Montrer patte blanche - Pv: Aurore

Emmitouflé dans sa cape, Ulfric se blottissait contre la fourrure animale qui la recouvrait. L’hiver était rude en cette année et le voyage était loin d’être agréable. Sur le dos de son cheval, il était frigorifié et avançait avec peine. Par chance, la capitale de Fées n’était plus très loin à présent. Derrière lui se trouvaient un charriot recouvert d’une toile. Plusieurs jeunes fées s’y trouvaient avec des couvertures pour lutter contre le froid mordant. Le général de Diamant était furieux de devoir voyager avec un temps pareil. Foutus esclavagistes de malheur, pensa-t-il. En compagnie de sa troupe de trente cavaliers, il trainait derrière lui une dizaine de criminels enchainés. L’un d’eux était mort d’hypothermie et avait été enterré hâtivement. Tout ceci était leur faute et Ulfric ne témoignait d’aucune pitié à leur égard.


Voilà maintenant un mois de cela, ces hommes avaient semble-t-il eut la bonne idée de se rendre à la frontière de la colonie impériale de Fées pour y enlever plusieurs créatures ailées. Ulfric avait rapidement eut vent de l’affaire et dépêché des hommes pour régler le problème. Après quelques temps, la traque se conclut avec succès et les soldats diamantois maîtrisèrent les criminels. Les fées enlevées étaient heureusement intact, malgré quelques blessures. Elles avaient de la valeur et ces hommes souhaitaient les revendre à l’étranger. Un tel comportement était inacceptable. Ulfric avait d’abord souhaité les punir en leur infligeant une sanction exceptionnelle. Cependant, le roi avait entendu parler de l’affaire et en avait décidé autrement. Il avait peur que l’incident ne prenne de l’ampleur une fois arrivé aux oreilles de l’Empereur.


Résultat des courses, Ulfric voyageait dans l’hivers en direction du palais invisible de Fées pour rencontrer la gouverneure Aurore. Il allait lui remettre les fées enlevées, les prisonniers pour qu’ils soient jugés ainsi que quelques richesses en signe de bonne volonté. Le prince avait quelque peu l’impression de voir son frère courber facilement l’échine. D’un autre côté, il avait raison de vouloir garder de bonnes relations avec l’Empire. Avant que la troupe diamantoise n’arrive à destination, elle fut accueillie par une cinquantaine de guerriers en armure rouge. Ils étaient menés par une femme d’âge mûr avec le visage balafré et de longs cheveux blonds tressés. Elle dégageait à la fois de la force et une aura imposante.


« Général Ulfric je présume.


- Lui même. Générale Constance ?


- C’est bien moi. Veuillez me suivre, je vais vous amener jusqu’au palais. » dit-elle simplement en faisant tourner son cheval sur lui même.


Les tanieth présent semblaient tous expérimentés et prêt à en découdre. Malgré les relations cordiales entre l’Alliance et l’Empire, une certaine pression restait présente. La joyeuse compagnie ne tarda pas à rejoindre le centre de la capitale. L’endroit, tout comme le pays, était terriblement surprenant. La végétation ne ressemblait à rien de ce que le général connaissait chez lui. C’était comme s’il se trouvait dans un autre monde. Le convoi s’arrêta finalement quand la gouverneure fut en vue. Ulfric descendit de cheval et avança. Il s’inclina avec respect face à elle. En se redressant, il constata que Constance effectuait un arc de cercle pour se placer non loin derrière la fée.


« Mes respects, gouverneure Aurore. Je suis enchanté de faire votre connaissance. Même si j’aurai préféré que cette rencontre ne se fasse pour de meilleures raisons. »


La femme face à lui semblait terriblement triste. Il n’avait eu vent que des rumeurs concernant la situation de Fées. Il y a quelques années encore, Aurore était reine et aujourd’hui elle n’était plus que la vassale de l’Empereur. Cette situation devait la ronger. Cela lui semblait logique après tout. Du coin de l’oeil, Ulfric voyait que Constance le dévisageait, du moins quand elle ne regardait pas la fée avec un mépris non dissimulé. La situation ici était vraiment tendue et cela ne plaisait guère au général de Diamant. 
  

Malgré la politesse dont faisait preuve la gouverneur de Fées, Ulfric sentait chez elle un mépris palpable. Il semblait ne lui inspirer rien d’autre que du dégoût. Qu’importe, il n’était pas là pour se faire de nouveaux amis et la femme ne semblait de toute façon pas être quelqu’un de très agréable. Son long nez témoignait à sa place de toute la pourriture qui devait se trouver en elle. Cependant, le prince de Diamant restait droit comme un «i», tel le bon militaire qu’il était. Tandis que des volutes de buée s’échappaient de sa bouche à cause du froid mordant, il observa la politicienne s’adresser aux fées rescapées dans un dialecte qu'il ne comprenait pas. Cela devait à n’en pas douter s’agir de la langue de cette race, mais comme si peu de leurs congénères vivaient sur les terres de Diamant, il n’y était pas coutumier.


Du regard, Ulfric suivit Aurore avant de porter de nouveau son attention vers la générale impériale. Elle n’avait décidément pas l’air commode et ses hommes dégageaient une force tranquille teinté d’une confiance arrogante. Ils n’étaient certainement pas de vulgaires soldats et de ce qu’il savait, le général borgne se demandait si la fée n’était pas captive de son propre palais. D’un autre côté, tout cela ne l’importait pas vraiment. S’il devait s’adresser à Constance après avoir découvert qu’elle était réellement à la tête de la colonie, cela ne lui ferait ni chaud ni froid. Pendant qu’Aurore s'enquérait de l’état de ses sujettes, le prince croisa les bras dans le bas de son dos jusqu’à ce qu’elle ne s’adresse à lui.


« Je n’étais pas présent, gouverneure, répondit-il avec un sarcasme à peine dissimulé. Comme vous pouvez donc vous en douter, je n’en ai pas la moindre idée. Nos guérisseurs m’ont cependant affirmé qu’aucune d’entre elles n’avaient à craindre pour sa vie. »


À peine avait-il terminé de parler que le général fit fit signe à l’un de ses soldats. L’homme armé d’une lance, ouvrit la cage des prisonniers et en fit sortir un homme trapu vêtu de vêtement en lambeaux et dont la barbe non entretenue était parsemée de poils gris. Il fut jeté aux pieds d’Ulfric. Le borgne se pencha alors et lui attraper une poignée de cheveux avant de le tirer vers Aurore. Il le jeta face à elle avant de lui écraser le visage dans le sol de son pied droit. Le bruit de son nez se fracturant contre la terre gelée lui arracha un sourire de plaisir. Bien entendu, tout cela était feint et il n’en tirait aucune fierté.


« Ce misérable manant était à la tête des ravisseurs. Je pense qu’il saura répondre à vos questions. »


Le sort des prisonniers n’était pas enviable. Ulfric ignorait si ce qu’on disait sur la gouverneure était vrai ou non. Mais si elle avait effectivement les humains en horreur, alors ils auraient tut le temps de regretter leurs actes. Enlever et tenter de vendre des fées devait très certainement être un crime des plus vils à ses yeux. Si ces criminels devaient servir de sacrifice pour que la paix demeure, il en serait ainsi et le général ne cherchait pas à s’y opposer une seconde.  
  

Le prince de Diamant regarda d’un oeil circonspect la gouverneur s’adonner en personne à l'interrogatoire du criminel. Tout cela n’était pas très digne de sa part. Avait-elle réellement été reine de Fées quelques années plus tôt ? En la voyant agir ainsi, cela semblait difficile à croire. Maintenant qu’il y pensait, cette fée était la plus véhémente qu’il lui ait jamais été donné de voir. Bras croisés, il la regarda faire, finalement assez indifférent. Si cela n’avait été que de son sort, ces hommes auraient été mis rapidement à mort. Leur torture n’avait aucun sens, c’était leur donner plus de crédit qu’il n’en méritaient. Une mort rapide et une tombe creusée hâtivement pour dernière demeure, rien de plus. Qu’importe, il n’était là que pour satisfaire la volonté de son frère de roi. Il n’avait ni à prendre parti ni à questionner la suite des évènements.


« L’... L’argent ! On voulait du fric c’tout... J’ai une femme pis d’gosses. C’tait pour eux j’le jure ! » tenta le meneur assez vainement d’amadouer la gouverneure.


Cette tentative était vouée à l’échec. Tout le monde ici présent le savait pertinemment. Pourtant, alors qu’il s’attendait à ce que les choses s’éternisent un long moment, Ulfric vit qu’il y avait du mouvement du côté des soldats impériaux. Troublé, il haussa un sourcil avant de comprendre ce qui était en train de se passer. La générale Constance s’était mise en route. Épée en main, elle se rendit auprès du criminel et lui planta la lame en plein coeur. L’homme sursauta et écarquilla les yeux de douleur. Son supplice ne dura pas bien longtemps. D’un geste vif du menton, elle ordonna à ses hommes de faire de même avec les autres prisonniers. Quelques minutes plus tard, leur sang coulait à flot. Le général diamantois soupira. Constance lui jeta un regard noir avant de nettoyer puis ranger son arme.


« Tâchez de vous montrer un peu plus digne, gouverneure, ce n’est pas à vous de vous charger des criminels. »


Sur ce point, le prince avait bien du mal à contredire la générale tanieth. Malgré tout, il se refusait à choisir un camp. la guerre froide qui régnait ici le dépassait et il n’en avait de toute façon pas grand chose à faire. Avançant de quelques pas, il se mit aux côtés d’Aurore.


« Gouverneure, Sa Majesté le roi Orion vous présente ses excuses officielles pour le comportement de nos ressortissants. Nous espérons que le retour de vos sujets ainsi que ces quelques présents sauront nous faire pardonner. »


Toutes ces inepties laissaient Ulfric de marbre. Il ne connaissait pas l'empereur personnellement mais il lui semblait difficilement imaginable de le voir prendre des mesures contre Diamant pour quelques fées enlevés. Orion était sage mais peut-être un peu trop prudent à son goût.