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| | Entre quatre yeux - Pv: Uthred |
| | InvitéVen 27 Mar 2020, 10:48
1580 - mois 1∆ Feat. Uthred ∆ Assis seul derrière la grande table de sa salle à manger personnelle, l’Empereur était silencieux. Un jeune servant vint remplir sa coupe de vin car il venait de la finir. Cybard ne lui accorda qu’un bref regard, sans témoigner la moindre attention ni politesse aucune. Quelques rares domestiques étaient présent, veillant aux bons soins de leur dirigeant. Dans sa main, il tournait sa fourchette sur elle même, jouant bien malgré lui avec un morceau de viande. Depuis quelques, la nouriture semblait perdre de sa saveur. Les grands spiritueux n’étaient pas épargnés non plus. S’agissait-il des séquelles dues à l’âge ou la raison était-elle autre ? L’homme aurait bien été incapable de le dire. Sentant que son corps était repu sans qu’il n’en éprouve cependant la moindre satisfaction, il sortit de table.
Déambulant dans les couloirs en compagnie de son escorte habituelle, il remarqua que le soleil était caché par d’épais nuages gris. En plus du froid qui régnait, le climat semblait se coller à merveille sur l’humeur du souverain. En compagnie de quelques seigneurs, émissaires divers et spécialistes en tous genres, l’Empereur participa à un conseil ayant pour sujet la récente colonie de Saphir. Lentement mais sûrement, des citoyens de tout l’empire s’y rendaient. La politique de colonisation mise en place par Cybard portait doucement ses fruits. Ce n’était pas pour lui déplaire. Malgré tout, il ne pouvait se sortir de la tête qu’il avait échoué. Ses forces n’avaient été en mesure que de priver la Confrérie d’une partie du royaume de Turquoise. En tant que dirigeant, il s’estimait responsable, quand bien même avait-il été en mesure d’emporter la victoire sur le front où il avait combattu.
Quelques heures passèrent avant que le dirigeant ne s’isole dans son bureau pour répondre aux missives lui étant adressées. Son chambellan lui rappela qu’il avait un rendez vous prévu d’ici peu de temps. En effet, le chevalier Uthred avait demandé audience auprès du grand Empereur. Cybard était abasourdi par son culot. Quelques jours plus tôt, il l’avait humilié en public et voilà qu’il venait s’entretenir avec lui en privé. Quand il était jeune et chevalier, il avait combattu à ses côtés. Toute sa vie, il avait eu pour son ainé énormément de respect et d’estime. C’était la raison qui l’avait poussée à lui confier les rennes du front chargé de réduire à néant les renforts jadois. Quelle immense erreur. De tous, Uthred était celui qui l’avait le plus déçu. Le vieux perlois avait rappelé Cybard qu’il ne pouvait pas se permettre le luxe d’accorder sa confiance à qui que ce soit.
Agacé par le simple fait de devoir lui parler, l’Empereur avait quitté son bureau pour un salon privé où il aimait recevoir ses visiteurs. Pour l'occasion, nul effort n’avait été fait. La décoration était austère et aucune boisson ne serait proposée au chevalier. En partie étendu sur un large fauteuil, Cybard attendit que son sujet ne vienne à lui. Un verre de vin à la main, il entendit frapper à la porte. Quelques instants plus tard, Gildric passa faisait signe au chevalier d’entrer. Sans se lever, l’empereur fit signe à son soldat de venir se placer face à lui, sans toutefois lui permettre de s’assoir.
« Je n’ai pas beaucoup de temps à t’accorder, ni la moindre envie de t’en libérer, Uthred. Parle et vite. »
La patience n’avait jamais été la plus grande qualité de l’ancien général. Son manque de tact était connu de tous et alors que sa lassitude grandissait et que l’effet de l’alcool faisait son effet, il n’avait aucune envie de faire le moindre effort. S’il semblait calme, il bouillonnait de rage et l’homme qui lui faisait face marchait actuellement sur des charbons ardents. La moindre erreur pourrait lui coûter cher.
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| | | | InvitéDim 12 Avr 2020, 05:22 Uthred était resté bien trop longtemps dans les bains communs des chevalier d’Irianeth. Deux heures voire plus. Son sommeil l’avait quitté bien avant le lever du soleil, et le Perlois, savant ce qui l’attendait pour cette journée, s’était occupé autant qu’il en était capable. Il s’était d’abord entrainé, seul, dans la cour des écuries, rassuré et apaisé par la présence de chevaux impériaux. L’homme avait sué comme rarement depuis un certain temps. Ses aventures à la guerre et ses blessures avaient ralentis son rythme d’entrainement. Ce qui ne l’empêchait pas d’être d’une efficacité terrifiante, mais il préférait toutefois modéré ses ardeurs et composer avec ce corps vieillissant qui ne le laissait plus aussi libre qu’auparavant. Et par la suite, il s’était plongé dans l’eau chaude et parfumé des bains. Le calme et la sérénité des lieux ne fut troublé par personne, et il en profita donc grandement. Si longtemps, que la peau du bout de ses doigts avait fripée, et surement que le processus était visible ailleurs. Mais le rouquin ne s’en formalisa pas. Perdu dans ses pensées, les yeux fermés, il avait passé ces deux longues à réfléchir. Penser aux mots qu’il allait utiliser, considérer telle ou telle phrase. Uthred ne prenait d’ordinaire pas si longtemps à réfléchir à ce qui allait se passer, il était bien trop vieux pour cela. Cette-fois-ci, cependant, il avait l’impression d’aller tête la première dans un piège, un guet-apens qu’il avait organisé lui-même. Car il était bien à l’origine de ce rendez-vous, cette audience avec l’empereur. Ce dernier, après son discours à l’attribution quelques jours plus tôt avait bousculer le doyen des chevaliers, pour qui les mois suivant la guerre à Turquoise avaient été longs et compliqués. Il avait beaucoup douté, s’était senti coupable longtemps de l’échec de son groupe sur le front qu’on lui avait attribué. Et puis, il s’était rendu à l’évidence qu’il n’aurait rien put faire. Que malgré ses troupes, leur courage et leur dévotion, les forces de l’empire avaient été vaincu.
Uthred s’immergea complètement dans l’eau du bain, souhaitant, dans le même temps, s’empêcher de remuer tous ce qui se bousculait dans son esprit et qui l’empêchait parfois de bien dormir. Il avait besoin de calme. Après son entretien avec l’empereur, il se rendrait à Perle, dans sa ferme et irait aussi à Turquoise. Très certainement que Bahal avait déjà prévu de l’y envoyer, nul doute qu’il pourrait se permettre d’y mettre les pieds en avance. Il l’espérait sincèrement. Mais il avait plus important à gérer avant de pouvoir quitter Irianeth. Il sorti des bains, s’enroula dans une large serviette noire qui tranchait avec la blancheur de sa peau et les quelques tâches de rousseurs qui s’étaient installées depuis de longues années sur le haut de ses épaules, constellant sa peau de motifs particuliers et uniques. Il rentra ainsi vêtu dans sa chambre dans laquelle il enfila son uniforme aux couleurs de l’empire. Il avait loupé l’heure de manger, mais ne s’en formalisa guère. Il n’avait de toute évidence pas faim, et une seule chose occupait son esprit. Et tant que cela ne serait pas régler, il ne pourrait rien faire de plus. Le chevalier ne s’encombra pas plus que d’un poignard, glissé dans sa botte gauche. Il n’allait pas arriver armée jusqu’aux dents auprès de l’empereur, il n’avait pas osé demandé audience pour planter une lame affutée dans le cœur de leur empereur. Non, Uthred était un homme d’honneur et de principes, et il en fallait beaucoup pour l’en détourner.
Bien plus sûr de lui qu’il ne l’était lorsqu’il avait quitté ses draps blancs, le chevalier marcha en direction des appartements impériaux. Il croisa quelques servants, avant de finalement trouver Gildric, le garde personnel de sa majesté. Uthred jaugea un instant le regard de l’homme, et lorsqu’il entra finalement dans le petit salon privé où l’attendait Cybard, il compris que le guet-apens était encore plus clair et plus concret qu’il ne l’avait été quelques heures plus tôt. Debout, devant son empereur, le dot droit, Uthred observa la tête couronnée, un verre de vin en main, l’air visiblement très contrarié. Le chevalier s’efforça de ne rien laisser transparaître. S’il était un homme de terrain et d’action, il avait depuis longtemps appris et apprécié les discussions plus sensibles comme celle qui l’attendait. Le Perlois commença alors par un inclinement de tête, signe de respect auquel chaque tête couronné d’or ou d’argent, avait droit..
- Majesté, je vous remercie de m’en accorder ne serait-ce qu’un peu, dit-il, le ton clair et sûr de lui. Il était dans la fosse au lion, mais lui-même pouvait en être un. Je souhaitais m’entretenir avec vous sur le sujet de Turquoise. Je n’ai pas de justification à vous apporter pour vous expliquer la défaite des troupes sous mon commandement.
Toujours aussi droit, son regard posé sur l’empereur, Uthred poussa un petit soupir, tous les scénarios qu’il avait imaginé dans son bain ne ressemblait à rien de ce qui se passait. Il pouvait sentir le bouillonnement intérieur de Cybard, qui se cachait pourtant derrière une mine calme. Le chevalier repris.
- J’ai conscience que la victoire totale et la conquête entière de Turquoise seulement étaient acceptable.
Uthred marchait sur des œufs, et le sentiment de confiance qu’il avait eu en entrant s’amenuisait lentement. Il ne savait pas comment aborder le sujet qui lui tenait plus à cœur, bien plus que le sort du royaume conquis ou celui de la confrérie. Ce qui le blessait bien plus que le reste était la confiance brisée que Cybard pouvait avoir à son égard. Le chevalier perlois était un homme droit et bienveillant, mais comme beaucoup, il aimait bien être apprécié et ne trouvait plus sens à sa vie lorsque les gens qui l’entourait n’avait plus confiance en ses capacités. Un léger voile assombrit son regard d’émeraude, et il lâcha finalement, avec la plus grande sincérité.
- Je suis sincèrement désolé qu’il n’en est pas été ainsi, et si vous pouviez me dire quoi faire pour réparer tout cela..
..Plutôt que d’attaquer son plus fidèle chevalier devant tout l’empire, Cybard aurait d’ailleurs put commencer par en discuter avec lui. Uthred était persuadé d’avoir faire le bon choix. Si l’empereur aurait préféré le voir mort plutôt que vaincu, le chevalier n’y pouvait pas grand-chose. Mourir pour l’empire était chose qu’il était prêt à accepter.. mais dans le feu de l’action, l’instinct pouvait parfois se montrer pressant. Uthred laissa ensuite le silence emplir la pièce, il avait l’impression de s’apitoyer légèrement, mais au moins ne remettait-il pas en doute les actions de son souverain, ce qui lui éviterait surement de finir en quelque chose qu’il ne souhaitait pas imaginer. D’autant plus qu’il avait une autre question à poser, mais qu’il ne poserait que s’il savait qu’il pouvait en sortir sans problème, et avec Cybard, cette certitude était depuis quelques temps ébranlée.
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| | | | InvitéLun 11 Mai 2020, 15:39
1580 - mois 1∆ Feat. Uthred ∆ Le vieux chevalier était un homme d’expérience. Non seulement il savait habillement mener ses hommes sur le champ de bataille, mais il avait aussi apprit à conjuguer avec les mentalités les plus explosives. Au sein du monde militaire, les généraux vindicatifs étaient légions. Sur ce point, Cybard était loin d’être une exception. Uthred connaissait ce genre d’hommes depuis bien longtemps à présent. Cela expliquait pourquoi il prenait ses précaution face à l’homme qui lui faisait face. Qui plus est, il s’agissait de son Empereur, en d’autres termes rien de moins que l’homme en mesure de lui ôter la vie sur un simple coup de tête. Malgré la crainte qu’il devait ressentir, il faisait bonne figure et tâchait de la dissimuler. Le souverain n’était cependant pas dupe, il sentait son malaise et comprenait qu’il n’était pas feint. À l’entendre, il comprenait qu’il était réellement désolé.
Malheureusement, les regrets et les excuses ne changeaient rien au fait qu’il avait échoué dans sa tâche. De nombreux hommes étaient morts par sa faute et tout cela pour rien. C’était intolérable et Cybard ne pouvait pas le lui pardonner. Mais que pouvait-il faire ? Uthred était très apprécié au sein de l’Ordre. S’en prendre à lui aurait été une erreur, autant à court qu’à long terme. Par moment, l’empereur trouvait que son humiliation publique n’avait pas été suffisante mais à bien y penser ce n’était pas si mal. Un homme tel que lui devait ruminer la chose et cela ne cesserait de le tourmenter.
« Si cela n’avait pas été toi, tu serais déjà mort. Tu ne dois ta survie qu’au respect que j’ai pour tes faits d’armes et mon passé au sein de l’Ordre. Rarement l’un de mes hommes ne m’a autant déçu. Tu avais pour toi l’effet de surprise, nombre de dragons et de bons soldats, malgré cela tu as été en mesure d’essuyer une défaite. Une défaite cuisante et humiliante que je dois à présent assumer à ta place. »
Tandis que le regard de l’Empereur s’assombrissait, il se redressa sur son siège. D’un geste sec, il vida son verre de vin avant de reporter son attention vers le vieux chevalier.
« La faute m’incombe. Jamais je n’aurai du t’accorder ma confiance. »
Les mots de Cybard étaient aussi tranchant que la lame d’un couteau. Après avoir posé le verre sur la table face à lui, il se leva. Effectuant quelques pas, il se retrouva au niveau du chevalier qu’il toisa de longues secondes en gardant les mains derrière le dos.
« Tu devrais prendre ta retraite, vieil homme. Tu as fait ton temps et tu as toujours été fidèle, pour cette raison je ne t’enlèverai pas plus la vie que tes terres. À quoi peux-tu encore m’être utile à présent ? »
Le souverain chauve voulait le blesser, il voulait atteindre son orgueil et lui faire aussi mal que sa défaite l’avait fait souffrir. Au fond de lui, il désirait voir Uthred chuter, le faire tomber pour le ramener à la réalité dans laquelle lui même se trouvait.
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