Kerian Mak'Habre - TERMINEE

Une humaine qui s’appelait Salem. Salem était une noble et par conséquent, elle ne pouvait pas vivre l’amour comme elle l’entendait. Pourtant, elle décida de quitter sa famille pour suivre l’elfe qui faisait battre son coeur comme personne ; Argawaen. Si tout n’était pas rose dans cette relation – bien au contraire – quelque chose de merveilleux en découla en 1568 ; Kerian. L’humaine l’aimait plus que tout, mais ce n’était pas vraiment le cas de l’elfe. En effet, le paternel trouvait le petit garçon peu digne d’intérêt ; il ne parlait même pas ! Grandissant dans un environnement de plus en plus toxique, que cela soit pour Salem ou pour son fils, l’humaine prit une lourde décision ; quitter Rubis et son bien aimé, celui qui l’avait accueillie pour mieux la détruire. C’est alors que leur nouvelle vie commença.



Kerian a très peu de souvenirs de sa vie d’avant ; pour lui, il a toujours vécu avec les Mak’habre. A partir de ses 5 ans, ses journées étaient ponctuées de séances de lectures, de repas copieux et d’entraînement avec sa mère. En effet, Salem avait appris à son fils à tirer à l’arc, à se servir d’une lance ou encore à lancer des couteaux. « C’est pour que tu puisses mieux te défendre » lui avait-elle expliqué. Il aimait particulièrement ces instants, pour plusieurs raisons ; la première, c’est qu’il adorait apprendre, et se mettre à l’épreuve. Pouvoir se dépasser et évoluer chaque jour était un défi constant qu’il aimait relever. La seconde, c’est qu’il partageait ces moments avec sa mère et rien ne pourrait lui faire plus plaisir.

Un jour, en plein milieu d’une de ces séances, il lui demanda : « Maman, pourquoi mes oreilles elles sont pas comme les tiennes ? » La question avait surprise l’humaine, tant le petit parlait peu. Et surtout, pourquoi ne poser la question que maintenant ? Ne l’avait-il jamais remarqué ? En tout cas, elle lui répondit simplement que son père était un elfe et que surtout, il ne devait pas avoir honte de ses oreilles. Kerian haussa les épaules, il n’avait pas honte d’être à demi-elfe, et si sa mère craignait une certaine discrimination, la raison primaire de cette dernière était surtout due à son mutisme. Le petit garçon demanda alors qui était son papa, et pourquoi il n’était pas là. Même s’il s’était habitué à son absence, il était curieux. Son géniteur ne lui manquait pas, c’était même plutôt… Le contraire. Un profond sentiment de malaise s’éprenait de lui lorsqu’il y pensait, comme si… Comme si son père ne l’avait jamais vraiment aimé. C’est d’ailleurs à cause de ce sentiment qu’il n’avait jamais posé la question encore. Une nouvelle fois, Salem fut surprise mais répondit à la question de son fils ; en gros, c’était un elfe originaire de Rubis qui utilisait sa magie pour contrôler les gens.

Peut être que c’était pour cette raison que sa mère parlait tout le temps de la magie comme si c’était un monstre à abattre. Mais le petit roux ne comprenait pas ; Tata Providence n’était-elle pas magique ? Pourtant, ce n’était pas une mauvaise personne. Ne voulant cependant pas contrarier sa mère, le petit se contentait de hocher la tête lorsque sa mère tenait un tel discours.



Si quand il était bien plus jeune, il ne sortait qu’avec sa mère pour faire les courses, les choses étaient différentes maintenant. Dès qu’il en avait l’occasion, il échappait à la vigilance de ses nurses pour pouvoir sortir. Il aimait plus que tout se rendre dans la forêt environnante, où nombre de fleurs et d’animaux se trouvaient. De par sa nature elfique, cet endroit était pour lui un havre de paix, où il aimait se rendre, qu’il soit heureux, triste, en colère… peu importait ses émotions, la paix revenait toujours à lui lorsque la canopée des arbres le protégeait.

Lors d’une de ces escapades, il entendit des cris, curieux mais aussi soucieux de vouloir aider les personnes qui semblaient être en danger, Kerian n’hésita pas un instant et se rendit en moins de temps qu’il ne faut pour le dire sur le lieu de l’incident. Une famille se tenait là, tremblante face à cet énorme sanglier. Bien qu'il soit seul, son imposante carrure suffisait à le rendre menaçant. Les sangliers n'étaient pas forcément agressifs, s'ils n'étaient pas blessés ou si l'on avait rien fait pour les contrarier. Le jeune roux serrait dans son poing un couteau – sa mère lui avait appris à toujours en avoir un sur lui, au cas où – et observa la bête. Il ne voulait surtout pas la blesser. En observant un peu plus, il comprit que la bête était blessée. Lentement mais sûrement, Kerian se plaça entre elle et la famille toujours tétanisée, n’osant courir par peur de se faire rattraper.

- Ne reste pas là, petit, tu vas te faire piétiner !

Etrangement, Kerian savait ce qu’il avait à faire. C’était aussi évident que cela était pour le commun des mortels de respirer. Il ferma les yeux, et essaya de faire passer un message spirituel au sanglier. Au début, il souffla du groin, commençant à gratter le sol de ses sabots. Malgré la peur de finir chargé, Kerian maintenait sa concentration et bientôt le sanglier tomba au sol, sa blessure sur le flan le faisant trop souffrir. Entendant les soupirs de soulagement de la famille, le demi elfe rouvrit les yeux. Il fut remercié et bientôt les « victimes » reprirent leur affaires et partirent sans demander leur reste. Kerian resta encore, cependant. Observant le sanglier qui n'avait toujours pas bougé. Curieux, il s’approcha lentement, lui faisant comprendre qu’il était son ami. Ce que le petit garçon ignorait, c’est qu’il avait en réalité « dressé » la bestiole, imposant son pouvoir à sa volonté. Il fut prit de vertige et son pouvoir s’estompa. Le demi-elfe prit cependant le temps d'observer la blessure de l'animal qui, malgré le contact magique rompu, ne bougeait pas. Peut-être avait-il compris que le garçon ne lui voulait pas de mal. La chance devait grandement lui sourire ce jour-là, car il trouva exactement les plantes qu'il lui fallait pour apaiser la douleur de la bête. Il confectionna un mortier à partir de morceaux de bois et prépara un onguent qu'il appliqua sur l'animal.

- Tu n'as plus qu'à faire un gros dodo et tout ira bien !


Le jeune roux se mit assit, essayant de comprendre pourquoi sa tête lui tournait. Et comment tout cela s’était passé. Et il comprit. Il comprit qu’il avait usé de magie. Un mélange de fierté et de tristesse l’envahit soudainement. Qu’allait penser sa mère de lui ? Allait-elle le renier ? Pas si elle ignorait… et qu’il ne disait rien. Alors, Kerian se fit la promesse de ne rien dire, pour ne pas blesser sa mère. Il n’aimait pas mentir, mais il préférait cela au fait du regard déçu qu’elle pourrait lui lancer.


Il rentra quelque peu en retard, ne manquant pas d’inquiéter et les nurses qui risqueraient de perdre leur emploi, et sa mère qui ne supporterait pas que quoi que ce soit lui arrive. Il fut sévèrement réprimandé. De plus, la famille qu’il avait sauvé précédemment semblait penser que le petit était magique. Heureusement, Salem avait simplement rappelé ses origines elfiques, justifiant par la même le lien fort que les elfes pouvaient avoir avec la faune et la flore sans pour autant être magique.

Les jours passèrent et pourtant, garder sa capacité magique secrète devenait déjà une tâche des plus ardues. Alors qu’il se trouvait dans son bain, il se mit à paniquer ; et si les explications de sa mère ne suffisaient pas et que tout le monde se mettait à croire qu’il était magique ? Imaginant les conséquences, sa panique ne fut que plus grande, causant l’eau du bain à purement et simplement.. Se geler. Il voulut crier à l’aide mais se dit que c’était bien la dernière chose à faire. Malgré le froid qui lui mordait la peau, il essaya de reprendre son calme, inspirant profondément, repensant à l’était de l’eau tel qu’il était avant son accès de panique. Mais rien ne changeait. Alors, il essaya de trouver la source de magie en lui. Il ferma les yeux et imagina une source de lumière dans son ventre, l’origine de la magie, puis se concentra pour l’éteindre. Peu à peu, l’eau dégela et il put sortir. S’enroulant dans les serviettes pour cacher sa peau blanche rougie par le froid, il se dit qu’il devrait peut être en parler à quelqu’un. Quelqu’un de confiance. Et ce quelqu’un était déjà tout trouvé ; Tati Providence, qu’il savait magique, pourrait certainement l’aider.

Alors, il alla voir l’hybride. Sa couleur de peau ne l’avait d’ailleurs jamais dérangé, il aimait bien Tati Provi. Il alla la voir dans sa chambre et elle le laissa entrer. Kerian ferma la porte et se colla à celle-ci, les larmes aux yeux. Bientôt, il pleura à chaudes larmes et essaya de parler entre deux hoquets, chose qui pour l’hybride était bien entendu, incompréhensible. Elle le consola avant de lui demander ce qu’il lui arrivait. Il lui raconta tout. Les gros chats, l’eau du bain. Tout. Il lui confia qu’il avait peur de décevoir sa mère et que par conséquent il ne pouvait rien lui dire, mais qu’il avait une confiance aveugle envers sa tatie. Elle ébouriffa lentement ses cheveux, lui disant qu’elle serait là pour, et que tout irait bien, avant de lui proposer d’aller dans les cuisines pour chiper quelques biscuits et un verre de lait.