| ProvidenceDim 24 Avr 2016, 20:35 Kaylann passa une griffe inquisitrice sur la plaie encore à vif ; une coupure nette qui traçait une ligne écarlate et étonnamment droite de son épaule jusqu'à la naissance de ses seins. Elle songea que peut-être, elle aurait dû accepter la proposition de Luke de lui faire soigner ça. Le jeune capitaine comptait parmi ses matelots, paraissait-il, un magicien amateur au pouvoir de guérison très efficace. Malgré l'insistance dont il avait fait preuve, Kaylann avait décliné sa proposition, arguant, au grand damne du marin à la chevelure de feu, qu'elle se passerait de magie pour un bobo aussi insignifiant. Elle s'était raccommodée seule et en vitesse après la bataille contre les rebelles. Il était vrai que leur chef, un grand barbu aux réflexes un peu trop aiguisés, n'y avait pas été de main morte. Son épée l'avait scalpée, cela dit, elle lui avait bien revalu cet affront par la suite. S'attaquer aux points de suture s'était avéré un peu complexe au départ, à cause du sang qui se déversait encore et toujours, lui brouillant le champs d'action, malgré les litres d'eau qu'elle s'escrimait à déverser sur la plaie. Au final, cela n'avait pas été si terrible. De gauche à droite de la coupure, le fil noir et épais zigzaguait de façon plus ou moins régulière et Kaylann résista à l'envie pressante de se l'arracher. Elle ne donnerait pas raison à Luke et sa certitude que, "la connaissant", elle "ne ferait qu'aggraver la blessure" si elle ne le laissait pas appeler son gars. Grognant sa frustration, la mi-pardusse décida de commencer à s'habiller, histoire d'arrêter de fixer ce foutu machin noir qui semblait la défier de l'extirper avec les dents. Kaylann en était encore à enfiler sa brassière lorsqu'on frappa à la porte de ses appartements. Pas trop tôt, songea la jeune femme en ouvrant la porte à la volée, révélant un corps d'une transparence maladive, meurtri - en grande partie par a tigresse elle-même, à peine plus épais que celui d'une fillette, recouvert par rien sinon une chevelure blanche immaculée et un morceau de cuir noir que la chevalière s'escrimait toujours à faire glisser jusqu'à sa poitrine. Sans prononcer un mot, Kaylann jaugea le jeune adolescent humanoïde qui se tenait sur le pas de la porte, des pieds à la tête, l'examinant sous toutes les coutures le plus tranquillement du monde, comme si elle cherchait à définir la qualité d'une pièce de viande. Puis, toujours silencieuse, elle tourna le dos au garçon, partant en quête d'un bas au moins aussi sombre que sa brassière. Au bout d'un moment, et après que son nouvel invité ait eu la présence d'esprit d'entrer et de refermer la porte derrière lui, Kaylann daigna desserrer les lèvres.
- Je parle, tu te tais.
Tout en portant son choix sur un bas moulant noir qu'elle enfila prestement, la jeune femme enchaîna.
- J'ai déjà fait venir toutes les affaires dont tu auras besoin. Pas besoin d'emmener les tiennes.
Ni vêtement, ni effet personnel, rien. Kaylann se foutait pas mal de tout l'attirail superflu que pouvait posséder le rejeton de Kassilli. Son aînée se baladait déjà dans tout le palais bardée de froufrous et de bijoux. Un peu de sobriété ne pouvait pas faire de mal à son benjamin. Car oui, Kaylann s'était renseignée sur Caliel dès son retour d'Elfe la nuit précédente, avant de charger un quelconque larbin d'informer son nouvel écuyer de la rejoindre en fin de matinée. Seulement, lui, n'avait pas à le savoir, bien que Kaylann trouvait particulièrement ironique d'écoper de la progéniture de Kassilli. La jeune femme se saisit du pendentif qui gisait sur son lit - une pierre noire et luisante qui tenait dans le creux de la main - et continua, tout en attachant la cordelette sur sa nuque :
- Il semblerait que ma mission dans les colonies t’aie permis d'obtenir quelques... vacances supplémentaires, articula t-elle avec tout son détachement habituel.
Une semaine, en tout. Kaylann attrapa un haut sans manches gris et un pantalon noir simple qu'elle balança à Caliel.
- Change toi, lui ordonna t-elle.
La jeune femme se garda bien d'ajouter la paire de bottes neuves qu'elle avait fait apporter à l'intention de l'adolescent - il n'en aurait pour le moment aucune utilité. Elle vérifia simplement que l'écuyer s'exécutait, sans émettre le moindre commentaire ou faire preuve d'une pudeur déplacée. Tout ce que Kaylann attendait était qu'il se débarrasse de ses vêtements là, sur place, pile à l'endroit où il se tenait, face à elle, tandis qu'elle l'examinait d'autant plus intensément.
- J'aurais dû rentrer avant l'adoubement, mais les rebelles ne sont pas des gens très perspicaces. Ils hurlent plus qu'ils ne parlent.
En vérité, la jeune femme n'aurait eu qu'à forcer leurs esprits pour les presser de toutes les informations concernant la rébellion à Elfe. Mais cela aurait été tellement moins stimulant...
- Ils hurlaient même un peu trop.
Sur ces mots, Kaylann ramassa une mallette qui trainait sur une table basse et l'ouvrit sous le nez de Caliel. Une odeur de vieille charogne et de sang séché emplit la pièce. Présentées chacune dans un écrin de velours vert, six langues fraichement découpées de rebelles reposaient là.
- Prends en une, n'importe laquelle, ordonna Kaylann avec, dans la voix, un fond de douceur malsaine.
Caliel n'avait plus qu'à se saisir d'une langue, de la toucher. Il n'avait vraiment pas d'autre choix.
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| Rang Classique : Prêtresse Nombre de messages : 214 Rôle : Prêtresse du dieu de la Mort, noble
Plus sur le personnage Âge: 43-48 ans (L7) Race: Hybride-humaine
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