The Glorious Kitten [PV DUC].

Il avait du panache comme ça. Il se regarda dans la glace du marchand, qui continuait de faire l'article malgré des moues désapprobatrices de Luxus, qui trouvait justement le panache en berne, et même si les raccourcis seraient facile, nous ne les ferions pas. Après tout, il avait toujours du panache. Ce n'était pas qu'une histoire de plume, de soie et de feutre. Non, c'était une histoire de charisme naturel. Oui, Luxus avait un gros et sérieux problème d'égo, mais quand il se regardait dans la glace, comme ça, affublé d'une sorte de tricorne en cuir d'un animal assurément exotique, et sûrement bien trop rare pour finir en simple couvre chef, il se trouvait l'allure d'un grand seigneur. D'une grande figure,  d'un grand nom de ce monde. Qu'est-ce que la richesse finalement, si ce n'est l'occasion d'exister par l'histoire que l'on peut écrire du bout de ses deniers ? Qu'est-ce que la gloire, qu’acquérir une prestance par son nom. D'ailleurs, il n'en avait pas. Sa mère s'était refusé à lui en transmettre un, prétextant que son père était un dieu.

Il pouffa dans sa barbe, ce que le marchand prit pour un signe d'approbation. Il commença ses boniments par des phrases typiques comme ..." Votre choix est le bon"..."Vous verrez vous ne serez pas deçu"...."Qualité garantie par Hermann&fils". Qu'il disait, sans discontinuer, bougeant les mains dans tout les sens. Et tandis d'hypnotisé par le ballet de ses mots et de ses mains, Luxus fut sur le point d'acheter ... Une main s'apposa sur l'épaule de l'homme, tandis que son valet ne lui servaient lui aussi ses boniments, tous différents. Du pareil au même pour Lux'.

Nouveau ballet de mains, nouvelle parole murmurées si vite qu'elle pénétrait mieux sa caboche de vieux bouc têtu. Il en fallait de la volonté, pour le faire changer d'avis.

Mais quel était son avis après tout ? Il est bien beau de posséder le libre arbitre, mais quand vient l'heure du choix, qui croire, qui écouter, pourquoi sois-même ? Peut être parce que cela fait des années qu'on apprends à vivre avec nos erreurs, nos jugements hâtifs, nos troubles, nos embûches. Peut être parce que c'est plus facile de ivre avec ses propres décisions, que de se voir imposer par une autre volonté l'issue de ses envies.

Ca, le personnage que cherchait Luxus en était sûrement extrêmement conscient. Ce félin de malheur c'était attiré les foudres de nombreux autres pendant son séjour à Béryl, de nombreux autres gens, plus dangereux, et plus malveillant que lui. Mais au final le résultat était le même, tout deux chassés de leur foyer, mais suffisamment malins pour garder mains mises sur leur buisness. Sur leur interêts. Et sur leurs hommes. L'autorité n'est pas chose que l'on oublie loin des yeux. L'expression qui dit loin des yeux loins du coeur, n'a jamais connu de pareil volonté que la leur.

Il se promenait dans les rues, son fidèle assistant derrière lui, trimbalant une grande jarre. Cette jarre n'était rien de moins que remplie des meilleurs sardines Beryloise, les meilleurs du monde selon les plus spécialistes de nos experts. En tout les cas, de réputation, il savait faire mouche dans le coeur du Duc. Il ne suffisait plus qu'à attendre l'ouverture du marché noir. Et la nuit n'allait pas tarder à tomber.

Accoudé à une table qui donnait sur une petit place sans prétention, il dit à son assistant.

- Maudit soit le jour où l'on inventa la pluie, Par Parandar ! Je suis glacé jusqu'au os ... J'aurais dû acheter ce chapeau, Balthazar, tu me vois amputé d'une partie de moi même fort bien pratique ... Puis que c'est la tête ! Il fit une moue étrange, entre la grimace pour faire peur, et celle qui rit. Un peu comme quand on essaye de faire peur à un enfant. Le tout le rendait fort ridicule, avec sa barbe de trois jours mangeant ses joues, et les longs cheveux qui cascadaient des deux côtés de son visage. Aujourd'hui il ne portait rien de trop ostentatoire.

Une chemise blanche, sous un pourpoint de cuir aux nombreuses couleurs, et un manteau noir dissimulant fort mal sa richesse extérieur, à cause de son soyeux incomparable. Sûrement de la laine d'Idrianeth, connue pour être particulièrement chaude et confortable. Le meilleur, rien que ça. Il ne voulait que le meilleur, rien de moins.  Et pour cela, il lui fallait le duc.

Il sifflota une berceuse tandis que la nuit se couchait sur la ville, déposant les arme face à une lune en pleine conquête de la voûte céleste.