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A story of innocence in a world of ignorance [FB - Eli&Will]

Invité
Ven 02 Oct 2015, 17:55
C’était un matin comme les autres, un de ces matins où je m’apercevais que mes réserves de plantes diminuaient dangereusement et qu’il était temps de sortir en trouver d’autres. Bien sûr, dans la Tribu, il y avait une poignée de personnes qui auraient pu m’aider et même s’en occuper à ma place, mais j’aimais faire cela moi-même, partir une journée dans le Désert, vers cette oasis qui, je le savais, renfermait tout ce qu’il me fallait. C’était un moment où je n’étais plus obligé d’être un Chaman responsable de toute une tribu, où je pouvais redevenir cet adolescent que j’étais réellement. Sans un bruit, je pris ma sacoche où je fourrais une gourde, de la nourriture pour une journée et un couteau au manche gravé de runes chamaniques avant de me glisser hors de la tente que je partageais avec mes parents. J’aurai pu avoir ma propre tente depuis ma Cérémonie mais je n’en avais pas ressenti l’envie, ni le besoin.

Le soleil se levait à peine alors que je quittai le campement et rares étaient les personnes déjà levées. Sans que cela me surprenne, je vis qu’Aegnor s’afférait déjà autour du feu pour préparer le thé du matin. Je le saluai de loin. J’aimais bien ce vieil homme un peu bourru mais dont je savais qu’il nous aimait tous même s’il ne le montrait que rarement. Je pris la direction de l’ouest, laissant les premiers rayons du soleil me réchauffait le dos. Ce serait une belle journée sans tempête de sable, une journée comme il y en avait tant dans le Désert mais que seuls ses habitants semblaient pouvoir apprécier.

Après une demi-heure, j’étais déjà en nage mais peu m’importait. J’étais arrivé. Passer à l’ombre me procura une sensation de fraicheur plus forte que je ne l’aurai imaginé. Aussi m’accordai-je quelques minutes de répit au pied d’un arbre. Je passai le reste de la matinée à arpenter le petit îlot à la recherche des plantes aux propriétés médicales mais aussi celles qui me serviraient pour les rituels chamaniques. Le soleil allait arriver à son zénith et je pensais déjà à ma pause de midi lorsque je te vis. Par un heureux hasard, j’avais poussé mes recherches un peu plus loin en lisière de l’oasis qu’à mon habitude. Je cueillais un plant de digitale avec soin et j’en profitais pour laisser mon regard observer la beauté de ces collines de sable à perte de vue. Je faisais face au soleil et mes yeux pleuraient déjà, irrités par la violence des rayons de l’astre solaire. Je n’aurai pas dû te voir. En fait, tu n’aurais jamais dû être là. Et pourtant, tu étais là et mon regard couleur de jais se posa sur toi comme si un aimant l’avait attiré ver toi. Je ne savais pas ce que tu étais. Ma raison me criait de tourner les talons et de ne pas m’approcher. Prudence, me murmurait-elle au creux de l’oreille. Mais mon cœur me poussait en avant comme s’il savait quelque chose qui m’échappait.

Alors que j’avançais vers toi presque contre ma volonté, je m’imaginais que tu étais un animal blessé. Un chamelon peut-être ? Ou un poulain ? Je savais que certaines Tribus élevaient quelques chevaux du Désert que rien ne semblait pouvoir épuiser. Mais ce pouvait tout aussi bien être un animal dangereux. Mais tu n’étais aucune de ses possibilités. Tu étais toi, pauvre petit humain inconscient que la vie avait fait se perdre dans le Désert. Cela se voyait, tu n’étais pas d’ici, cette étendue de sable jaune à perte de vue n’était pas ton chez-toi. Tes boucles blondes, ta peau trop pâle. Et puis, tu avais encore ces rondeurs de l’enfance que les enfants du Désert ne gardent pas aussi longtemps.

Je m’approchai à pas mesurés de toi, prudent malgré cette curiosité qui m’empêchait de tourner les talons. Ou était-ce autre chose que la curiosité ? Quoiqu’il en soit, j’avançai chaque seconde un peu plus près de toi. Je me figeai à moins d’un mètre de toi. Tu étais dans un bien piteux état, tes cheveux plaqués sur ton front par la sueur et la poussière, ta peau brûlée par le soleil et tes lèvres asséchées par le manque d’eau. Tu bougeais si peu, ta respiration était si faible que pendant un bref instant, je te crus mort, parti rejoindre nos ancêtres sur les Plaines de Lumière. Tu toussotas et je compris que je pouvais encore te sauver. Mais j’hésitai toujours. Quelle était cette lumière blanche étincelante qui semblait émaner de toi ? Qui étais-tu ? Tant que questions que je finis par cesser de me poser. Si je n’agissais pas, tu mourrais. Ton temps était compté et quelque chose au plus profond de moi me murmurait que le jour de ta mort serait le pire jour de ma vie. Il fallait que tu vives pour que je sache, pour que je puisse comprendre ce qui se passait en moi alors que je te regardais, inconscient, si proche de la mort.

Oubliant toute prudence et les recommandations de mes parents –« N’adresse pas la parole à des inconnus sans t’assurer que tu peux faire face à la possibilité que les apparences soient trompeuses », voilà ce que me disait ma mère alors que mon mentor prônait la tolérance et l’ouverture aux autres sans aucune forme de discrimination mais qu’il est dur d’enlever les valeurs des parents de la tête d’un enfant, même après des années-, oubliant cette prudence inculquée par ma mère, je m’agenouillai près de toi. Tu respirais à peine. Mais ce qui me marqua le plus, c’était ce que je pouvais voir. Amaigri par ton errance dans le Désert, tu n’étais pas seulement déshydraté et à bout de force. Il y avait quelque chose de plus. Toi, l’inconnu dont j’ignorais tout, je compris que ton passé avait laissé ses traces sur ton corps. Tu avais à peine douze ans et tu étais blessé, brûlé par un soleil sans pitié et marqué par… Des coups ? La pâleur de ta peau faisait ressortir les hématomes et les cicatrices. Je savais que certains parents frappaient leurs enfants sans que je ne comprenne ce geste. Et je devinais que ce devait être là la raison de ta présence si loin de tout autre royaume d’Enkidiev. Mes yeux s’emplirent de larmes devant cette détresse que tu affichais. Prenant ma gourde, j’entrepris de te faire boire mais je devais te retirer l’eau avant que tu n’en avales trop. C’était la toute première fois que je mettais vraiment à profit mon apprentissage de guérisseur. Tu buvais trop vite et je te promis de l’eau si tu buvais moins vite. J’avais glissé ta tête sur mes genoux pour te redresser un peu et je pus sentir tes muscles se détendre. Comme promis, je te redonnais un peu d’eau. Petit à petit, tu te réhydratais mais ton corps manquait de force et je te tendis trois fruits juteux pour refaire un peu de tes forces. Ce ne serait pas suffisant pour te remettre sur pied mais c’était toujours mieux que rien.

Et puis il fut temps de rentrer au camp avant que mes parents ne s’inquiètent de mon absence et le reste de la Tribu aussi par la même occasion. Je t’aidais à te hisser sur mon chameau, te calant entre ses deux bosses. L’animal s’ébroua un peu sous ton poids mort, peu habitué à transporter autre chose qu’un humain alerte et réactif. Le tenant en longe, je repris le chemin de ma Tribu à pied. Pendant le trajet, tu me posas plusieurs questions et j’y répondis avec enthousiasme, heureux de faire découvrir un peu de mon monde à un étranger, tout en veillant à ce que tu manges autant de fruits que tu le désirais et que tu aies autant d’eau que nécessaire.

-Ne t’en fais pas, ma Tribu t’accueillera aussi longtemps que tu le voudras. Il arrive parfois que nous recueillons des personnes égarées et si certaines choisissent de rester, elles sont libres de partir à tout instant. Là-bas, nous prendrons soin de toi et nous te remettrons sur pied au plus vite. Je m’appelle Will. Et toi ?

Je t’offris un sourire plein de sincérité et de chaleur. Ce que tu ignorais, c’est, qu’intérieurement, je me consumais, brûlé par ma propre curiosité. Qui étais-tu, toi, celui que j’avais sauvé et qui semblait briller de l’intérieur ? Qui donc étais-tu ? Serais-tu ma perte ou mon bonheur ? Je priai mes ancêtres pour que je ne me sois pas trompé, pour que je ne regrette jamais de t’avoir ramené parmi les miens.
Anonymous
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Mer 21 Oct 2015, 13:06

[HRP: J'ai vraiment eu de la misère à répondre owo c'est un peu plus court que ce que j'aurais réellement voulu faire compte tenu de l'inspiration de nos rps <3 voilà avec du retard désolée ><]

« remember when i said that i never saw an angel? then, i lied. »

Ma peau déjà brûlée, couverte d’ecchymoses était rougie par le soleil, et elle était très chaude. Pas un souffle ne venait perturber cette étendue de sable. Rien. Le ciel était bleu et pas un nuage blanc pour le troubler. Pas un seul. Si seulement il avait pu pleuvoir. Il ne me restait rien, sinon mes dernières forces. La lettre de mon père était envolée, perdue dans une brise de vent ou dans la nuit, qui sait. Je ne la trouvais plus. J’avais abandonné le médaillon de ma mère mais j’avais gardé la chaînette. L’éclat blanc du soleil se réfléchissant sur le sable m’aveuglait et m’empêchait de plus en plus de voir où j’allais. J’aurais tant aimé avoir de l’eau en ce moment. Ma gorge me brûlait et semblait si sèche que j’aurais pu avoir bu du sable et en manger. Les jours semblaient durer une éternité, la chaleur jamais retomber, sauf le soir, où les nuits devenaient si glaciales que j’enviais presque la chaleur de la journée.

Le soleil était brûlant, l’air était sec et la chaleur était étouffante. Je me demandais si j’allais réussir à m’en sortir, comment les gens faisaient ici pour vivre, si tant était-il qu’il y avait de la civilisation par ici. À perte de vue, du sable. Du sable brûlant qui me brûlait la rétine et les pieds, s’infiltrant dans mes sandales et brûlant mes pieds déjà meurtris. Je n’avais plus d’eau, ni même de nourriture, plus rien ne faisait de sens et je voyais affreusement trouble. Je voyais des choses qui n’existaient pas. Je marchais de plus en plus difficilement, de plus en plus courbé par le poids de la chaleur, de la fatigue. Le manque d’eau et de nourriture était d’autant plus responsable et lorsque je m’effondrai sur un tapis vert à côtés de palmiers, je ne crus pas ce que mes yeux me montraient. Puis, je n’avais plus la force de me relever, ni même de bouger. J’étais tombé tête première, mes jambes ne supportant plus mon poids. Lentement, mes yeux se fermèrent lentement et la nui tomba sur mon esprit. Au-dessus de moi, le soleil brillait de toute son intensité tandis qu’il descendait vers l’horizon pour laisser la place à la lune qui prendrait le relais pour de longues et glaciales heures, mais je n’avais plus conscience de rien autour de moi. Tout s’évanouissait comme l’eau s’évaporait dans ce pays désertique. Plus rien ne pouvait me retenir. Mais il y avait toujours ce je-ne-sais-quoi qui avait toujours fait que je continuais à rester debout malgré tout qui me retenait à la vie.

Je rêvais. Je rêvais de cette Tour que je voyais si souvent, cette verdure, ce vent. Cette magie, cette immense source magique qui semblait m’appeler jusque dans mes rêves. C’était si puissant que ça aurait dû me réveiller en sursaut mais je n’avais plus l’énergie de bouger simplement alors mes rêves continuaient. C’était tout en pierre, ce qui me faisait étrange après tout ce sable, tout comme des arbres à perte de vue, ce que nous n’avions pas à Fal. La pluie. Il pleuvait là-bas.  Oh, comme je les enviais !

Je sentis un liquide merveilleusement divin me couler dans la gorge et lentement, peu à peu, j’ouvris des yeux collés peu à peu sur une vision hautement plus divine que toutes les divinités de ce monde. Heureusement pour moi, j’avais la gorge trop sèche pour parler. Est-ce que j’étais mort ? Les plaines de lumières étaient-elles aussi .. Non. Était-il un Dieu venu me sauver de la mort ? Qu’est-ce qui se passait ? Je voulais boire encore plus mais il m’enleva la gourde que je remarquai à l’instant et il me dit de sa voix diablement divine (lewl) de boire plus lentement sinon j’allais être malade. Ma tête était sur ses genoux visiblement et lorsque j’acquiesçais faiblement, il m’en donna encore et j’acceptai de boire lentement, jusqu’à terminer la gourde. Je me demandais vaguement pourquoi il s’occupait ainsi de moi, s’il allait me faire du mal. C’était forcément un Dieu, non ? Il y avait cette aura blanche autour de ses cheveux noirs et ses yeux avaient la couleur de la nuit. Était-il le Prince de la nuit ? Une de ces divinités mineures que personne ne connait ? Venu me sauver moi, dans ce Désert ?

Il finit par me donner quelques fruits que je dévorai puis il m’entraina sur cette bête vraiment étrange qu’il désignait comme étant un chameau. J’en avais déjà entendu parler mais jamais je n’en avais vu auparavant. Une fois que je fus installé sur l’animal, il y monta derrière moi et ses bras furent autour de moi pour m’empêcher de tomber et pour guider l’animal semblait-il. J’avais mal partout et ma vision était encore un peu brouillée. Je passai ma langue sur mes lèvres asséchées, craquelées, brûlées. Ma peau était encore en pire état. Les marques des coups, blessures, brûlures, coupures. J’espérais juste qu’il mette cela sur le compte de mon périple quasi-mortel dans le Désert. Je n’avais encore pas dit un mot, et je n’avais pas tellement envie de parler de moi, mais je me fis la réflexion que je pouvais bien lui répondre à lui. Encore très faible, je me laissai aller contre lui parce que, étrangement, je lui faisais déjà entièrement confiance. Il se mit à me parler de sa Tribu de sa voix si belle et chantante comme la caresse du vent, inexistante ou presque ici, me semblait-il. Je devais trouver Émeraude, mais je devais aussi me reposer. Ainsi donc, il s’appelait Will. Il n’était pas un Dieu, mais bin juste un Humain. Il avait l’air un peu plus vieux que moi, tout juste de deux ans, voire trois au maximum.

- Elijah … soufflais-je dans un murmure.

J’avais pris quelques temps pour répondre. Je me murai dans un silence par la suite, n’aimant de toute façon pas parler, sans doute à cause de mon père. Je préférais observer en silence, attentif à tout sans en avoir l’air. Il m’offrit un sourire qui me réconforta, quoique je refusais de l’avouer. Après un trajet d’une heure maximum, bercé par les roulis de l’animal, je m’éveillai brusquement de ma semi somnolence. J’avais dormi contre mon sauveur, qui n’était pas un Dieu finalement. Il y avait tant de choses à voir soudain. Un feu, des enfants, des endroits d’où les gens sortaient, des toiles et du tissu qui semblaient être des habitations, les couleurs, l’accent différent du mien. J’avais déjà remarqué que leurs paroles étaient plus prononcées. Les miennes étaient plus gutturales, je roulais mes r. Tout dans mon langage était différent et je devais me concentrer vraiment à fond pour bien comprendre ce que Will disait. C’était carrément un nouveau monde qui s’offrait à moi. Tout le monde se retourna vers l’autre garçon aux cheveux si noirs et à la peau basanée puis sur moi. Je n’aimais absolument pas les regards sur moi et je voulais que ça cesse immédiatement. Un léger vent vibra autour de moi mais je l’étouffai aussitôt, effrayé. J’avais envie de me terrer ailleurs.
Anonymous
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Ven 30 Oct 2015, 18:43
Elijah. Tu m’avais offert ton nom comme on donne sa dernière volonté alors que la fin vient, que notre âme s’envole vers les Plaines de Lumière. Dans un murmure, un souffle entre tes lèvres brûlées par le soleil. Et puis tu t’étais tu et le silence s’était installé bien confortablement. Je n’osai trop le rompre. J’aimais cette absence de bruit je pense. En tout cas, ta présence me suffisait. Personne d’autre n’aurait pu remplir ce silence comme tu le faisais, ton regard observant tout autour de toi. Tu découvrais un nouveau monde et j’aimais te regarder le faire. C’était comme regarder un enfant devant un petit oiseau ou une fourmi, comme ouvrir les yeux et découvrir le plus beau des couchers de soleil. Tu étais ce soleil et j’étais l’enfant qui te regardait parer le monde de ces couleurs chatoyantes. Et je compris que je n’avais rien vu de la vie avant ce moment où je t’ai trouvé. Parce que je n’avais pas de soleil pour éclairer mon monde. Mais n’était-il pas risqué de s’approcher trop près du soleil ? Ne risquais-je pas des brûlures si douloureuses que je ne m’en remettrais jamais vraiment ? Je balayais ces sombres pensées de mon esprit d’un revers de la main. Je prendrai ce risque, le monde que je découvrais était si magnifique que je ne pouvais refuser de m’y aventurer.

Tu finis par t’assoupir contre moi. Il ne restait que peu de temps avant que nous n’atteignons le camp de ma Tribu mais tu avais bien besoin de ces quelques instants de sommeil et je tâchais de bouger le moins possible pour te laisser en profiter. Je ralentis même le chameau pour te laisser plus de temps mais nous finîmes par arriver et je dus te secouer doucement pour te réveiller. Tu ouvris les yeux dans un sursaut et je m’empressai de te rassurer, glissant quelques mots à ton oreille.

-Ce n’est rien, je suis là, ce n’est rien…

Après un instant immobile, comme pour te prouver que je n’irai nulle part si tu ne le voulais pas, je descendis du chameau et je t’aidais à faire de même. Le camp grouillait d’activité plus qu’à l’ordinaire et si les adultes s’occupaient comme si de rien n’était, les enfants s’étaient amassés à quelques mètres pour voir qui était cet étranger que je ramenais avec moi. Ils en avaient vu d’autres avant toi, mais il y avait toujours cette curiosité, cette envie de savoir comment et pourquoi. Mais il ne saurait pas pour toi, je le sentais. Quelqu’un qui ne fait que murmurer son prénom comme s’il s’agissait d’un secret ne dévoile pas son passé à des inconnus. Et malgré tout ce que je ressentais, c’est ce que nous étions, des inconnus. Connaitre nos noms nous avait certes rapproché, mais pas au point que ta seule présence fasse battre mon cœur plus fort. Que se passait-il donc ? Le saurais-je seulement un jour ? Ressentais-tu les mêmes choses ? Ce besoin irrépressible de rester près de toi ? Cette envie de plonger dans ton regard et de ne jamais plus m’en détourner ? De détailler chacun de tes traits pour les graver dans ma mémoire comme si tu pouvais disparaître à chaque seconde ?

Il était temps de m’adresser à la Tribu, de te présenter, ne serait-ce qu’un prénom. Je me tournais vers les miens. Imperceptiblement, je m’étais rapproché de toi. J’avais peur que tu ne t’effondres ou, pire, que tu ne veuilles fuir loin de tout ça, de mon univers. J’allais leur parler et je pouvais sentir que ces regards posés sur toi ne te plaisaient pas. Je sentis aussi ce vent qui se leva où il n’y en avait pas l’instant d’avant et j’en sentis l’énergie magique. Tu… Qui étais-tu, Elijah ? J’allais te présenter aux miens et leur demander de te protéger, de t’accorder leur confiance alors même que je ne savais rien de toi. Et pourtant, il y avait toujours cette aura autour de toi qui me disait que je pouvais te faire confiance et c’était tout ce qui comptait à mes yeux.

-Elzamans, je vous présente Elijah. Il s’est perdu dans le Désert et il aura besoin de nous pour les prochains jours. Après son rétablissement, comme il est dans nos habitudes, il sera libre de partir ou de rester. Elijah, tu es ici comme chez toi.

Tous vinrent te saluer et je pouvais sentir ton anxiété. Le doyen fut le dernier à venir t’accueillir, et il m’adressa un signe de tête positif. Rassuré, je t’accompagnai jusqu’à ma tente et j’y entrai à ta suite. Une nouvelle couche avait déjà été installée et je t’obligeai à t’y asseoir. Etrangement, j’étais gêné de devoir te demander cela mais je n’avais pas vraiment d’autres choix. Je sortis mes onguents et mes herbes médicinales en même temps pour cacher ma gêne.

-Pour te soigner, j’ai besoin que tu retires ta tunique… Ne t’inquiète pas, je ne te ferai pas de mal.

« Jamais je ne le pourrais » aurai-je voulu ajouter mais ç’aurait été déplacé. Quand je me retournai après un instant, tu étais torse nu et ta maigreur me frappa. Mais ce ne fut pas la seule chose qui attira mon regard. Il y avait sur ton corps des traces qui ne pouvaient être dues à ton errance dans le Désert. J’avais déjà vu de telles marques sur les jeunes apprentis guerriers lorsqu’ils sortaient d’un affrontement musclé avec leur mentor ou un autre apprenti. C’était des traces que seul peut infliger à l’homme. Et cette question me revint. Qui étais-tu donc ? Mais je ne dis rien, me contentant d’approcher.

-Cela risque d’être un peu froid, désolé, te dis-je avant d’appliquer la préparation que mon mentor préconisait toujours.

Tu frissonnas sous mes doigts et je souris. Je recouvrais avec soin chacune de tes brûlures. L’onguent avait une couleur rougeâtre qui finit par recouvrir une bonne partie de ton corps. J’en appliquais aussi sur tes lèvres et ce fut mon tour de frissonner lorsque mes doigts touchèrent tes lèvres. Après, il me fallait encore mettre des bandes humides autour de l’onguent pour hydrater ta peau. Je les posais avec douceur, conscient de la sensibilité des chairs à vif.

-Voilà, j’ai fini. Je vais t’apporter quels fruits avant que tu ne dormes si tu veux.

Je partis donc chercher de quoi te restaurer mais, lorsque je revins, tu dormais déjà à poings fermés. Je mangeais une banane avant de t’imiter et de m’endormir à mon tour. Depuis que mon mentor nous avait quittés, j’avais hérité de sa tente et j’étais bien content ce soir-là d’avoir une sorte de chez-moi que je ne partageais plus avec mes parents.

Je me réveillai soudain. Tu m’avais tiré d’un sommeil sans rêve. Ou plutôt, ton cri l’avait fait. Tu t’agitais sur ton lit. Inquiet que ce puisse être la fièvre, je me précipitai à ton chevet et je te pris dans mes bras comme si je l’avais toujours fait, te murmurant les mêmes mots et te serrant si fort que je devais te faire mal.

-Ce n’est rien, Elijah, je suis là, juste là. Il ne peut plus rien t’arriver. Je suis là…

Je t’étreignis plus fort encore pour te prouver que je ne mentais pas, que j’étais bien réel et que je ne partirai pas, jamais, et que, tant que je serai là, tu n’aurais rien à craindre. Cela marcherait-il ? Ressentais-tu cette confiance que je t’accordais sans te connaitre ? Me faisais-tu confiance de la même façon ?
Anonymous
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Mar 10 Nov 2015, 19:11
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Will. Était-ce le diminutif de William ? Non, ça m’étonnerait. Il le disait comme je révélais mon prénom. Ce prénom qui était le sien. Dans sa bouche aux lèvres qui semblaient si douces, mon nom sonnait comme une berceuse, comme une douce mélodie, comme la pluie sur une sécheresse ou la caresse du vent en plein Désert. Magique, magnifique, merveilleux. Envoûtant. Charmant. Son accent du Désert rendait mon prénom délicieusement agréable à entendre. Tout comme le sien devait l’être si je me mettait à le prononcer. Je n’avais prononcé qu’un seul mot, un seul. Mon prénom, et il allait en rester ainsi. Enfin, pour le moment. Je regardais partout autour de moi et remarquai que la lueur blanche l’entourait toujours. Qu’est-ce que cela signifiais ? Le savait-il, qu’il brillait comme les étoiles, comme la lune ainsi que le soleil? Peut-être brillait-il parce qu’il était spécial ? Spécial comment ? Pour qui? Pour moi parce qu’il m’avait sauvé ou pour sa tribu? Trop de questions se bousculaient dans mon cerveau et je finis par somnoler doucement, mon dos appuyé contre son torse, me sentant bien comme jamais je ne l’avais été toute ma vie durant, me sentant aimé – allez savoir pourquoi, peut-être aimait-il tout le monde ainsi? -, protégé, en sécurité. Avec lui près de moi, me semblait-il, rien ne pourrait jamais m’arriver. Jamais. Pourquoi cette envie de ne pas m’éloigner de lui me prenait-elle ? Moi qui détestait tout contact physique de qui que ce soit ? Moi qui n’aimait absolument pas la présence des gens autour de moi, leurs émotions qui s’infiltraient dans ma tête parfois ? Hein, pourquoi ? Parce qu’il m’avait sauvé de la mort et qu’il était beau ? Non, pas beau, magnifique, comme la plus belle merveille e ce monde, une personne que rien, pas même les Dieux – qu’ils ne m’en gardent pas rancune, car oui je les connaissais un petit peu – ne pouvaient égaler sa beauté à mes yeux. Car oui, certaines personnes étaient belles, d’autres, semi présentables mais bon, tel est la nature humaine. Enfin, je crois. Je ne sais pas trop. Il finit par me secouer et je sursautai dans un brusque mouvement, mais de sa voix apaisante, il s’empressa de me calmer.

Une fois entré dans la Tribu, sur leur territoire, semblait-il, je me crispai. L’énergie qui se dégageait de cet endroit m’impressionnait. Calme, sérénité, plénitude, amour. Je me sentis instantanément moins distant, moins, .. comment dire, froid. Je regardais partout sans croiser le regard de quiconque, volontairement. Je n’étais pas de la plus agréable compagnie qui soit, à vrai dire. Will stoppa l’animal et tous vinrent se présenter devant moi, un par un. Ils me touchaient tous l’épaule pour la plupart et je me crispais de plus en plus, me retenant au plus fort de ne pas reculer, pour ne pas vexer, pour ne pas offenser personne. Je plongeai mon esprit dans les pensées de Will et je compris une espèce d’expression, de sentiment pouvant presque s’apparenter à de la fierté, à de la satisfaction. J’en restai tellement perplexe que j’en perdis ma concentration quand un vieil homme, sans doute le plus vieux de la tribu, se présenta devant moi. Je lus dans ses yeux de l’amour, de la sagesse, de la tendresse. De la gentillesse à l’état pur. Ce ne fut qu’à ce moment que je m’aperçus qu’il était assez proche de moi, comme pour me protéger de je-ne-sais-quoi. Par la suite, il me traina doucement jusqu’à ce qui était une tente, m’expliqua-t-il. J’observais toutes les couleurs vivantes, chatoyantes, vibrantes, claires et lumineuses. C’était vraiment magnifique. J’observais tous les objets nouveaux que je ne connaissais pas, en silence, sans poser de question mais avec la tête qui en était remplie. Il me demanda de retirer ma tunique pour qu’il puisse me soigner et je serrai les lèvres et fini par obéir au bout d’un moment.

Il se retourna et me dévisagea, l’air désolé, songeur et perplexe, presque empli d’une tristesse si immense que j’aurais voulu me mettre à pleurer. Au bord des larmes, j’évitais scrupuleusement de croiser son regard, qui lui n’était posé que sur mes blessures, mes cicatrices, mes brûlures et ecchymoses. Je sentais les questions se bousculer dans sa tête. Il m’avertit que ça allait être froid, mais rien au monde ne pourrait me faire plus de bien après ce soleil cuisant. Ma peau semblait bouillonner, me brûler de partout. Lorsque ses mains se posèrent sur ma peau avec l’onguent, la crème, je frissonnai sans m’en empêcher. La fraicheur me faisait du bien, plus autre chose que je ne pouvais pas m’expliquer. Mes muscles se dénouèrent peu à peu. Par la suite, je le vis frissonner lorsque ses doigts fins et doux malgré le baume se posèrent sur mes lèvres. Je rougis violemment et fermai les yeux sans les rouvrit avant la fin de cette opération médicale. Une fois recouvert de bandages humides, je me retins de pousser un soupir de soulagement. Je savais qu’une blessure qui guérissais pouvait parfois faire mal, brûler ou autre, mais là, c’était simplement exquis. J’ouvrai les yeux que lorsque je le sentis se reculer. Il m’annonça qu’il allait chercher de quoi me restaurer puis quitta la tente. Je me laissai tomber en travers du lit, fermant les yeux de béatitude. Un lit, un vrai. Comme je n’en avais jamais connu, pas même à Fal. Je repoussai mes pensées de ma vie à Fal ailleurs, les enfermant à double tour. Maintenant, j’avais comme une nouvelle vie. J’avais perdu tout ce qui me reliait à mon ancienne vie, tout. J’allais garder mon prénom seulement. Je fermai les yeux et le noir se fit autour de moi tandis que je sombrais dans un sommeil réparateur, complet et pas juste un demi-sommeil comme j’en avais presque toujours connu. Ma première vraie nuit de sommeil pour bien commencer ma nouvelle vie. Apaisement.

Je rêvai de mon père qui me frappait, encore et encore, sombre souvenir de cette nuit pluvieuse, orageuse et sans lune, quand le grondement du tonnerre avait pu couvrir les cris de ce qui avait été une des pires nuits de ma vie. J’avais eu tellement mal pendant des jours, et dans mon âme qui souffrait encore, j’avais pleuré malgré tout. Tandis que je revivais tout cela, je ne me rendis pas compte que j’avais hurlé dans mon sommeil et que les larmes striaient mes joues, le sel de celles-ci brûlant rageusement dans une douce agonie mes brûlures. Je sentais ses bras autour de moi, me réconfortant et m’apaisant. J’étais bien, merveilleusement bien. Je me sentais comme le soleil après un orage, c’était ça être auprès de lui, compris-je. Tandis que savoix fredonnait une douce berceuse, je me détendis entièrement.

- Merci ...

Mon r avait roulé, le c avait cillé et le i avait été prononcé avec un tel accent que je me demandai s'il m'avait comprit. Mon accent tellement prononcé comparé au sien allait sans doute me poser des problèmes et vice-versa. Mais bon. Je lui avait offert ce mot tout simple, mot que je n'avais probablement sans doute jamais prononcé de ma vie. Un nouveau mot pour une nouvelle vie, pour celui qui était mon soleil après l'orage de mon passé. Mon sourire fut pour lui et à l'avenir.

[hs : plot twist//headcanon : Elijah n’est pas son vrai prénom *meurt* nan j’déconne, c’est son vrai nom, n’empêche l’idée m’a traversé l’esprit. j'ai recommencé 4 fois la fin parce que mon ordi surchauffe et cesse pas de sauter D:]
Anonymous
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Mer 18 Nov 2015, 11:30
Des larmes coulaient sur tes joues, témoignant de l’horreur de ce cauchemar qui t’avait arraché un cri de douleur à fendre l’âme. Et moi je te chantais tout bas cette berceuse que ma mère m’avait appris, celle qui ne venait pas du Désert mais d’ailleurs sans qu’elle ne m’est jamais dit d’où. Pour elle, elle n’avait jamais eu d’autre maison que le Désert, ce qui avait été avant n’avait plus aucune importance. Je te sentis te détendre peu à peu dans mes bras mais je ne desserrais pas un seul instant mon étreinte, comme si j’avais peur que l’un de nous ne s’évapore si je te lâchais.

Tu m’offris un ‘‘merci’’ marqué par ton accent et je souris alors que j’écartai les mèches qui étaient tombées devant tes yeux, ces yeux si envoutants. J’aimais cet accent si particulier, il portait la chaleur du sud sans les couleurs du Désert. J’espérais secrètement que tu ne le perdes jamais, que tes R roulent sans cesse et que tes C soient plus forts que les miens. Parce que c’est ce qui faisait que tu étais toi, ce garçon trouvé dans le Désert à l’agonie et que la vie avait mis sur ma route.

-C’est normal. Il faut te reposer maintenant. Je peux te donner des herbes pour t’aider à dormir si tu veux ?

Tu acquiesças et je partis fouiller dans mes réserves. Je revins une poignée de minutes plus tard avec ce qu’il fallait mais tu dormais déjà à poing fermé et je souris, heureux. Quel plus beau cadeau la vie aurait-elle pu me faire ? Je n’en voyais aucun. Tu étais si parfait, juste toi et ce passé qui marquait encore ta peau, toi et cet accent incompréhensible, toi et ce regard bleu-gris, toi et cette aura lumineuse. Je remontai la couverture pour que tu n’aies pas froid et je retournais m’allonger dans mon propre lit. Je ne me rendormis pas tout de suite. Tu occupais toutes mes pensées. Accepterais-tu de rester une fois que tes blessures seraient guéries ou repartirais-tu sans remord ? Que serait un monde où tu ne serais pas ? Quelques heures que je te connaissais et j’avais comme l’impression que tu avais toujours fait partie de ma vie. C’était déroutant, désarmant. Je ne savais pas ce que je devais en penser. Alors j’imaginais tout et n’importe quoi pour expliquer cette sensation qui était née en moi à l’instant où j’avais posé le regard sur toi.

Je finis par trouver le sommeil mais ce ne fut pas pour longtemps. Ce fut un cri de douleur qui me tira de mon sommeil et je me précipitai à ton chevet, pensant que les bandages n’avaient peut-être pas tenu. Mais tu n’étais déjà plus dans ton lit. Je sortis de la tente et ce que je vis alors me figea sur place. Le campement était attaqué. Mais il n’était pas sans défense. Tu te battais pour les défendre, pour défendre ses gens qui t’avaient mis si mal à l’aise à ton arrivée. Je ne tenais à toi que davantage.

Te voir utiliser tes pouvoirs me rappela que j’en possédais moi aussi et j’envoyais un pieu droit dans le torse d’un assaillant. J’avais insufflé au morceau de bois une telle force qu’il disparut dans le corps de l’homme. Celui-ci s’effondra sur le sol et je restai interdit pendant un instant. Je n’avais jamais tué quelqu’un jusqu’à ce moment précis. J’avais toujours tout fait pour sauver les personnes qui en avaient besoin et mon cœur me criait de porter secours à cet homme qui crachait du sang, agonisant. Immobile, je ne vis pas venir la flèche qui fondait sur moi. Mais Elijah était là, et il dévia le trait mortel in extremis. Nos regards se croisèrent et il put lire dans le mien toute ma gratitude.

Frôler ainsi la mort m’avait sorti définitivement de ma torpeur et je me mis à utiliser tout mon potentiel comme me l’avait enseigné mon mentor. En quelques minutes, l’attaque fut terminée, les derniers survivants fuyant dans un nuage de sable qui les poursuivit sur une centaine de mètres. J’étais épuisé mais il n’y avait pas de morts parmi les Elzamans, seulement des blessés que je n’aurai aucun mal à soigner. Je me dirigeais justement vers l’un des jeunes de la Tribu qui était assis par terre, se tenant la jambe quand soudain, je me sentis très faible. Je n’arrivai jamais jusqu’au blessé, tombant à genou sur le sol. Une douleur lancinante, si forte que je sentais mon cœur battre avec plus de puissance encore. Je posai la main sur mon ventre et, lorsque je regardai mes doigts, je vis un liquide rouge. Du sang. Mon sang. Avec l’adrénaline, je n’avais même pas senti le couteau s’enfoncer entre mes côtes. Je basculai doucement sur le côté, incapable du moindre geste, à bout de force. La vie s’écoulait hors de moi de plus en plus vite, comme la rivière qui prend de l’assurance alors qu’elle dévale la montagne. Ma vue se brouilla mais je te vis, penché au-dessus de moi et je pus lire de l’inquiétude sur ton visage. Je souris.

-Tout ira bien, Elijah, tout ira b…

Et je perdis connaissance, sombrant dans le néant. On dit qu’on voit défiler sa vie lorsque l’on est sur le point de mourir. Mais tout ce que je voyais, c’était toi. Etais-tu ma vie ? Etais-je déjà sur les Plaines de Lumière ? Si c’était à cela qu’elles ressemblaient, je n’avais pas peur de mourir. Parce qu’un monde où tu étais ne pouvait être qu’un endroit plein de bonheur. Parce que tu étais un Soleil et qu’un Soleil ne laisse pas l’obscurité gagner.

Soudain, j’ouvris les yeux. Terre ou Ciel ? Tu étais là, juste à côté de moi et c’est tout ce qui importait. J’ignorai combien de temps avait passé ou ce qui était arrivé mais je n’en avais rien à faire. Mort ou vivant ? Heureux.
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Lun 23 Nov 2015, 16:31
I don't know what I am doing but I hope its for the greater good

Couché sur le lit, ça n’avait pas pris de temps que je m’étais endormi. Mes larmes striaient encore mes joues lorsque j’avais sombré dans le sommeil, quoique calmé par la berceuse de Will. J’avais accepté son touché, le fait qu’il me serre contre lui. Je l’avais laissé faire comme jamais personne n’avait pu le faire. Je n’avais même as tenté de me débattre, de le repousser ou quoique ce soit. Dès qu’il m’avait relâché, je m’étais senti mal, j’aurais voulu qu’il reste comme ça jusqu’au lendemain, jusqu’à ce que je me sente mieux, jusqu’à ce que l’éternité nous engloutisse. Pourquoi? Était-ce parce que, pour la première fois de ma vie je me sentais en sécurité ? Était-ce parce qu’il m’avait promis que rien de mal ne m’arriverait plus jamais ? Le baume sur mes blessures et les bandages me faisait un effet glacial sur mes brûlures et je pouvais enfin me sentir un peu mieux. Pour peu dire, c’était tolérable. J’avais dormi d’un lourd sommeil sans rêves, profond et réparateur. Le lit de plumes, le premier luxe que j’avais dans ma courte vie, aidait hautement à rendre cette nuit de sommeil la meilleure de ma vie. Jusqu’à maintenant du moins, jamais je n’avais été aussi bien. Lorsque des bruits extérieurs me fassent me réveiller en sursaut. Je me levai à une vitesse telle que, l’espace d’un moment, je vis tout en brouillé et des points noirs dansèrent devant mes yeux. Je me mis à courir jusqu’à l’entrée de la tente. Les bruits avaient été assez discrets pour ne réveiller presque personne. Mais même plongé dans un lourd sommeil, les années de peur et d’angoisse dans la nuit m’avait préparé à me réveiller à n’importe quel bruit malgré tout. Je stoppai juste à temps pour les voir, armés de torches enflammées, d’armes. Ils étaient presqu’une centaine. Ils entrèrent dans les tentes et les cris commencèrent. Je pouvais presque sentir la mauvaise énergie les animer. Ils étaient attaqués. Je regardai partout autour de moi et avisai deux gourdes d’eau qui semblaient pleines. Je m’en emparai, les passai en bandoulière et, muni d’un pantalon de toile et d’un léger haut, je me précipitai à l’extérieur, me cachant pour les débuts. Arrivant en catimini derrière l’un d’entre eux, je me concentrai vaguement sur l’eau dans son sang et le fit bouillonner soudainement, juste assez pour qu’il se sente affreusement mal et ait très chaud.


Des cris retentirent soudain et d’un coup, la plupart étaient dehors avec des armes. Les deux tribus l’une contre l’autre, à ce que je pouvais comprendre. Un des ennemis lança un couteau et je le déviai juste à temps avec un vent venu de nulle part. Heureusement pour moi, personne, autant le camp ami qu’ennemi, ne semblait savoir d’où cela venait. Je ne laisserais personne se faire tuer ce soir. Pas après que Will m’ait sauvé la vie. Je lui devais au moins ça. Je clignai des yeux et me baissai juste à temps pour éviter une arme. Je la rattrapai avec ma magie et, debout, un masque indéchiffrable sur mon visage, droit, je le lui renvoyai son arme sans broncher, sans bouger. Assez pour le blesser mortellement, qu’il meurt au bout de son sang. Il tomba au sol. Je sentis des regards converger vers moi mais continuer d’avancer lentement, sans rien dire, lançant des assauts magiques ici et là, juste de quoi sauver les vies et éviter le plus de pertes possibles. Les seuls morts étaient dans le camp ennemi, heureusement. Je tournai la tête vers Will. J’avais vu du coin de l’œil le pieu s’enfoncer. Interdit, il ne bougeait plus. Avec une poignée d’eau que je solidifiai un peu, je déviai furieusement le trait de la flèche qui avait manqué sa cible de quelques millimètres à peine. Je le fixai brusquement dans les yeux sans rien dire, rien qu’une seconde et me détournai les yeux, me jetant dans la mêlée. Je me mis à noyer tous les ennemis au sol, utilisant le sang dans leurs poumons tandis qu’ils agonisaient ou l’eau dans leur corps pour les noyer, aspirant, délogeant toute air. Je tournai la tête vers les blessés, juste à temps pour voir Will se faire poignarder par derrière. Je blêmis et me mis à trembler. Je ne bougeai pas l’espace d’un instant, trop choqué, hébété. Ce ne fut que lorsqu’il tomba au sol que je me mis à courir vers lui, sautant par-dessus les corps et atterrir à ses côtés en catastrophe. Il perdait beaucoup de sang. Il me sourit soudain. Mon masque avait tombé et mon visage n’était qu’inquiétude. Tandis qu’il mourait, il me souriait gentiment, comme si ce n’était qu’une écorchure. Je me concentrai sur l’eau dans son sang et, les sourcils froncés la main au-dessus de la blessure, le forçai le sang à ne plus couler. Il me murmura que tout allait bien avant de perdre conscience.


J’avais concentré mon énergie à replacer le sang et l’endroit blessé. Ce n’était pas trop grave mais l’endroit touché faisait en sorte que le sang coulait à une vitesse hallucinante. Heureusement pour moi, ça n’avait pas été trop difficile à refermer. Je voyais déjà des étoiles devant mes yeux, affaibli mais je lui insufflai juste assez d’énergie pour le faire se réveiller brusquement. Il avait passé un bon trente minutes dans les vapes et moi je n’allais pas tarder à y aller dans la minute qui allait suivre. Je clignais des yeux le plus que je pouvais, comme si ça pouvait me garder hors du néant de l’inconscience due à l’épuisement, au manque flagrant d’énergie vitale. Il me fixa, l’air de se demander où il était, comme si j’étais quelque chose de divin. Je rougis tandis qu’il sourit et que son regard, la lueur dans son regard devenait de plus en plus intense. J’avais outrageusement chaud. Il était beau à se damner.


- Tu es sauf, fis-je en écorchant mes mots, espérant qu’il comprenne.


Vu son expression, il n’avait sans doute rien comprit. Je perdis conscience la seconde d’après, heureux tout de même qu’il s’en soit sorti. La plupart étaient assis en cercle proche d’un feu allumé près de moi et me fixèrent tandis que je retombai sur le sol sableux. Mais personne ne disait rien. Je n’avais rien remarqué juste avant que les ténèbres ne m’emportent. Je n’avais pas remarqué qu’ils me fixaient tous comme étant … je ne sais pas quelle était leur expression au juste. Sans doute Will la connaîtrait-elle. Ils s’étaient massés en silence et attendait, anxieux, nerveux. Ces sentiments qui n’étaient pas les miens m’avaient assailli en même temps que le soulagement. Mes sentiments ou les leur ? Peut-être les deux. Ils avaient tous fixé Will comme s’il était le plus important dans cet endroit. Mais qui était-il ? Qu’avais-je donc fait ? Le néant ne m’apporta aucune de ses réponses tandis que ma tête touchait le sol.
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Dim 27 Déc 2015, 11:36
Dès l’instant où j’ouvris les yeux, je te vis et alors, tout le reste n’avait plus aucune importance. Etais-je mort ? Etait-ce là les Plaines de Lumière ? Mais quelle importance tant que tu étais là ? C’était étrange cette sensation, ce sentiment que si tu étais présent, rien de grave ne pouvait arriver. Et pourtant je ne te connaissais que depuis une journée, et encore, connaitre était un bien grand mot. Cela venait-il de cette lumière qui t’entourait toujours ? Etait-elle magique ? Etait-elle un signe de nos ancêtres, un message des Dieux ? Ne pas connaitre une personne et pourtant savoir au plus profond de soi, dès le premier regard, que nous pouvons avoir confiance en elle, que jamais elle ne nous trahira était un sentiment si étrange que ce ne pouvait être naturel, c’était forcément d’origine divine, il ne pouvait en être autrement.

Je ne savais pas ce qui s’était passé, ni combien de temps s’était écoulé depuis que j’avais sombré dans le néant. J’avais une seule certitude, celle que tu venais de me sauvais la vie. Mais mon soulagement et ma joie furent de courte durée puisque tu tombas inconscient l’instant suivant. Inquiet, je te sondai brièvement et je ne dissimulai pas un soupir de soulagement. Tu étais seulement épuisé, tu avais juste besoin de repos. Je me laissai retomber sur le dos, épuisé moi aussi. Les Elzamans vinrent aussitôt auprès de nous mais je les rassurai d’un geste de la main. Je croisai le regard affolé de ma mère et je lui souris. Ils finirent par s’éloigner, certains tentant de remettre un peu d’ordre parmi tout ce chaos.

Alors que je laissai mon regard se perdre dans le bleu infini du ciel, je repensais à tes derniers mots. ‘‘Tu es sauf’’. Tu m’avais sauvé en mettant ta propre santé en danger. Pourquoi ? Se pouvait-il que tu ressentes la même chose que moi, cette confiance aveugle en un inconnu ? Ou était-ce simplement de l’altruisme ? Ce que tu ne savais pas, c’est que tu venais, en me portant secours, de sauver toute la Tribu. Et que ce simple geste avait fait de toi quelqu’un de très important aux yeux des Elzamans. Aux miens aussi. Si jamais tu décidais de rester parmi nous, peut-être pourrais-je faire de toi mon apprenti ? Peut-être pourrais-tu devenir Chaman et partagé mes responsabilités ? J’en fis le vœu en silence, espérant que les ancêtres m’accorderaient cette requête.

Après de longues minutes sans bouger, je trouvai enfin la force de me relever. Un jeune vint m’aider à te porter jusqu’à ma tente où je te posais sur la couche destinée aux malades ou aux blessés que je souhaitais garder en surveillance pour la nuit. Auparavant, du temps où j’étais encore un apprenti Chaman, c’était l’endroit où je dormais. Cela me faisait bizarre de repenser à cette époque qui me paraissait si lointaine et qui pourtant ne datait même pas d’un an. Une fois que je fus certain que tu n’avais besoin de rien et que tu ne te réveilleras pas tout de suite, je sortis de ma tente pour guérir les blessures des uns et des autres. Heureusement, il s’agissait pour la plupart de simples écorchures mais je manquai tout de même par deux fois de sombrer à nouveau dans l’inconscience et je dus m’interrompre un instant pour laisser le temps aux vertiges de disparaitre. Deux ou trois entailles plus profondes me demandèrent beaucoup d’énergie, les herbes n’étant pas suffisantes pour stopper les saignements.

Une fois mon rôle remplit, je retournai dans ma tente où tu étais toujours inconscient. Je te sondai pour m’assurer que tu allais mieux et je souris en découvrant que c’était le cas. Je m’assis ensuite près de toi et j’attendis ton réveil. Tu aurais sans doute des questions et je ne voulais pas qu’un autre y réponde. Tu finis par ouvrir les yeux et je pris ta main pour te rassurer.

-Tout va bien, Elijah, tout va bien.

Je serrai ta main comme pour te prouver que tu étais bel et bien vivant et je te souris. Tu paraissais si innocent et tu étais si beau que, pendant un instant, je crus que je ne pourrais pas te parler. Et pourtant, je finis par le faire.

-Je me doute que tu dois te poser tout un tas de questions et je vais essayer de toutes y répondre. Pour commencer, je ne suis pas un simple membre de la Tribu, je suis leur Chaman mage, leur guérisseur et leur guide pour comprendre les messages que nos ancêtres laissent dans le ciel. La Tribu est menée par les Anciens qui prennent les décisions. Et les autres s’occupent des autres corvées. Bien sûr, les hommes doivent aussi assurer la protection de la Tribu, tout comme moi.


Je marquai une pause pour te laisser le temps d’assimiler ces informations mais aussi pour reprendre mon souffle. Même si tu m’avais transmis de l’énergie, j’étais encore bien fatigué.

-Tu sais, en me sauvant, tu as aussi sauvé toute la Tribu. Une Tribu sans Chaman n’a plus de guérisseur et ne sait plus où se rendre pour trouver un lieu plus clément pour vivre, une oasis pour trouver de l’eau. Aucune Tribu privée de Chaman n’a tenu plus de quelques mois avant de s’éteindre ou de se dissoudre. Un Chaman forme un ou deux Apprentis dans toute son existence pour qu’ils lui succèdent. Et les gens du Désert quittent rarement leur Tribu, surtout les Chamans qui sont très proches des ancêtres de la Tribu où ils ont suivi leur apprentissage. En quittant la Tribu, ils perdraient ce lien et ce serait comme un vide en eux que les ancêtres des autres Tribus ne sauraient jamais combler complètement. Je peux donc te dire merci au nom de tous les Elzamans. Et je répondrais à toutes les questions que tu pourras te poser.

Je détournai le regard, un peu gêné. Tu étais tellement beau. Il me fallut plusieurs minutes pour me ressaisir et enfin te proposer de te joindre à la Tribu pour le repas du soir. Lorsque nous sortîmes de ma tente, le soleil descendait vers l’horizon derrière lequel il ne tarderait pas à disparaitre jusqu’au lendemain. Le reste des Elzamans nous attendait déjà autour du feu. A peine assis, un enfant vint déposer dans nos mains deux écuelles remplies de riz et de viandes séchées. Evidemment, tous les regards se portèrent sur nous, le Chaman et son sauveur. Je pouvais sentir que tu n’étais pas très à l’aise et je t’envoyai une vague d’apaisement pour te rassurer. Je savais désormais que tu avais toi aussi des pouvoirs magiques et je te dis quelques mots par télépathie avec un sourire.

**Ne fais pas attention à eux, ils veulent seulement te remercier de les avoir aidés et ils ne savent pas comment te le dire. Demain, ce sera passé.**
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Sam 02 Jan 2016, 23:42
Je n’avais pas relâché mon attention une seule seconde. Je ne l’avais pas quitté des yeux une seconde non plus, usant et puisant dans mes maigres réserves d’énergie pour refermer la plaie et vider le sang, puis le faire rétablir à nouveau après l’avoir contrôlé pour qu’il ne saigne plus. Guérison et pouvoirs sur l’eau dans le sang. J’étais épuisé et je voyais des points noirs. Pour moi, rien ne comptais plus que Will. Rien ne comptait plus que lui, et je ne le connaissais même pas. Je ne savais même pas quelle place il occupait ici, mais tous semblaient lui obéir malgré son jeune âge. Tous s’étaient regroupés autour de nous deux, mais, concentré sur ma tâche, concentré à ne pas perdre conscience avant d’avoir pu le sauver, je ne m’offusquai pas, je ne me gênait pas de tous ces regards braqués sur moi. Je ne rougissais même pas, sauf peut-être pour l’effort et la concentration déployée. Je lui lançai un peu d’énergie et il fini par ouvrir les yeux. Nos regards restâmes braqués l’un dans l’autre et l’intensité du sien me fit rougir jusqu’à la racine des cheveux. Je perdis conscience l’instant suivant. Tout était noir et j’avais l’impression de flotter mais, sans savoir d’où ça venait, je savais qu’il ne laisserait rien de mal m’arriver. Pas tant qu’il vivrait. Puis, il me l’avait promis.

Comment pouvait-on ressentir tout cela? Cette envie d’être près de lui ? Cette envie de ne jamais le quitter, même si on me promettait de devenir un Dieu, même si on me promettait l’éternité ? Si ce n’était que sans lui, je ne voulais pas. Je ne voulais rien, absolument rien d’autre qu’il reste avec moi, près de moi, contre moi. Jamais loin, sans jamais filer, s’évanouir au loin, comme un mirage, comme la pluie sur du sable, comme l’eau au soleil, comme un mirage. Non. Comment pouvait-on apposer cela, désirer une chose à ce point sans connaître la personne ? Je pouvais ressentir la magie dans cette aura blanche qui l’entourait. Encore un mystère, encore un de ces mystères incompris de l’univers, des Dieux. Était-il humain ou divin ? Est-ce que les Divinités pouvaient saigner ? Comment pouvais-je lui faire instantanément confiance, moi qui repoussait tout le monde, qui refusait de s’approcher des gens et qui ne parlait jamais à personne ? Moi qui fuyait toute présence humaine, telle qu’elle soit ? Qui était-il donc pour afficher sur moi un tel magnétisme, une telle envie de ne jamais le quitter, ce désir de rester contre lui quand il me disait que tout allait bien ? Hein ? J’étais perdu et je ne comprenais rien, je ne comprenais pas ce sentiment, ce qui se passait dans ma tête, dans mon cœur et je finis par me laisser aller complètement à ce noir total, reposant, celui qui permettait l’oubli. Le repos. J’étais tellement épuisé que je ne rêvai pas. Bien m’en fut.

Lorsque je m’éveillai, battant des paupières dans un silence qui m’apaisa, il me prit la main et je reculai, sursautant par habitude mais n’enleva pas ma main, incapable de lui refuser cela. Ses yeux noirs étaient plongés dans les miens et je n’arrivais pas à les y soustraire. Il me serra la main et sembla hésiter un moment avant de me parler. Lorsqu’il le fit, sa voix tremblait à peine, ou peut-être était-ce moi. Lorsqu’il parla, sa voix me calma instantanément. Sans doute sa présence aussi, qui sait. Il était donc leur Chaman, leur Mage. Leur Guide. Je ne sais pas si je blêmis, mais sans doute que si. J’allais donc recevoir plein d’honneurs, les gens allaient devoir m’approcher et j’avais juste envie de rester caché dans cette tente pour toujours, m’interdire d’en sortir, protégé de la vue et du toucher de tous les autres. Foutaises. Mais cela ne m’empêcha pas de le regarder dans les yeux, gêné par tout ça, gêné de la proximité, de ce que je pouvais lire dans ses yeux, cette fierté, ce fait qu’il se sentait redevable. Il m’avait sauvé la vie, j’avais sauvé la sienne. Je n’avais plus de dette envers lui. Je me sentais gêné de l’admiration envers moi, qui n’était absolument rien d’autre qu’un fallois qui avait fugué. Rien, je n’étais rien. Alors pourquoi me regardait-il comme si j’étais la huitième merveille du monde ? Je ne comprenais pas trop ce que je lisais au fond de ses yeux, cette émotion et ça m’effrayais par sa grandeur, son immensité.

Pour l’instant, je n’avais pas de questions. Je comprenais mais je n’avais rien vu, je ne connaissais rien. J’enlevai ma main de la sienne, timide, gêné. Je n’aimais absolument pas être le centre de l’attention et il était déjà trop tard pour ce qu’il faisait déjà. Ses sentiments envers moi me donnaient envie de me cacher, de me soustraire à son regard qui se demandait ce que j’avais vécu. Je fermai mon esprit, par mesure de prudence. Je lui envoyai une forte dose d’énergie parce que je me sentais mieux et serrai les dents en le voyant chanceler un peu. Oops. Je détournai les yeux, je ne voulais pas croiser son regard qui me demandait pourquoi je lui envoyais ainsi de l’énergie. Faisons donc passer cela pour de l’altruisme, Eli ! Je me cachai dans la couverture, feignant d’être fatigué pour qu’il ne comprenne pas que je fuyais son regard. Il finit par me proposer de sortir pour manger avec les autres et je me raidis. Non. Mais j’obéis, sans trop savoir comment, ni pourquoi j’acceptais. Une fois dehors, on nous remis des bols en s’inclinant presque à mes pieds et j’avais déjà envie de retourner me cacher dans le lit et de ne pas en ressortir avant qu’ils m’aient tous oublié. Raide, tendu, prêt à bondir à la moindre occasion, j’étais stressé et je détestais les regards sur moi. Will m’envoya une vague d’apaisement qui n’eut presqu’aucun effet et il m’assura quelques mots par télépathie. Je trouvai un coin reculé du feu, loin de tous et mangeai en silence en ne regardant personne, le regard perdu dans les étoiles au loin qui brillaient dans les ténèbres oppressantes du désert. Elles me calmaient. Je sentais leur regard sur moi mais m’obligeait à rester là pour ne pas peiner personne. Je pinçais les lèvres et mangeait de la nourriture qui ne m’était pas très familière. Du moins pour la viande. J’espérais juste finir mon repas rapidement et m’éclipser dans la tente sans que personne ne me voie, ce qui tiendrait de l’exploit. Je n’avais pas envie d’avoir à parler, ou d’avoir le moindre contact avec tous ces gens, ni avec quiconque d’ailleurs. Ses yeux noirs vinrent me hanter et je me dis que seul lui pourrait sans que je me rebiffe et l’envoie balader en silence, magiquement peut-être.

Anonymous
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Jeu 04 Fév 2016, 11:38
Tu étais réticent à tout contact, qu’il soit physique ou qu’il s’agisse d’un simple regard. Mais mon défunt mentor avait eu la bienveillance de m’enseigner la patience et je saurais attendre. Tu me fermas ton esprit et je n’essayai même pas de forcer la porte de tes pensées. Je n’en avais pas besoin pour comprendre que cette situation te déplaisait. Peut-être y aurais-tu réfléchi à deux fois avant de me sauver si tu avais su que cela aurait attiré sur toi tous les regards de la Tribu. Comment pouvais-tu avoir une si piètre estime de toi ? Que t’avaient fait ceux qui t’avaient poussé vers le Désert ? Le saurais-je seulement un jour ? J’en doutais. Et pourtant, il y avait cette aura lumineuse autour de toi et je sentais que quoique tu me caches, peu m’importerait tant que tu serais heureux. J’aurai aimé que tu ne fuies pas mon regard mais j’ignorais ce que tu y lisais. Je ne te le reprochais pas comme j’aurai pu le faire à un jeune de la Tribu.

J’avais perçu ce refus de ton être de me suivre au dehors et j’avais été surpris lorsque tu t’étais levé pour me suivre. Ton stress était palpable et rien de ce que je pus dire ou faire n’y changea quelque chose. Ce fut avec un pincement au cœur que je te regardais t’éloigner du feu où s’étaient rassemblés tous les Elzamans et t’asseoir, le regard fixé sur les astres. Mon cœur me poussait vers toi et cette solitude, ce silence qui devait t’entourer. Cependant, ma place était auprès des miens avant d’être auprès de toi. C’est ce que me souffla ma raison et je m’assis en tailleur au milieu d’un groupe d’enfants. Je n’avais même pas encore eu le temps d’avaler la moindre bouchée que les jeunes Elzamans me posèrent toutes leurs questions sur le mystérieux inconnu qui les avait sauvés. Je répondis avec sincérité, avouant mon ignorance en ce qui te concernait. Je ne pus leur offrir qu’un nom qui courut sur les lèvres de toute la Tribu.

Bientôt,  l’une des mères vint réprimander les enfants et je lui souris. Ce fut le vieil Aegnor qui vint prendre leur place, posant sur moi un regard qui en disait long. Mais son silence, bien que plein de sous-entendus, était toujours apprécié après une journée si riche et les bavardages des enfants de la Tribu. Sans aucune honte, mon regard d’ébène se posa sur ta silhouette solitaire, seule face au ciel étoilé. Un sourire se dessina sur le visage de l’ancien, sourire que je vis du coin de l’œil. Une petite fille portant une poupée s’approcha de toi. Mon cœur s’emballa de peur que tu ne brises le sien. Je n’entendis pas les mots qu’elle te dit mais je la vis te tendre sa poupée. La prendrais-tu ou repousserais-tu ce cadeau de bienvenue ? J’aurai pu te souffler par télépathie à quel point Alyna tenait à ce jouet mais je n’en fis rien. Je voulais voir ta véritable réaction, celle qui me montrerait un peu plus qui tu étais. Mais le vieil homme assis à côté de moi choisit ce moment pour parler et le respect que je lui devais me força à le regarder lui plutôt que toi.

-Son chemin jusqu’ici n’a pas dû être facile et les blessures de l’âme sont bien souvent plus longues à guérir que celles du corps. Seule ta patience et ce lien que je sens entre vous pourra l’aider à panser ses plaies. Il lui faudra du temps mais je pense qu’il saura apprécier la vie parmi nous.

J’acquiesçai, toujours silencieux. Je n’avais rien à dire. Ou plutôt, j’avais tant de choses à dire que je craignais de trop parler si je commençais. J’aurai pu lui parler de l’aura lumineuse autour de toi, de ce moment où j’avais veillé sur toi comme sur d’autres patients mais avec un pincement au cœur, une incertitude que je n’avais jamais connu. J’aurai pu lui dire que, je le sentais, je n’étais plus le même depuis que mon regard s’était posé sur lui dans le Désert. Mais je ne fis rien de tout cela. Il le savait déjà et si j’étais plus bavard que tu ne l’étais, je n’aimais pas plus parler pour rien.

Après plusieurs minutes passées à te regarder, je n’y tins plus et mon cœur me poussa vers toi. Je m’assis à tes côtés sans un mot. Mon regard se posa sur tes mains qui tenaient la poupée brune d’Alyna. J’ignorais si tu l’avais accepté sans un mot ou si son caractère bien trempé te l’avait simplement collé dans les mains après ton refus. Je sentis la brise se lever autour de nous et elle ne venait pas de moi. Je la contrais en douceur avec mon pouvoir et j’attendis que le dernier grain de sable soit retombé sur le sol pour parler.

-Je sais ce que tu ressens, ce malaise en présence de ceux que tu ne connais pas et je m’excuse de te forcer à vivre ça. Je ne peux pas t’imposer de rester et je te laisserai partir dès demain si c’est ce que tu souhaites. Mais je dois te dire que j’aimerai beaucoup que tu restes parmi nous quelques temps encore. Il faudra du temps pour que tes blessures ne guérissent complètement et il serait plus sage de leur laisser ce temps.

Je n’avais pas précisé de quelles blessures il était question et j’ignorais si tu comprendrais qu’il n’y avait pas que les plaies et les brûlures sur ton corps qui m’inquiétaient. J’attendis en silence ta réponse, prêt à respecter ton choix quel qu’il soit. J’avais cependant une autre proposition à te faire.

-Je… J’aurai besoin d’aide dans mon rôle de Chaman et avoir un Apprenti à mes côtés ne me déplairait pas. Si tu acceptes de rester bien sûr…
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Sam 13 Fév 2016, 13:47

J’étais allé m’installer dans un coin, loin du feu, loin des gens, loin du bruit et des énergies, des embrassades et des gens qui voulaient me parler. Assis seul à fixer les étoiles, perdu dans mes pensées, je n’avais pas envie de parler à quiconque, ni de laisser qui que ce soit m’approcher, me toucher, lire dans mes pensées ou quoi que ce soit. Je voulais être seul, isolé. Ce trop-plein d’énergie, de gens, de pensées, de bruit … Tous ces gens nouveaux qui voulaient m’approcher, tenter de me faire parler …. Non. Qu’ils oublient cela tout de suite. C’était déjà un miracle que je parle à Will. Ce que je faisais presque naturellement, sans trop savoir pourquoi ni comment. Il était le seul que je laissai s’approcher de moi, me parler, me fixer, me toucher. Puis, cette aura blanche ajoutait grandement au mystère qui l’entourait. Tous les autres le vénéraient, comme s’il était un Dieu, alors qu’il n’était que Chaman, une sorte de guide, de médecin, d’après ce que j’avais compris. Je n’avais pas envie d’être le centre de l’attention, que tous me regardent. Je n’avais pas envie d’être obligé de leur parler, d’interagir avec eux. J’avais sauvé Will parce qu’il m’avait sauvé et que je ne pouvais pas regarder quelqu’un mourir ainsi. Enfin … Pas lui. J’entendais vaguement les pensées des autres et mon nom murmuré sur leurs lèvres, partout autour. Leurs regards furtifs vers moi, mais moi qui les ignoraient ostensiblement. Je sentais le regard de Will sur moi et me réjouissais de ne pas me trouver face à lui, mais de lui faire dos en effet. Je n’aimais pas rougir et je préférais qu’il ne me voit pas rougir lorsqu’il posait son regard noir comme la nuit sur moi. Il se promenait tout bonnement au travers de tous ces gens, son peuple, ses semblables alors que je me tenais presqu’à la lisière du camp, ruminant mes pensées, oubliant mon passé pour un temps, ne pouvant enlever de mes pensées son visage, ses yeux, cette aura autour de lui, son énergie.  Je n’avais pas senti la petite fille s’approcher de moi. Je ne sus qu’elle était là que lorsque sa main se posa sur mon épaule, me faisant sauter en l’air. Je tournai vers elle un regard bleu sombre, furieux. Qui se détendit dans la seconde où je posai les yeux sur elle. Adorable. Toute jeune, elle tenait une poupée dans ses mains comme le bien le plus précieux qui existât sur terre. Un visage barbouillé de sable, une dent en moins, dans les sept ans, elle avait un air angélique, un air de poupée comme celle qui trônait dans ses mains. Elle avait de longs cheveux bruns foncés, des yeux en amandes aussi foncés que ses cheveux et un teint olivâtre. Elle semblait toute fragile et menue mais une bouillonnante énergie qui ne demandait qu’à être dépensée bouillait en elle. Pas le genre de petite à tenir en place. Je posai sur elle un regard plus calme, mais qui ne disait rien.

- Tiens ! Ma poupée est pour moi ! lâcha-t-elle à brûle point.

Je sentais dans l’énergie de l’objet tout le sien. C’était sa préférée et elle ne s’en séparait jamais. Ses yeux me suppliaient, mais je refusai catégoriquement. C’était la sienne, pas la mienne ! Elle insista et je refusai, arguant que c’était sa poupée. La supplique dans ses yeux me montrait à quel point elle voulait que j’aie ce cadeau.

- Elle va te protéger des monstres ! dit-elle, et en me voyant arquer un sourcil elle ajouta une phrase. Ils sont méchants dans le noir !


J’arquai un sourcil encore plus haut, sceptique, sans rien dire. Vraiment, des monstres ? J’étais peu convaincu de la chose. Sans doute était-ce une histoire pour endormir les tout petits en les obligeant à rester dans leurs lits quand l’heure était venue. Qui sait ?

- Elle est très, très forte ! ajouta t-elle en acquiesçant.

Elle me le vautra furieusement dans les mains et repartit sans un regard en arrière, en gambadant avec l’innocence propre aux enfants qui ont une vie agréable et aucune inquiétude à avoir. Je clignai des yeux, légèrement perdu. D’accord, dans ce cas. Je baissai les yeux sur la poupée. J’imagine que je n’avais pas tant le choix. Je sentis le regard de Will sur moi et me figeai lorsque je sentis sa présence près de moi, trop près pour moi. Le vent se mit à onduler, puis à tourner de plus en plus vite autour de moi. Je refusais de le regarder, fixant le paysage morne de sable sans ciller. Puis je sentis mon pouvoir m’échapper, être recalé, retombant. Je cillai, m’obligeant à ne rien trahir mais il était trop tard. Je tournai des yeux vers lui, les détournant dans la seconde en croisant son regard. Il proposa que je reste ici dû à mes blessures, qu’il faudrait du temps. Sa voix était pleine de sous-entendus et je tournai la tête vers lui dans l’espoir de le foudroyer du regard, ce qui échoua lamentablement. Je croisai les bras comme pour me protéger, les refermant sur la poupée, avant de baisser la tête en me rappelant sa présence.

Un grand bruit derrière moi me fit sursauter et frémir de la tête aux pieds, mon corps et mon cœur s’affolant, car ça ressemblait beaucoup à certains bruits de ma vie familiale assez violente. Quelqu’un avait trébuché et avait l’air d’avoir besoin d’aide, je ne savais  pas pour quelle raison. Je levai la main et mon pouvoir sur le vent amortit sa chute au sol, l’y faisant doucement atterrir comme s’il y était déposé. Will s’était levé en vitesse et je le levai magiquement pour le déposer dans ses bras. La jeune fille avait l’air plus jeune que moi. Je suivis Will dans la tente et je le regardai la soigne rapidement, d’une façon que je ne connaissais pas mais qui me donnait de plus en plus envie de rester et d’apprendre, de comprendre. Une fois qu’elle fut soignée, il la renvoya chez elle. Rien de grave heureusement.

- Oui.

La réponse était oui, j’acceptais de rester, de devenir Apprenti, ou un truc du genre. Je voulais apprendre ce qu’il savait. À peine un murmure chuchoté d’une voix faible. Je le fixai pour la première fois réellement, sans cligner des yeux.
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Parandar
Lun 21 Nov 2016, 21:53

Bonjour !

Le RP est-il toujours d'actualité ? Sans réponse elle sera déplacée le 5 Décembre dans les Archives.
Parandar
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Parandar
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