et lui désigna le prêtre d'un signe de tête.

- Occupe-toi de lui.

Le pirate hocha la tête. Les hurlements du prêtre furent avortés par un sifflement de lame.

Comme chaque fois que les pirates débarquaient sur les rives d'Opale, il faisait nuit. Il n'y avait aucun bruit hormis les pas légers des pirates. Rufus, qui connaissait bien les hommes de Mallory en tant que maître d'armes, avait sélectionné les plus discrets, les plus furtifs et agiles. Il ne s'agissait pas d'ameuter la garde d'Opale. C'est au pirate roux que le capitaine avait confié cette mission.
Et pour cause, Rufus connaissait bien ce royaume. Il y avait fait son service militaire pendant cinq ans il y avait une éternité de cela. Opale constituait donc une cible de choix pour ce pillage. Les pirates ne frappaient jamais deux fois au même endroit. Il aurait été trop facile pour un groupe de soldats de faire régulièrement une ronde s'ils avaient eu un lieu de prédilection. De plus, ils n'attaquaient pas régulièrement. Il pouvait se passer un mois sans qu'il ne se passe rien, tout comme il pouvait y avoir trois attaques en trois semaines. De l'or, de la nourriture, toute ressource était bonne à prendre. Des temples, des manoirs, des maisons de campagnes, chaque cible qui se dressait sous leur nez. Ils passaient par les rivières qui reliaient les royaumes entre eux. Beaucoup plus rapide et discret que de passer par la terre. Pour l'instant, chaque expédition s'était soldée par un franc succès. Certes, le pirate préférait attaquer les nobles bedonnants que les paysans décharnés mais...il haussait les épaules. Chacun tentait de faire son bout de chemin comme il le pouvait.

- Chargez les barques ! On rentre à la maison !

Joignant le geste à la parole, Rufus s'empara d'un sac et le posa dans l'une des embarcation.  

Fiche de CaptainBen


Dernière édition par Rufus le Lun 28 Oct 2019, 08:32, édité 9 fois
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Jeu 04 Juil 2019, 13:10

Doran avait la sécurité de son pays à cœur, et les rapports qui tombaient sur des attaques irrégulières, sur les personnes le plus dans le besoin pour ne rien arranger, l’agaçaient du plus haut point. Alors il avait décidé de prendre les choses en main personnellement après un énième échec de la part des gardes locaux. Tout d’abord, il avait enquêté, entendu les différents témoins, réuni des preuves et des identités, bénéficiant pour ça d’une aide aussi impromptue qu’utile.
Il avait installé des espions le long du trajet des rivières qu’empruntaient les pirates (il fallait être motivé pour remonter aussi loin dans les terres… la mer n’avait plus rien à offrir ?) pour signaler les embarcations suspectes. Dès le premier signalement, il s’était dirigé vers les frontières du pays avec un contingent de ses meilleurs et plus fidèles soldats, membres du Groupe d’Intervention Opalois. Une création secrète du Roi Stannis dont Doran n’avait découvert l’existence qu’en arrivant au trône.  C’était la troisième fois depuis son accession au trône qu’il utilisait leurs services, et il regrettait que son frère n’ait pas senti leur utilité.
Une fois à la frontière avec ses hommes, le Roi, camouflé parmi eux, avait pris part à l’attente, et au bout du troisième jour, une des éclaireurs signala qu’elle avait trouvé non pas les pirates, mais leurs embarcations.

Doran avait donc mit en place un minutieux guet-apens. Dissimulés dans les arbres, l’équipe attendait. Pour s’assurer de la discrétion absolue, il utilisait aussi la magie, mettant en place un blocage mental dans l’esprit de chacun des soldats. Ainsi, aucune de leurs pensées n’étaient détectables. Il utilisa à la même occasion cette nouvelle capacité qu’il avait développée à Opale, la magie de dissimulation magique. C’était simple, bien qu’assez ironique : à l’aide de Magie, Doran supprimait toute trace d’utilisation magique. Il devenait donc impossible de savoir que le Roi d’Opale venait d’utiliser cette dernière. Il essayait toutefois de ne pas utiliser la magie au sein de l’Alliance, mais fort est de constater qu’elle était utile, surtout quand il n'y avait pas de sécurité que ses adversaires n'allaient pas en faire usage. Il savait que quelques membres de l’GIO étaient également magiques mais s’imposaient les mêmes restrictions que lui. N’utiliser la magie qu’en cas d’urgence absolue. Ou seulement quand on était sûr que cela ne se sache pas. C’était hypocrite, mais les débats sur la situation l’étaient également. Enfin, Doran n’était pas là pour évoquer son avis sur la question, surtout qu’il n’y avait personne avec qui débattre présentement.

Les pirates étaient, sans le savoir, piles à l’heure. Tandis qu’ils faisaient leur petit cirque de victoire, Doran porta les mains à sa bouche et imita le bruit d’un oiseau nocturne. Et le ciel s’embrasa.
Sa tactique était simple : durant l’absence des pirates, il avait fait couvrir leurs embarcations d’une huile inodore et délimité une zone autour de ces dernières avec cette même huile. A son signal, ses soldats avaient encochés des flèches enflammées et la chimie avait fait le reste. Les barques brûlaient, les pirates trop près du feu également. Et avant qu’ils n’aient eut le temps de comprendre ce qui se passait, les soldats d’Opale étaient là, à mener leur assaut. Cela aurait presque été injuste, mais ils ne lui avaient pas laissé le choix et Doran n’aimait pas du tout que l’on s’en prenne à son royaume.

Il prit part aux combats avec le GIO, mettant à bien ses années d’apprentissage et d’entrainement. Et sans magie. Après avoir repoussé un des pirates et mis fin à ses activités de manière définitive, il se retrouva face à celui qui était indiqué comme le chef de cette petite plaisanterie de la part de ses informations. Pointant son épée en sa direction, les flammes se reflétant sur sa peau, ses cheveux (il en paraissait presque aussi roux que son adversaire) et ses yeux, il devait donner une certaine impression. Mais l’esthétique de son attaque était notable. Sa réussite également. « Il ne vous reste plus beaucoup d’hommes en vie, si vous tenez à ce qu’ils n’y passent pas tous, vous inclus, vous feriez mieux de vous rendre. » C’était la différence entre le Roi d'Opale et le Pirate, enfin l’une d’entre elles. Doran, lui, savait faire preuve de retenue et de miséricorde.
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Jeu 04 Juil 2019, 16:08

L'hospitalité de sa Majesté
King of a kingdom
King of the sea


An 1575 - Mois 3
Alors que certains pirates étaient déjà à bord des chaloupes et que d'autres se faisaient passer les sacs, des flèches enflammés surgirent des arbres et se plantèrent dans les embarcations qui prirent feu ainsi qu'une zone sur la rive. Les hurlements des pirates qui s'enflammaient résonnèrent. Ceux qui étaient sur les barques n'eurent pas d'autres choix que de se jeter dans la rivière pour éteindre les flammes qui étaient nées sur leur corps. D'autres n'eurent pas le temps d'y accéder et se traînèrent sur le sol avant de s'immobiliser, incapable de lutter contre le feu qui léchait leur corps.
Un détachement de soldats était sur eux. Mais pas n'importe quels soldats. Il s'agissait manifestement d'un corps d'élite au vue de leurs équipements et de leurs manœuvres d'attaque.
Parce que l'adrénaline boostait les réflexes de Rufus au lieu de les paralyser, celui-ci réagit très rapidement. Il évalua la situation d'un coup d’œil et fit ce qui était le mieux à faire dans des situations périlleuses comme celle-là. Sa voix forte et puissante résonna.

- REGROUPEZ-VOUS !

Les pirates s'exécutèrent mais les soldats opaliens bénéficiaient de l'effet de surprise. Nombreux furent les bandits qui tombèrent sous les coups de la milice. Une femme et un homme firent face à Rufus avec un air menaçant. Le roux dégaina ses deux épées et les affronta en même temps. Il désarma la femme et lui planta l'épée dans le cœur. Quant à l'homme, Rufus fit siffler sa lame. L'ennemi s'écroula en portant la main à sa gorge pour tenter vainement d'empêcher le sang de se déverser. Le liquide sanglant se répandit dans l'herbe aux pieds de Rufus.

Lorsque quatre épées le menacèrent le pirate dû bien s'avouer vaincu, d'autant que ses hommes étaient également pris aux piège, l'ennemi menaçant de trancher la gorge de ses compagnons s'il faisait le moindre mouvement.
Le porteur de l'une des quatre épées prit la parole. Malgré son jeune âge, il semblait manifestement être le chef de ce détachement de super-héros.

« Il ne vous reste plus beaucoup d’hommes en vie, si vous tenez à ce qu’ils n’y passent pas tous, vous inclus, vous feriez mieux de vous rendre. »

Rufus fixa le gamin durant un long moment. Si ça n'en tenait qu'à lui, il aurait choisi la mort plutôt que de se rendre. Mais il avait la vie du reste des hommes de Mallory entre ses mains. Il devait y penser.
C'est pourquoi Rufus lâcha ses deux épées qui s'écrasèrent contre le sol dans un tintement qui lui brisa le cœur. Se séparer de ses bien-aimées était pour lui un déchirement. Les armes des autres pirates suivirent les siennes. Tout en mettant ses deux mains derrière la tête, Rufus regardait le jeune homme avec un sourire sans joie au coin des lèvres.

- Je suppose que ça te fait bander, gamin, d'avoir mis la main sur un ramassis d'affreux pirates.

Il cracha aux pieds du môme, méprisant. Après les succès de leurs très nombreuses opérations de pillage, se faire avoir par un minot à peine sorti de son oeuf était humiliant. Mais ce n'était qu'une question de temps avant que les pirates se sortent de là. Ne jamais abuser de l'hospitalité d'un hôte, telle était l'une des règles élémentaires de la politesse.

Fiche de CaptainBen


Dernière édition par Rufus le Lun 28 Oct 2019, 08:33, édité 1 fois
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Ven 05 Juil 2019, 13:31

La retenue et la miséricorde étaient souvent les solutions les plus fonctionnelles. Doran, en pacifiste, les préférait. Elles ouvraient plus de voies pour une suite. Et autant cette histoire de pirates aurait pu se terminer maintenant, en envoyant tous les malfrats dans les plaines de lumière, autant cela n’était pas ce que désirait Doran, ça aurait été trop simple et le message pas forcément assez clair. Il ignora sans peine le comportement et les propos du chef des brigands et se tourna vers ses hommes. «Commandant Kathe, occupez-vous d’emmener les prisonniers à la base. Je reste avec le Lieutenant Estra pour m’occuper des blessés. Caporal Dim, prenez-soin des morts et faites-moi un rapport dès que possible.» Tous et toutes répondirent par un ‘Oui votre Majesté’ audible avant de s’exécuter. Les pirates furent bâillonnés et attachés solidement avant d’être emmenés. Doran s’occupa comme prévu des blessés donnant un coup de main avec sa petite sauce secrète, exactement comme le faisait la Lieutenant Estra. Une hypocrisie comme une autre dont les personnes soignées n’iraient pas se plaindre, par reconnaissance et fidélité.  

Une fois de retour à leur base, une demeure fortifiée d’un noble habitant désormais la capitale, Doran prit le temps de consulter les chiffres, trois morts et cinq blessés dans leur camp. C’était déjà trop pour lui, malgré le succès de l’opération. Il se pencha ensuite sur ses informations, et ce que lui avaient rapportés les membres du GIO. S’ensuivit ensuite les interrogations de chaque prisonniers. Doran s’en occupait seul, ou laissait certaines personnes très particulières du groupe de soldat le faire pour lui. La torture avait été hautement régulée sous le règne de ses grands-parents, le Roi Telind et la Reine Kana, et Doran était d’accord avec ces régulations. Il tâchait de les appliquer le plus justement possible, même si cela était dur dans certaines situations (il pensait notamment à l’interrogatoire des assassins de son frère et de son oncle, où il lui avait été difficile de garder calme et instincts pacifistes.) La psychologie était désormais plus utilisée que la force brute, et quand cela ne suffisait pas, Doran et les hommes et femmes désignés avaient leurs propres méthodes. Mais généralement, la psychologie suffisait. Ainsi, l’un des pirates, apparemment né à Opale, leur avait révélé bien des éléments. Des noms, sa chaîne de commande, et d’autres détails appréciables. Enrichissants, même.

Il avait fait attendre le ‘chef’ de ces raclures de longues heures. Ses attaches en corde avaient été changées en chaînes solides, après quelques informations rapportées à son sujet. Afin qu’il ne puisse fuir, peu importe sa forme. On lui avait également enlevé une majorité de ses habits et accessoires, afin de s’assurer qu’aucune arme n’était cachée sur lui.
Enfin, après cette attente, faisant partie du processus et ayant permit d'obtenir plus d'informations de la part d'autres sources, Doran entra dans la pièce, où le soleil levant venait se joindre à la lueur des bougies. Il tenait les deux épées dans une main et un dossier dans l’autre. Il jeta les lames sur une table contre laquelle il alla s’adosser, ouvrant le dossier. « Xander, Oscar, vous pouvez sortir, allez-vous reposer, je prends le relais. » Les deux hommes gardant le prisonnier acceptèrent leurs ordres de manière formelle et quittèrent la salle en fermant la porte. L’homme était enchaîné à un poteau enfoncé dans le sol à même le dernier, ce qui ne devait pas être très confortable, d’autant plus que la cellule était relativement froide. C’était l’hiver après tout. Mais il n’était pas là pour un séjour luxueux.

« Rufus Mak’Habre, fils de Lord Isaiah et Lady Junon Mak’Habre, nobles d’Emeraude. Promotion militaire 1559-1564. Soldat discipliné et volontaire, montre de nombreuses aptitudes au maniement des armes et un fort esprit de camaraderie. Est sorti du service avec les recommandations de ses supérieurs. S’est montré exemplaire lors de son année de formation officier. Obtention d’un grade de réserve. » Doran clos et posa le dossier militaire qu’il avait entre les mains. « Gradé de réserve, cela fait de vous un Caporal ? Caporal Mak’Habre, ça sonnerait presque bien, si vous n’étiez pas en train de piller mon pays, Rufus. Que s’est-il passé ? La vie de noble vous ennuyait ? Il fallait bien la piraterie pour y mettre du piquant ? Drôle de pirate quand même, pour finir ici, si loin de la mer. Elle vous ennuyait aussi ? » C’était de la provocation, mais aux vues du comportement constaté un peu plus tôt, Doran avait comme dans l’idée que sa petite bravade ferait mouche. C’était une nouvelle sorte de duel, pas forcément aussi équilibrée que s’ils s’étaient affrontés avec leurs armes, mais plus juste. Après tout, l’un d’eux n’était qu’un vulgaire meurtrier, un voleur, un criminel. Et l’autre était Doran.


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Sam 06 Juil 2019, 13:46

L'hospitalité de sa Majesté
King of a kingdom
King of the sea


An 1575 - Mois 3
Lorsque les soldats d'élite répondirent aux ordres du jeune homme en l'appelant "Majesté", Rufus haussa un sourcil. Ainsi, ce gringalet aux cheveux blancs était le roi ? La royauté d'Enkidiev n'était décidément plus ce qu'elle était. Cela rendait la situation encore plus désopilante.
Les pirates furent bâillonnés et attachés avant d'être poussés par le commando en direction de la base dont avait parlé le royal garçon.
Pendant qu'ils marchaient, Rufus analysait le chemin, chaque sentier. Et une fois devant la porte de la demeure, il continua. Le nombre de gardes, de portes. Derrière son sourire désinvolte, il préparait leur évasion.
A l'intérieur, Rufus fut emmené à l'écart des autres pirates. La véritable artillerie lourde qu'il était fut minutieusement fouillée. On lui retira le petit poignard de sa botte droite, les couteaux attachés à chaque bras sous ses manches. Et cela sans compter les armes qu'il avait abandonnées près de la rivière. Un sourire coquin s'était dessiné sur les lèvres du pirate lorsque l'homme avait fouillé la zone près de l'entrejambe de Rufus. Le soldat s'en était aperçu et lui avait jeté un regard noir avant de le pousser à l'intérieur de la cellule.

Attaché par terre à un poteau comme un chien galeux, Rufus était vêtu du minimum. Ses précieux effets personnels avaient été confisqués. Il n'avait que ses bottes, son pantalon, sa fine chemise. Ce n'était pas pour le réchauffer dans cette pièce. Un discret et léger nuage se dessinait près de la bouche du pirate à chaque expiration.
Le soleil levant n'éclairait guère la pièce qui était plongée dans une semi-obscurité. Un rayon faisait toutefois ressortir le regard vert qui, dans la pénombre, brillait comme celui d'un chat. Les bougies projetaient sur les murs les ombres des trois hommes présents dans la cellule.
Le pirate roublard avait bien tenté de faire la conversation aux deux gardes mais ces derniers étaient aussi aimables qu'une porte de prison, c'était le cas de le dire. Alors Rufus avait reporté son attention sur les gouttes d'humidité qui perlaient au plafond.

Après de longues heures, le roi fit son entrée. Il congédia les nommés Oscar et Xander avant de s'adosser contre une table et débuter son épouvantablement long discours.  

Rufus se crispa intérieurement en entendant les noms de ses parents et son patronyme qui n'avaient pas résonné à ses oreilles depuis fort longtemps. Le visage de sa mère le suppliant de ne pas partir alors qu'il franchissait le pas de la porte du manoir se dessina dans son esprit, ainsi que la face d'Isaiah.
Mais il veilla à ce qu'aucun signe extérieur de colère ne se lise sur son visage. Inutile de donner de l'eau au moulin de l'Opalien. Il resta impassible tandis que le jeune roi déroulait son curriculum vitae.

Lorsqu'il termina, Rufus hocha la tête. En tant que diplomate, Isaiah devait probablement avoir rencontré le jeune roi. "Mes salutations au paternel !" aurait aimé lancer Rufus. Mais là encore, ce serait de l'eau ajoutée au moulin du Sire. L'ex Mak'Habre fit craquer son dos et prit la parole.  

- Je vois que vous avez bien révisé, je suis impressionné, ricana Rufus dans une antiphrase évidente.

Il se laissa aller contre le poteau et toisa le roi.

- Pour vous répondre, Sire, ce n'était rien de plus que l'appel de la mer, de l'aventure et bla et bla et bla, vous connaissez la chanson. Après tout, les nobles sont d'un conformisme si ennuyeux et si attendu. Mais vous êtes bien placé pour le savoir, n'est-ce-pas ?

Sous ses airs de grand seigneur qui se préoccupait du bien être de son peuple, le roi devait être pareil à ces nobles bedonnants et gras qui roulaient des mécaniques dans des réunions mondaines. Rufus les avait côtoyé durant toute son enfance, il les connaissait bien.

- Quant à ma présence dans vos terres...un arrière-goût de nostalgie je suppose. Votre peuple est si charmant.

Dans les yeux du pirate, le roi pouvait lire le souvenir des nombreux pillages qui s'étaient déroulés sous son nez sans qu'il n'ai pu y faire quelque chose. Le souvenir de ces hommes et ces femmes qui hurlaient tandis qu'une lame sifflante les faisait taire à jamais. Le dernier témoignage en date était ce prêtre dont le sang séché marquait le sol du temple.

Rufus croisa les jambes comme s'il était négligemment assis dans un confortable fauteuil. On aurait presque pu croire qu'il prenait le thé avec un ami de longue date.

- Mais assez parlé de moi ! Parlons de vous ! Je suis curieux, à vrai dire. A l'époque de mon service, votre père Linus était le roi. Cela me revient, à présent. Mais je ne comprends pas, il avait un fils plus âgé si je ne m'abuse, qui aurait dû régner aujourd'hui. A moins que....

Le pirate marqua un temps. Il venait sincèrement de découvrir ce qui était arrivé au prince Lénart mais il appréciait faire remonter des souvenirs probablement douloureux dans l'esprit du roi.

- Oh...que s'est-il passé ? Maladie ? Empoisonnement ? A moins qu'il n'ai tout simplement fui avec une ravissante donzelle ? Mes excuses, Majesté, mes activités m'ont tenu écarté des cancans du continent. Quelle perte tragique cela a dû être pour vous. Une lourde charge pour un garçon si jeune.

Cette joute verbale s'annonçait des plus appétissantes.  

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Dernière édition par Rufus le Lun 28 Oct 2019, 08:35, édité 2 fois
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Sam 06 Juil 2019, 15:44

Bien entendu, cela ne se déroulait pas aisément. Le trop simple n’était pas drôle, mais il aurait été appréciable. Mais au moins, Rufus répondait à sa question, dans un premier temps, même si Doran pouvait d’ores et déjà sentir qu’il allait continuer à blablater après avoir donné raison au Roi sur les raisons de son engagement dans le crime marin.
« J’ai dû avoir un début de vie bien plus heureux et intéressant que le vôtre, car je n’ai jamais ressenti le besoin de partir piller et tuer pour lui donner un sens. » Doran n’allait pas s’étendre sur sa jeunesse, il n’était pas là sur ça. Ecoutant toujours les tentatives de provocations du pirate (qui n’étaient que des réponses aux siennes), il rebondit à nouveau sur ce qui se disait, à propos de son pays, et de l’amabilité de son peuple, ayant été victime des lames pirates ; « Je vous assure qu’ils sont plus charmants en vie. » Il connaissait bien les chiffres, même ceux de cette nuit, et c’était impardonnable.

La suite des attaques étaient plus personnelles. Elles partaient sur la famille de Doran, sur ce qu’il était advenu de Lenart, dans une volonté claire de blesser le jeune Roi. « Ouch, vous visez toujours en dessous de la ceinture ? Enfin, il fallait bien s’y attendre d’une personne de votre genre. » Doran secoua la tête avec un petit sourire. « Mais soit, en effet, mon frère est mort, assassiné. Mon oncle aussi. Et ma sœur aînée étant décédée durant son adolescence, il ne restait plus que moi pour le trône. Je vous ferais envoyer mon autobiographie pour les détails. » Bien entendu, ce genre d’attaques n’était pas agréable. Mais Doran avait subi bien pire, de la part de personnes supposées lui offrir respect, pour s’en voir encore touché. Il se rendait même compte que la suite de malheurs que l’on pouvait compter dans sa vie en était presque ridicule. On aurait dit un livre dont l’auteur aurait eu un goût trop prononcé pour le drame.
Pour autant, ce n’était pas en comparant leurs vies que la conversation allait avancer dans un sens qui arrangeait le Roi. Tant pis pour la psychologie, autant utiliser le joker. Sauf que son esprit s’heurta immédiatement à un mur dès qu’il s’en alla effleurer celui du pirate. «Ah, ça aurait été trop facile. Dommage. »

Il secoua la tête et se saisit de l’une des épées du captif. Elle était de très bonne facture et il fit quelques gestes avec avant de se reposer à nouveau contre la table. « Vous savez Rufus, en fait, je n’ai pas besoin de beaucoup, j’ai les informations qu’il me faut. Comme vous le laissez entendre, un pirate n’a pas besoin de motif pour ses exactions. Et vos hommes sont plus bavards que vous. » Peut-être était-ce vrai, peut-être que non, entre eux deux, seul Doran pouvait être sûr de cette affirmation, et puis, il y avait forcément une pointe de vérité, sinon il n’en aurait pas su autant, aussi vite, sur son prisonnier. « Et voyez, l’avantage d’être Roi, c’est que je peux me permettre le luxe d’être juge, juré et bourreau. » C'était une réalité. Un poids qui allait avec la couronne, le droit quasi divin sur les règles de son propre royaume. En théorie et avec des limites, car il y avait bien entendu des conséquences à déplaire aux habitants du dits royaume. Toutefois, généralement, quand ça concernant des criminels, il était plus simple de faire l'unanimité. « Mais peut-être avez-vous une raison, autre que la crainte d’une revanche aveugle de votre capitaine, pour me convaincre de ne pas vous envoyer, vous et vos hommes, ‘par le fond’ ? » Il s’agissait plus d’acter une condamnation qu’une noyade en haut salée, bien entendu, et malgré ses philosophies, Doran avait bien conscience que le peuple réclamerait du sang pour du sang s’ils apprenaient que les responsables des pillages avaient été capturés. Et peut-être que le choix du Roi serait plus miséricordieux qu’un jury populaire.

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Mar 09 Juil 2019, 12:33

L'hospitalité de sa Majesté
King of a kingdom
King of the sea


An 1575 - Mois 3
« J’ai dû avoir un début de vie bien plus heureux et intéressant que le vôtre, car je n’ai jamais ressenti le besoin de partir piller et tuer pour lui donner un sens. »

Rufus inclina humblement la tête comme si le roi lui faisait un compliment. Un pilleur et un assassin. C'était tout à fait lui. Il éclata de rire lorsque sa Majesté évoqua l'amabilité de son peuple à condition que ce dernier soit en vie. Ce garçon avait du répondant, il fallait le reconnaître. Il écouta la suite des paroles du roi qui déroulait sa longue liste de proches perdus, haussant un sourcil de façon amusée à la question du roi qui était suivie d'un nouveau compliment. Décidément, il était à peu près sûr d'avoir tapé dans l’œil du jeune garçon, devant tant de flatteries.

- Demandez donc aux hommes que j'accueille dans mon lit, répondit Rufus. Mais vous même n'y allez pas de main morte. C'est ce que Madame sa Majesté d'Opale vous dit également ?

Si ce roi faisait plaisir à sa lady avec la même intensité qu'il provoquait le pirate, l’héritier ne saurait tarder à se former dans le ventre fécond de la jeune reine. S'il n'était pas déjà en route.
Mais ils n'étaient pas là pour parler de leurs aventures graveleuses et l'ex Mak'Habre reprit bien vite son sérieux. Pour aussitôt le perdre lorsqu'il fallut répondre à la proposition d'autobiographie. La joute verbale avec le jeune homme était décidément très amusante.

- J'attendrais votre autobiographie avec impatience. Mais dédicacée s'il vous plaît. Que diriez-vous de "à mon pirate préféré, un charmant pilleur et un magnifique assassin ?" Vous avez l'art du compliment, Sire

Le sourire railleur de Rufus se figea lorsqu'il sentit l'esprit du roi se heurter au sien. Ainsi, ce garçon avait des talents magiques ? Bien, une information de plus à ranger dans sa besace. Une position très inconfortable pour un membre de la royauté dans un pays de l'Alliance. Lui-même avait eu à faire face à ce genre de difficultés. Il n'était pas de bon ton pour un membre de la noblesse d'user de pouvoirs, même si les siens étaient apparus très tardivement et sous un accès de colère. Il se rappelait encore ce jour où son père lui avait annoncé qu'il épouserait la fille du riche apothicaire, que tout avait déjà été organisé.
Le bruit d'une épée que l'on prend en main tira le pirate de ses souvenirs. Sa mâchoire se crispa lorsqu'il vit le roi manipuler son arme chérie. Il jouait là un jeu dangereux. Ses deux cimeterres, faits sur mesure, étaient ses bébés. Il ne supportait pas que l'on y touche.
Lorsque le roi lui annonça purement et simplement que l'un de ses hommes avait eu la langue trop pendue, un éclair de doute imperceptible passa dans son regard, mais il se reprit bien vite. Bien, cela ne ferait qu'un homme de plus à abattre lorsqu'il se sera évadé. Il était sûr que Mallory se ferait un plaisir de le juger. Mais il devait faire preuve de prudence. N'avait-il pas lui-même manipulé des prisonniers en leur faisant croire qu'un de leur comparse les avait trahi, afin de les faire parler ? Parce qu'il pouvait lire les pensées et parce qu'il avait été formé à ce genre d’exercice, Rufus était un maître dans l'art de l'interrogatoire. Il jouait son propre jeu avec le roi, rien de plus.

« Et voyez, l’avantage d’être Roi, c’est que je peux me permettre le luxe d’être juge, juré et bourreau.»

Rufus n'en doutait pas. Il ne doutait pas que sa Majesté usait de son royal pouvoir. A de justes desseins ou selon son bon plaisir, il n'avait pas encore suffisamment cerné le roi pour cela. Mais il était probablement comme tous ses copains monarques. Une merde dans un bas de soie, comme disait l'autre.

« Mais peut-être avez-vous une raison, autre que la crainte d’une revanche aveugle de votre capitaine, pour me convaincre de ne pas vous envoyer, vous et vos hommes, ‘par le fond’ ? »

Rufus serra les dents. Ainsi, il y avait bien un homme qui avait parlé. Comment le roi aurait-il pu autant en savoir sur lui, sinon ? Comment aurait-il pu savoir qu'il n'était pas le capitaine ? Le pirate renversa la tête en arrière, fixant le plafond comme s'il était en pleine réflexion. Fatalement, le roi songeait à les exécuter. Quelle douce revanche cela serait pour Isaiah, son nez cassé et son honneur bafoué. Voir son pirate de fils se balancer au bout d'une corde serait le summum du plaisir pour le diplomate. Il prit la parole, en observant toujours le plafond avec une concentration que les gouttes d'humidité ne justifiaient guère.

- Je dois reconnaître qu'une canaille comme moi ne mériterait rien d'autre que d'aller rejoindre le casier de Davy Jones. Néanmoins...

Il s'arracha à la contemplation des gouttelettes pour darder ses yeux verts dans les prunelles bleues claires du roi. Il s'était trituré les méninges durant toute la conversation pour retrouver le nom du frère de sa Majesté. Et cela lui était revenu de plein fouet avec les souvenirs qui l'accompagnaient. Lorsqu'il parla, ce fut avec un goût de nostalgie. Ses années passées lors de son service militaire avaient été les plus belles de sa vie.

- Peut-être que la mémoire de votre frère retiendrait votre main ? Oui, je me souviens de Lénart. Promotion militaire 1557-1562 n'est ce pas ? Un garçon charmant, un excellent appelé et...un bon ami. Mais il accordait bien trop facilement sa confiance à ceux qui ne le méritaient pas, si vous voulez mon avis. C'est probablement ce qui lui a coûté la vie, j'imagine.

Avec toutes les informations que le pirate venait de transmettre au roi sur son frère, ce dernier n'allait pas douter de la véracité des mots de Rufus. Il avait réellement côtoyé le défunt roi qui n'avait que deux ans de plus que lui, si sa mémoire ne lui jouait pas des tours. Lénart avait véritablement été un bon camarade. Mais trop naïf pour ce monde, encore plus pour la charge qui l'attendait.

- Mais attardons-nous en à votre tentative d'intrusion dans mon esprit si vous le voulez bien. Ainsi, vous êtes un être magique, dans un royaume de l'Alliance...Et roi, qui plus est. Une fâcheuse situation., déclara Rufus en hochant la tête, faussement compatissant. Nous ne sommes pas si différents, Sire.  Deux êtres doués de magie originaires de royaumes qui l’exècrent. J'ai cependant fait le choix de mon destin, contrairement à vous qui le subissez. Votre père, Lénart, votre sœur. Vous n'étiez pas censé régner. Et pourtant vous êtes là, le derche vissé sur votre trône. Soit votre caboche est aussi dure que le fer, soit vous êtes d'une épouvantable naïveté. Qu'est ce qui vous motive ? La volonté de suivre les pas de Lénart ? Je serais curieux de le savoir.

Fiche de CaptainBen


Dernière édition par Rufus le Lun 28 Oct 2019, 08:37, édité 1 fois
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Mar 16 Juil 2019, 17:50

Un jeu s’était installé, une joute de questions et de réponses, de répliques et de piques. Cela en aurait été amusant si la situation ne demandait pas un peu de sérieux. Mais il n’avait pas fallu très longtemps à Doran pour comprendre qu’il n’obtiendrait rien aisément de la part de son prisonnier, et maintenant que la magie s’avérait être de peu d’utilité, il n’avait pas beaucoup de choix, soit il continuait leur petit duel jusqu’à peut-être, atteindre ce qu’il voulait ou alors la torture. Autant ne pas partir dans la dernière option tout de suite, d’autant plus qu’il n’y avait plus grand-chose que Doran ne savait pas. C’était peut-être désormais plus une question d’ego, ou d’assurance que la situation ne se reproduirait plus. Ainsi ignora-t-il complètement les réflexions de Rufus sur sa sexualité tout comme la question sur une potentielle femme. Il n’avait qu’à lire les potins d’Enkidiev, et il saurait. Toutefois la première information pouvait s’avérer utile. Il ne fallait rien négliger après tout.

Le jeune Roi tiqua à la réflexion sur son frère, il ne s’attendait pas à autant de détails. Ainsi il le connaissait vraiment. Et belle reprise, il fallait l’avouer. Doran secoua la tête, croisant les bras contre son torse, repensant à une lettre de son frère qu’il avait lue récemment et qui avait bien du mal à quitter sa mémoire. « Il préférait vivre dans la confiance que dans la paranoïa, qui suis-je pour le blâmer ? » Et pourtant Doran l’avait fait, il en avait voulu à son frère avant de se rendre compte que c’était vain. Avoir des rancœurs contre les morts ne les ramènerait pas plus à la vie qu’une prière aux dieux.
Autrement, il était assez cocasse de voir les informations à trous qu’avait Rufus. La preuve que le temps passé en mer ne permettait pas de connaitre grand-chose sur ce qui se passait dans les pays non côtiers. Ce qui était une très bonne chose à savoir, du côté de Doran en tout cas. Il ne souhaitait pas s’attarder sur le sujet de son frère, et de toute manière le pirate lui donnait autre chose à penser et répondre.

« Vous pourrez rajouter votre nom sur la liste des personnes m’ayant fait cette remarque, quel manque d’originalité, je suis déçu. » Si Rufus pensait être le premier à rappeler à Doran que sa situation était complexe, entre magie, pouvoir et Alliance, il se trompait incroyablement. Et qui d’autre que la personne la plus concernée par ce cas pour s’en rendre compte d’ailleurs. Mais le ruffian n’avait pas fini, pointant dans un temps des similarités avant d’accentuer sur leurs différences. « Si j’avais les fesses vissées sur mon trône, vous ne seriez pas ici pour les voir. » Lâcha-t-il avec un petit sourire. Il est vrai qu’il était dur de foutre une raclée à quelqu’un quand on était dans le confort d’une salle de trône. Doran n’était d’ailleurs pas mécontent de ne pas y être. Il préférait clairement être au contact de son peuple que de certains des nobles qui arpentaient le palais royal. « Le destin ne se subit que si on ne le prend pas entre ses mains. » dit-il en hochant les épaules. Il se saisit de la seconde épée et regarda son tranchant avant de la reposer avec sa consœur. « Bel ouvrage. Je reconnais là le talent des forges d’Opale. Un autre souvenir de vos visites ? S’il n’est pas volé, il a dû être coûteux. » La question était rhétorique mais Doran se doutait bien que Rufus y répondrait. « En parlant de prix, combien seriez-vous prêt à donner pour retourner sur le Siren’s Song ? Ou peut-être, à combien le Capitaine Graves estime-t-il votre tête ? » Après tout, juger du niveau de menace de l’ennemi semblait toujours être une bonne idée.

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Mar 27 Aoû 2019, 15:47

L'hospitalité de sa Majesté
King of a kingdom
King of the sea


An 1575 - Mois 3
Ce qui devait être au début une simple corrida dont Rufus était le matador, sa majesté le taureau et les provocations du pirate le drap rouge, se révéla être une expérience plus complexe que prévue. Plus plaisante également. Il aurait été dommage de voir le roi tomber trop rapidement dans le piège de ses piques, tel un bovin s'assommant contre un poteau dans un fracas lamentable. L'ex Mak'Habre constata non sans un sourire en coin que l'Opalien s'appliquait à ignorer ses allusions graveleuses. Il avait connu des jeunes nobles plus coquins sous leur allure proprette. Depuis le temps qu'ils moisissaient tous les deux à papoter, Rufus avait osé espérer que le roi serait enclin à plus de confidence ! Quel dommage !
Lorsque ce dernier reprit la parole, le pirate écouta non sans crisper et décrisper un peu ses fesses engourdies. Quel sol inconfortable ! Et quel accueil déplorable en ce pays d'Opale ! Vraiment, cela laissait à désirer.
Les paroles de sa majesté confirmèrent implicitement l'hypothèse que Rufus avait émit quant à la mort du royal frangin. Ce dernier était mort assassiné. En accordant sa confiance à n'importe qui, il avait invité la trahison à entrer dans sa demeure. Certes, il n'aurait pas pu vivre en regardant derrière son épaule à chaque pas ou à faire goûter chaque aliment, mais il existait un juste milieu qu'un bon roi se devait de connaître. Un bon roi...ou un bon pirate. On en revenait toujours au même point. Par bien des façons, les deux hommes étaient similaires. Une fripouille telle que Rufus qui côtoyait des ordures de la pire espèce ne pouvait pas non plus se permettre de serrer la pince du premier venu, mais les hommes du Siren's Song étaient ses frères.
Et certains de ses frères étaient morts par la faute du roi.
Derrière son dos, les poings de Rufus se serrèrent, laissant ses veines ressortirent. Mais il masqua sa colère pour afficher à nouveau un léger sourire lorsque le roi reprit la parole, taclant le manque d'originalité du pirate. Celui-ci inclina la tête sur le côté tout en étant plus intéressé par l'obstacle que pouvait représenter le roi magique pour son évasion que par son parcours de vie tumultueux d'un être doué de pouvoirs au sein d'un royaume de l'Alliance. Même si le sujet, bien qu'apparemment vieux comme le monde, avait sa part d'intérêt.
Ah ! Mais c'était que le roi se lâchait soudain un peu ! Un petit rire franchit les lèvres du pirate lorsque l'Opalien évoqua son fessier royal.

- Et vu d'ici le spectacle est très agréable Sire, reconnut Rufus en inclinant la tête.

A nouveau, les yeux du pirate s'arrêtèrent sur ses précieuses lames, le roi venant de se saisir de la seconde. Il n'apprécia pas plus que précédemment qu'il s'empare ainsi de ses chéries mais cette fois, il commença dans son esprit un calcul qui devait lui permette de foutre le camp d'ici accompagné du reste de ses hommes.
Lorsque le roi le questionna sur l'origine de ses épées, remarquant leur provenance opalienne, Rufus hocha la tête en s'appuyant contre son poteau. C'était là un agréable souvenir.

- Vous vous méprenez sur mon compte, Sire ! s'écria le pirate, manifestement choqué. Faussement choqué. Mes lames n'ont certainement pas été volées. Mais je dois dire qu'elles n'ont pas été coûteuses non plus. Pour tout vous dire, j'ai rendu un grand service à un opalien qui a absolument tenu à m'offrir ces deux beautés. Je sais me faire apprécier des hommes que voulez-vous...continua Rufus avec un sourire sans équivoque. Et apparemment les opaliens sont compris dans le lot. Vous voyez que votre peuple ne me déteste pas tant que cela...

La nature du service qu'avait rendu Rufus était implicitement évidente. Kidnapping ou assassinat, le pirate n'était pas un tueur à gages mais là où il y avait pécule ou récompense alléchante, il n'y avait pas de quoi faire la fine bouche. Le forgeron avait supplié le pirate de lui ramener celui qui avait agressé et tué son petit garçon en échange de ce qu'il voulait. Rufus n'avait pas mis longtemps à lui réclamer un ouvrage de qualité. Et une fois les lames devant lui, le pirate avait tenu parole. C'était un homme d'honneur après tout.

Mais voici que le roi aborda un sujet épineux. En évoquant le Siren's Song et le nom de Mallory, il confirma une fois de plus que l'un de ses hommes avait été beaucoup trop bavard. Rufus prit du temps pour répondre à la question de sa majesté, faisant craquer sa nuque.

- Vous savez, Doran...

C'était la première fois que Rufus prononçait le nom du roi. En se rappelant le souvenir de Lénart, le nom était progressivement revenu dans sa mémoire embrumée par l'alcool et la drogue qu'il consommait régulièrement.

- En tant que commandant de cette expédition, je suis responsable de mes hommes et par conséquent le seul responsable de ce qui, il faut le reconnaître, est un échec. Le capitaine Graves pensera comme moi, tuez-moi si vous le souhaitez. En revanche, touchez à l'un de mes compagnons et j'ai bien peur de voir mon équipage accoster vos côtes. Vous me direz que vous éliminerez les membres de mon équipage l'un après l'autre. Certes. C'est une possibilité. Si vous souhaitez perdre un nombre important de vos hommes. Certaines batailles gagnées ne le sont pas véritablement. Si vous souhaitez également éliminer tout ce beau petit monde sans savoir quand la prochaine menace se profilera sur vos côtes, faites donc. Un mois, six mois, un an, deux ans...N'oubliez pas, Doran...n'importe qui, n'importe quand, n'importe où. C'est ça l'ennui avec les pirates, termina Rufus.

Certains hommes étaient enveloppés d'un épais mystère et Doran faisait partie de ceux-là, mais le pirate était sûr qu'il n'était pas prêt à sacrifier la vie de frères, de sœurs, de parents, d'époux et d'épouses pour une poignée de pirates.

- La véritable question, Doran, est donc : Quel est le prix que vous êtes prêt à mettre pour nous voir nous balancer au bout d'une corde ?

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