Joueur.se




 
Le Deal du moment :
Display 24 boosters Star Wars Unlimited – ...
Voir le deal

Wrong place [PV]

Jahël
Lun 18 Avr 2016, 16:51

Spoiler:
♔♔♔
We said to death not to wait
Drinking the tears from the bleeding eyes
The murder
The murder
The murder she cries


<< Vous comprenez... C’est notre enfant ! >>
<< Il nous a été enlevé si jeune... Maintenant on veut le récupérer. >>
<< On n’a pas... On n’a pas vraiment l’habitude de… de faire appel à... des gens comme vous. >>
<< Non, vraiment pas ! >> fit la jeune femme avec un petit rire gêné.

Je m’attardais un moment sur le visage de la mère, mon poing soutenant toujours ma tête dans une position un peu trop décontractée. Quelque chose me disait que ce n’était pas la première fois pour la jeune femme. Elle avait dans son regard une petite parcelle de culpabilité lorsqu’elle regardait son mari. Flagrant, d’ailleurs. S’il ne le voyait pas, c’était qu’il était complètement idiot. Ou bien alors faisait-il semblant de ne rien voir, très possible aussi.

<< Bon écoutez, vos raisons je m’en contre fous. Je ramène votre enfant, vous me payez, point final. >>

Ils se regardèrent un instant avant d’hocher la tête à l’unisson. Je fronçais les sourcils. Ils dégageaient tout de même quelque chose de pas net – et dans ma branche on peut dire que j’en côtoyais, des personnes pas très nettes. Relevant la tête, je m’avançais sur la table, joignant mes doigts avec un petit sourire malsain plaquait sur mon visage.

<< Si jamais vous tentez de me doubler... Je vous retrouverai, je pendrai votre fils par les pieds avant de le saigner comme un porc avant de vous le faire bouffer en ragout. C’est bien clair ? >>

Ils eurent un mouvement de recul. Je pouvais même voir la petite goutte de sueur perler sur le front du jeune homme, tandis que sa femme ravalait difficilement sa salive. Dans mon regard se lisait la promesse de les faire souffrir si jamais ils osaient ne pas me payer – et par Bob ! Ils paient très bien pour un simple enlèvement sans laisser de traces.

<< Marché conclu ! >> finis-je avec un air triomphant avant de me lever sans bruit et de partir de la taverne en refermant ma capuche sur ma tête.

Irianeth ne me donnait que rarement des occasions de prendre un peu de « vacances » b – après tout, les Sorciers ne souhaitaient pas se faire malencontreusement empoisonnés. Alors autant en profiter ! J’adorais tuer, c’est ma passion depuis que j’ai été violé et battu par les meurtriers de mes parents, mais j’adorais aussi le gain. Irianeth me permettait de tuer, mais il ne me payait pas. C’est bien l’une des seules choses que je lui reproche. J’en profitais aussi pour amener Jiyan sur le continent d’Enkidiev, bien à l’abri avec Jahar dans la guilde des Aigles de Sang. Il fallait qu’elle voie les différents royaumes. En effet, secrètement je mettais tout en œuvre pour qu’elle ne se retrouve pas enfermée sur Irianeth comme je le suis. Il fallait opérer sournoisement et sans faire trop de vagues. Heureusement, Irianeth n’est pas très regardant sur les personnages peu importants tels que moi et Jiyan.

Je menais donc une enquête pour retrouver leur enfant, avec le peu d’information que j’avais. Heureusement que j’ai put me concocter un réseau fiable, ainsi retrouver le gosse fut plus rapide que prévu. Le réseau, chose incroyable qui faisait grandement avancer les choses. Et en tant qu’Assassin, c’est particulièrement glorifiant.
L’enfant se situait donc dans un village de Rubis, il fut nommé Kaïs. Les parents qu’il avait été des nobles trop peu influant pour être reconnu, étaient incroyablement généreux. La femme s’appelait Ester, et son mari Thomas. Ils étaient bien loin du genre de personnes qui kidnapperaient un bambin. Mais je m’en fichais, le boulot s’était le boulot. Tant que je suis payée et que je peux étancher ma soif de tuerie, je me fichais pas mal que mes clients ne soient pas honnêtes. Je fis comme à mon habitude, je restais un moment dans le village, me faisant passer pour une simple voyageuse de passage officiellement, mais officieusement j’étudiais attentivement les habitudes et le quotidien de la petite et joyeuse famille. Et puis un soir je décidais de passer à l’action.
Affutant mes lames, j’attendis que la nuit soit bien entamée avant de m’introduire dans la maison. Vêtue tout de noir, capuche couvrant mes traits, je ne pris que deux dagues avec moi ainsi qu’une corde, songeant naïvement que cette mission serait du gâteau. Je me cachais dans la cuisine. Le père de famille ayant pour habitude d’avoir une petite faim, toujours à la même heure. Cachée dans le noir, j’attendis qu’il me dépasse avant de lui saisir sa bouche et de lui trancher la gorge d’un geste vif. J’accompagnais son corps sur le sol pour qu’il évite de faire trop de bruit. Cependant, la suite ne se passa pas du tout comme prévu. Ce qui était prévu : tuer la mère dans son sommeil, réveiller l’enfant, assommer l’enfant, ligoter l’enfant, le mettre sur mon cheval, brûler la maison.
Ce qui s’est passé : l’enfant s’est réveillé au beau milieu de la nuit, est allé dans la cuisine, m’a vu tuer son père, et à hurler à plein poumon. C’était certainement ce qu’il y avait de plus énervant avec ces petites bestioles : ils étaient imprévisibles.
Ne perdant pas une seule seconde, je bondis sur mes pieds pour aller assommer l’enfant d’un coup vif derrière la tête.

<< Saleté... >> soufflais-je, particulièrement agacée, alors que je sortais une corde pour saucissonner le gosse.

Très rapidement, la porte s’ouvrit, la lumière fut, et la mère déboula avec une expression apeurée sur le visage. Mais ce n’était pas tout, elle était suivie par deux autres personnes, elles aussi non prévues au programme. Certainement que la famille avait dut les héberger pour la nuit. Grinçant des dents, je lançais une dague se plantant profondément dans la bouche de la mère avant qu’elle ne songe à hurler comme son fils. L’un des deux hommes s’enfuit comme un lâche. Il n’ira pas bien loin. Mais avant toute chose, je devais finir d’emprisonner Kaïs pour éviter qu’il ne s’échappe une fois qu’il aura reprit ses esprits. L’autre jeune homme semblait bien jeune et pas spécial dangereux, j’attendais de voir s’il allait s’enfuir ou tenter quelque chose contre moi. Dans tous les cas, lui et son compagnon allaient avoir à faire à moi. Car je ne pouvais me permettre de laisser des témoins.
Jahël
Jahël
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12426-les-courriers-de-jahl#150909
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12390-jahl
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12372-jahl
Rang Classique : Chevalier
Nombre de messages : 816
Rôle : Chevalier d'Irianeth

Plus sur le personnage
Âge: 43-48 ans [L5]
Race: Humain
Invité
Ven 29 Avr 2016, 11:07
Voyageur et moi parcourions Enkidiev comme nous l'avions toujours fait. Dormant à la belle étoile lorsque le temps s'y prêtait, et quêtant l’hospitalité des lieux que nous traversions lorsque ce dernier se faisait moins clément. C'était justement à la faveur d'un jour de forte pluie que nous fîmes escale dans un village du royaume de Rubis. La météo – tout comme que les chats sauvages sévissant dans la région – nous avait ainsi pressé de trouver refuge dans quelque solide demeure. Voyageur nous avait donc conduit aux portes d'une ravissante maison bourgeoise, assurant en connaître les occupants. Nous fûmes en effet bien accueillit, et – comble du bonheur – Thomas et Ester, les maîtres des lieux,  étaient de véritables passionnés de littérature. Je fus donc tout a fait ravi de notre situation quand un domestique m'ouvrit les portes de l'immense bibliothèque de la demeure. Et immense elle l'était, si bien que je ne sus plus vraiment où donner de la tête tant il y avait là d'ouvrages. Ainsi donc je passais le plus clair du jour de notre arrivée dans cette pièce, profitant de ma bonne fortune. En une journée pourtant, je ne pu qu'effleurer la surface de tout le savoir entassé là. C'était à regret que j'avais quitté la bibliothèque le soir venu, pour partager le souper de nos hôtes. Je pris à cette occasion le temps de discuter un peu avec eux, persuadé que s'ils possédaient autant de livres, ils devaient être de fins penseurs. Le repas me donna raison car, en effet, ils avaient tout deux une conversation intéressante. En dehors de leurs lectures, Ester et Thomas passaient leur temps couvrir de louages leur fils unique. Le petit Kaïs était un enfant assez inintéressant, aussi n'ai je que peu parlé avec lui. Du haut de ses six ans, poli et bien élevé, il paraissait transparent, ayant un caractère presque trop lisse pour un enfant de son âge. Seule progéniture du couple, il était l'objet de toute les attentions de ses parents, aussi en viens je à penser que ces derniers ne pouvaient peut être plus avoir de descendance. J'eus une pensée attristée pour le petit Kaïs, qui ne connaîtrait jamais ce qu'était la vie au cœur d'une fratrie. J'étais moi même issus d'une famille nombreuse, et bien que parfois la présence de mes frères et sœurs m'avais parut étouffante, je devais reconnaître que mon enfance aurait était bien morne sans eux. Ainsi nous dînâmes fastueusement – ce qui me changeais agréablement de l’ordinaire – puis nous allâmes tous nous coucher, sans que rien ne trouble la quiétude de la maisonnée.  
Ester et Thomas avaient leur chambre à l'étage de la maison. Celle de Kaïs s'y trouvait également, mais à l'autre extrémité du couloir principal. Pour notre part, mon mentor et moi occupions une pièce dédiée aux invités de passage, se trouvant au rez de chaussé et jouxtant la cuisine. C'est au beau milieu de la nuit, alors que tout le monde aurait dû être profondément endormit, que ce déroula l'incident. Vaguement dérangé dans mon sommeil par les ronflements de Voyageur, j'entendis confusément quelqu'un passer d'un pas lourd devant notre porte. Mais somnolant comme je l'étais, je n'y prêtais guère attention : sans doute quelqu'un ayant eu une soudaine fringale nocturne se rendait à la cuisine. Comme Voyageur se retournait dans son sommeil, sa respiration se fit moins bruyante, et je parvins à me rendormir tout à fait, non sans entendre une série de petit pas suivant le premier noctambule.
Ce qui me tira en revanche très efficacement du sommeil fut le hurlement suraigu de l'enfant. Il me fallu quelques secondes pour me resituer, et comprendre que c'était vraisemblablement Kaïs qui devait crier ainsi à plein poumons. Le tumulte s'arrêta cependant brusquement. Soudain inquiet, je sautais hors de mon lit, histoire d'aller voir par moi même ce qui se tramait. Avec plus de lenteur et de circonspection, Voyageur me suivit à quelques pas de distance, ce que je ne relevais pas vraiment sur le moment. En ouvrant la porte de la chambre où nous logions, je vis passer devant moi une Ester à la mine très angoissée. Elle se précipitait à toute allure vers la cuisine, alertée elle aussi par ce tollé nocturne. Elle nous avait précédé, et entrait donc en première dans la pièce, armée seulement d'un lourd chandelier dont elle s'était saisit au passage. Ce qui se produisit ensuite fut bien déplaisant...
En entrant, nous découvrîmes nous seulement le corps sans vie de Thomas, mais aussi celui de Kaïs inconscient, étendu au centre de la pièce, ainsi qu'une sombre silhouette encapuchonnée. Ester, une expression horrifiée au visage, se jeta aveuglément sur l'intrus, visiblement auteur de ce massacre. Je n'eus pas le temps d'esquisser le moindre geste pour retenir Ester, que déjà elle tombait à terre, raide morte elle aussi. Seule la poignée de la dague qui venait de lui être lancée au visage dépassait maintenant de sa bouche, dont le visage garderait pour toujours l'expression d'un effroi silencieux.
Pétrifié par cette horreur, je demeurais immobile, incapable de réfléchir convenablement à la manière de me sortir de ce pétrin. Ce qui me fit émerger de ma torpeur fut un brusque mouvement à mon côté : là où mon mentor s'était tenu quelques instants plus tôt, il n'y avait plus personne. Ainsi Voyageur choisissait-il l'option de la fuite. C'était là naturellement la voie la plus raisonnable, mais mon corps refusait obstinément de suivre ma pensée : je voulais imiter la conduite prudente de mon mentor et mettre le plus de distance possible entre l'assassin et moi, mais j'étais tétanisé. J'avais déjà eu l'occasion de craindre pour ma vie, mais jamais à un tel point. Mon cœur battais à tout rompre dans ma poitrine, charriant dans mes veines le poison âcre de la peur. Me faisant face, l'assassin avait une aura dangereuse, et fixait sur moi un regard calculateur. Ainsi, voilà comment se sent l'innocent lapin face au renard. Un renard, que dis-je, un loup. Ou peut-être un dragon. Alors que je songeais ainsi, je réalisais que ce n'était clairement pas le moment de m'abîmer dans des réflexions absurdes. La peur au ventre, je fis volte face et pris enfin mes jambes à mon cou moi aussi. Je n'avais jamais était un héros, et il n'était pas temps d'en devenir un, surtout que l'utilité de secourir des cadavres était bien mince. Je me refusais à envisager l'idée que Kaïs était peut être simplement assommé. Je n'étais pas un guerrier, et alerter la garde du village serait un acte bien plus utile que celui de foncer vers une mort certaine comme l'avait fait Ester.
Je faussais donc aussi vite que possible compagnie à mes hôtes ainsi qu'à leur meurtrier, priant avec plus de ferveur que jamais pour que l'assassin ne me prenne pas en chasse.
Anonymous
Invité
Invité
Jahël
Mar 30 Aoû 2016, 11:55
Saucissonnant le gosse que je devais attraper pour mon client, l'autre gamin n'attendit pas que je finisse pour prendre ces jambes à son cou. Je levais les yeux au ciel. Il ne le savait pas encore, mais je n'allais certainement pas le laisser partir aussi facilement. La chose qui me sembla plus bizarre fut que l'autre homme avait laissé le gamin dans sa merde sans gêne, sans hésitation. Fronçant les sourcils, je tentais de me souvenir un minimum de son visage. Il ne me disait pas grand chose, mais il me semblait l'avoir déjà vu quelque part. Peut-être un potentiel client dont j'avais failli m'occuper mais avait finalement cédé ma place ? En tout cas, je me souvins très bien de sa tête sur une affiche que l'on m'avait montrée. Je me renseignerai auprès de ma guilde plus tard, dans le pire des cas je le prendrais en chasse ultérieurement, ou bien je le donnerai à un autre de mes compatriotes, je ne pouvais pas rester trop longtemps sur Enkidiev de toute manière.
Finissant mon nœud, je mis ensuite le gosse évanoui sur mon cheval tel un paquet cadeau, avant d'aller chercher dans une petite cachette près de la maison de l'huile et des allumettes pour mettre le feu à la maison. Je faisais les choses bien : l'incendie allait effacer mes traces, et permettrait de masquer le meurtre des parents. Quant à la disparition du petit, les citoyens diront certainement que par peur il s'est enfui dans la forêt, et ne sera jamais retrouvé. Dans tous les cas, au vu de l'heure tardive, l'incendie ne sera repéré que d'ici quelques heures, ce qui laissera le temps aux flammes de faire leur travail, et à moi de m'en aller sans demander mon reste. Faisant en sorte que l'incendie soit prit pour accidentel, je lançais une allumette enflammée dans un endroit précis, et le feu se déclara rapidement.
Montant sur mon cheval, je pris la direction de là où c'était enfui l'autre gamin. Il ne sembla pas être quelqu'un de très discret, ni qui était habitué à s'enfuir et à ne pas se faire repérer : il me laissait tout plein de traces comme le petit poucet avec ces cailloux. Des branches cassés, quelques traces de pas ici et là : le chemin semblait tout tracé, je n'avais juste qu'à être attentive aux détails.
Une heure plus tard, il semblerait que j'avais rattrapé mon retard sur le petit être. Descendant de mon cheval, je l'attachais à un endroit pour continuer à pied, ne voulant pas attirer l'attention du gosse avant l'heure. En effet, il allait savoir que je l'avais pris en chasse bien assez tôt.
M'approchant lentement, et discrètement, je l'observais alors qu'il s'était arrêté, essoufflé, contre un arbre. Il se reposait, peut-être pensait-il qu'il allait être sauf s'il allait mettre assez de distances entre lui et moi. Le problème avec les Assassins, c'était qu'ils étaient comme des pitbulls : on a une cible, on ne la lâche pas avant de l'avoir attrapé. Pauvre enfant abandonné par son père - puisque l'idée que ce soit son maître ne me semblait pas être si cohérente que cela, c'était assez rare de trouver des maîtres/élèves se baladant sans être affiliés à un Ordre, ou à une guilde.
Sortant un fouet, j'attendis le bon moment avant de le lancer sur le garçon, lui saisissant la cheville sur plusieurs tours avant de tirer violemment dans ma direction, le faisant tomber au sol et légèrement avancé dans ma direction. Sortant vivement de ma cachette, je fondis sur lui avant de lui donner un magnifique coup de poing sur la tempe, le faisant tomber dans les pommes sur le coup.
A son réveil, il était pendu par les pieds près d'un arbre. J'avais ramené mon cheval pour éviter que mon colis ne s'échappe ou que je me fasse doubler par une guilde rivale. J'étais en train déguiser une de mes lames lorsque je l'entendis gémir : signe de son réveil. Ma capuche sur ma tête pour éviter qu'il ne voit trop mon visage, la nuit était bien entamée, mais pas assez pour que l'on voit les premières lueurs de l'aurore – tout à mon avantage donc, puisque la journée il était plus compliqué de masquer mon visage.

<< Si tu veux rester en vie, je te conseille de pas faire de conneries, >> commençais-je d'une voix froide et mesurée.

Bon, je n'avais certainement pas à avoir à le lui dire, rien que la situation lui intimait l'ordre de ne pas faire de bêtises. De toute façon, au vu de sa position, il ne pouvait pas faire grand chose. M'approchant de lui, j'ouvris légèrement son haut avec ma dague avant de faire une belle marque horizontale en haut de son torse. Vu qu'il était pendu, le sang affluait d'autant plus vers le bas et il saignait ainsi d'autant plus. Je n'avais pas spécialement l'intention de le saigner, sinon je lui aurais tranché la gorge - avec ma méthode, je lui laissais plus de sursit, plus de possibilités de survivre s'il était un bon petit garçon.
M'agenouillant pour être à la hauteur du visage du garçon, je repris.

<< Plusieurs questions. Qui es-tu, qui était l'homme avec toi, qu'est-ce que vous faisiez chez les parents du garçon ? >>

En effet, j'avais un petit doute sur leur identité. Peut-être étaient-ils des sortes d'espions venus enquêter sur la famille pour une guilde rivale, dans l'intention de me voler le gosse – étant donné que la prime était fort alléchante. Mais, d'un autre côté, il n'avait pas d'armes, et ne semblait pas spécialement offensif, alors mon raisonnement ne tenait pas totalement debout.

<< Uses-tu d'une forme de magie ? Où est partit ton ami ? Penses-tu que ta misérable vie vaut la peine qu'il vienne laisser quelques plumes avec moi ? >>

Plusieurs questions demandant des réponses claires, précises et complètes. Si ces réponses ne me convenaient pas, il aurait bien plus qu'une petite marque sur son torse. Mais bon, il avait de la chance : j'étais plutôt gentille pour le moment.
Jahël
Jahël
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12426-les-courriers-de-jahl#150909
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12390-jahl
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12372-jahl
Rang Classique : Chevalier
Nombre de messages : 816
Rôle : Chevalier d'Irianeth

Plus sur le personnage
Âge: 43-48 ans [L5]
Race: Humain
Invité
Mer 23 Nov 2016, 08:48
C'est sans vraiment réfléchir à une destination particulière que je m'étais mis à courir. Néanmoins, la plus sage direction me parut être de prendre la direction de la forêt, aussi y dirigeais-je ma course effrénée. Je n'avais alors qu'une idée en tête : mettre le plus de distance possible entre l'assassin et moi. Paniqué, je n'avais même pas pris le temps de détailler l’agresseur d'Ester et Thomas. Pourquoi d'ailleurs s'en prendre au couple ? Voyageur me les avaient présentés comme de petits propriétaires terriens, et ils m'avaient semblé être des gens sans histoire. Pourtant, la visite qu'ils avaient reçu cette nuit était tout sauf anodine. Cet intrus n'étais pas un simple cambrioleur, il m'avait parut bien trop organisé. Enfin, pour l'heure, je me moquais éperdument de connaître le pourquoi du comment de cette agression, mon sort immédiat me préoccupant bien davantage.
Je ne semblais pas être poursuivit, ou du moins pas encore. Profitant de ce fait, je me fit violence pour maintenir un rythme de course soutenue : il serait temps plus tard de faire une halte, mais pour l'heure, je devais m'éloigner autant que possible. Je ne pensais pas tomber sur Voyageur. Il avait fui de son côté et moi du moins, cela semblait pour l'heure une assez bonne idée, nous nous retrouverions en temps voulu, comme nous en avions l'habitude. Je ne m'inquiétais pas particulièrement pour Voyageur tout comme je me savais capable de me débrouiller sans lui. Je me cachais bien d'admettre qu'alors, la présence de mon mentor m'eut sans doute rassuré. Enfin, faute de mieux pour l'heure, je me focalisais sur ma course.

Je tachais de maintenir une allure aussi preste que possible malgré ma fatigue en alternant des période de course et de marche. Mais même en suivant ce rythme, je me trouvais bientôt trop épuisé pour me refuser une courte pause. Au sortir du manoir, la fuite m'avais été facile : poussé par l’adrénaline induite par le peur, je pensais avoir établi une bonne distance entre le lieu du meurtre et ma personne. Je m'étais enfoncé au cœur des bois, si bien que mon champs de vision été assez restreint autour de moi, mais j'espérais que la densité de la végétation retarde mon éventuel poursuivant. Enfin, sans doute était-ce par couardise que j'avais pris mes jambes à mon cou persuadé qu'on en avait après moi, car l'attaquant du manoir n'avait pas parut me prêter trop d'attention. Ou peut être en avait il après Voyageur ? Enfin, je réalisais peu à peu que je m'étais sans doute emballé, m'inquiétant tout seul. Aucun assassin digne de ce nom ne pouvait m'en vouloir, innocent comme j'étais. Cela faisait bientôt une heure que je m'échinais à fuir un danger qui n'existait peut être même pas, et je me sentais alors bien sot. Épuisé, et sot. Cela, pour faire bonne mesure, et étant tout de même prudent, je décidais de poursuivre ma route, histoire de m'éloigner encore un peu du manoir. Je me sentais toujours choqué et à la vérité un peu nauséeux aussi à cause de ce que j'avais vu là bas. Alors que je repensais à la nuit que je venais de passer, l'image d'Ester, le poignard qui lui avait ôté la vie lui sortant de la bouche, vint à nouveau flotter derrière mes paupières, ce tordit l'estomac, mais au moins m'enjoignit à me lever. Je poursuivit donc ma route au petit trot, en tachant de ne plus penser à rien, ce qui m'étais un exercice vraiment difficile.

Cette seconde session de courte fut bien plus courte que la précédente. Je n'avais couvert qu'une maigre distance supplémentaire, mais mes poumons en feu et mes jambes alourdies exigeaient de moi une nouvelle halte. Appuyé à un arbre, je me refusais le droit de m'asseoir, sachant bien que j'aurais le plus grand mal à repartir si je m'accordais encore de m’arrêter trop longtemps. Peut être étais je en train de fuir des chimères, mais à soirée exceptionnelle, effort exceptionnel.
Mais alors que je tachais de me persuader que le risque en valait la chandelle, quelque chose s'enroula autour de ma cheville. Pendant une fraction de seconde, je priais avec toute la ferveur du monde pour qu'il s'agisse d'une ronce quelconque. Mais une secousse violente m'entraîna dans la direction d'où je venais, me jetant au sol. Je n’eus même pas le loisir de tenter de me relever ou de me débattre : une ombre bondit des fourrés environnant pour fondre sur moi. À peine eus je le temps de reconnaître l'assassin d'Ester et Thomas d'un coup de poing asséné sur ma tempe m'envoya dans les brumes de l'inconscience.

Je me réveillé la tête en bas. Une douleur lancinante puissante me vrillait le crâne, et ma vue était trouble. Je du battre plusieurs fois des paupières avant d'y voir quelque chose. J'étais toujours dans les bois, suspendu comme une pièce de viande dans un cellier à un arbre aux branches basses. Il faisait encore sombre, aussi estimais je que ne n'étais pas resté longtemps assommé. Dans mon environnement immédiat, je distinguais seulement une monture calme chargée d'un paquet inerte, et une ombre encapuchonnée, occupée à passer théâtralement une pierre ponce sur une lame de poignard. Mon cœur manqua un battement lorsque je reconnu la silhouette : encore l'assassin du manoir. Et j'étais absolument sans défense : ligoté, désarmé, seul, sans même mes précieux talismans, car mon poursuivant avait prit soin de m'ôter ma sacoche avant de me suspendre. La situation des plus précaires dans laquelle je me trouvais m'arracha un gémissement incertain. Ce bruit sembla attirer l'attention de l'assassin, si bien que je m'en mordit durement l'intérieur des joues.

- « Si tu veux rester en vie, je te conseille de ne pas faire de conneries. »

Première surprise, la voix calme et froide qui me parvint de sous la capuche sombre était celle d'une femme. Voilà qui m'avançait grandement... Elle avait dit « pas de conneries »... n'ayant pour l'heure pas le moindre plan pour me tirer de ce mauvais pas, je jugeais la consigne aisée à suivre, d'autant que demeuré en vie m'étais un souhait assez cher... en d'autre circonstances, je m'en serrais sans doute amusé. Cela étant, je m'appliquais à ne pas bouger d'un iota.
Ma coopération ne sembla pourtant pas satisfaire ma tortionnaire, puisque de la lame qu'elle affûtait un peu plus tôt, elle écarta les pans de ma tunique pour marquer ma peau d'une large entaille. Si la mésaventure ne m'avais pas concernée, j'aurais trouvé la plaie superficielle et presque bénigne. Mais pendu par les pieds à mon arbre sans possibilité aucune pour me défendre, je dois admettre que la panique me gagna peu à peu. La blessure était peu profonde, mais elle saignait abondamment, si bien que le me retrouvais bien vite avec l'ignoble goût ferreux de mon propre sang dans la bouche. Ma respiration était hachée, mais ce n'était plus du tout à cause de ma piètre tentative de fuite : j'avais, à cet instant, et pour la première fois de ma vie, peur de mourir. Et quelle belle mort que voilà ! Accrocher comme un vulgaire chapelet de saucisses ! Déglutir me demanda un effort presque surhumain, j'avais les oreilles qui sifflaient furieusement, et le sang me montait à la tête, rendant mes pensées de plus en plus brouillonnes.

- « Plusieurs questions. Qui es-tu, qui était l'homme avec toi, qu'est-ce que vous faisiez chez les parents du garçon ? »

Le ton était calme, et n'admettait aucun faux pas. Enfin, l'idée de mentir ne me traversa même pas l'esprit : je ne voyais aucune raison de dissimuler ce que je savais, et j'avais bien trop peur pour tenter l'exercice.

- « Je suis juste un nomade, Voyageur et moi faisons route ensemble la plupart du temps. On ne cherche rien de particulier, nous vagabondons simplement sur le continent. Nous avons fait halte hier soir chez ces nobliau pour ne pas dormir à la belle étoile sous la pluie. Pour ma part, je ne sais même pas qui ils sont, je ne les avais jamais rencontré jusqu'à ce soir, ce sont des connaissances de Voyageur. »

Je ne reconnu même pas ma propre voix tant elle était plaintive et geignarde. Mais l'heure n'étais pas à la contestation ou au coup d'éclat : je voulais simplement donner à cette femme ce qu'elle voulait, et repartir si possible en un seul morceau loin de tout ce cirque. La panique me gagnait, si bien que je ne songeais guère à penser moi même pourquoi l'assassin s'en était ainsi prit à Ester et Thomas, sans souligner non plus qu'elle les avait appelé les parents du garçon, marquant que c'était visiblement vers lui qu'allait son intérêt. En songeant à Kaïs, mon regard dévia sur le paquet jeté en travers du cheval que j'avais vu en me réveillant. Le sort de l'enfant ne m'inspira qu'une compassion très modérée : il n'était pas suspendu et saigné à blanc, lui !

- « Uses-tu d'une forme de magie ? Où est partit ton ami ? Penses-tu que ta misérable vie vaut la peine qu'il vienne laisser quelques plumes avec moi ? »


Elle poursuivait ses questions sur le même ton calme et monocorde. Là encore, je débitais mes réponses sans prendre le temps de respirer ou de m'inquiéter de ce qu'elle ferait de ces informations plus tard.

- « Je ne suis pas un mage, les seuls sorts que je connais me permettent de faire un feu ou d'attraper un lapin. Quand à Voyageur, je n'ai pas la moindre idée d'où il peut être. Il a fui dans une direction différente de la mienne sans doute pour maximiser ses chances de ne pas être rattrapé. Cela dit, même si ma vie n'est pas misérable, je suis certain qu'il ne viendra pas me chercher. Il ne me doit rien, et sans doute est-il déjà loin à l'heure qu'il est... »


Alors que je parlais, je réalisais que je concevais de la rancœur pour mon mentor : il m'avait abandonné pour maximiser ses chances d'en réchapper. Peut être ne m'avait-il pas tout dit au sujet d'Ester et de Thomas, ou de lui même, ce qui me mettais maintenant dans une situation bien trop périlleuse à mon goût.
Je déglutis péniblement une nouvelle fois, espérant voir mon sort s'arranger aussi vite que possible grâce à ma coopération.
Anonymous
Invité
Invité
Jahël
Ven 16 Juin 2017, 18:33
J’observais attentivement le pendu qui me faisait face. Il avait l’air jeune. Pas trop jeune non plus. J’avais déjà quelques idées qui se profilaient dans ma tête sur ce que je pouvais bien faire de lui. Après tout, je l’avais capturé. L’autre gamin saucissonné allait me rapporter une somme d’argent plutôt conséquente, mais comme la grande majorité allait revenir à la guilde, je ne pouvais m’empêcher de vouloir un petit extra. Peut-être que mon autre victime avait une famille quelque part qui pourrait payer gros pour qu’il soit relâché. Ou je pourrais le vendre. Ou bien encore je pourrais simplement le tuer pour ne pas m’embarrasser d’un autre corps. Cela restait à voir.
Il parla donc. J’observais absolument toutes ses mimiques, son regard, les mouvements de ses sourcils, de sa voix. J’essayais de déterminer s’il me mentait ou non, s’il feignait la peur ou non. Si en gros il pouvait représenter une quelconque menace. Car si c’était le cas, je ne m’embêterai plus à savoir comment il pourrait me rapporter, je le tirais simplement. Déjà mieux valait qu’il réponde rapidement et me donne satisfaction s’il ne voulait pas se vider de son sang comme un porc. Cela ne fait évidemment pas référence à l’adjectif « tu es dégueulasse » mais bel et bien à l’animal que l’on saigne avant de couper en morceau pour les papilles gustatives du peuple.

Il était donc nomade. Nomade signifiait sans attaches, donc sans familles ou amis ou petit(e) ami(e). L’idée donc d’une rançon était à proscrire. Qui voudrait de la vie de quelqu’un d’aussi insignifiant ? Surtout sachant que ce « Voyageur » n’était pas de sa famille. Une connaissance de la famille de noble auquel j’ai subtilisé tout à fait discrètement leur enfant ? Hm. Cela attisa quelque peu ma curiosité. Qui était ce Voyageur ? Un simple nomade ? Ce pourrait aussi être un voleur... ou un espion. Un espion d’une autre guilde ? Ou de la royauté ? Cela ne serait pas bon pour mon profit ou bien encore pour ma réputation si cela s’apprenait que j’avais laissé s’échapper un espion – si tant est que c’était un espion. Le pire étant que le garçon que j’avais embarqué avec moi ne m’apportait pas beaucoup d’informations sur ce Voyageur. Autant dire qu’il était franchement inutile. Et je m’impatientais. Cela pouvait se lire dans mon regard.
Il n’était pas magique donc. Enfin, pas énormément, juste des moyens de survie. Etait-il réellement sincère ? Me cachait-il des informations ? C’était possible. S’il était magique, sa seule opportunité de ne pas mourir serait de me prendre par surprise par le biais d’une quelconque magie. Je fus alors d’autant plus sur mes gardes.
Un silence s’installa durement entre nous deux, tandis que le gamin saucissonné semblait recouvrer ses esprits puisque l’on pouvait entendre quelques gémissements. Je me levais alors pour prendre un morceau de tissu et bâillonner mon contrat avant qu’il ne se mette à hurler pour rameuter du monde. Puis je revins vers le nomade, le jaugeant une dernière fois avant de soupirer.

<< Tu utilises ta magie avec tes mains ? Tu sais faire quoi d’autres à part faire du feu ou attraper un lapin ? >> Je fis une brève pause, réfléchissant au quart de tour, avant de reprendre. << Cela pourrait-il faire office de divertissements ? >>

En effet je pourrais toujours le vendre comme fou. Une personne destinée à l’amusement avec des tours de passe-passe voir même en l’humiliant simplement. Un fou était un peu comme le bouc-émissaire de ses maîtres ou de ses clients. Les gens venaient passer leur nerf sur le fou, comme une sorte de thérapie pour se sentir meilleur au détriment de la santé mentale et physique d’une autre personne considérée comme inutile et inférieure. Une sorte d’esclave en somme.
Ah mais ne vous y trompez pas. Officiellement, l’esclavagisme était aboli. Il en était autrement officieusement. Trainer dans les bas fonds et les coins sombres des ruelles m’apportaient beaucoup d’informations sur les différents trafics illégaux.

<< Tu as quel âge ? >>

Cette question avait simplement pour but de savoir si je pouvais le vendre comme esclave sexuel. C’était plutôt prisé par certaines familles de nobles, notamment pour avoir le frisson du nouveau ou autre truc leur permettant de se sentir mieux dans leur petite pantoufle. Moi ? Je m’en fichais complètement du moment que ce n’était ni moi ni mes enfants les fameux esclaves.

<< Tu m’as l’air inoffensif. Je pourrais te vendre... Prends cela comme une sorte de rémunération pour la gêne que tu as occasionné dans mon contrat et ma mission. >>
Jahël
Jahël
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12426-les-courriers-de-jahl#150909
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12390-jahl
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12372-jahl
Rang Classique : Chevalier
Nombre de messages : 816
Rôle : Chevalier d'Irianeth

Plus sur le personnage
Âge: 43-48 ans [L5]
Race: Humain
Invité
Mar 27 Juin 2017, 15:56
Je déglutis. Mon attention faisait des allée-retour entre la femme qui me faisait face et le paquet à taille humaine qui gisait toujours sur le cheval. Je n'avais aucune envie de savoir s'il s'agissait d'un cadavre ou non, et moins envie encore de le rejoindre.
La femme pour sa part semblait en plein débat avec elle même, et passablement ennuyée. Je n'aimais vraiment pas la tournure prise par cette histoire. Non pas ennuyée, exaspérée plutôt – et cela n'était pas pour me rassurer.

J'avais beau avoir répondu à toutes ses interrogations, mon interlocutrice ne semblait pas décidée le moins du monde à me défaire de mes liens. Je ne voyais pas bien quelle genre de menace je pouvais représenter, mais sans doute l'inquiétude me rendait elle acide. J'étais perclus de douleur, je m'en rendais compte alors que peu à peu se dissipaient de mon esprit les brumes de l'inconscience. En fuyant je m'étais blessé à plusieurs reprises, et la femme avait ajouté à mes maux en jouant avec son coutelas bien trop près de ma gorge. Non, je ne voyais vraiment pas comment ma situation pouvais s'empirer. C'était sans doute le seul et unique point positif que je pu trouver à tout cela. Je voulu tenter de bouger pour tester la solidité de mes liens, mais je ne parvint qu'à réveiller d'autres douleurs sans pouvoir retenir un bruit de plainte. Comment diable avait elle fait pour me hisser la haut ? Certes je ne pesais pas si lourd que ça, mais tout de même ! Pas question de la sous-estimer... quelque chose clochait avec cette femme...

Le silence de cette dernière allait m'inquiétant de plus en plus. Pourtant, je n'osais rien dire. J'avais l'intime conviction de n'avoir pas voix au chapitre quand aux futures prises de décision me concernant.
Bientôt cependant des gémissements vinrent troubler la « paix » de la forêt. En d'autres circonstances, j'aurais ri de l'ironie de ma pensée. Enfin, pour l'heure, c'est avec une attention louable de ma part que je pu suivre la femme des yeux : elle gagna sa monture, et fourra sans ménagement aucun un bâillon sommaire dans la bouche de son autre prisonnier.
Cela fait, c'est vers moi qu'elle revint, un air sévère plaqué au visage. Avec un soupire, elle me demanda encore :

- « Tu utilises ta magie avec tes mains ? Tu sais faire quoi d’autres à part du feu ou attraper un lapin ? » elle marqua une pause, durant laquelle elle sembla avoir une idée, ce qui n'avait absolument rien de rassurant pour moi, cela va sans dire. Elle reprit cependant bien vite son interrogatoire : « Cela pourrait-il faire office de divertissements ? »

Bien mieux réveillé à présent ( l'adrénaline m'ayant rendu mes esprits avec une célérité remarquable ), je pu mettre en doute l'utilité de jouer franc jeu avec cette femme. Je ne savais pas exactement ce qu'elle avait en tête, mais j'avais peur d'émettre la moindre hypothèse à ce sujet.
Toujours maintenu la tête en bas, le bruit de mon cœur me paraissait assourdissant quand bien même je savais être le seul à l'attendre. Cela gênait encore davantage le cheminement de mes pensées...

- « Non pas directement avec mes mains... mais par le biais des talismans que je confectionne... »
même parler était rendu plus délicat par ma position. J'avais la sensation d'une bouche engourdie. Pourtant je poursuivi mon exposé. « Je ne vois pas quel genre de divertissements cette magie pourrait offrir... »

Voilà qui devrait suffire. Il n'y avait de toute façon rien de faux dans ce que je venais d'annoncer. Je n'avais jamais tenter de confectionner de talismans pour autre chose qu'en vue de faciliter mon quotidien. Je n'aurais eu que peu d'usage ( pour ne pas dire pas du tout ) à en élaborer pour divertir un public.
De son côté, la femme poursuivait ses questions. L'échange était un peu à sens unique, mais je n'étais clairement pas en position de faire des doléances quelconques.

- « Tu as quel âge ? »


Sa question était saugrenue. Enfin, sans doute m'aurait elle parue saugrenue dans un contexte plus normal. Mais obnubilé comme je l'étais par la présente nécessité de mettre le plus de distance possible entre cette femme et moi, je ne pu que répondre sans prendre le temps de la moindre réflexion.

- « Quinze ans... »

Toujours pas le moindre signe d'expression déchiffrable sur le visage dans l'ombre de la capuche. Même son timbre de voix était neutre et froid. On peut avoir peur de quelque chose que l'on connaît. Face à l'inconnu, on angoisse de ne pas savoir ce à quoi l'on est confronté, ce qui va advenir... c'était une sensation pire encore. Je la détestais, tout comme je détestais ma situation actuelle. Dans un réflexe de lutte vaine, je testais à nouveau la solidité de mes liens. Je devais m'en aller au plus vite.

- « Tu m’as l’air inoffensif. Je pourrais te vendre... Prends cela comme une sorte de rémunération pour la gêne que tu as occasionné dans mon contrat et ma mission. »

Sourde à mon malaise, la femme en était encore à élaborer la suite de sa petite machination. Mais merde à la fin, je n'avais rien demandé à personne moi !

- « Je veux seulement m'en aller, je ne connais pas les habitants du manoir, et qu'importe ce que vous leur voulez, je leur suis étranger... je ne suis personne, et encore moins une quelconque menace, je veux seulement me réveiller de ce bordel ! » ma voix était allée crescendo alors que je prenais la parole, et voilà qu'horreur, ma réplique avait prit des accents geignards.  

En parlant, j'en venais à m'agacer seul contre le monde entier. La corde qui me retenait me sciait les poignets et les chevilles, j'avais mal, peur, sommeil... et surtout je n'avais rien fais pour mériter un tel déchaînement de mal chance !
Anonymous
Invité
Invité
Jahël
Jeu 27 Juil 2017, 11:31

Je posais des questions à monsieur l’inconnu sans me départir de mon calme habituel et de ma froideur claquante. Il ne semblait pas spécialement dangereux et cela facilité grandement mes affaires. En effet j’avais à l’esprit quelques projets pour lui, et il était certains qu’il n’allait pas apprécier. Cependant, au vu de sa soumission évidente, mes projets de futurs semblaient tout à fait lui correspondre. Après tout, s’il était aussi docile, cela ne fera que rendre mes clients plus heureux. Il semblait tout de même prendre le temps de la réflexion avant de répondre, donc pas si docile que cela – il étudiait simplement la situation pour savoir quelle option était la meilleure. Mensonge ou vérité ? C’était un débat qui ne se tarissait jamais et pour n’importe quelle situation. Je devais dire user très souvent de mensonges, c’était mon train de vie. C’est limite si toute mon existence n’était pas basée sur le mensonge. Je mentais sur mon passé pour ne pas passer pour cette pauvre fille ayant empruntée la voix de l’assassinat à cause du meurtre de ses parents et de ses viols répétés. Je mentais sur mon allégeance, et ce mensonge réussissait à merveille depuis plusieurs années, m’affiliant à Irianeth alors que je me permettais des petits écarts. Je mentais sur plein de choses, voir même sur mon âge.
Donc, Sansnom répondit docilement à mes questions. Il utilisait la magie par le biais de talisman, c’était intéressant, cela pourrait faire office de spectacle d’ailleurs. Il devrait en être content, cela le pousserait à améliorer cette capacité pour offrir des spectacles toujours plus innovants et amusants. Même si je doutais qu’il soit entrainé d’une manière douce et gentille. Je possédais moi-même un pouvoir, inutile pour les tours de passe-passe, mais pratique pour repérer un être doté de magie, ce qui me permettait de les fuir rapidement. Bien qu’il ne voyait pas en quoi cela pourrait servir de divertissement – peut-être effectivement cela s’avérera inutile – j’avais pour ma part une vision bien plus ouverte que lui sur ses possibilités. En même temps il avait l’air jeune et donc peut-être que ce genre de pensées n’étaient pas encore à sa portée.
Il avait donc 15 ans. A cette réponse, je ne pus réprimer un large sourire malsain et narquois, tandis que dans mes yeux luisaient une étincelle brillant à la pensée de l’argent que je pourrais me faire en le vendant. Avec un bon bain et des habits un peu plus... classes, il serait agréable à regarder, et donc agréable à toucher. C’était plus qu’intéressant, il allait vraiment être lucratif.
Il finit par geindre. Cela m’ennuya fortement, et mon sourire s’effaça bien rapidement. C’était comme s’il appelait sa mère à l’aide. « Bouhou, au secours, Maman, j’ai peur ». Je détestais les enfants geignards qui ne savaient pas prendre sur eux, ni se défendre dignement. On peut dire que Sansnom n’avait aucune dignité et même certainement aucune fierté. Dans un sens, c’était bon pour ce que j’avais l’intention de lui faire, mais c’était aussi désagréable à entendre.
La gifle partit d’elle-même, du dos de la main droite et claquante comme un fouet.

<< Je ne veux plus t’entendre. Que cela te plaise ou non, désormais tu es à moi. Je vais t’appeler Poupée, comme tu te comportes comme une fillette faible et désespérée. >>

Me relevant, je tranchais d’un coup sec la corde maintenant Poupée en suspension la tête en bas. Le saisissant par ses cheveux à pleine main, je le trainais jusqu’à mon cheval pour y prendre un autre morceau de corde et un tissu, puis je me dirigeais vers un rocher non loin. Je pris alors sa main gauche que je plaquais violemment sur le rocher.

<< Au cas où l’idée de t’enfuir de ma surveillance te viendrait à l’esprit... >>

Je sortis un couteau, et d’un geste vif, je lui tranchais l’index. Il fallait émettre une forte pression et être rapide pour pouvoir couper l’os entièrement. Le sang se mit à gicler, Poupée à gigoter, mais ma poigne restait ferme. Je le regardais droit dans les yeux avant de reprendre, le couteau ensanglantée levé comme dans l’attente de trancher un autre doigt.

<< Je te trancherai tous les doigts et je te les ferais bouffer avant de t’arracher les ongles des pieds pour te les enfoncer dans ton corps, lentement. C’est clair ? >>

J’attendis qu’il acquiesce avant d’entourer le moignon sanglant du tissu, puis alors qu’il faisait pression avec son autre main sur sa plaie, je pris la corde et j’attachais ses deux poignets ensemble. Ses pieds étaient encore liés, cependant il n’y avait pas assez de place sur le cheval pour avoir deux corps inertes sur sa croupe en plus de moi, de ce fait je tranchais les liens de ses pieds pour lui permettre de marcher, ayant une autre idée en tête.
Tirant sur la corde pour l’obliger à se relever, je décidais de le trainer de telles sortes, comme un esclave derrière son maître. Il fallait qu’il s’y habitue après tout, c’était son futur métier. Remontant sur mon cheval, je partis doucement en direction d’une auberge.

Le jour suivant, j’avais rendez-vous avec mes clients pour le gosse que j’avais kidnappé. Poupée était sagement enfermé dans une chambre tel un animal pendant que je faisais ma transaction. L’argent en poche, j’en profitais pour manger jusqu’à ne plus pouvoir rien avaler avant de donner un quignon de pain et de l’eau à Poupée. Suite à cela, nous reprirent la route, lui marchant sur le côté de mon cheval, moi le tenant par la corde paresseusement.
J’avais pris rendez-vous avec d’autres personnes pour vendre ma trouvaille. J’avais donc pris contact avec des intermédiaires de la grande famille Elhys Harrison, s’occupant des marchés d’esclave. Je devais me rendre dans village voisin, puisque l’avantage dans cette mission était qu’ils résidaient à Rubis. On m’emmena dans des ruelles malfamées où l’on tenta à plusieurs reprises de me voler – à leur risque et péril ! Beaucoup ont perdu la vie bêtement. Enfin nous arrivâmes dans une place où se tenaient plusieurs nobles – au vu de leurs habits – tenant en laisse leur propre esclave. Un homme tout vêtu de noir vint rapidement à ma rencontre. Il était noir d’ailleurs, ce qui me surprit étant donné qu’à Rubis, les gens étaient généralement blancs. Certainement ne venaient-ils pas de ce royaume. A ces côtés, un jeune adolescent – de l’âge de Poupée si je ne m’abuse – le suivait docilement. Sa peau et ses cheveux étaient blancs, presque transparents, tandis qu’il posa sur nos des yeux injectés de sang froid, mais aussi avec une touche de malveillance. Rien qu’en le regardant, je me sentais mal à l’aise, il fallait se méfier de lui c’était certain. Il transportait d’ailleurs un espèce de cache-soleil en toile pour se protéger de ses rayons. * Un Albinos peut-être... * C’était rare de nos jours. Me détachant de lui bien rapidement, mon regard revint vers le grand qui semblait être son maître.

<< Je suis le maître de ce lieu, et voici mon apprenti, Osrias. Je souhaiterai avant toute chose voir votre visage. >>

Cela me déplaisait fortement, mais j’imaginais que c’était un passage obligatoire pour éviter d’avoir des problèmes de vol ou bien d’évasion. Je me découvris donc pour quelques minutes, attendant qu’il acquiesce avant de me couvrir à nouveau.

<< Je viens pour vendre un produit, je l’ai nommé Poupée, >> commençais-je, poussant d’un geste sec Poupée sur le devant de la scène. << Une quinzaine d’année, sans attache, il use de la magie via des talismans. D’après ses dires, personne ne viendra le chercher. >>

Le regard du noir passa donc sur Poupée, et un sourire espiègle – voir même tendancieux – passa sur son visage. Il leva la main pour faire signe à deux hommes de venir, et sans prévenir, ils déshabillèrent intégralement Poupée. Le patron détailla ensuite très attentivement chaque parcelle du corps de ma victime avec un air appréciateur, tandis que le jeune homme du nom d’Osrias le fixait sans sourciller.

<< Il est... intéressant. Je pense que l’on pourra faire de lui un bon esclave. Qu’en penses-tu Oz ? >>
<< Intéressant, oui, >> répondit-il simplement tandis qu’un fin sourire pervers se dessina lentement.
<< Tu en auras un bon prix. Cependant il sera moindre sachant qu’il est abimé. >>
<< C’est pour qu’il garde un souvenir de moi, >> répondis-je simplement avec un sourire mesquin.

Sourire qu’il me rendit au centuple. D’un geste de la main, il ordonna aux deux hommes ayant déshabillés Poupée de lui faire enfiler de force une tenu d’esclave. Ses mains furent déliées bien entendu, et il n’était désormais plus en ma possession, alors je n’avais plus à m’en occuper. Le patron m’amena dans une étable pour me donner mon argent, et je partis sans demander mon reste.
Pour Poupée, une nouvelle vie s’offrait à lui.
Jahël
Jahël
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12426-les-courriers-de-jahl#150909
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12390-jahl
https://rpg-chevalier.forumactif.com/t12372-jahl
Rang Classique : Chevalier
Nombre de messages : 816
Rôle : Chevalier d'Irianeth

Plus sur le personnage
Âge: 43-48 ans [L5]
Race: Humain
Invité
Dim 17 Sep 2017, 11:21
J’eus beau rétorquer avec application, je ne reçu pour toute réponse que des sourires inquiétants de la part de la femme. D'autant plus inquiétants que je ne voyais rien d'autre du visage de mon interlocutrice, puisqu'elle était toujours partiellement dissimulée sur sa capuche.
Quand une plainte m'échappa, elle fut rapidement suivit du bruit d'un claquement sec. La femme venait d'écraser sa main sur mon visage, m'arrachant une expression exorbitée. Le sang m'était monté à la tête depuis que j'étais suspendu à la manière d'une pièce de viande, ralentissant mes pensées. J'avais l'impression de devoir réfléchir au travers d'une nappe épaisse de brouillard, englué que j'étais dans une fange poisseuse, tant et si bien que je perçu sans exactement les comprendre les paroles suivantes qu'elle prononça.

- « Je ne veux plus t’entendre. Que cela te plaise ou non, désormais tu es à moi. Je vais t’appeler Poupée, comme tu te comportes comme une fillette faible et désespérée. »

Je n'eus guère le temps de songer à protester même si recevoir un surnom ridicule était bien le dernier de mes soucis, ma priorité étant de m'esquiver au plus vite. J'avais certes peur, mais je n'étais pas encore devenu complètement stupide...
Je fus brutalement ramené à la réalité par le choc de mon corps tout entier s'écrasant sur le sol rude de la forêt. Le nez dans la mousse qui tapissait la terre, je sentais mon cœur battre a mes oreilles avec une force assourdissante. Mon crâne était lourd et douloureux, presque au point d'en oublier la gifle que j'avais reçu, et qui était sans doute le moindre de mes maux actuels. Comment dire à quel point mon soulagement fut de courte durée ?

Bientôt, c'est une forte poigne qui agrippa fermement mes cheveux, me relevant sèchement. J'en aurais maudit la longueur négligée de mes mèches en d'autres circonstances. Toujours était il que la femme m'entraîna, et je dus la suivre, mi claudiquant mi glissant, n'arrivant pas à me relever totalement. Nous marchâmes jusqu'à sa monture, où j'eus au moins le maigre soulagement de voir que le paquet jeté en travers de la selle était bien vivant. Là encore, maigre consolation face à ce qui suivit. Quand la femme me traîna à nouveau de par la clairière, pour finir par me maintenir comme une roche, je n'eus pas la force de protester. Je me sentais gauche, lourdaud, et complètement découragé. Que pouvait il arriver de pire après tout ?

- « Au cas où l’idée de t’enfuir de ma surveillance te viendrait à l’esprit... »


Elle ne me laissa même pas le temps de prendre en compte ses paroles avant de mordre ma chaire à coup de lame. Le savant mélange de douleur et de surprise me pétrifia un instant : que venait elle de faire à ma main ? Tardivement, je tâchais de m'extraire à de sa poigne, de retirer mon bras, usant de mes dernières forces pour ça. Mais tout cela s'avéra aussi vain que toutes mes tentatives précédentes.
Quand finalement je cherchais à comprendre pourquoi, je rencontrais le regard de la femme. Intransigeante, elle approcha de mon visage le couteau encore souillé de sang qui venait de me priver de mon index gauche.

- « Je te trancherai tous les doigts et je te les ferais bouffer avant de t’arracher les ongles des pieds pour te les enfoncer dans ton corps, lentement. C’est clair ? »

Je déglutis et très honnêtement, je ne sais pas par quel miracle je restais conscient. Un vague hochement de tête plus tard, elle colla dans ma main mutilée une boule de tissu, que je m’empressais d'appliquer fermement sur la plaie. J'étais décidément entrain de vivre un vrai cauchemar...

Elle ne me laissa en tout cas guère davantage de temps pour panser ma plaie, car déjà elle scellait mes deux poignets ensemble, alors même que la douleur lancinante palpitait toujours dans ma main gauche. Obnubilé par cela, je songeais à peine à réagir lorsque la femme trancha les liens qui entravaient mes pieds. Assis à terre, j'en profitais pour tenter quelques mouvements prudents, mais rapidement, je fus obliger de me remettre debout : de l'autre côté de la corde qui liait mes main, la femme était occupée à nouer le tout à sa scelle. Elle prit d'ailleurs place sur sa monture, et avant que j'ai pu prendre pleinement conscience de quoique ce soit, j'étais tracté à sa suite...

Le reste passa à la fois très lentement et très rapidement. J'en suivais les événements comme un spectateur distant, comme si toutes ces choses ne m'arrivais pas réellement... J'avais toujours eu une vie tranquille et sans soucis. La brutalité de ce que je vécu lors de ces quelques temps n'en fut que plus forte. Ainsi, je fus traîné sans ménagement à l'arrière d'un cheval, beaucoup trop longtemps. Cela pour finir enfermer dans une chambre miteuse dont je cessais rapidement de chercher à m'enfuir, à force de regarder ma main... Ma fierté fut plus piétinée encore lorsque je du accepter les vivres de la femme lorsqu'elle m'en apporta. J'avais honte, mais plus faim encore. J'avais mal, j'avais sommeil, je ne rêvais que de sortir de ce mauvais pas. Un tel déchaînement de mal chance n'était pas vraiment possible après tout non ? Il n'y avait rien de logique dans tout cela...

La femme finalement me traîna dans je ne sais quel bouge malfamé, où je préférais encore contempler résolument mes pieds. J'avais depuis le début lâché l'affaire, me désintéressant purement et simplement de mon propre sort. Ce n'était pas un abandon... pas vraiment. Je ne pouvais simplement pas admettre ce qui était en train de s'abattre sur moi.

Comment sinon gardé la moindre trace d'esprit épargné ? Je me laissais faire, ballotter de droite et de gauche par la femme. Nous finîmes notre route ensemble dans un sous sol puant plein de monde. Je ne regardais personne, je ne faisais rien, conservais une mine inexpressive - et cela reflétait parfaitement mes pensées : ne songer à rien, et attendre. Quelqu'un finirait bien par faire une erreur, un faux pas, et là je m'éveillerais pour partir loin, vite, et ne jamais revenir.  

- « Je viens pour vendre un produit, je l’ai nommé Poupée. Une quinzaine d’année, sans attache, il use de la magie via des talismans. D’après ses dires, personne ne viendra le chercher. »

Je n'écoutais pas. Quand elle tira sur le corde qui me retenait et m’exhiba comme un animal de foire, je n'imprimais pas. Rien de tout cela n'était réel si je n'y accordais pas d'importance. Quand je me retrouvais déshabillé comme un moins que rien, je ne bronchais pas. Je n'étais pas vraiment là, avec eux, dans cet entresol miteux. Pas question.

On me couvrit finalement avec une toge informe, mes effets évacués sans ménagement. Je n'en avais cure. Il fallait que je n'en ai cure, sans quoi, j'aurais sans doute perdu l'esprit dans la seconde. Comme je ne faisais toujours pas attention à quoique ce soit, je fus presque surpris quand il ne se trouva plus la femme dans mon champs de vision. Presque. Elle devait avoir été payée, et avait mit les voiles. Je m'étonnais moi même en ne songeant pas à me venger. Je ne lui en voulais pas vraiment, elle avait su tirer profit de la situation, à mon dépend certes, mais tout de même.

À la suite de cela, ma mémoire vacillait. Inutile de dire que je ne coulais pas exactement des jours tranquilles aux mains des esclavagistes. Tout n'était qu'une succession d'événements décousus, de visages flous et tous semblables. Le seul qui se détacha du lot fut celui d'un garçon de mon âge, un certain Osrias, aussi pâle qu'inquiétant. Lui, j'avais du mal à l'ignorer, d'autant que j'avais la désagréable impression qu'il me surveillait toujours plus que les autres. Car naturellement, mon apathie conduisit bien vite mes geôliers à la négligence : un jour, on oublia de serrer suffisamment un nœud qui me retenais : je n'en fis rien. Un autre, on omit de verrouiller une porte : je ne bougeais pas. Par contre, le jour où, sous couvert d'une nuit noire sans une once de lune, on me transféra avec d'autres vers une destination quelconque, cette fois là, je ne pu que saisir l'occasion offerte. Partir ne fut pas aisé, et je demeurais plusieurs jours au fin fond d'un terrier à regarder la succession du jour et de la nuit dans le ciel, avant d'être parfaitement certain que l'on ne me chercherait plus.
Les temps qui suivirent furent étranges, et je vécu comme un animal. Je me cachais en journée, je me déplaçais la nuit. Il n'y avait plus Voyageur, ne n'avais nul part où aller, quand bien même je savais précisément où je ne voulais pas retourner. Je ne saurais dire combien de temps j'étais resté sous la coupe des esclavagistes. Pas plus que je ne saurais quantifier la durée de mon séjour dans les bois après ma fuite.

Finalement, mon salut vint de là où je ne l'attendais pas. J'étais occupé à boire à une rivière, quand j'avais senti quelque chose approcher : ma mésaventure m'avais laissé infiniment plus prudent et plus soucieux. Pourtant, c'est un loup qui m'avait surpris ce jour là. Un loup vraiment ? Plutôt une pâle lueur venue remettre de la couleur dans sa vie...
Anonymous
Invité
Invité
Contenu sponsorisé
Contenu sponsorisé
Page 1 sur 1

 :: Hors Jeux :: Dix-septième génération
Sauter vers :