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Pluie Salvatrice [PV]

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Lun 18 Avr 2016, 10:32
Une journée du congé ? Plus ou moins. Zéphyr restait un chevalier et il avait des responsabilités. Il aura été retenu par quelque mission avec interdiction d'y emmener son écuyère. Ou peut-être lui avait-il délibérément laissé sa soirée de libre, ce qui serait étonnant mais qui n'était somme toute pas une mauvaise idée. Lawra appréciait toujours avoir des moments libres.
Cela devait faire trois jours qu'une pluie drue et glacée s'abattait sur le continent noir, avec pour seuls témoins les rares fous qui osaient s'aventurer au dehors. La plage des dragons n'était plus qu'une pâteuse étendue de sable caillouteux, et Pikay se couvrait de flaques boueuses à longueur de journée. Passé l'orage de cet après-midi, l'air s'était chargé d'une humidité pesante et électrique, et les passants s'empressaient de regagner leurs habitations respectives, peu enjoués à l'idée de se farcir une nouvelle averse en pleine figure. Plus d'élèves piailleurs dans les rues. Plus de vieillards pour vous vendre leurs écailles de dragons aux vertus miraculeuses. La capitale pourtant si animée d'ordinaire semblait déserte. Mmh. Évidemment, Zéphyr ne pouvait pas disparaître un jour de grand soleil. Mais ça ne dérangeait pas Lawra outre-mesure. Elle se fichait bien des conditions climatiques. La pluie n'était qu'un peu d'eau dans ses cheveux dorés. Et ça ne l'empêchait assurément pas de marcher sans but dans les rues de la triste cité, les mains dans les poches, toute de noire vêtue. Moins il y aurait de personnes aux alentours, mieux de serait.
À quoi pensait-elle donc ? Elle ne le savait pas elle-même.

À flâner ainsi, elle détaillait les bâtiments, distraite, peu soucieuse de l'état de ses semelles qui pataugeaient dans l'eau de pluie. Ici, elle notait une poutre endommagée menaçant de crouler sous le poids de l'étage supérieur, là, il y avait la maisonnée d'un riche marchand, dont la patisserie fonctionnait assurément bien. Encore une jolie habitation, puis un autre, pauvre chose acculée dans le coin de la rue. Les ruelles se succédaient, peu engageantes, faisant petit à petit place au coeur de la cité, où les avenues se faisaient plus larges et le chahut, considérable. Du moins lorsqu'il ne pleuvait pas.
Toute absorbée qu'elle était dans ses contemplations peu enrichissantes, elle faillit ne pas remarquer la présence d'une jeune fille, assise un peu plus loin sur un trottoir, non loin de là où s'ouvrait la place du marché de la ville. Point d'étalages aujourd'hui cependant ; juste cette inconnue, silencieuse, plongée dans sa réflexion muette comme l'était Lawra quelques minutes auparavant. Profitant que la mystérieuse demoiselle ne l'ait pas encore remarquée, l'écuyère s'adossa quelques instants à la devanture d'un magasin quelconque pour la détailler un peu, à suffisamment bonne distance pour que son examen discret se fasse incognito. De profil, Lawra ne distinguait pas grand chose du visage de la fille ; cependant, sa carrure et sa chevelure d'un joli roux la poussaient à la croire écuyère tout comme elle ; oui, elle se souvenait nettement de ce visage lors de l'attribution, et il lui semblait même qu'elle avait été attribuée à Xerkh et qu'elle n'en avait pas été des plus heureuses. Ces yeux verts ne trompaient pas. Quant à son prénom... Ae... Ae-quelque chose. S'il fallait en plus qu'elle se souvienne de tous les noms prononcés lors de cette maudite journée...!
Oh, si elle se creusait la tête, elle pourrait surement trouver d'autres informations sur cette fille. Elle n'avait pas de famille ici, et n'avait pas l'air hybride... Peut-être descendante d'une pauvre famille de paysans, voilà tout. Lawra ne suivait pas assez les rumeurs pour être au courant du mystère planant autour de cette Aether. Qui était-elle pour juger les gens sur leur naissance ? La fille d'une déesse et d'un chevalier. L'un mort. L'autre, méconnue. Ah.

Que faire ? C'était une fin de journée tout à faire ordinaire. Lawra pouvait rentrer à la Forteresse, ou continuer à jouer le hibou voyeur toute la nuit durant. Et puis, ce n'était pas comme si Lawra avait besoin de contacts sociaux pour survivre. Elle s'était détachée de ses choses là. C'était mieux. C'était la facilité, la lâcheté. Mais c'était mieux. Parler... C'était comme fatiguant. Elle n'arrivait pas à maintenir ce genre de liens avec les gens. La discussion était toujours vouée à l'échec, s'essouflant d'abord pour finir par le silence total. Il lui fallait réfléchir dans tous les sens, en alerte, pour trouver des réponses convenables à ceux qui osaient la questionner sur quoi que ce soit. Et la plupart du temps, ses réponses restaient brèves, incomplètes ou même totalement hors-sujet, le ton ponctué d'une petite note sèche. D'ailleurs, qui lui indiquait que cette Ae-truic - si Lawra ne s'était pas honteusement trompée dans son processus de reconnaissance faciale et qu'il s'agissait bien d'Ae-truc - n'était pas de celles qui chuchotaient lorsqu'on annonça le redoublement de la blonde ? Un amère arrière-goût de rancune en bouche, Lawra eut une moue. Qu'Aether tente un peu de la provoquer sur ce terrain là, on rirait bien...! Mmh. Elle était juste complètement paranoïaque à s'imaginer autant de scénarios dans sa tête. Elle pourrait si bien ignorer cette fille...
Alors Lawra ne sait toujours pas ce qui la poussa en cette pluvieuse journée à s'approcher de l'inconnue. Ses talons semblaient à peine frôler le sol, si bien qu'elle put rejoindre la rousse sans un bruit, sans une éclaboussure.

- Aether !

Oui, ça était revenu tout à coup, sans prévenir.
Sa voix était peut-être plus éraillée qu'elle ne l'aurait cru. Parlait-elle si peu au point que ses cordes vocales ne commencent déjà à s'effriter ? Fixant l'écuyère de ses prunelles difformes, Lawra semblait ailleurs.

- Que fais-tu là ?

Que fais-tu là dans la pluie, que fais-tu là sur Irianeth, que fais-tu là en ce monde, tant de réponses possibles à une question insensée ! Et surtout une preuve du manque tout à fait affligeant de sociabilité de Lawra... Engager une conversation ? Bonjour ? Ne pas crier le nom de gens simplement parce qu'on vient de se le rappeler après dix minutes de recherche ? Autant de concepts qui restaient désesperément inconnus à ses yeux...
Pourquoi, bon sang pourquoi n'avait-elle pas passé son chemin ? Pourquoi devait-elle immédiatement regretter tout ce qu'elle faisait si cela sortait de sa morbide routine ?
Anonymous
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Mar 13 Sep 2016, 19:42


Plic Ploc. La pluie tombait rageusement sur le terrain depuis le réveil. Rien de mieux qu'une journée pluvieuse pour errer dans le village à ne rien faire de mieux que de se laisser éclabousser par la boue. Après un certain temps de durs travaux avec Xerkh, j'avais eu cette journée - morne, diront certains - de congé pour me reposer, fureter, pour faire ce qui me plaisait. Après un réveil calme et en douceur, à ne pouvoir que merveilleusement flâner dans mon lit, à écouter le doux son de la pluie tombant dans la forêt, je m'étais levée et étirée comme un chat, avant de finalement me lever et aller me prélasser dans l'eau chaude de la baignoire que Amélia ou Xerkh avaient rempli aimablement pour moi. Une fois lavée, j'allai m'habiller et manger un petit quelque chose avant d'aller flâner au village. Je savais que beaucoup ici se demandaient d'où je venais, quelles étaient mes origines, tout cela. Mais je ne répondais jamais à aucune question. J'avais eu envie de voir Caliel, mais aujourd'hui, il ne disposait pas d'une journée de congé. J'avais été grandement déçue, car mon meilleur ami me manquais grandement. Je regrettais les journées passées à se parler simplement avec nos mains, ces journées où je me réveillais à ses côtés, couchée contre lui. Ces journées où nous étions insouciants et où rien ne nous guettais. J'eus un sourire nostalgique.

Comment le temps pouvait-il passer si vite et si lentement à la fois ? Hein? Comment ? Marchant en simple tunique sous la pluie, je laissais celle-ci me guérir de mes blessures, de ce qui manquait à ma vie, je laissais la pluie me nettoyer, me calmer, apaiser mes pensées. Tout était cal,e ne restait que ce bruit et l'odeur caractéristique qui se dégageait des nuages qui laissaient s'écouler l'eau sur nos têtes. Ici, en ce jour, dans le village même, personne ne sortait de chez lui, tous préférant la chaleur d'un bon feu pour chasser cette humidité, ce froid constant de la pluie qui tombe. Sauf moi et quelques braves, personne ne préférait s'y ateler plus que nécessaire. Assise sur le rebord des marches de l'entrée d'un endroit quelcoinque, j'étais admirablement perdue dans mes pensées. Puis, soudainement, une voix me fit sursauter. J'avais toujours du mal avec les autres. Tournant la tête vers la voix qui avait prononcé mon nom, je rencontrai deux iris dissemblables. Je souris aimablement. Lawra, si je me souvenais bien, mais je n'en étais pas certaine du tout.

- Je ... Oui ? Toi .... C'est euh, ... Laura ? Non... Lawra, c'est bien cela ? demandais-je en faisant fi du son de sa voix. Rien de spécial, j'admire la pluie.

Je lui jetai un regard pour l'observer, sans aucune pensée, simplement pour la remarquer un peu plus. Ses vêtements semblaient un peu trempés, comme les miens.

- J'imagine que tu as passé aussi la journée à profiter de la pluie ? dis-je avec l'embre d'un sourire.

En effet, peu de gens aimaient la pluie, et parfois je faisais partie de ceux-là. Il y avait de ces journées où je devais me promener sous la pluie, profiter de cette eau qui tombait lentement avec grâce partout, pour nettoyer et purifier tout ce qu'elle touchait. Et d'autres où je préférais largement me prélasser sous la couette, pestant contre le ciel qui relâchait des quantités d'eau sans discontinuer. Doucement, je me tassai sur le côté pour lui faire de la place à mes côtés. J'avais les doights tout froids, mais je n'avais aucune envie de rentrer, je me trouvais bien ici.

Anonymous
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