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Fantômes du passé [PV]

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Sam 14 Sep 2019, 23:44
ft. Uthred.
A ghost can be a lot of things. A memory, a daydream, a secret. But, mostly, a ghost is a wish.

L'orage grondait avec force à l'extérieur, creusant les vagues et déchirant le ciel. Les éclairs fusaient de partout, éclairant d'une lumière intense la coque malmenée du Siren's Song. Trois heures qu'ils étaient pris dans cette tempête infernale. Trois heures que l'équipage était sur le qui vive, s'affairant à maintenir le navire à flot et à épargner le plus possible les voiles. Trois heures que Mallory se battait contre les éléments, fermement cramponner à la barre du navire. Le capitaine Graves avait du ralentir l'allure du bâtiment, enroulant une partie de la chaîne du mouillage autour du pied de mât, laissant une partie de cette chaîne pendre dans l'océan. Si Sveter leur faisait prendre la foudre, Mallory espérait de tout cœur que cette mesure les empêcherait de tous finir griller sur place. Il était trempé jusqu'aux os, il était frigorifié... Et ses doigts semblaient ne plus pouvoir bouger tant ils étaient crispés sur le bois de la barre de gouvernail. Mallory hurlait ses ordres à l'équipage, Z les relayant, sa voix portant bien plus que celle du capitaine. La foudre tomba non loin du navire dans un craquement funeste alors que les marins retenaient leurs souffles. Vivre en mer était une bénédiction et une malédiction à la fois. Ils étaient libres, mais à la merci de tout les éléments. Ils avançaient en chevauchant les vents capricieux, se nourrissant de ce que la mer souhaitait leur laisser et craignaient les feux des cieux, qui pouvaient s'abattre sur le mat du navire à tout moment à présent. Mallory leva les yeux au ciel, les plissant le plus possible pour ne pas être aveuglé par la pluie. Combien de temps allaient-ils mettre avant d'échapper à l'orage ? Les yeux du pirate s'arrondirent légèrement tandis que la pluie dégoulinait le long de ses traits taillés par les embruns et lacérés par les années.

Tout n'était qu'une histoire de temps.

Les doigts gelés du capitaine se desserrèrent peu à peu du gouvernail de bois alors que le vent diminuait et que la pluie se transformait en un léger crachat. Enfin... Enfin ils étaient sortis de la tempête. Enfin, le Siren's Song regagnait les eaux plus clémentes du large, loin de l'orage et de ses vagues immenses. Le regard fatigué du capitaine se porta sur son équipage, alors que des sourires commençaient à se glisser sur leurs lèvres. Le soulagement était de mise. Quelques rires commencèrent à s'élever après tant de stress, alors que les hommes se tapaient dans le dos, se félicitant mutuellement quant à leur survie. Mallory en eut un sourire. Vivre en mer vous faisait apprécier chaque seconde, chaque inspiration, chaque expiration. Vivre en mer vous faisait prendre conscience que la vie était courte et pouvait s'arrêter à chaque instant.
Il ne fallait pas grand chose pour mettre fin à la vie d'un pirate. Un mauvais navire croisé. Une tempête mal gérée. Une vague scélérate. Une pénurie de vivre et d'eau potable. Les maladies qui pouvaient se développer à chaque coin du bâtiment. La folie de l'équipage. Alors, les marins apprenaient à apprécier chaque moment, même les plus durs. Peut-être était-ce pour ça que le Siren's Song était allé aussi loin jusqu'à présent... Car ils appréciaient ces moments ensemble, depuis de longues années et qu'ils s'en sortaient toujours, peu importe la situation, ensemble.

Mallory quitta lentement le pont supérieur, descendant les escaliers détrempés du Sirens. Agrippant l'épaisse chaîne qui traînait toujours dans l'océan, il la remonta lui même à la force de ses bras, l'enroulant complètement autour du mât. L'orage était passé, mais leur travail ne faisait que commencer. Il fallait nettoyer le pont, s'assurer que les voiles n'avaient pas été endommagées, que les cordages et les haubans étaient intacts... Et que leur précieuse cargaison en cale n'avait pas été attaquée par l'eau. Mallory descendit lentement dans les tréfonds du Siren's Song, passant devant le lieu où dormait ses marins et devant la cellule de ses « invités » du moment. Son regard se posa sur la ( ou le ? Mallory n'était plus si sûr que ça du genre de l'écuyer) jeune apprenti.e d'Irianeth, que la fraîcheur et l'humidité de l'orage semblait avoir particulièrement touché. Le regard fatigué du pirate se posa alors sur le vieux chevalier... Qui n'avait pas l'air dans un meilleur état que son protégé. Le capitaine lâcha un soupir, continuant sa route vers la cale. Le quartier-maître le rejoignit bien rapidement et ensemble, ils firent rapidement le tour des provisions du Siren's. Si les pirates avaient été chanceux de passer rapidement l'orage, leur stock de nourriture n'avait pas eu autant de chance. La plupart des vivres avaient pris l'eau, trempant de longues heures et s'imprégnant de l'eau de pluie. Le cambusier avait un air grave en sortant de la cale. Ils devaient faire halte de toute urgence... Mais au milieu de l'océan, où pouvaient-ils bien jeter l'ancre ? Mallory quitta à son tour la cale, avançant d'un pas lent sur le bois trempé. Un éternuement attira son attention dans la cellule des prisonniers. L'ancien chevalier jaugea les deux captifs du regard. Il ne manquerait plus qu'ils tombent malades ces deux là... Et au vu de la qualité des soins disponibles en mer, même un rhum ou une bronchite pouvait être fatale. Mallory s'éloigna un instant, disparaissant de leur vue pour revenir quelques minutes plus tard. Le tintement des clés résonna dans la cale vide, alors qu'il ouvrait l'épaisse porte de métal. Une main sur la garde de son sabre, il fit signe au plus jeune d'avancer vers lui, le laissant sortir de leur prison sommaire. Lui calant une couverture sèche dans les mains, Mallory le poussa vers l'escalier pour monter sur le pont, où Z et le reste de l'équipage le tiendrait à l’œil. Ses yeux d'azur se posèrent alors sur Uthred.

« Suis moi. »

Le pirate lui lança la même couverture que celle qu'il avait donné à l'écuyer, tournant les talons sans attendre aucune réponse de la part du vieux chevalier. Mallory monta les marches qui le menaient au pont deux à deux, inspirant grandement l'air marin. Il ne supportait décidément pas l'air étouffant de la cale. Il marqua un léger temps d'arrêt, scrutant le pont de son navire. Tout le monde était à son poste, tout le monde exécutait sa tache.. Et il semblait que Z avait déjà mis un balais entre les mains du gamin pour qu'il participe au récurage du pont. Mallory eut un rictus amusé, avant de continuer sa route et de pousser la lourde porte de sa cabine, intimant à Uthred de le suivre d'un simple regard.

Mallory, même lorsqu'il était chevalier, n'avait jamais été un professionnel de l'organisation. Et cela se voyait cruellement dans sa propre cabine. Le bureau était jonché de cadavre de bouteilles, parsemé de différentes cartes maritimes où l'écriture du capitaine se mêlait à ses dessins d'une précision incroyable. Son lit de fortune n'était qu'un amoncellement de couverture et de coussins, tâchés par la sueur de nuit sans sommeil et de moment où la volonté du capitaine n'était rien face à la puissance du rhum et celle des vagues. Il y avait des étagères où quelques lanternes trônaient, la cire coulant à foison le long des planches de bois craquelées par l'humidité et l'air salé. La seule chose qui semblait en parfait état ? Le piano qui trônait près d'un hublot, son bois d'ébène était parfaitement lustré et dénué de poussière, reflétant la douce lumière qui entrait par l'ouverture dans la coque. Mallory laissa Uthred pénétrer dans son antre avant de fermer la lourde porte de bois derrière lui, s'approchant des étagères pour se saisir de son briquet à silex. L'amadou s'alluma en quelques secondes, avant que Mallory n'embrase une bûchette ensoufrée, allumant enfin les longues mèches des lanternes. Leur lumière plongea la pièce dans une teinte orangée, la rendant soudainement bien moins effrayante. L'odeur forte du tabac s'éleva alors alors que le pirate secouait le petit morceau de bois en l'air pour l'éteindre, tirant quelques bouffées sur sa pipe. La fumée âcre s'échappa de ses narines tandis que le pirate soupirait, gardant un œil distrait sur Uthred.

Si le chevalier avait voulu s'en prendre à lui, il l'aurait déjà fais.

Son tricorne alla trouver sa place sur son lit, alors que Mallory le lançait d'un geste nonchalant au travers de la pièce. S'avançant d'un pas lourd vers son bureau, Mallory Graves fourragea quelques temps dans les nombreux cadavres de bouteilles, finissant par se saisir d'un récipient qui n'était pas totalement vide. Trouvant rapidement deux godets – dont la propreté laissait à désirer – il se contenta de remplir à ras bord les deux verres, avant de venir tirer son lourd fauteuil, le dégageant de derrière son bureau. D'un geste de la main, il fit signe à Uthred de s'asseoir, lui-même s'installant sur le bois de son cabinet. Un des godets vint se poser devant le chevalier, alors que le pirate le fixait.

« So... How's your nose ? »

La vie n'était qu'une longue pièce de théâtre dans laquelle Mallory avait parfaitement épousé son rôle de malfrat et de vaurien. Mais peut-être... Peut-être qu'à l’abri des regards, il pouvait enfin laissé tomber ce masque de fureur. Mallory passa à nouveau une main sur son visage fatigué, essayant d'ignorer les formes éthérées qui venaient peu à peu danser dans sa cabine.

« C'est loin d'être l'un ce ces crus que t'aimais tant, mais c'est tout ce qu'on trouve dans les coins. »

Le pirate désigna le rhum d'un signe de tête, avant que son regard ne s'accroche à l'une des formes fantomatiques qui allait et venait entre son mobilier. Le regard du pirate suivit la danse de la femme, qui semblait en pleine valse avec un partenaire invisible. Sa robe de mariée claquait dans l'air, sans que les étoffes ne produisent aucun son. Mallory secoua nerveusement la tête, laissant quelques mèches blondes, encore trempées, venir chatouiller le bout de son nez cassé. Uthred était un fantôme de son passé, lui-même hanté par ses propres démons. Le regard azur du pirate alla se poser sur le vieux chevalier, détaillant son visage meurtri par les années. Il n'avait jamais imaginé croisé à nouveau la route de son ancien mentor, de son ancien frère, de son ancien héro. Il n'avait jamais voulu prendre contact avec lui pendant toutes ces années, préférant vivre dans l'ignorance et essayer de laisser derrière lui ses propres fantômes.

Mais le soucis avec les fantômes, c'est qu'ils finissaient toujours par revenir.
Anonymous
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Dim 15 Sep 2019, 17:25
Si Uthred supportait la mer et ses fluctuations de manière honorable lorsqu’il était sur le pont d’un navire, être à l’intérieur même de ce dernier n’avait rien d’une réussite. Le chevalier sentait l’eau en dessous, remuer, sans arrêt. Le dos appuyé sur le mur de la cellule qu’il partageait avec Jean-Neige, le rouquin passa un long soupir. Il ne savait pas ce qui se passait depuis quelques longues minutes, mais l’agitation qu’il ressentait autour d’eux n’avait rien de bon. Les mouvements du bateau non plus, et il ne fallait pas oublier l’humidité de la cale ou ils se trouvaient, qui avait augmenter avec une vitesse impressionnante. Il tenta de poser sa tête fatiguée contre le mur, mais un mouvement le fit se cogner violemment, augmenter ce mal de tête dont il ne parvenait pas à se défaire. Il y avait son nez, aussi, qui devait très certainement être cassé à cause des deux coups qu’il avait reçu. Au moins ne saignait-il plus.. Mais la douleur lancinante qui lui traversait le visage était de plus en plus insupportable, et si Uthred était pourtant résistant et résilient, il n’en pouvait plus. Il quitta alors sa place de misfortune et s’approcha plus ou moins élégamment de son écuyer, bien silencieux.  

- Jean-Neige, mon garçon, est-ce que tu sais remettre un nez en place ? demanda-t-il, son regard clair rivé dans celui de l’adolescent.

Le jeune homme releva un regard fatigué sur le chevalier, et secoua légèrement la tête. Uthred soupira, mais ne s’offusqua pas. Comment le pourrait-il, au vu des circonstances ? Assis en tailleur – ne préférant pas se demander comment il allait parvenir à se relever – il commença ses explications, tout en grimaçant.

- C’est très simple. Il suffit de le bouger d’un coup sec, dans ce sens-là, et tout sera bon !

Il agrémenta ces quelques mots de démonstration : dans quel sens, comment lui prendre le nez.. Ce genre de chose. Et il espérait que Jean-Neige serait capable de le faire, car la douleur devenait de plus en plus intense, et s’il se loupait, ce serait encore pire.

- Prêt ? lança-t-il à son écuyer. Un ! Deux ! AAAARG !
- AAAH !

Jean-Neige n’avait pas attendu le top départ qu’il remis d’un coup sec le nez d’Uthred en place, tirant à ce dernier – et à lui-même – un cri de douleur qu’il lui avait été impossible de retenir. Ses yeux s’humidifièrent. Il les ferma un instant.

- Merci, Chouquette, souffla-t-il, avant de retrouver un appui pour son dos douloureux.

Il posa un regard sur son écuyer, et se rappela immédiatement ses anciens apprentis. Tous. Ceux qui étaient à présent chevalier, ou chevalière. Ceux a qui il avait appris tous ce qu’il savait. Ceux qui lui avait fait oublier ses malheurs, qui lui avaient permis d’être un père alors que le destin en avait décidé autrement. Et Camille – enfin Mallory – qu’il avait à peine reconnut. Il détourna le regard, et le posa sur une planche de bois particulièrement humide. Alors que la tempête – tout du moins ce qu’il pensait être une tempête – faisait rage à l’extérieur, il se perdit dans ses pensées, silencieux. Que pouvait-il bien dire, de toute façon ? Que tout allait s’arranger ? Qu’ils seraient bientôt sortis d’affaires ? Jean-Neige était jeune, mais certainement pas stupide. Il ne pouvait pas lui mentir une nouvelle fois, il n’en avait pas le droit. Il resta de glace, se perdant dans ses souvenirs. Les plus récents, d’abord. Le regard fou du capitaine du bateau sur lequel ils étaient prisonnier, se mélangeait au regard amusé d’un jeune écuyer, les fesses par terre. Le passé se mélangeait au présent, et Uthred trouvait que cela n’avait aucun sens. Comment la charmante tête blonde Améha avait-elle put perdre en charme et en légèreté. Il savait que la fin de carrière en tant que chevalier de Camille n’avait pas été des plus honnête, mais tout de même. L’homme passa une main sur son visage et dans ses cheveux, ces derniers, détacher, tombèrent en quelques boucles sur son visage.

Uthred se réveilla brutalement lorsqu’il ne put retenir un éternuement tonitruant. Il frissonna. Le froid commençait à s’infiltrer à travers son uniforme humide. Il jeta un regard en direction de son écuyer qui était lui aussi pris par le froid. Il s’apprêta à lui dire quelques mots, lorsque la porte en métal s’ouvrit dans un grincement. Il leva son regard fatigué et poussa un léger soupir lorsqu’il reconnut le capitaine. Ce dernier intima à Jean-Neige de se lever, et lui fourra une couverture dans les mains. Uthred se releva aussitôt, chancela un instant et posa une main au mur. Il regarda son écuyer partir, silencieux. Il n’était pas en mesure de faire quoique ce soit, de toute façon. Et Mallory lui avait prouver une chose : il ne souhaitait pas les voir morts. Il laissa donc partir le jeune homme à peu près confiant et reporta son attention sur le capitaine qui lui demanda de la suivre, avant de lui fourrer une couverture entre ses paluches d’ours. Il s’empressa de la mettre sur ces épaules et suivit Mallory à travers les couloirs sombre du bâtiment.

Il fallut quelques instants à Uthred pour s’accoutumer à la lumière du jour et encore plus pour profiter de l’air marin qui lui nettoyait les poumons. Le chevalier retrouva rapidement son écuyer des yeux, balais en main sous la supervision d’un colosse. Il reporta son attention sur l’homme au tricorne qui s’engouffrait à nouveau dans les entrailles du bateau. Le rouquin lui emboita le pas et entra dans l’antre du capitaine… tout aussi mal rangé que sa chambre de chevalier. Un petit rictus étira les lèvres du Perlois. Sur ce point, il reconnaissait l’homme qu’il avait formé. Le regard du chevalier vola d’un coin à un autre, notant la saleté et le bazar, posa un regard presque tendre sur le piano en parfait était du capitaine. Il observa ensuite Mallory s’activer et poussa un nouveau soupir lorsque la lumière des bougies éclaira la pièce, lui permettant ainsi de voir plus en détails la chambre et le bureau du capitaine. Il l’observa sortir une bouteille, puis deux verres – enfin ce qui ressemblait à des verres – avant de tirer un lourd fauteuil de cuir. Uthred ne se le fit pas dire deux fois, et s’assit dans un soupir d’aise. Le confort était tout autre que ce qu’il avait expérimenté depuis qu’il était arrivé sur ce bateau. Il contempla un instant le verre rempli à ras bord qu’on lui présenter puis s’en empara.

- Fine, mon écuyer s’est chargé de le remettre en place.

La réponse était neutre. Il n’était pas là pour provoquer Mallory : son nez lui faisait moins mal, ce n’était pas le moment de se reprendre un coup. Il haussa les épaules à la remarque de l’ancien chevalier, et trempa ses lèvres dans le verre. Il avala une gorgée. Cela ressemblait à quelque chose comme du rhum, mais de bien mauvaise qualité. Il était déçu de la boisson, mais n’irais pas se permettre de rétorquer quoi que ce soit. Il se contenta d’observer les alentours, et Mallory qui passa une main sur un visage tout aussi fatigué que le sien. Il reporta son attention sur son verre, il le fit danser et observa avec grande intérêt le manque de couleur du liquide qu’il y avait dedans.

- Capitaine Mallory Graves…, murmura-t-il, à lui-même, comme pour faire mieux passer l’information.

Il prit une nouvelle gorgée, et grimaça.

- Au vu des circonstances, cela ira parfaitement. Dit-il alors, peut-être plus sec qu’il ne l’aurait voulu, mais Mallory pouvait-il lui en vouloir ?

Il soupira, et posa son verre sur la table, ce qui était bien plus judicieux que de le boire cul sec, comme il en avait l’envie.

- C’est donc une vie de piraterie que tu mènes ? demanda-t-il. Comment ?

Et la question s’arrêta là. Comment ? Comment en était-il arrivé là ? Pourquoi ne lui avait-il pas dit qu’il était encore en vie ? Uthred passa une main sur son visage. Il était fatigué et déçu, blessé. Il posa son regard sur le capitaine, et croisa le sien.. Peut-être devait-il considérer que Camille était bel et bien mort et qu’un autre homme se tenait à présent dans ces bottes ? Peut-être que le déni allait lui permet d’accepter cela ? Ou les fantômes du passés allaient-il lui donner tord et le ramener sans arrêt au bon souvenir qu’il avait de ces écuyers rebelles aux idées fixes et la motivation inébranlable ?
Anonymous
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Dim 15 Sep 2019, 20:25
ft. Uthred.
A ghost can be a lot of things. A memory, a daydream, a secret. But, mostly, a ghost is a wish.

Ses yeux scrutaient ce visage qu'il reconnaissait à peine, ce visage qu'il avait vu dans tout ces états. Il avait vu la peur, la fierté, la tristesse et la joie sur les traits du vieil Uthred... Et aujourd'hui, il n'y voyait plus rien, rien à part les signes dévastateurs du temps qui passait, sans jamais s'arrêter, sans rien épargner. «  Fine, mon écuyer s’est chargé de le remettre en place. » Le pirate loucha un instant sur le nez de son ancien maître alors qu'un rire amusé s'échappait de ses lèvres.

« C'toujours tes kids qui te répares faut croire. »

C'était du Uthred tout craché ça, à donner tout ce qu'il savait à ses protégés, à leur apprendre à se soigner et à soigner les autres sur le champ de bataille. Mallory avait arrêté de compter les nombreuses fois où les enseignements du vieillard lui avait sauvé la mise. Le regard du blond se fit plus lointain alors qu'une nouvelle forme éthérique pointait le bout de son nez. Le visage du pirate sembla légèrement pâlir. Tessa. Tessa était là. Ce doux visage qu'il ne pensait jamais revoir. Ses lèvres fines et chaudes qu'il avait embrassé à pleine bouche pendant des heures et des années. « Capitaine Mallory Graves… » Le murmure d'Uthred lui fit reposer les yeux sur le chevalier alors que le capitaine se levait, les instruments de navigation mugissant à son soudain mouvement. Mallory fit quelques pas dans sa cabine, sa main s'agitant dans l'air pour faire disparaître Tessa. Ce souvenir n'était pas le sien. Ce souvenir était celui de Camille. « Au vu des circonstances, cela ira parfaitement. » Il pouvait facilement entendre dans la voix du chevalier sa déception. Le pirate se contenta d'hausser les épaules d'un air nonchalant. En mer, ils n'avaient pas le confort de choisir leur pitance, ils prenaient ce qu'ils pouvaient, ce qu'ils voulaient et c'était tout. Mallory se retourna lentement vers Uthred, appuyant son dos contre l'un des murs de la cabine. Il soupira en même temps que le chevalier, tirant une bouffée sur sa pipe. « C’est donc une vie de piraterie que tu mènes ? Comment ? » Leurs regards se croisèrent l'espace d'un instant avant que le pirate ne détourne le sien.

«  Une vie d'abordage et de plaisir, loin du labeur. Une vie alimentée par le pillage, à se battre comme un diable déguisé en homme. Cela ressemble fortement à une vie de piraterie, effectivement... Comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ! »

Un sourire taquin vint recourber les lèvres du Capitaine Graves, la fumée remontant lentement le long de ses pommettes, les graciles volutes cachant l'espace d'un instant son visage.

«  Une vie en mes propres termes. »

Car c'était ça la piraterie pour Mallory Graves. Ce n'était pas l'or, ce n'était pas les massacres, c'était la liberté. Cette liberté qu'il n'avait jamais trouvé auparavant. Comment en était-il arrivé là ? Cette question revenait toujours. Tout le monde voulait toujours savoir l'histoire du Capitaine Graves, comment sa terreur avait-elle commencé, comment c'était-il emparé du Siren's Song. Tout le monde voulait toujours savoir comment il en était arrivé là. Que cette question amusait le pirate. Personne n'avait jamais le droit à la même version de Mallory Graves. Certains entendaient une histoire abracadabrante qu'il était un dragon incarné en homme, saisissant la moindre occasion pour mettre l'océan à feu et à sang. D'autres avaient le droit à l'histoire d'un homme rongé par l'alcool et la démence qui se jeta tête la première dans les flots, embrassant les sirènes et se perdant en mer, pour se faire repêcher par un navire pirate. Et enfin, d'autres parlaient d'un démon aux yeux de gel et de son équipage maudit, qui étaient apparus un soir de tempête, leur navire sortant des flots et déchirant la grande bleue pour répandre désolation et terreur sur leur passage. Oh, il y avait bien des histoires qui circulaient au sujet du Siren's Song et de son capitaine. Mais aucune n'était vraie.

Uthred était sûrement le seul à connaître le véritable passé de Mallory Graves, même Z, son bras-droit, son ami, n'en savait pas autant. Uthred était le seul à connaître le véritable Camille Améha. Uthred était le seul encore vivant. Le pirate se dirigea à nouveau vers le bureau, ignorant les fantômes et se saisissant de son verre dans un soupir. Il ne se dérangea pas, lui, pour avaler cul sec le contenu du récipient, s'en servant derechef un second. Mallory passa à nouveau une main dans ses cheveux avant d'éternuer, ses mèches encore trempées venant à nouveau se placer devant ses yeux. Le capitaine maugréa tout bas, un flot d'insultes fleuries se déversant le long de ses lèvres alors qu'il faisait quelques pas vers son lit. Il dénoua rapidement sa chemise trempée, la laissant glisser le long de ses bras tannés par le soleil avant de la jeter au sol. Tournant le dos à l'ancien chevalier, Uthred était aux premières loges pour découvrir les imposants tatouages qui parsemaient le corps de son ancien apprenti... Mais surtout, il pouvait clairement voir les lacérations qui barraient son dos. Bahal avait toujours été doué pour punir ceux qui osaient lui tenir tête. Mallory resta là, sans bouger, pendant quelques secondes avant de se tourner pour à nouveau lui faire face.

«  Comment ? Parce que Sveter est une femme de joie. Parce que j'ai fais des choix, Uthred. Et ravale ta pitié, l'ancêtre, ton regard va finir par me crever le cœur. »

Le pirate laissa à nouveau planer un moment de silence alors que son regard allait et venait dans la pièce. Une tunique, était-ce si rare que ça sur son bateau ? Roulant des yeux, il revint jusqu'au bureau, attrapant son godet.

« Car j'étais las de me cacher derrière ces valeurs, ces armures étincelantes. Las de porter le rouge avec fierté. Quand je prend quelque chose à un homme, son navire, son argent, sa vie. Je ne me cache pas derrière une bannière. Je ne me cache derrière rien. Je le fixe droit dans les yeux et je lui laisse sa chance, je lui laisse un choix. »

Son regard se braqua droit dans celui du chevalier, Mallory inspirant à nouveau au bout de sa pipe.

«  Je ne me cache pas derrière la loi, derrière un ordre... Et c'est moi qu'ils voient comme un bandit, un monstre. C'est comme ça que tu me vois aussi, n'est-ce pas ? »

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Mar 17 Sep 2019, 15:46
Uthred haussa ses épaules endolories, alors que sa main de soldat se rapprocha du verre qu’il avait entamé. Oui, les écuyers qu’il avait eu à travers les années l’avait aidé, sans nul doute et il continuait encore à le faire, à travers leur réussite et leur motivation, lorsque cela était applicable. Uthred tirait sa puissance de l’enseignement qu’il fournissait aux autres, et notamment au plus jeune. S’il était plutôt un homme solitaire, et un parfois un peu ronchon – il mettait cela sur le dos de l’âge ! – il restait un homme du monde et aimait le partage. Alors oui, il sautait sur la moindre occasion pour former ses apprentis et nul doute que ce qu’avait fait Jean-Neige ce jour-là allait lui resservir un jour. Après tout, il était un futur chevalier et serait amené dans le futur à rencontrer un nombre important de blessures plus sévères les unes que les autres. Le jeune homme n’était peut-être pas un guérisseur, mais connaître un geste aussi simple que remettre un nez en place lui serait utile. Alors oui, le vieux Perlois comptait sur ces écuyers pour le « réparer » lorsque cela était nécessaire, et il n’en avait aucunement honte. Après tout, la vie, la vraie, aussi violente et triste soit-elle, était encore la plus à même de former la prochaine génération.

Le regard fatigué du chevalier croisa celui de son ancien apprenti. Il le soutins quelques instants, avant que le quarantenaire – si ses calculs étaient bons – ne détourne le siens. Le rouquin l’écouta alors, portant ses lèvres à son verre et ingurgitant quelques gorgées de ce rhum, sans laisser transparaître quoique ce soit. Il était déçu de la vie de son protégé, mais ce dernier semblait satisfait, et bien trop. Le chevalier ne vit pas le sourire railleur du pirate, et se contenta de boire à nouveau. L’homme avait bien trop de valeur et croyait beaucoup trop en la société de l’empire pour ne serait-ce que comprendre la vie que menait son ancien ami. Lui-même était bien trop loyal et respectueux des lois. Certains le trouvait traditionnaliste, mais ces derniers ne le connaissait pas assez pour être vraiment certains de ce qu’ils avançaient. Uthred était tout simplement loyal envers l’empire, son empereur et son pays, ce dont peu de personne pouvait encore se venter. Il était là, prêt à tout et pourtant, sa vie de chevalier ne lui avait pas apporté que du bonheur. Son épouse, elle aussi membre de l’ordre était morte, il avaient perdu un grand nombre de ses amis : son premier maître, mort alors qu’il n’était qu’un jeune écuyer, et d’autres frères et sœurs d’armes. La guerre, la mort, l’odeur du sang… Toutes ces choses créaient des liens indéfectibles avec les membres de son ordre.

Uthred n’avait pas, comme Mallory, ce besoin de liberté. Il se complaisait et s’épanouissait dans le devoir et s’il n’était pas toujours en accord avec ses supérieurs, n’avait aucun problème avec la hiérarchie. Surement était-ce une question de caractère ? Ou d’opportunités et de choix ? Peut-être que si son deuxième maître n’avait pas été là pour ramasser le Perlois à la petite cuillère, peut-être qu’il n’en serait pas là ? Peut-être que la folie l’aurait saisie lui aussi, le menant à travers une vie qu’il n’avait jamais été destiné à parcourir. De la chance, voilà ce qu’il avait eu. Et peut-être était-ce de cela qu’avait manqué Camille. Et si c’était vraiment le cas, n’était-ce pas de la faute d’Uthred ? Il n’avait pas été là pour lui lorsqu’il en avait eu besoin. Il avait fuis sa place de guide et d’ami. Il avait échoué dans la mission qu’il s’était donné depuis qu’il avait pris son tout premier écuyer.

Le regard du chevalier tomba sur le dos du pirate, marqué par les fois de cette ancienne vie qu’il avait eue. La tristesse et une once de pitié le gagna. Oh oui, c’était assurément de sa faute. Pourtant, son ancien compagnon d’arme invoqua Sveter et ses choix. Il fit une pause, et repris, justifiant sa nouvelle vie et ses nouvelles valeurs. Un rire s’échappa du Chevalier. Il ne se cachait pas ? Il rit de nouveau. S’était-il vu dans une glace ? Il continua, avant de demander à Uthred si lui aussi, le voyait comme un monstre. Le rouquin resta silencieux, le temps de boire une petite gorgée de rhum.

- Tu te dis las de te cacher derrière la bannière rouge de l’empire ou derrière la loi. Tu te dis las de te cacher derrière quoi que ce soit.

Dit le chevalier, d’un air tranquille avant de quitter le confortable fauteuil pour planter son regard vert dans celui de son ancien apprenti.

- Ce que je vois, moi, c’est que tu te cache derrière quelque chose de bien plus obscur encore que ces choses que tu abhorrent. Tu te caches derrières ton ombre, Mallory Graves.

En disant ces mots sérieux, Uthred s’était rapproché du concerné. Et si ce dernier se mettait en colère ? Et s’il lui mettait encore un poing ? Le chevalier ne craignait pas la douleur physique et il était dans une telle détresse émotionnelle qu’il ne voyait pas ce qui pouvait être pire.

- Alors non, je te vois pas comme un monstre.. Je ne sais pas, pour être honnête, ce que je dois penser.

Il baissa le regard, et soupira.

- Peut-être qu’un nouveau coup de poing règlera tout ça, souffla-t-il, avant de retourner s’asseoir sur le fauteuil, sans accorder un seul regard au piano qui trônait dans cette petite salle.

Et c’était peut-être l’une des choses qui prouvait au chevalier que son ancien apprentis n’était pas encore tout à fait partie.
Anonymous
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Mar 17 Sep 2019, 17:16
ft. Uthred.
A ghost can be a lot of things. A memory, a daydream, a secret. But, mostly, a ghost is a wish.

Un léger silence s'installa entre les deux hommes à la tirade du capitaine, laissant les crépitements des mèches des lanternes venir les bercer et ponctuer leur échange. Mallory n'entendit que les craquements du bois du Siren's Song qui travaillait après tant d'intempérie. Il n'entendit que le son d'aspiration que provoqua les lèvres d'Uthred alors qu'il sirotait son godet. « Tu te dis las de te cacher derrière la bannière rouge de l’empire ou derrière la loi. Tu te dis las de te cacher derrière quoi que ce soit. » C'était effectivement ce qu'il disait, le vieux chevalier possédait encore toute son ouïe. Devait-il le féliciter ? Graves décida de garder le silence. Le cuir du fauteuil craqua lorsque le poids d'Uthred le quitta. « Tu te dis las de te cacher derrière la bannière rouge de l’empire ou derrière la loi. Tu te dis las de te cacher derrière quoi que ce soit. Ce que je vois, moi, c’est que tu te cache derrière quelque chose de bien plus obscur encore que ces choses que tu abhorrent. Tu te caches derrières ton ombre, Mallory Graves. » Le chevalier se dressait maintenant non loin de lui alors que Mallory plissait les yeux. Il se cachait derrière son ombre ? Un sourire aux nuances malsaines et mauvaises se dessina sur le visage du pirate alors qu'il laissait le chevalier continuer. « Tu te dis las de te cacher derrière la bannière rouge de l’empire ou derrière la loi. Tu te dis las de te cacher derrière quoi que ce soit. Alors non, je te vois pas comme un monstre.. Je ne sais pas, pour être honnête, ce que je dois penser. Peut-être qu’un nouveau coup de poing réglera tout ça. » Le vieux avait baissé les yeux et était retourné s'asseoir derechef, sous le regard devenu interrogateur du capitaine. Ce fut au tour de Mallory de soupirer, tirant une nouvelle fois sur sa pipe.

«  Tu dis que je me cache derrière mon ombre ? Pourtant, elle ne serait pas assez importante pour faire disparaître tout mes crimes...  »

Le pirate laissa sa phrase monter en l'air comme montait la fumée de sa pipe. Doucement, avec une lenteur calculée et une grâce évanescente.

«  Nous avons tous un rôle à jouer en ce monde, tu n'es pas inconnu à ce principe, Uthred. Comment ces précieuses bonnes gens que tu aimes tant parlent de moi, parlent de nous, pirates ? Oh, j'ai déjà entendu les murmures des ports, j'ai déjà vu la terreur des nobles lorsqu'ils voient nos voiles noires. Brigands, raclures, exilés... Ils nous voient comme des fantômes, comme des monstres, comme des démons. »

Mallory fit quelques pas vers sa bibliothèque, la dépassant pour s'approcher du piano. Sous ses yeux fatigués, un adolescent avec une crinière blonde était assis sur le tabouret, ses doigts allant et venant sur les touches.

«  Ils nous diffament et nous traînent en disgrâce... Alors que la seule petite différence, c'est qu'ils volent, qu'ils tuent, sous couvert d'autorité, sous couvert de la loi. Et nous ? Nous pillons les riches et nous tuons ceux qui restent sous couvert de nos ombres si cela te fais plaisir. Il faut des monstres pour garder les moutons dans le troupeau, alors, j'ai embrassé mon rôle. Je suis mon ombre. Dis moi, Uthred, combien de fois as-tu usé de ton sabre en suivant simplement les ordres ? »

Le regard du capitaine était absorbé par son propre reflet qui jouait du piano, son alliance bien visible à son doigt. Son cœur se serra sans qu'il puisse y changer quelque chose. Et lentement... La silhouette se superposa à une autre. L'alliance disparue. Les cheveux raccourcirent. Le visage devint plus jeune. Un fils.

Le poing de Mallory se serra alors qu'il attrapait un des livres de sa bibliothèque, le jetant de toutes ses forces dans la petite silhouette qui ne semblait pas bien intéressé par le piano. Non. Cet enfant ne lui appartenait pas. Cet enfant n'était pas le sien. Cet enfant n'était que le souvenir d'un rêve d'un homme téméraire et insouciant. Cet enfant était le fils d'un chevalier, pas d'un pirate.

Et pourtant... Cette vision lui avait fait l'effet d'un coup de fouet en plein cœur. Mallory se retourna d'un bloc vers Uthred, prenant appui contre son piano pour calmer sa stupeur. Il fixa le chevalier, totalement silencieux pendant de longs instants, hésitant. La conversation ne se prêtait en rien aux questions qui montaient le long de sa trachée.

«  … Comment il s'appelle ? »

La raison aurait voulu qu'il fuit ses fantômes... Mais Camille Améha n'avait jamais été un homme de raison.
Anonymous
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Ven 20 Sep 2019, 15:51
Si Uthred n’avait pas encore pris sa retraite, c’était tout simplement car il était loin d’être prêt à ce qu’il l’attendait de l’autre côté. Il le voyait avec son ami, Eredin, les journées de ce dernier étaient bien différentes que ce qu’il faisait actuellement, il était fiché au milieu de la politique. Mais son ami maniait les mots d’une bien meilleure manière que le rouquin, et si ce dernier était tout de même capable de se faire comprendre, il n’était pas un aussi bon orateur, encore mois dans des circonstances étranges, comme celle dans laquelle il était. Face à Mallory, face aux mots et à l’expression de son ancien écuyer, Uthred était quelque peu désarçonné. N’aurait-il pas été plus simple de le laisser au cachot jusqu’à ce que la rançon qu’attendais le capitaine lui soit donnée ? Le Chevalier se le demandait. Après tout, n’était-il pas simplement en train de discuter avec une ombre ? Une ombre de son ancien apprenti, de son ancien ami, déchirée par la douleur et aveuglée par la vengeance et la violence ? Oh, si l’homme en face de lui ressemblait, par quelques traits, à Camille, il ne restait plus rien du jeune homme qu’avait formé le Perlois.

Le moustachu resta silencieux, écoutant les paroles du pirate avec attention et grande peine. Il attrapa son verre de son rhum, y trempa ses lèvres avant d’en avaler une longue gorgée. La force brute de l’alcool lui tira une nouvelle grimace. Il ne prit même pas la peine de se retourner afin d’observer Mallory, mais préféra de loin se concentrer sur lui-même, et cette étrange cabine dans laquelle il se trouvait. S’il n’avait pas le pouvoir temporel de son ancien écuyer, Uthred était tout de même apte à ramener à lui des souvenirs si longtemps mis de côté. Ses menaces bienveillantes à l’égard du blondinet, jeune, à l’époque, pour qu’il range ses affaires avec minutie. Ses cours de piano, ou Uthred ne l’avait jamais vu aussi calme et patient. Leurs entrainements, à l’épée, ou chacun s’évertuaient, avec plus ou moins de règle, à gagner face à l’autre. Et puis il y avait les moments dans les auberges, les discussions autour d’un verre. Tous ses souvenirs lui revenaient en même temps que les mots de l’ancien chevalier se faisait entendre.

Uthred poussa un long soupir lorsqu’il entendit le livre que Mallory avait jeté. Le vieux chevalier savait ce qui se passait, il connaissait les pouvoirs du capitaine du Siren’s Songs, et il était capable de déduire la vision qu’il avait eu grâce à cet excès de rage, et à cette question que l’homme lui posa. … Comment il s'appelle ?. Le rouquin soupira, et repris une gorgée de cet alcool qu’il n’aimait pas.

- Et cela te surprend ? demanda le chevalier, ignorant la question du capitaine. Vous tuez, pillez, sans âme et sans cœur. Vous bafouez l’autorité, réclamez la liberté. Mais la liberté vous donne-t-elle le droit de vous comporter comme vous le faîte ?

Uthred se redressa un instant, sans prêter attention au regard insistant de Mallory.

- L’ordre est indispensable et permet de tenir le chaos à bonne distance. Ce chaos que tu te complais à répandre. Oui, j’ai tué pour l’empire, peut-être plus d’innocents que de coupables. Est-ce que je le regrette ? Non. Il fallait le faire.

L’homme prit une nouvelle gorgée de son verre, et repris, d’un calme exemplaire.

- Et donc, quel est le coupable ou l’innocent ? Le loup ou la brebis ? L’imagination humain n’a pas de limite, certains moutons se pensent loups, certains loups se pensent moutons. Dis-moi, Mallory, est-ce que tu tues les riches parce qu’ils le sont ? Est-ce que manier le sabre de soi-même, sans ordre ni autorité, t’épargne la culpabilité du geste ? Est-ce que se prendre pour le grand méchant loup, pour ce monstre que tu cite tellement te donne une plus grande légitimité ?

Uthred se tourna alors doucement vers son ancien apprenti, et planta son regard dans le sien. Il observa un instant son visage, les plis sur sont front, la fatigue dans son regard, ses pupilles dilatées.

- Tu t’es révolté contre l’injustice d’un ordre, mais combien d’âmes pourraient témoigner de la cruauté d’avoir été tuées par ton épée, sans raison ? Toute cette hypocrisie me donne le mal de mer… Souffla-t-il finalement, avant de reporter un intérêt tout relatif à son verre.

Quant à la question de son ancien apprenti, Uthred n’avait pas envie d’y répondre. Parler d’Ashkan à son père lui donnait l’impression de faire entrer le pirate dans la vie de son filleul et de cela, le chevalier n’en voulait pas.
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Parandar
Sam 17 Oct 2020, 07:46


Rappel


Bonjour !

Le sujet est-il toujours d'actualité ? Sans réponse, il sera déplacé le 31 octobre dans les Archives.

Cordialement,

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Parandar
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