Victor - Invictus. [Terminée]

Un aigle flottait doucement sur les vents d'Enkidiev. Économisant ses forces, il savourait l'air froid de l'atmosphère, tout en examinant le sol de ses yeux perçant. Il flottait au dessus de la frontière de Perle et Turquoise , sûr de trouver un ou deux petits lapins pour organiser son dîner. Un reflet du soleil sur le métal attira son œil. Il descendit en spirale, à la méthode des rapaces, pour identifier cette anomalie. Il descendit, au milieu des monts et vallées qui composaient la zone contestée de la frontière des Hommes, observant une forteresse décrépite se posant fièrement sur une colline. En face de la colline, une petite armée d'hommes, tous d'acier vêtus, attendaient, criant en anticipation du combat. Curieux, l'aigle se posa sur une tour de la forteresse abandonné.

Un drapeau de Turquoise flottait fièrement sur la tour qui était à deux doigts de tomber.

Victor leva les yeux au ciel. Il observa son drapeau, le magnifique drapeau de sa contrée flotter au vent. Soudainement, un aigle s'envola pour aller se déplacer vers la gauche. Bien. C'était un bon présage. Il allait survivre à ce jour. Il caressa le bout de son épée, regardant ses soldats organiser les derniers préparatifs. Au loin, les chiens de Perle se tenaient prêt à les achever. Du moins, c'était ce qu'il pensait.

Si il y avait bien quelque chose qu'il pouvait leur accorder, c'était qu'ils étaient assez rapide pour pouvoir le surprendre. Il n'avait pas prévu une unité de cette taille, surtout pas ici. Ses hommes, bien qu'expérimentés, étaient bien trop peu nombreux pour tenter de repousser les envahisseurs. Alors, dans un dernier recours, et voyant qu'il n'aurait pas la place pour s'enfuir, il décida de se retrancher dans cette vieille forteresse qui menaçait de s'écrouler.

Par Parandar. La situation était compromettante. Il n'avait qu'un avantage pour lui : L'ennemi ne connaissait pas le terrain. Il avait utilisé son pouvoir d'Illusion pour dresser des murs dans les chemins secondaires, afin de ne laisser qu'un choix à ses ennemis d'entrer. Il avait dressé une petite barricade en pavé et en bois pourri pour tenter d'ajouter à ses défense. Une pause s'était entendue dans les choeurs ennemis. Cela ne voulait dire qu'une chose. Ils avaient commencé à avancer.

Télépathiquement, il ordonna à ses soldats de se mettre en position. Deux grands carrés d'infanterie se tinrent derrière la barricade, tandis qu'un triangle de cavalerie se tenait, immobile, sur le côté. Derrière, deux unités de quatres lignes d'archer encochaient des flèches pour faire pleuvoir la mort sur les autres.

Victor se mit en une position avantageuse, et dit à ses soldats.

« L'ennemi se trouve à nos portes. Il pense qu'il a la force nécessaire pour nous repousser de nos terres. Il salive déjà, et peut déjà sentir la douce victoire sur ses lèvres. »

Il serra son poing, et communiqua télépathiquement son courage à ses soldats.

« Mais ce qu'il échoue de voir, c'est que nous allons faire en sorte que ce soit son dernier repas. En tant que soldats de Topaze, nous avons tous juré de protéger notre belle terre. Allons nous battre en retraite, laissant notre devoir de côté ? Allons nous laisser une sombre tâche salir notre glorieux drapeau ? »

Il entendit un de ses soldats murmurer « Non... »

« Je dis que nous n'allons pas nous laisser faire. Je dis que nos ennemis vont regretter ce jour où ils ont pensé nous faire battre en retraite !  Alors que nous sommes si terriblement en sous nombre, chacun d'entre vous se doit d'être une armée en son propre droit ! »

Les soldats de Perle étaient en train de gravir la pente à grande enjambées, le métal de leur armure rugissant dans un cliquetis effroyable.

« Je suis un Chevalier de Jade, je me tiens avec vous en ce combat ! Laissez ma valeur et ma détermination guider votre acier jusqu'au cœur de l'ennemi. Chacun d'entre vous doit tomber avant de laisser cette forteresse aux mains de l'ennemi. »

Des cris de détermination pouvaient se faire entendre de la part des soldats de Turquoise. Ils mourront debout. Mais Victor n'avait pas fini.

« Parandar est avec nous ! Sveter tisse notre destin ! »

Poussé par son élan, il cria de sa voix forte, tout en soutenant d'un appui télépathique sa voix !

« ILS VIENNENT POUR NOTRE SANG, MAIS ILS SE NOIERONT DANS LE LEUR ! »

La première vague des soldats de Perle s'écrasa contre la ligne disciplinée des soldats de Victor. Ce qui était ordre devint chaos, comme à son habitude. Les flèches pleuvaient, le bruit de l'acier contre l'acier emplissaient l'espace de leur connotation macabre, tandis que Victor relâchait les illusions qui avait poussé les Perlois dans un seul chemin. Il dégaîna son épée, une magnifique épée à deux mains qu'il avait gardé depuis son entraînement en chevalier de Jade.

Il resta là, à donner des ordres à ses troupes. Il fallait colmater une brèche là, pousser à l'assaut ici... Mais, petit à petit, il devint évident que les troupes de Victor allaient perdre le combat. Il fit un signe à la cavalerie, qui démonta pour se jeter dans le combat quand l'Infanterie menaça de s'écrouler. Les archers, à cours de flèches, se jetèrent dans la mêlée aussi. Victor serrait les dents, mais il se tint à l'écart du combat. Il fit un signe pour ordonner à ses dernières réserve de s'engager et...

Une tornade de pierre brisée engouffra le champ de bataille. Le commandant ennemi ne jugeait pas la capture assez rapide, et craignant des renforts, avait décidé de construire des catapultes à la hâte afin de se débarrasser des Turquoisiens restant. Parandar ait pitié de leur âmes...

Car Victor ne contrôlait plus rien. Il leva son épée vers le ciel, et décida de mettre toutes les chances de son côté. De par sa volonté, une aura lumineuse apparut autour des épées des survivants, tandis que l'armure du commandant brillait d'un éclat protecteur. Il fendit l'air, les os et la chair sans discrimination. Son bras d'épée, sous tension, commençait à fatiguer. Malgré son intervention, ils perdaient toujours du terrain. C'était extrêmement frustrant, de tout donner pour ne rien gagner. Le soldat en face de lui paraît ses coups, et profitait de son état de fatigue pour manœuvrer son épée sous la défense de Victor. Comme si le temps se dilatait, il vit la pointe de l'épée s'approcher doucement du point faible dans son armure. C'était la fin. Il ne ferma pas les yeux, affronter la mort avec un sourire.

La tour branlante de la forteresse s'écrasa au sol dans un fracas épouvantable. Partout, des bouts de roches furent éjectés à des vitesses folles, perçant à travers le métal. Écarquillant les yeux, Victor ne bougeait pas au milieu du carnage. Car, de ses sens amélioré, il pouvait sentir quelque chose d'épouvantable. La structure même de la forteresse était fragilisé, et elle commençait à glisser de l'autre côté de la colline. Parandar. Il n'avait rien à faire. Il vérifia que son casque était bien serré, et étendit sa protection magique à certain de ses soldats.

La Forteresse dévala la pente dans un fracas de pierre brisé, et de cris d'hommes. La gravité prit sa dîme, et plaqua Victor contre un mur. Fermant les yeux, il murmura quelques prières de bonne fortune pour sa survie. Jusqu'à ce que la conscience le quitte.

Quand il se réveilla, il n'était entouré que de désolation et de mort. Mais doucement, d'autre hommes émergèrent. Les couleurs de Turquoise brillants sur leur torse fiers. Ils avaient gagné, si l'on pouvait appeler ça une victoire. Doucement, Victor murmura, à lui et aux esprits de ses camarades.

« Que chacun porte ce credo à ses lèvres. La Forteresse s'est brisé avant que la Garde ne le fasse. »