A la sueur et aux larmes [PV]

J’avais un grand besoin de me défouler. Pourquoi ? Pour plein de choses. A commencer peut-être par ma mère qui s’est récemment effondrée sur le sol de notre maison pour cause de tous les évènements qui se sont abattus sur notre famille. L’hécatombe dans sa famille adoptive, Gillian – ma petite sœur – qui disparait mystérieusement, Niwendal – mon autre petite sœur – qui se fait enlever par la sœur psychopathe de mon père... Sans oublier cette stupide quête de l’épée qui provoqua en elle et en chacun des participants des peurs et des angoisses qui, en vérité, avaient toujours été là. Quand ta mère s’effondre de cette manière, difficile de faire l’impasse. Fort heureusement mon père a sut la prendre en main, bien que lui aussi ait eut son lot d’horreur – après tout, sa sœur a juré de ruiner sa vie à jamais.
Mais ce n’était pas tout non. Car j’étais là aussi, pour cette foutue quête de l’épée. Cette peur de ne pas être à la hauteur, d’être la déception qu’ils attendent tous que je sois, c’était vraiment une sensation horrible. Etre rejetée, éjectée de l’ordre pour incompétence et insubordination, être considérée comme de la sous-merde incapable de faire quelque chose de bien ou de mener une mission à bien, c’était quelque chose que je refusais catégoriquement. Je refusais que l’on me rejette, je refusais d’être une déception, mais la peur restait là, et s’il y a cette peur c’est qu’il y a cette possibilité.
Et pour finir, il y a Juny. Juny, cette peste brune était une magicienne, et j’étais quasiment certaine qu’elle a dut me jeter un sort avec son doigt crochu – ou du moins avec son squelette bizarroïde qu’elle aime surnommer Néo, à croire que cette pseudo nécromancienne avait un sens de l’humour tordant. Eh oui, j’étais tombée amoureuse d’elle, et j’avais beaucoup de mal à me l’avouer et encore plus à l’avouer aux autres, car j’étais très portée sur l’apparence que je pouvais donner, et être considérée comme une lesbienne n’était pas dans mes projets – pas encore du moins. Le pire dans tout ça, c’était que durant la quête de l’épée, j’avais avoué à la mère de Juny, et à ma propre mère, que j’étais amoureuse d’elle. Simple moment de faiblesse, simple petite idée rassurante dans cette grotte malfaisante et putride. Une ancre à laquelle je m’étais accrochée pour ne pas sombrer trop profondément dans ces pensées d’horreur et obsédantes. Même encore maintenant, ces pensées me tourmentaient encore, comme si l’on avait ouvert la boite de Pandore et qu’il était quasi impossible de la refermer. Pourtant, cette peur de ne pas être à la hauteur ne devrait plus être d’actualité puisque j’étais devenue une Chevalière ! Mais la déception que je pouvais causer par mon incapacité et mes faiblesses, ça, même en étant une Chevalière, elle pourra toujours être une possibilité.

Alors c’est tout naturellement que je me retrouvais dans la salle d’entrainement du château d’Emeraude. Epée en main, je m’acharnais sur ce mannequin en bois qui n’avait rien fait de mal pour mériter ça, tentant de libérer ainsi toute ma colère, ma peur, mon ressentiment et ma frustration dans mes gestes. A tel point que très vite, des larmes se mirent à coucher le long de mes joues, sans même que je les sente : tellement concentrer dans mes gestes et ma rage que je ne sentais plus rien. C’est bien pour cela que je n’entendis pas que je n’étais plus tout à fait seule dans cette salle. De toute façon, au vu de l’état que commençait à avoir le mannequin, mieux valait que je change de « partenaire », sauf si je voulais me briser les mains à m’acharner sur un mannequin d’entrainement qui ressemblait désormais à une épave – ou un épouvantail.
Ce qui ne tarda pas en vérité, puisque de rage je lançais un grand coup dans le mannequin qui m’arracha des élans de douleur dans le poignet. Au moins, cela m’arrêta de le harceler de coups, préférant plutôt tâter mon poignet en grimaçant à la recherche d’une éventuelle cassure.

« Saleté... » jurais-je sans savoir que je n’étais pas seule.

Bonjour !

Le RP est-il toujours d'actualité ? Sans réponse elle sera déplacée le 5 Décembre dans les Archives.