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un nouvel espoir (PV Jamère)

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Mar 13 Sep 2016, 05:30
Les contacts de Meïlhor avaient enfin fait leurs offices, Jubey était à rubis. Elle était finalement parvenue à retrouver sa trace, désormais sa vengeance pourrait s'accomplir. Il n'avait pas était aisé de dépister l'assassin, cela lui avait pris des années, mais sa patience allait être récompensée. Jubey logeait pour l'heure dans une des auberges de la bourgade. La jeune femme songeait ne pas être la seule sur ses traces, il ne l'aurait pas considéré comme un danger suffisant pour modifier ses attitudes. Bien sur, sur ce dernier point il se fourvoyait éhontément ; la colère de Meï envers celui qui l'avait élevé, ne connaissait guère de limite et il allait promptement s'en apercevoir. Il ne logeait pas comme à ses habitudes de naguère, dans leur ancien logis ou à l'auberge du chat hurlant, mais dans une bâtisse dont elle n'avait jusqu'alors jamais entendu le nom. Les nouvelles manières de Jubey suscitèrent sa curiosité, un contrat entourait il sa tête à présent ? Peut être pourrait -elle joindre l'utile à l'agréable en le neutralisant. Pour le moment elle n'avait guère trouver les raisons des craintes de l'assassin néanmoins, présentement c'était ses propres griefs à son encontre qu'elle voulait régler. Le stratagème qu'elle allait utiliser pour le piéger était élaborer depuis longtemps déjà, elle avait eut tout le loisir d'y réfléchir.
Jubey était comme à son habitude sur ses gardes, elle devait donc faire preuve de prudence
Pour ce faire, Meïlhor engagea quatre malandrins et une catin pour l'aider dans sa besogne. Ils ferait des diversions de choix.
A la tombée du jour, la jeune femme au mœurs légère entreprit de rendre Jubey d'humeur plus joyeuse et moins soupçonneuse en se servant avec abondance de ses charmes et d'un des autres vices de l'assassin : l'alcool. Néanmoins, il ne fut pas dupe et ne but pas plus que de raison. La gourgandine ne demanda pas son du et parti rejoindre sa demeure, en dame des plus respectable qu'elle était.
En outre, deux des mercenaires présent dans l'auberge avait pour instruction d'attirer l'attention de leur cible pour laisser leur confrère dans l'ombre, ce qui fut un franc succès. Jubey finis par repérer et neutraliser les deux imprudents mais leur compères restèrent inconnu.
Aux heures sombres de la nuit, les malfrats pénétrèrent dans la chambre de leur victime avec toute la discrétion dont ils étaient capable. Toutefois, cela ne fut guère suffisant, l'assassin ne se laissa pas duper et tua un des bandits, avant de s'enfuir par la fenêtre de sa chambre. Meïlhor avait merveilleusement bien anticipé les réactions de celui qui l'avait élevé. Le malandrin poursuivit l'assassin, ce qui le poussa à fuir sans demander son reste. Non loin de là, la jeune fille le guettait perché sur une des battisses environnantes. Elle rongeait son frein depuis que cette petite affaire avait commencé, mais cela valait toute les peines du monde. Jubey était à présent à sa merci tout occupé qu'il était, obnubilé par le danger que représenté le bandit sur ses talons. La mercenaire décocha sa flèche et avec une précision mortelle toucha Jubey à l'épaule. Celui-ci s'écroula inconscient lorsque le poison charia ses veines. Le scélérat restant, non sans manifester son mécontentement d'avoir perdu ses compagnons, aida toutefois Meï à amener l'assassin dans son ancienne demeure. Pour l'occasion, la jeune femme avait préparé la maisonnée à accueillir son propriétaire. Au centre de la pièce principale, une chaise était placée qui ne resta guère longtemps vide. Elle y harnacha correctement Jub à l'aide de corde. Pieds et points entravé, le jeu pouvait désormais commencé. Elle rémunéra gracieusement le malfrat qui l'avait aidé et se trouva seule avec sa proie. La violence des sentiments qu'elle ressentait failli presque la faire déchanté. Jubey n'était pour l'heure toujours pas revenu à lui. Elle prépara donc de quoi remédier à cela. Elle sortit divers pinces, poisons et autres poignards. Elle s'arma également de linge auquel elle ne tenait pas, de branche solides et d'eau clair. Elle était fin prête, la vengeance s'offrait à elle. Il méritait amplement ce qui allait suivre et pourtant en elle la voix d'une petite fille la suppliait de ne pas continuer. Elle choisi délibérément de ne pas l'écouter. Jubey l'avait trahi, blessé à de nombreuse-trop nombreuse- reprise, il devait payé. Il ouvrit une première fois les yeux puis les referma presque aussitôt. Il commençait à s'éveiller. Il était grand temps de commencer. Elle s'approcha de l'assassin, prenant l'une de ses mains noués sur chaque côté du siège. Un bruit sec et écœurant se fit entendre quand elle fit prendre un angle des plus anormal au poignet de l'assassin. De concert son hurlement étouffé répondit à l'acte de bienvenue de Meilhor.
« - Putin, Meïlhor que ce que tu fou? »
La voix de Jubey se faisait haletante sous la douleur. Les yeux plongés dans ceux de l'assassin la jeune femme ne parvenait plus à réfléchir. Colère, rage douleur. Elle avait pensé qu'en torturant Jubey tout ces sentiments se volatiliseraient, qu'ainsi elle pourrait s'affranchir de lui. Pour l'heure cela ne s'avérait pas des plus efficaces, il fallait peut-être essayer avec plus de conviction. Elle s'empara d'une des pinces puis s'assied en tailleur devant sa victime. Elle lui arracha un ongle puis dans un sourire mauvais
«  - j'ai pas fait exprès »

Elle s'exprimait dans un souffle presque inaudible. Les mots avait tant de mal à être dit pour la jeune femme.
Elle reprenait ainsi l'une des dernières phrases qu'elle lui avait prononcé en ignorant toutefois si celui s'en souvenait. Elle allait néanmoins se rappeler à son bon souvenir. Elle se leva et alla chercher le tissus et l'eau. Ses gestes étaient précis, elle se sentait étrangement vide comme si la froide colère elle même guidait ses pas. Après cela il fallait qu'elle se sente mieux, elle devait se sentir mieux. La trépas de Jubey réglerait tout, il paierait ainsi ses dettes à son égard. Mais il n'aurait pas une mort douce à sa non il n'en était pas question, il allait souffrir pour expier. Revenue au chevet de sa proie, elle se plaça derrière lui. S'il savait ce qui allait suivre il n'en montra aucun signe. Elle mis le tissus épais sur son visage et attrapa d'une main la chevelure de l'assassin le forçant ainsi à pencher la tête vers elle. Elle versa de l'eau sur le tissus de sorte que Jubey suffoque sans pour autant risquer de ce noyer. Cela serait bien trop simple. Le voir si faible l’apaisait quelque peu, elle arrêta donc la torture, pour le moment, revenant à sa place d'origine. L'homme toussait et sa respiration se faisait difficile mais à proprement parler avec ce stratagème il ne risquait pas de perdre la vie. Lui-même avait un jour expliqué à la jeune fille qu'en matière de torture il ne fallait pas faire songer au corps de la victime qu'il n'y avait nulle moyen pour qu'il en réchappe. Au contraire l'adrénaline ne faisait son effet que lorsqu'il y avait un échappatoire. Meïlhor avait grand hâte d’éprouver cette théorie.
Dire que la haine l’étreignait était un euphémisme des plus doux, elle n'était plus qu'une rage froide ne parvenant à songer à rien d'autre qu'à la douleur qu'elle tentait d'adoucir.
Jubey en voyant à nouveau le visage de sa tortionnaire partit d'un rire qui finit par se transformer en toux rauque.
« - Dois- je en conclure que tu as trouvé mon mot ? »
Un nouveau sourire mauvais s'étira sur le visage de Meï lorsqu'elle saisit à nouveau l'une de ses pinces et s'en pris à l'un des doigts de sa proie. Un autre ongle vient rejoindre le précédent. La main de Jubey était déjà enflé et du sang souillait désormais sa chemise trempé.
« - je vais prendre cela comme un signe d'acquiescement. Si j'avais su que c'était toi qui était à mes trousses, je n'aurais pas pris tant de précautions. Tout ce remue ménage pour une petite fille en rogne... »

Son rire se fit entendre.
Une petite fille en rogne... Bien sur à ses yeux elle n'avait jamais était guère plus que ça. Jusqu'à ce jour tout du moins. Elle s'empara d'une de ses dagues et la nimba d'un poison concocté spécifiquement pour ce moment. Ses effets étaient quasi-instantanés mais ils ne duraient guère plus que quelques minutes ; c'était parfait. Elle lui fit une éraflure au niveau du visage et le hurlement puissant de l'assassin se fit entendre. Sa concoction avait un effet des plus efficaces sur le système nerveux, infligeant à la victime une douleur incommensurable. Elle en avait une resserve convenable. Elle s'en prit à la main qu'elle n'avait pas encore maltraité, lui brisant deux doigts et lui arrachant deux nouveaux ongles. Puis repris à nouveau son jeu avec l'eau. Elle avait d'ailleurs encore la main agrippé à la tignasse de Jubey lorsqu'un bruit raisonna dans la bâtisse.
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Jeu 15 Sep 2016, 17:20
Mollement étendu en travers de son lit, Jamère fixait d'un œil torve le plafond bas de la chambre d'auberge miteuse dans laquelle il avait établi ses quartiers il y a peu. Le mercenaire était réveillé depuis plusieurs heures déjà, pourtant, lui d'ordinaire si matinal n'avait pas trouvé la force de se lever. Il avait simplement regardé le jour poindre au travers du petit hublot terne qui lui tenait lieu de fenêtre.
Avec un soupir, il envoya valser draps et couvertures, pour finalement s'asseoir au bord du lit. Jamère était quelqu'un de simple : il se réveillait le matin, accomplissait son travail du jour, et se couchait le soir avec le sentiment du devoir accomplit. Alors, quand d'insolubles questions l'assaillaient de toutes parts, il ne savait tout bonnement plus comment faire face.
Lors de sa « rencontre » avec Lios, il s'était découvert un fond bien noir, et se sentait maintenant terriblement hypocrite à prôner le juste et le bien autour de lui. Le jeune homme avait ce soir là expérimenté la rage et la haine, et le sentiment de toute puissance qu'il en avait conçu était absolument terrifiant.  La sensation grisante de se savoir le plus fort, d'avoir droit de vie ou de mort sur un autre homme... Jamère n'avait pas pu se cacher la jubilation qu'il avait ressenti, même si ce ne fut qu'un court instant, à ce moment là. Il en concevait maintenant grande honte, mais n'y pouvait plus rien changer. Aussi restait il là à se morfondre... Il avait tué un homme par vengeance personnelle et ne s'en remettait pas. Surtout, il ne se relevait pas du fait que ce meurtre lui ai était inspiré par Meïlhor. C'était là un autre nœud du problème. La mercenaire l'avait enjoint à achever l'assassin, et Jamère l'avait écouté. Il s'était laissé fournir une excuse de choix : c'était miséricorde d'abréger les souffrance de Lios. Cela n'enlevait pourtant rien à la barbarie de l'acte. Son crime était double : il avait ôter une vie sur laquelle il n'avait aucun droit, mais surtout il en avait fait porter la responsabilité à son amante. Comment pouvait il encore se lever et se dire défenseur du bien quand il savait se mentir à lui même ? Jamère avait découvert alors qu'il n'était pas pétri uniquement de nobles intentions...
C'est donc d'une humeur très morose que le mercenaire finit par descendre au rez-de-chaussé s'octroyer un petit déjeuner, la faim l'ayant finalement tirée hors du lit plus efficacement que quoique ce soit d'autre. Il passa le reste de la journée à errer en ville, le regard bas, le dos voûté, et les mains au fond des poches. Les passants qu'il croisait faisaient des détours pour l'éviter, mais c'était un choix au final assez judicieux : pour une fois en accord avec son air mauvais, l'humeur de Jamère était bien sombre ces derniers temps...

Jamère avait regagné tôt son auberge et avait encore passé le soirée à broyer du noir. Pourtant, bien qu'il se soit senti très las en début de nuit, le mercenaire ne parvenait pas à trouver le sommeil. Un sentiment d'angoisse l'oppressait, sans qu'il parvienne à en comprendre la cause. Il avait tourné et viré dans son lit, sans parvenir à fermer l’œil. À bout de nerf, il s'était finalement levé pour s'octroyer une promenade nocturne. Sans vraiment prendre garde à son itinéraire, il s'était éloigné de plus en plus du village, pour finalement se retrouver à l'orée des bois. Étant parti avec un minimum d'armement, le mercenaire ne tenait pas vraiment à se perdre dans la forêt, peu désireux de tomber nez à nez avec un chat sauvage. Il allait donc faire demi-tour pour regagner sa chambre quand un hurlement avait attiré son attention. C'était là un cri de souffrance pure, rauque, et à la vérité assez inquiétant. Ses tergiversations pour un instant misent de côté, et la force de l'habitude aidant, Jamère avait foncé droit en direction du bruit suspect. Au cœur de la nuit, le mercenaire finit par tomber sur une maison plus ou moins en ruine. Pourtant, de maigres rais de lumière filtraient sous le seuil : la bâtisse était occupée...
En prenant la décision d'aller voir ce qu'il se tramait à l'intérieur, Jamère s'attendait à tout : un règlement de compte, un enlèvement, une réunion de bandit... En lieu et place de tout les scénarios qu'il avait pu imaginer, il découvrit Meïlhor.
D'ordinaire il était plaisant pour le mercenaire de tomber à l'improviste sur la jeune femme (d'autant que c'était chez eux une sorte d'habitude), mais la situation dans laquelle il l'a trouva sidéra le brun. Quand il eu violemment dégondé la porte de bois vermoulu d'un grand coup d'épaule, il fut coupé net dans son élan. La scène que Jamère venait de troubler était tout bonnement surréaliste.
Meïlhor était installée derrière un homme, lui même solidement ligoté à une chaise. Elle le tenait rudement par les cheveux, comme stoppée inopinément dans son geste. Pourtant, l'arrivée d'un trouble-fait n'avait pas l'air de la surprendre le moins du monde.
Le reste de la pièce était quasiment vide, et le peu de meuble présent couvert d'un voile de poussière. L'endroit n'était donc pas souvent utilisé et se situait assez à l'écart du village le plus proche. Un endroit idéal donc pour une « discussion » à l’abri des indiscrets comme les affectionnaient Meïlhor. Cette dernière avait d'ailleurs déjà largement entamé son office, car son prisonnier était trempé d'un mélange d'eau et de sang, l'un de ses poignet arborant un angle anormal et dérangeant. Jamère remarqua également que l'une des mains de l'inconnu était gonflée, deux ongles en ayant été arrachés, une petite flaque de sang s'étant même déjà formée aux pieds de la chaise que le pauvre homme occupait.
Pour sa part, la mercenaire était entourée de tout un éventail de matériel d'aspect sinistre. Dans un ordre parfait s'alignaient des pinces déjà souillées, des poignards, de petites fioles, des linges humides, et quantité d'autres objets dont Jamère ne tenait absolument pas a savoir l'usage que leurs réservait la jeune femme. Elle avait d'ailleurs à la main une outre d'eau, et venait visiblement d'en verser copieusement sur le visage couvert d'un morceau de tissus de son prisonnier. Une méthode de torture somme toute très efficace s'il en est.
Lors de l'arrivée inopinée du mercenaire, Meïlhor avait suspendu son geste, et l'inconnu ligoté avait relevé la tête, faisant choir son masque de fortune. Ce dernier regardait le nouveau venu avec un air mécontent, comme si Jamère venait d'interrompre une paisible discussion. À cette occasion, le mercenaire pu détailler le prisonnier : âgé sans doute d'environ une quarantaine d'années, il était de taille normale, et battit comme un homme du commun. Il était très blond, avait la peau tannée par le soleil, et des traits assez durs. Son visage était rendu presque dérangeant par des yeux vairons, eux aussi très clairs. Enfin, son nez largement rougit trahissait un certain attrait pour la boisson.
Jamère ne savait trop comment réagir, mais voir Meïlhor (même en pareille posture) le calma inconsciemment. Quant à savoir pourquoi elle était occupée à torturer un homme...

- « Je dérange peut être ? »

Jamère ne s'était pas voulu aussi acerbe, pourtant il ne pu retenir une pointe d'acidité dans ses paroles. Il n'avait pas revu la jeune femme depuis l'incident de Lios. Elle lui avait manqué, indéniablement, quand bien même il ne se l'était pas vraiment avoué. Mais la trouver de nouveau en train de tourmenter quelqu'un serra le cœur de Jamère : agissait elle donc toujours de la manière la plus cruelle possible ? Pourquoi diable avait elle cette manière de fonctionner ? Le mercenaire avait beau aimer sincèrement la jeune femme, il y avait encore des parts de la personnalités de cette dernière qui demeuraient inaccessibles à l’entendement de Jamère...
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Sam 17 Sep 2016, 14:18
 Le bruit raisonna avec fracas, dans la pièce dénué de vie qui l'animait naguère. Meïlhor mis quelques instant à assimiler ce qui venait de se dérouler sous ses yeux impuissant ; un rustre venait de dégonder la porte de son ancienne demeure, emportant avec lui dans son sillage ce qui lui avait opposé une faible résistance. Les rouages du cerveau de la mercenaire paraissait grippés car elle ne reconnut pas immédiatement le nouveau venu. Ce n'est que lorsqu'il posa son regard froid sur elle qu'elle sortit enfin de sa torpeur. Diantre, pourquoi diable fallait il que se soit Jamère ? Pourquoi fallait il toujours que se soit lui ? Ces satanés dieux étaient-ils donc si cruels ? Elle n'avait pour l'heure envie que de tranquillité. D'être seule pour se libérer de l'emprise de Jubey. C'était à elle qu'il avait fait du tort , c'était donc à elle de réclamer son dut. Elle n'avait en rien besoin d'un spectateur où d'un témoin, encore moins si celui-ci était son amant.
Leur dernière entrevue avait laissé un goût amer à la jeune femme. Si elle ne doutait en rien du bien fondé de ses agissements, les choses lui avaient légèrement échappés. Ainsi, avait elle poussé le jeune homme à commettre l’irréparable et à bafouer ses précieux principes en neutralisant définitivement l'assassin de ses parents. Elle était convaincu qu'il pourrait désormais faire son deuil, mais à le voir ainsi la mine renfrogné et le regard dur, elle commençait à éprouver de léger doute sur le choix de ses actes. Il lui en voulait c'était indéniable et bien soit si il était trop stupide pour comprendre la justesse de ses actions, elle n'en avait cure de lui. Ritournelle qu'elle se répétait en boucle, mais qui n'avait pas vraiment l'effet escompté.
Meïlhor avait toujours était seule et avait une manière très manichéenne de voir le monde. D'un côté il y avait elle et de l'autre le reste de l'univers contre qui elle devait lutter pour survivre. Tout et tout le monde pouvait être un danger potentiel. Toutefois, cette vision de l'existence avait été quelque peu remise en question par l'arrivé de Jamère dans sa vie. Le jeune homme ne pouvait être relégué dans aucune catégorie. Son avis comptait pour la blonde, son bien être et sa survie également. Il était important pour elle. Expérience étrange qu'est l'amour pour un cœur qui ne l'a jamais éprouvé auparavant. Son envie de le protéger était sincère mais elle était d'une extrême maladresse, ne comprenant pas les tergiversations du mercenaire autours du bien et du mal. Ils ne concevaient pas les choses sous le même angle, pour la jeune femme tout était une palette de gris plus ou moins foncé, alors que son compagnon voyait le monde de façon binaire, il y a avait ce qui était bien et ce qui ne l'était pas, rien d'autre. Perdu dans ses songes Meï ne se rendit pas compte que le tissus sur le visage de Jubey, venait de choir sur le sol. Toutefois, la voix de son amant vient bien vite la tirer de ses rêveries.
- « Je dérange peut être ? »
Le ton était dur et cela sera encore d'avantage le cœur de la jeune femme. Visiblement, il n'aimait pas ce qu'il voyait se dérouler sous ses yeux. Il aurait put difficilement en être autrement, elle était à nouveau entrain de bafouer allégrement tout les idéaux du mercenaire. A le voir ainsi la mine patibulaire, l'espace d'une fraction de seconde elle décida de tout abandonner, de laisser Jubey à son triste sort, de partir simplement . Non, elle ne pouvait faire pareil geste de bonté. Si elle ne se libérait pas de l'assassin maintenant, les cicatrices qu'il avait laissé dans son âme ne pourraient jamais se refermer. La peur ne serait jamais à même de disparaître. Meïlhor en avait plus qu'assez de se battre, de craindre pour sa vie continuellement.
Ce qu'elle ne s'avouerait probablement jamais était qu'elle craignait Jubey, elle avait si souvent eût peur de lui que c'était désormais encré en elle comme un instinct de survie. Pire encore, lorsqu'il partait en contrat elle avait peur pour lui ne voulant pas être entièrement seule, la petite fille qu'elle était préféré avoir un oncle maltraitant plutôt que le néant. Elle refusait de survivre encore ainsi, il était à présent grand temps pour elle de commencer à vivre.
Elle n'était guère en mesure de réaliser ce que le mercenaire semblait attendre d'elle, elle ne pouvait être celle qu'il méritait.
Alors Meï fit ce qu'elle faisait toujours quand elle ne trouvait pas aisément de solution à une situation ; quand elle ne pouvait la fuir elle l'occultait purement et simplement. Ainsi s'employa t-elle avec brio à ignorer copieusement Jamère. Ce qui ne paraissait pas être le cas de Jubey qui n'avait pas quitté le jeune homme des yeux depuis sa laborieuse entrée.
- « Assurément, jeune crétin. 
Meï pourrais tu nous débarrasser de ça, je le ferais moi même volontiers, mais je suis quelque peu retenu pour l'heure. En outre, je suis déçu ma douce, il me semblait que tu avais plus de goût pour le choix de tes aventures » 

Un rire rauque résonna dans la petite maisonnée. Le ton était acerbe et cinglant comme à l’accoutumé. Jubey n'était capable d'aucune douceur, il ne savait que cracher son venin. A ces mots « ma douce » Meï s'éloigna imperceptiblement de sa victime et eut un mouvement de dégoût involontaire. C'était ainsi qu'il l'appelait lorsqu'elle était enfant et qu'il voulait adoucir les coups qu'elle venait de recevoir. Un bien piètre baume, cela va s'en dire. Le poids dans son estomac se fit insupportable, elle devait le soulager immédiatement et elle ne connaissait qu'un remède à cela. Elle s'empara d'un geste d'une de ses dagues, de l'autre main repris à nouveau la tignasse de Jub et trancha le lobe de l'oreille de Jubey. Le morceau de chair finis pitoyablement sa course sur le plancher, accompagné de la plainte étouffé de son ancien propriétaire. Le sang dégoulinait à présent suivant le sillage de la cicatrice qui ornait le cou de l'assassin, trace de la dernière entrevue que Meï avait eut avec lui.
- «  Il est libre d'aller où bon lui semble contrairement à toi »
Sa voix était probablement moins assurée qu'elle ne l'aurait voulu, mais sa propre barbarie l'avait pour le moment quelque peu apaisée. Elle savait toutefois que malheureusement, cela ne durait jamais longtemps. Elle se mis une nouvelle fois devant Jubey, assise en tailleur, pour se donner une quelconque contenance elle s'appliqua à enduire différente lame et flèche de poison divers et variés.
Jubey fixait le colosse que sa fille paraissait affectionner, puisqu'elle lui avait permis implicitement de rester. Il ne voyait pas d'un bon œil cet état de fait. Meïlhor paraissait déstabilisé par sa présence, il avait observé chez elle une attitude immédiatement différente lorsqu'il était apparu. Elle semblait plus calme, plus réfléchi ce qui ne servait pas positivement son stratagème. Ainsi, la jeune femme était en colère, à juste titre, il devait bien l'avouer. Il ne craignait nullement la mort, il avait bien vécu sa vie avait été telle qu'il l'avait décidé il pouvait donc mourir en paix, que Meïlhor soit celle qui tiendrait l'arme qui le mènerait au trépas paraissait dans l'ordre des choses et il ne désirait guère que cela soit différent. C’était sa fille, qu'elle le veuille ou non, si elle le tuait il gagnait, il resterait à jamais graver dans l'esprit de Meïlhor, elle ne pourrais se défaire de lui, c'était ainsi quand on neutralisait quelqu'un qu'on aimait même infimement. Jubey détestait perdre, elle allait lui céder comme toujours. Il reporta son attention sur la jeune femme qui paraissait ignorer scrupuleusement son amant ; il n'y avait pas dans l'esprit de l'homme d'autres possibilité sur le lien qu'entretenaientt les deux jeunes gens. Jubey plongea ses yeux dans ceux de sa fille, lorsqu'il aurait terminé son plaidoyer la réaction de Meï ne faisait aucun doute, elle lui trancherait la gorge il en était certain .
- « Ma douce, je t'ai recueillis son mon toit quand ta mère ne voulait que se débarrasser de toi. Elle était magnifique ton elfe de mère. Tu lui ressemble d'ailleurs. Elle avait une chevelure d'argent agrémenté d'une mèche blanche, ce qui lui donnait un petit air mystique des plus charmant. Tu semble penser que je suis le pire des pères mais tu te fourvoie. Il est vrai que je t'ai menti en disant que j'étais ton oncle, pour ne pas t'avoir sur les bras, mais j'aurais put tout aussi bien t'abandonner dans un caniveau. Je t'ai nourris bon quand j'y pensais et j'y pensais pas souvent, mais tout de même. Je t'ai appris à chasser et au vue de ton équipement cela t'es utile. C'était pour ne pas à avoir à m'occuper de toi par la suite, mais cela ne gâche en rien le résultat et ça t'a permis de rester en vie. Je t'ai enseigné l'art des poisons dont tu te sert visiblement, dans le but que tu me soit enfin utile certes, mais là encore ça n'a pas d'importance. J'aurais pût être bien plus cruel avec toi. Si tu y songe je ne t'ai pas battu si souvent que ça. Cela ne m'arrivait que lorsque j'avais but, je buvais souvent c'est vrai mais j'ai rapidement arrêter de te cogner, parce que t'était trop grande, d'accord mais en soit la raison n'importe que peu seul le résultat compte. Une fois je t'ai vendu soit et je le regrette j'aurais assurément put quémander plus, d'ailleurs aujourd'hui je suis certain que je pourrais obtenir une somme des plus rondelette pour toi. Tu as encore gagné en beauté. Il fallait bien que je trouve une utilité à ton existence tu en conviendra. »

Jubey c'était exprimé de la manière la plus normal du monde, le poids de ses mots le laissait entièrement de marbre.
L'esprit est une chose étrange qui protège farouchement son être quand celui ci est en danger. Ainsi, jusqu'alors Meï avait presque réussi à omettre la cruauté et la violence de Jubey. Cependant lorsqu'elle l'entendit parler ainsi tout s'imposa à nouveau à elle, tout les détails que son subconscient avait pris soin de cadenasser lui revenait en mémoire par bribe. La douleur était insupportable jamais elle ne c'était senti si perdu, si seule, si faible. Elle ne savait comment réagir à pareil déferlement de sensations. Elle aurait voulu s'enfuir où faire taire Jubey définitivement, mais son corps endolori semblait ne plus lui obéir. Presque imperceptiblement et de manière inconsciente elle c'était tourné vers Jamère pour trouver l'ancre qu'il était pour elle.
Ce simple mouvement n'échappa nullement à Jubey et le mis dans une rage froide. Il voulait gagner et plus encore il voulait que l'amant de sa fille perde. De quel droit avait il plus d’influence sur elle que lui même ? Il gagnerait, sa fille le tuerais, même si pour cela il devait la détruire.

- «  Que tu es faible Meï, tu l'a toujours été. La preuve en est, je peux être le pire monstre qu'Irianeth est connu, tu reviendra toujours vers moi. Tu n'es rien de plus qu'une petite chouineuse qui n'a pas été assez suffisamment cajolé à son goût par son chère petit papa. Ta mère a eut raison de t'abandonner, elle a sut voir avant moi que tu ne valais rien. J'aurais dût partir et ne jamais revenir. Personne ne restera jamais pour toi Meïlhor, même pour tes parents tu n'a jamais compter, alors comment peut tu oser songer ne serais ce qu'un instant, être importante pour quiconque. Tu n'en vaux pas la peine, tu la vaudra jamais. Je... »


Dernière édition par Meïlhor le Mer 21 Sep 2016, 12:09, édité 1 fois
Anonymous
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Mer 21 Sep 2016, 11:46
Meïlhor sembla mettre une éternité à reconnaître Jamère. Hésitation aisément pardonnable, car rarement le jeune homme avait arboré pareille expression de mécontentement. Le regard pâle de la jeune femme s'éclaira soudain pour s'assombrir bien vite à nouveau : elle n'avait pas l'air enchantée de découvrir Jamère à sa porte – ou plutôt à la suite de sa porte – et après une bref hésitation dont le nouveau venu ne savait ni les tenants ni les aboutissants, elle lui tourna ostensiblement le dos. Meïlhor ne prit donc même pas la peine de répondre à Jamère, en revanche l'homme ligoté lui ne s'en priva pas :

- « Assurément, jeune crétin. Meï, pourrais tu nous débarrasser de ça, je le ferais volontiers moi même, mais je suis quelque peu retenu pour l'heure. » Jamère s'étonna de la familiarité avec laquelle l'homme s'adressait à Meïlhor. Comme un éclair, une réflexion saugrenue traversa l'esprit du jeune homme : je suis le seul à pouvoir l'appeler de cette manière... « En outre, je suis déçu ma douce, il me semblait que tu avais plus de goût pour le choix de tes aventures. »

Ma douce ? Comment le scélérat se permettait il de s'adresser de la sorte à la jeune femme ? Jamère s’ébroua : il devait se souvenir qu'il était en colère contre Meïlhor, ce qui lui était un exercice des plus malaisé... En revanche, il se prit à détailler plus attentivement le prisonnier. Quelque chose n'allait pas avec le visage couturé de cicatrice de cet homme... il paraissait familier à Jamère, pourtant le jeune homme était persuadé de n'avoir jamais croisé sa route. Alors que le mercenaire fouillait sa mémoire, l'insulte de l'autre le percuta. Un meilleur goût pour le choix de ses aventures ? Comment ce vieillard pouvait il se targuer de connaître les goûts en question ? Le rire gras du prisonnier ne le rendit que moins sympathique encore aux yeux de Jamère. D'un rapide coup d’œil, ce dernier pu se rassurer sur un point : Meïlhor ne semblait pas apprécier non plus les sous entendus douteux de l'homme. En plus de sa grimace de dégoût, le mercenaire put voir son amante s'emparer prestement d'une dague, tirer en arrière la tête de son prisonnier, et avant que Jamère ait pu esquisser le moindre geste, s'en servir pour couper purement et simplement l'une des oreilles de sa proie. Le mutilé poussa un gémissement étouffé, et Meïlhor lui adressa un regard à glacer le sang.

- «  Il est libre d'aller où bon lui semble contrairement à toi. » la voix était froide et dure. Jamère eut le plus grand mal à y reconnaître le timbre de son amante...

Suite à cela, elle s'assit en tailleur aux pieds de son prisonnier, et s'occupa les mains en enduisant ses armes fétiches ( dagues et autres flèches ) de plusieurs substances, où Jamère devina sans mal des poisons, dont la jeune femme se servait immodérément.
Elle avait beau vouloir se montrer sûre d'elle, le mercenaire la sut alors en grand désarroi. Cette femme qui extériorisait sa frustration en  mutilant avec barbarie son prisonnier sur un coup de tête n'était pas la Meïlhor qu'il connaissait. Il y avait quelque chose de différent cette fois...
L'homme, toujours ligoté, fixait pour sa part la jeune femme avec intensité. Il était vraiment dérangeant à voir, le sang ruisselant sur son visage buriné semblant ne le gêner en aucune manière.
Ne quittant pas des yeux la tête blonde de la jeune femme, le prisonnier entama alors un abject récit :

- « Ma douce, je t'ai recueillis son mon toit quand ta mère ne voulait que se débarrasser de toi. Elle était magnifique ton elfe de mère. Tu lui ressemble d'ailleurs. Elle avait une magnifique chevelure d'argent, agrémentée d'une mèche blanche, ce qui lui donnait un petit air mystique des plus charmant. Tu semble penser que je suis le pire des pères mais tu te fourvoies. Il est vrai que je t'ai menti en disant que j'étais ton oncle pour ne pas t'avoir sur les bras, mais j'aurais pu tout aussi bien t'abandonner dans un caniveau. Je t'ai nourri, certes seulement quand j'y pensais, et je n'y pensais pas souvent, mais tout de même. Je t'ai appris à chasser, et à voir ton équipement cela t'es encore utile. C'était pour ne pas à avoir à m'occuper de toi par la suite, mais cela ne gâche en rien le résultat, et ça t'a permis de rester en vie. Je t'ai enseigné l'art des poisons dont tu te sers visiblement, dans le but que tu me sois enfin utile certes, mais là encore ça n'a pas d'importance. J'aurais pu être bien plus cruel avec toi. Si tu y songe un instant, je ne t'ai pas battu si souvent que ça. Cela ne m'arrivais que lorsque j'avais bu. Je buvais souvent c'est vrai, mais j'ai rapidement arrêter de te cogner, parce que tu étais trop grande d'accord, mais en soit la raison n'importe que peu, seul le résultat compte. Une fois je t'ai vendu, soit, et je le regrette : j'aurais assurément pu quémander plus, d'ailleurs aujourd'hui je suis certain que je pourrais obtenir une somme des plus rondelette pour toi. Tu as encore gagné en beauté. Il fallait bien que je trouve une utilité à ton existence tu en conviendra. »

Les mots prononcés résonnèrent longuement dans le silence de la maisonnette abandonnée. Un bourdonnement sourd emplissait les oreilles de Jamère. Ce qu'il venait d'entendre le sidérait du plus profond de son être. Toutes couleurs et expressions avaient désertées son visage, et le jeune homme semblait à cet instant tout bonnement fait de marbre.
L'homme attaché sur cette chaise était le père de Meïlhor. Cela réglait le questionnement du mercenaire : il ressemblait physiquement à la jeune femme, et cet état de fait était une véritable insulte pour elle. Il ne méritait à la vérité même pas le titre d'homme.
Il avait parlé calmement, cherchant ses mots, les réfléchissants à mesure qu'il avançait dans son discours et dans ses réflexions. Mais à aucun moment la portée de ses propres paroles n'avait semblé l'atteindre, ni même lui effleurer l'esprit.
Jamère était stupéfait, sans voix. Pour le jeune homme, un père était un protecteur, un véritable gardien, capable de toute les prouesses du monde pour son enfant. Ce que le scélérat avait décrit de l'enfance qu'il avait « offerte » à Meïlhor était à l'opposé total de ce que Jamère se représentait de la paternité, ou de se qu'il en avait vécu. Paesyn l'avait élevé avec rigueur certes, mais pour rien au monde Jamère n'aurait souhaité un autre père que lui. Ce que le prisonnier décrivait était tout bonnement impensable, ce ne pouvait être vrai...
Quand Meïlhor tourna son regard vers Jamère, le cœur de ce dernier manqua un battement. Ce qu'il y lu lui fit horreur : inquiétude, désarroi, solitude... et surtout, de la peur. Rien de tout cela ne collait avec ce que Jamère savait de la jeune femme. Elle avait des défauts, bien sûr, mais elle était aussi sûre d'elle, forte et implacable. Il n'y avait pas de larme dans les yeux de Meïlhor, seulement un vide abyssal, et une demande de secourt. Tout ce que Jubey avait dit était vrai, les yeux implorants de la jeune femme en étaient la triste confirmation.
Un tremblement parcouru Jamère. Il se sentait affreusement impuissant. Impuissant à changer le passé de la jeune femme, cette enfance, qui n'avait d'enfance que le nom. Il pouvait presque imaginer une jeune Meïlhor, encore plus petite et chétive, livrée à elle même, sans une once de soutient, et n'ayant pour seul lien tangible que cet homme abject. Et le mercenaire n'y pouvait rien changer...
Jamère en avait la nausée, des spasmes le traversaient, il se sentait bouillir de l'intérieur, toute trace de sa léthargie des derniers jours l'ayant brusquement abandonnée. Au vue de l'enfant qu'elle avait été, c'était miracle de voir la femme que Meïlhor était devenue. Le jeune homme esquissa un mouvement en direction de la blonde : il n'avait plus qu'une envie, la prendre dans ses bras, lui faire comprendre que plus jamais elle n'aurait à revivre ce passé qui lui faisait horreur... Jamère avait cru devoir protéger le monde de Meïlhor – mais il réalisa alors que c'était Meïlhor qu'il avait à cœur de protéger du reste du monde.
C'est alors que le prisonnier reprit son récit sans y avoir été invité, et sa voix éraillée devenait à chacun des mots qu'il prononçait plus insupportable aux oreilles de Jamère :

- «  Que tu es faible Meï, tu l'a toujours été. La preuve en est, je peux être le pire monstre qu'Irianeth est connu, tu reviendra toujours vers moi. Tu n'es rien de plus qu'une petite chouineuse qui n'a pas été assez suffisamment cajolé à son goût par son cher petit papa. Ta mère a eut raison de t'abandonner, elle a sut voir avant moi que tu ne valais rien. J'aurais dû partir et ne jamais revenir. Personne ne restera jamais pour toi Meïlhor, même pour tes propres parents tu n'as jamais comptée, alors comment peux tu oser songer ne serait ce qu'un instant, être importante pour quiconque. Tu n'en vaux pas la peine, tu ne la vaudra jamais. Je... »

C'était trop. C'était bien plus que Jamère ne pouvait en supporter. Le jeune homme aimait a penser qu'il était une personne calme et raisonnée. Jusqu'alors, il n'avait dérogé à cette règle qu'une fois dans sa vie : lors de ses « retrouvailles » avec Lios. Jamère avait alors fait l'expérience de la colère et de la haine. Il avait crut ne plus jamais pouvoir haïr autant quelqu'un de toute sa vie. Le père de Meïlhor venait de le faire mentir. N'en pouvant davantage supporter, le mercenaire avait fait taire le prisonnier. Le coup par lequel il avait arrêté le flot des paroles ineptes était d'une rare violence. Le poing de Jamère, en s'écrasant sur le visage de Jubey, fit naître d’écœurants craquements dans la mâchoire de ce dernier.
Mais au moins à présent, il se taisait, et ce silence était un bruit vraiment plaisant à entendre.
Anonymous
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Dim 25 Sep 2016, 04:36
Ne pas bouger, ne pas esquisser le moindre geste. Peut être que si Meïlhor se montrait parfaitement immobile, les paroles de Jubey perdraient de leur poids, de leur dérangeante intensité. Comment des mots prononcé par cet être abject pouvaient ils refléter avec autant d'exactitude les peurs les plus secrètes et inavouable de la jeune femme ? Pourquoi se jouait-il d'elle de la sorte ? Il n'avait jamais était un modèle d'amour paternel, toutefois il avait semblé à Meïlhor que ses erreurs dans son rôle de tuteur étaient dût essentiellement à de l'indifférence et de la méconnaissance sur le rôle que devait avoir un père, non à de la méchanceté pure. L'amour d'une enfant pour le seul individu qui lui témoigne un tant soit peu d’intérêt, recèle sans doute toute l’innocence et la naïveté du monde. Elle aurait dût ne plus rien attendre de lui, elle avait tant voulu ne plus rien ressentir et pourtant à présent, tout s'imposait à elle avec une brutalité nouvelle. Lors de son enfance chaotique Meï avait idolâtré celui qu'elle prenait alors pour son oncle. Elle l'avait aimé de tout son cœur d'enfant et pardonné tout ses manquements. Elle lui avait trouvé bon nombre d'excuse se sentant même responsable du manque de considération témoigné par Jubey à son encontre. De cette époque révolue, il restait encore un vestige des sentiments qu'elle avait éprouvé naguère. Elle craignait Jubey au moins autant qu'elle l'aimait et cela lui était tout bonnement insupportable. Il n'était que malfaisance et bassesse. Il ne méritait en rien tant de bons sentiments. Elle aurait tant souhaité être capable de lui sceller son cœur pour que ses viles paroles ne l'affecte plus. Mais de cela, elle était malheureusement incapable. Pour l'heure, pour ne pas majorer la douleur qu'elle sentait irradier dans tout son être, elle était en seule capacité de rester parfaitement immobile. Ainsi, la scène perdrait de sa réalité, c'était tout du moins ce que la jeune femme espérait. Bien piètre solution, qui ne lui offrait à la vérité que bien peu de répits, mais c'était là, le seul secours dont disposait Meïlhor. Enfin, elle oubliait bien trop vite son compagnon. Elle entendit plus qu'elle ne vit le coup qu'il avait infligé au malandrin. Des bruits de craquements étrangement inappropriés emplirent alors la petite maisonnée. Plongée dans ses dilemmes existentielles, elle n'assimila pas immédiatement ce qui venait de se dérouler sous ses yeux hébétés. Pourquoi Jamère avait il réagit de la sorte ? Jubey n'avait pas à son encontre manifesté ostensiblement d’animosité particulière, du moins selon la blonde.
La vérité était toute autre. L'homme c'était donné pour devoir de gagner le duel qui l'opposait à son sens au mercenaire. La réaction violente de l'amant de sa fille était une sorte de victoire en somme. Une victoire amère certes et qui laissa trace sur le visage du bandit. Mais qui n'en était pas moins une pour autant. L'esprit de l'assassin tentait en vain de refouler l'inconscience qui le gagnait alors. Un brouillard obscur opacifiait tout ses sens et il se sentait évoluer entre réalité et songe, pour ne finalement laissait place qu'au rêve.
Jamère paraissait bouillir littéralement de l’intérieur. Meïlhor pensait ne l'avoir jamais vu dans pareil état. Ses yeux accablaient Jubey de toutes les peines qu'il avait infligé à la jeune femme. Il le haïssait tout bonnement c'était indéniable et sa colère transparaissait avec même plus de vigueur que celle de la blonde. Même lors de son entrevue avec Lios, elle ne se souvenait guère de lui avoir vu une mine si mauvaise

« - Silence abruti ! Moi je l'aime. »



Le mercenaire avait hurlé ce qui semblait être un cris du cœur. En faisant taire l'assassin il cherchait à la protéger. C'était la deuxième fois qu'il clamait ses sentiments, ce qui interloqua Meï. Elle n'était pour le moins pas habituée à de telles marques d'affection. En un sens c'était des plus plaisant d'être ainsi choyée et chéri surtout quand pareille tendresse était partagée. Involontairement, elle lui adressa un sourire des plus doux qui tranchait étrangement avec la scène en cours. Jamère était l'oxygène qui lui manquait, alors qu'elle était entrain de suffoquer il lui offrait une bouffé d'air frais. Il était fort, solide et aimant elle pouvait sans crainte se reposer sur lui, il ne faillirait pas. Sa réaction était une réponse muette, attestant que le cœur de la mercenaire appartenait depuis leur rencontre au jeune homme. Ses yeux plongés dans le regard bleu nuit de son amant, ainsi le temps lui paraissait comme suspendu, l'espace d'un instant Jubey et le reste du monde s'était évaporé ne laissant plus que les deux jeunes gens, pour le plus grand bonheur de Meïlhor.
Elle avait fini par accepter ses sentiments à l'égard du brun, toutefois elle n'appréciait guère que l'on se mêle ainsi de ses difficultés manifestes à gérer une situation. Elle n'avait jusqu'alors jamais eut besoin d'aide extérieure, elle s'en sortait extrêmement bien seule, la situation actuelle en était une preuve des plus probantes.
L'intervention de l'Emeriens réussit l'exploit de la sortir de sa torpeur. La Rubienne se leva avec une lenteur inaccoutumée et se dirigea vers la cruche d'eau qu'elle avait posé sur la petite table qui trônait triomphalement dans la pièce . Le temps qu'elle mit pour se déplacer lui permit d'établir que ses griefs devaient se centrer exclusivement sur Jubey et non sur Jamère. Elle versa donc le contenu de l'artefact qu'elle tenait sur le visage de son père. Les yeux de celui-ci étaient mi clos, le sang sur son visage commençait à sécher, trace de la mutilation orchestrée par sa fille mais qui n'avait pas eu l'air de le gêner le moins du monde. Sans aucune délicatesse, elle le sortis donc de sa brève inconscience. Il se réveilla non sans brusquerie et partit d'un éclat de rire qui a vrai dire tenait plus de l’aboiement que de toute autre chose.
Ses provocations à l'encontre de Meï n'avait pas eut l'effet escompté mais peut être que le colosse venait de lui donner une idée des plus prometteuse. Si elle ne réagissait guère lorsqu'il s'en prenait manifestement à elle, peut être serait elle plus encline à se faire violence pour protéger son amant. Il devait en être un de qualité pour ainsi s'attirer l'affection de sa fille. Le fait qu'elle puisse simplement en être amoureuse ne lui effleurait même pas l'esprit, lui même n'ayant jamais ressentis pareille inclinaison pour personne.

- «  Pauvre idiot. Je peux te promettre une chose si Meï ne me tue pas, je te pourchasserais et ta mort sera mon plus beau cadeau. Mais n'espère pas qu'elle soit clémente.»



Son sourire carnassier accompagné des ses paroles acerbes, provoquèrent chez Meïlhor une réaction instinctive. Lâchant le récipient qu'elle tenait toujours et qui termina avec fracas sa course sur le sol, elle se saisit d'un poignard et d'un bond sauta littéralement à la gorge de Jubey, faisant de ce fait basculer la chaise sur laquelle il était placé. Elle plaqua sa lame sur le cou de sa victime mais la main de la jeune femme parcouru de spasme était loin d'être sure. Affalée comme elle l'était sur Jubey, le spectacle devait être des plus pitoyable. Néanmoins, la menace proférée n'avait put la laisser de marbre. Imaginer l'assassin prendre en chasse le jeune homme lui faisait horreur. Elle avait toutefois pleinement conscience de la force de son compagnon mais sa peur de celui qui l'avait élevé était si présente qu'elle teintait chacune de ses réactions. Jamais, il ne s'en prendrait à Jamère, elle ne le permettrait pas. A bien y réfléchir, nulles âmes qui vivent ne pouvaient le provoquer ainsi sans s’attirer de ce fait le courroux de la blonde.  
Anonymous
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Dim 16 Oct 2016, 16:26
« - Silence abruti ! Moi, je l'aime. »

Jamère avait hurlé ces paroles, comme pour les jeter à la figure de Jubey, et lui prouver combien ce dernier avait tort au sujet de Meïlhor. Le jeune homme ne comprenait tout simplement pas le but poursuivi par le prisonnier : quel était son intérêt à proférer pareilles vilenies à la jeune femme ? En quoi provoquer la peine de sa propre fille pouvait donc lui être d'une quelconque utilité ? Cela ne pouvait rien avoir de satisfaisant non plus... n'est ce pas ? Jamère en venait à douter. Pour lui, tout le monde méritait une deuxième chance, une millième même au besoin. Il avait même réussit à « pardonner » les actes de Lios. Alors pourquoi les mots de Jubey, aussi acides fusent ils, faisaient-ils naître une telle rage dans le cœur du jeune homme ?
Un battement sourd habitait toujours sa main, comme en rappel du coup qu'il venait de porter. Jamère s'était encore laissé emporter. Voilà qu'il se mettait à prendre de bien mauvaises habitudes ! Le jeune homme n'arrivait pas encore à en rire. En revanche, lâchant le scélérat des yeux, il se tourna vers Meïlhor. Son amante le regardait, un pâle sourire aux lèvres, et un air de sincère reconnaissance dans le regard. Voilà qui était bien inhabituel chez elle ! Jamère se fit même la réflexion qu'il s'agissait de la première fois que la mercenaire lui paraissait vulnérable. Meïlhor était un modèle de force de caractère – parfois même à l'excès – mais la voir dans pareil état sembla un signal particulièrement alarmant aux yeux de Jamère.
Cependant la jeune femme s’ébroua brusquement. Elle s'empara de l'outre d'eau avec laquelle elle tourmentait Jubey quelques instants plus tôt pour en déverser le contenu sur la tête de ce dernier, le privant de la délivrance de l'inconscience. Elle agissait avec une lenteur exaspérante, à la manière d'une machine. Une fois réveillé, Jubey ne trouva rien de plus pertinent à faire que de rire aux éclats. Mais cette hilarité sonnait faux, l'homme était contrarié, même Jamère parvenait à le discerner. Il semblait se plaire à se croire habile pour deviner les actions de sa fille. Le mercenaire venait immanquablement de faire prendre une direction toute autre aux plans du prisonnier. Le ricanement manquait aussi de souffle : même s'il ne le montrait pas, ou ne souhaitait pas y penser, Jubey était en sale état. Sans faire mine de vouloir se calmer, il se permit même de clamer de nouvelles provocations, à l'intention de Jamère cette fois ci :

- «  Pauvre idiot. Je peux te promettre une chose : si Meïlhor ne me tue pas, je te pourchasserais et ta mort sera mon plus beau cadeau. Mais n'espère pas qu'elle soit clémente. »

La voix était éraillée, et aurait sans doute pu inquiéter. Mais Jamère était au moins aussi brave qu'inconscient, la menace ne lui fit donc ni chaud ni froid, fut-elle prononcée par un homme au regard exorbité et très clairement à la limite de la folie.
En revanche, Meïlhor ne fut pas insensible aux paroles qui n'atteignaient pourtant pas son amant. Jamère pu voir la jeune femme se crisper comme un félin se préparant à passer à l'attaque.
Elle bondit sur son otage en même temps qu'elle laissait choir son outre vide. La vitesse à laquelle elle sauta à la gorge de Jubey était prodigieuse : la chaise à laquelle il était toujours solidement liée tomba à la renverse sous l'impulsion de Meïlhor, qui se retrouva accroupie sur le torse de ce dernier. Elle avait de nouveau un poignard en main (décidément, combien en avait elle?) et en appliquait la lame incertaine sur la gorge de son géniteur.
Ce fut la première fois que Jamère pu voir la jeune femme trembler de la sorte. Elle était une fine lame et avait la main redoutablement sûre d'ordinaire. Jamais ses émotions, aussi fortes soient elles, n'avaient puent amoindrir de la sorte les talents de la mercenaire. Elle n'était pas seulement en colère, elle était furibonde, en proie à un tourbillon d'émotion qu'elle ne contrôlait pas le moins du monde. Elle ne pensait plus, et n'écoutait plus qu'un instinct bestial et irréfléchi, bien loin de sa personnalité habituelle.
Spectateur de ce déchaînement de haine, Jamère n'osait faire de mouvements brusques. Comme s'il avait été témoin de l'attaque d'un animal sauvage, il savait ne pas pouvoir se permettre le moindre faux pas, la plus innocente parole déplacée. Il prit une grande inspiration et, les discours bien pensants n'ayant jamais été son fort, le jeune homme laissa son cœur parler pour lui :

- « Meïlhor... ». Il laissa le prénom flotter dans l'air immobile de la pièce, comme un appel, le temps de quelques battements de cœurs à peine. Mais l'effet escompté était là : la jeune femme suspendit son geste. Et même si elle avait toujours le souffle court, le regard furieux braqué sur Jubey, Jamère était certain qu'elle écouterait ce qu'il avait à lui dire. « Ce serait faire son jeu que de le tuer maintenant. » voilà qui était une provocation risquée, mais, un sourire amère au visage, le jeune homme en fut presque amusé. Il savait le légendaire esprit de contraction de Meïlhor. Elle se voulait imprévisible, et Jamère tabla sur l'envie de la jeune femme de ne pas entrer dans le jeu de Jubey. « Tu le sais aussi bien que moi, il ne cherche qu'une chose : mourir de ta main. Ne m'as tu pas dis il n'y a pas si longtemps que c'était miséricorde d'achever une proie blessée ? Nous savons tout deux que cet homme mérite tout sauf ta clémence. »
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Jeu 03 Nov 2016, 17:39
Jubey avait osé menacé le mercenaire, il allait désormais en payer le prix, il ne pouvait en être autrement. Dire qu'à cet instant Meïlhor était en colère, était un doux euphémisme. Jamais elle n'avait ressenti une rage aussi impériale. Elle devait protéger Jamère contre le danger que représentait Jubey, elle défendrait son compagnon quoi qu'il lui en coûte. Un brouillard opaque obscurcissait le jugement de la blonde. Lorsque la voix de son amant emplit la petite demeure, c'est davantage la douceur qu'elle percevait dans son ton qui la toucha, plus que les mots utilisés.

« Meïlhor... »

La jeune femme suspendit immédiatement son geste. Jamère était demeuré près d'elle. Rien n'était perdu, tout allait bien, tout était encore possible. Entendre son nom prononcé par le brun, lui permit immédiatement de respirer de manière plus aisée, de reprendre quelque peu la maîtrise d'elle même. Par sa simple présence, probablement par un coup hasardeux du sort ou des dieux , il parvenait à rendre toutes situations plus supportable, plus douce. Lorsqu'il était près d'elle, elle se sentait la force de réaliser ses rêves même les plus fous, ce qui pour Meïlhor était des plus angoissant. Dépendre de quelqu'un la terrifiait.
Elle aimait que sa vie soit organisée, prévue dans les moindres détails pour anticiper toutes éventualités. Toutefois, cela avait bien changé depuis sa rencontre avec le jeune homme. Il avait mis du désordre dans le cœur de la mercenaire, ce qui était à dire vrai, bien agréable.
Absorbée par ses songes, elle en avait presque oublié la situation délicate dans laquelle elle se trouvait. L'un de ses nombreux poignards demeurait toujours plaqué sur le cou de son géniteur. Sa main tremblait toujours, sa colère subsistait intacte. Elle allait le neutraliser, cette fois il ne pourrait plus jamais nuire.
Soudain la voix de Jamère emplit à nouveau les lieux, semant de ce fait le trouble dans les pensée de la jeune femme
« Ce serait faire son jeu que de le tuer maintenant. Tu le sais aussi bien que moi, il ne cherche qu'une chose : mourir de ta main. Ne m'as tu pas dis il n'y a pas si longtemps que c'était miséricorde d'achever une proie blessée ? Nous savons tout deux que cet homme mérite tout sauf ta clémence. »
Les mots raisonnèrent dans la pièce comme dans l'esprit de Meïlhor. Son cerveau mit quelques minutes à en assimiler toute la portée. Se pouvait il que Jamère dise vrai ? Étais-ce là réellement le souhait de Jubey ? Mais pourquoi diable voulait-il pareil sort ? Mort moins clémente, que celle que la jeune femme projetait pour lui, ne saurait être imaginée. Les rouages du cerveaux de Meïlhor s'imbriquaient désormais de manière plus organisée. Elle commençait à prendre la mesure des projets de l'assassin. Il méritait bien des choses c'était certain, mais la clémence assurément pas. Il voulait mourir mais pourquoi ? Ses blessures étaient sérieuses certes, mais elles ne remettaient nullement sa survie en jeu.
Celle-ci non, mais son métier si, mutilé comme il l'était, demeurer assassin paraissait compromis. Les actes de Jubey prirent soudain un sens acide pour Meïlhor.
C'était donc cela, elle n'était qu'un instrument pour son suicide ? Rien de plus que l'arme qui lui servirait pour accomplir son but ? Il l'avait suffisamment manipulé, plus jamais elle ne tomberait dans ses filets. A cet instant elle s'en fit la promesse muette. Elle n'avait plus rien de la petite fille terrifiée qui recherchait désespérément l'affection de celui qu'elle considérait alors comme son oncle.
Il ne l'aurait plus jamais sous son emprise, c'était là un temps révolu.
Comment ce crétin osait-il tenter de manipuler Meïlhor ainsi ? Lui, Jubey était le seul à pouvoir en faire autant. Il fallait bien qu'il y ai quelques avantages à être père. Le pouvoir qu'il exerçait sur sa fille en était un et pas le moindre. Lorsqu'elle était enfant, il l'avait recueilli s'en était occupé du mieux qu'il pouvait -ce qui n'était pas grand chose certes- mais qu'importe. C'était à elle de le tuer, à nul autre, le moment était venu, cela était dans l'ordre des choses, voilà tout. Il était hors de question qu'elle se défile pour plaire à un gamin tout juste sorti des jupons de sa mère. L'assassin ne le permettrait pas. Il refusait de perdre sa dernière bataille, aussi incongrue soit elle. Il allait la gagner, pour cela il ne manquerait pas, sans un certain plaisir, d'entacher la belle image de ce piètre étalon.
Aussi Jubey rassembla t'il l'ensemble de ses forces, pour formuler des mots qui avaient toutes les peines du monde à franchir ses lèvres tuméfiées

«  Ma douce, ne vois tu pas qui se sert de toi ? Où plus exactement nous le faisons tout deux, mais un seul de nous te le révèle sincèrement. Cet idiot t'abandonnera sois en certaine, tu sais comme moi que la confiance n'a pas sa place dans ce monde. Je t'ai offerte une chose précieuse Meï, que tu ne semble pas mesurer à sa juste valeur, je t'ai promis uniquement ce que j'étais en mesure de t'offrir, ce qui était peu je te l'accorde. Néanmoins, je ne t'ai pas déçu, pas une fois puisque tu n'a jamais rien eût à attendre de moi. Regarde comme lui, essaye de te faire rentrer dans ses convenances . Je suppose que pour ce jeune homme la mort n'est pas un salut, puisque tu as apparemment dut l'en convaincre. Il essaiera de te changer Meïlhor, peut être à t'il déjà commencé. Tu ne va tout de même pas faire simplement ce qu'il attend de toi. Tu as plus de libre arbitre que ça
Prendra tu réellement le risque de t'attacher aussi vainement à quelqu'un ? tu es plus intelligente que cela MeÏlhor. »
Les mots avaient des difficultés à être audibles, aussi sa voix paraissait-elle plus nasillarde encore qu'à l'accoutumé.
Des paroles acerbes voilà tout ce que cet être ignoble était en mesure de prononcer. MeÏ devait le tuer pour se protéger de son venin. Il devait mourir ce soir, ainsi il ne pourrait guère s'en prendre à Jamère ni à elle même. Elle devait apaiser la douleur qu'elle ressentait depuis aussi longtemps qu'elle s'en souvenait, tout cela devait cesser, maintenant.
Meïlhor pris plusieurs profondes inspirations et ferma légèrement les yeux pour retrouver une certaine contenance. Non, elle réagissait exactement comme Jubey le désirait. En outre, elle avait passé sa nuit à torturer Jubey pour se sentir mieux et force lui était de constater que cela n'avait pas vraiment eût l'effet escompté. La colère, la douleur, la tristesse, la culpabilité … rien n'avait disparu, tout demeurait presque intact en elle. Non, elle ne se laisserait pas manipulé, par personne et à fortiori encore moins par lui. Elle devait s'en aller, maintenant. Partir vite et loin, pour ne pas risquer de revenir neutraliser ce personnage abject. Mettre le plus de distance entre lui et elle voilà qui était un objectif des plus recevable. Jubey allait vivre et ce serait pour lui un sort bien pire que la mort. Ses pairs allaient le rejeter, il en serait sans doute réduit à mendier sa pitance. Bien piètre consolation pour la jeune femme. Elle refusait d'être l'instrument de son trépas, elle ne le serait ni aujourd'hui ni jamais, cadeau bien trop doux qu'elle lui offrirait là.
Sans plus réfléchir davantage elle retira le couteau plaqué sur le cou de l'assassin et le planta, avec toute la rage qu'elle avait tant de peine à retenir, dans le plancher près de lui. Le couteau finit donc sa course, en s’enfonçant avec force et fracas dans le bois. Des petits morceaux de celui-ci avaient volé de part et d'autre du point d'impact, sous la violence du geste. Meïlhor avait utilisé son arme comme elle l'aurait fait dans la chair de Jubey, acte qu'elle s'interdisait désormais.
Il voulait mourir grand bien lui fasse, mais il allait devoir se débrouiller seul. Elle ne l'aiderait pas dans sa lâcheté. Il n'était qu'un couard, un pleutre et elle ne lui servirait pas d'alternative. Si il le voulait réellement, il devrait se donner la mort seul.
Une dernière fois elle planta ses yeux dans ceux de Jubey, l'espace de plusieurs battements de cœur. Elle cherchait quelque chose dans le regard de l'assassin. Un reste d'humanité, une ombre de culpabilité peut être, un fantôme de l'affection qu'il avait sans doute éprouvé pour quelqu'un un jour... Mais elle ne trouva rien d'autre qu'un abysse glacé et une colère à peine voilé. Pour la première fois dans l'existence de Meïlhor, Jubey avait perdu, il n'était pas parvenu à réaliser son dessein funeste. Ils le savaient tout deux, cette fois, c'était la blonde qui ressortait victorieuse de cette bataille grotesque. Sans qu'elle n'esquisse le moindre geste, la voix de Meïlhor se fit entendre.

« Pour lui, j'accepte de prendre le risque. »

C'était là la dernière provocation qu'elle jetait au visage de son père . Sa voix avait raisonné plus fort qu'elle ne l'aurait voulu et d'une manière plus sèche également.
Jubey, était un être froid sans aucun sentiment, il avait tenté de la créer à son image, il avait échoué. Elle était amoureuse du brun et malgré les manigances de son géniteur rien ne pourrait la détourner de son compagnon.
Oui, pour Jamère elle était prête à toute les folies, même à laisser en vie l'homme qu'elle haïssait le plus au monde. Cette pensée naquit dans son esprit mais aussitôt Meïlhor la refoula se refusant d'y songer, il ne pouvait avoir autant de place dans sa vie et dans son cœur.
Soudain le besoin impérieux de partir se fit à nouveaux ressentir dans l'esprit de la rubienne. Elle devait fuir loin de Jubey avant que sa colère ne l'emporte à nouveau. Meïlhor se leva donc d'un bond et se dirigea vers la porte d'un pas qu'elle voulait assuré, le regard fixe sur l'Horizon. Ne pas réfléchir, simplement avancer.
Lorsque la voix de Jubey retentit à nouveau, la mercenaire s'efforça en vain de n'y prêter aucune attention, car les paroles de celui qui l'avait élevé l'atteignirent, comme bien trop souvent, en plein cœur.

« Tu es ma fille Meïlhor et même toute la haine que tu ressens à mon égard, ne pourra rien y changer. Je suis ton père, tu n'en aura jamais d'autre que moi. Je fais partie de toi, que tu le veuille ou non. »

La jeune femme continua tout de même son chemin, jusqu'à l’extérieur de la maison. Les mots l'avaient ralenti mais n'avaient guère entacher sa motivation à s'en aller. Une fois dehors, elle se mit à courir dans la foret droit devant elle. Elle devait fuir le plus vite et le plus loin possible. Fuir, tout ce qui c'était passé cette nuit. La peur, la douleur, la colère. Fuir tout simplement.
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Dim 06 Nov 2016, 11:16
Les mots du jeune homme eurent l'effet escompté : le geste de Meïlhor était suspendu, comme figé dans le temps. Elle hésitait. Et ce simple moment de latence prouva à Jamère, s'il en était encore besoin, que la blonde était bien loin d'être aussi froide et insensible qu'elle voulait le laisser paraître. Elle pouvait douter, remettre en cause ses convictions les plus ancrées, et cela simplement sur quelques mots de sa part. Sans doute Jamère s'en fut il enorgueillit en d'autres circonstances. Mais alors que la situation commençait à prendre une tournure moins périlleuse, Jubey se permit une nouvelle intervention.

- «  Ma douce, ne vois tu pas qui se sert de toi ? Où plus exactement nous le faisons tout deux, mais un seul de nous te le révèle sincèrement. Cet idiot t'abandonnera sois en certaine, tu sais comme moi que la confiance n'a pas sa place dans ce monde. Je t'ai offerte une chose précieuse Meï, que tu ne semble pas mesurer à sa juste valeur, je  t'ai promis uniquement ce que j'étais en mesure de t'offrir, ce qui était peu je te l'accorde. Néanmoins, je ne t'ai pas déçu, pas une fois puisque tu n'as jamais rien eu à attendre de moi. Regarde comme lui, essaye de te faire rentrer dans ses convenances. Je suppose que pour ce jeune homme la mort n'est pas un salut, puisque tu as apparemment du l'en convaincre. Il essaiera de te changer Meïlhor, peut être à-t-il déjà commencé. Tu ne va tout de même pas faire simplement ce qu'il attend de toi ? Tu as plus de libre arbitre que cela.
Prendra tu réellement le risque de t'attacher aussi vainement à quelqu'un ? Tu es plus intelligente que cela Meïlhor.
 »


N'en aurait il donc jamais assez de semer la haine et la zizanie, de chercher à provoquer la colère et la peine ? Comment un homme aussi purement mauvais pouvait il exister ? Jubey représentait en réalité tout ce que Jamère pensait ne pas être de l'ordre de l'humain. Et pourtant, c'est de cette créature abjecte que Meïlhor était issue. Comme bien trop souvent ces derniers temps, les belles convictions de Jamère vacillèrent dangereusement. Mais le jeune homme ne pouvait se laisser aller à retourner à l'état d'apathie dans lequel il s'était vautré depuis la fameuse nuit de la mort de Lios. Cette fois, Meïlhor avait besoin de lui comme il avait eu alors besoin d'elle. Et tout comme son amante cette nuit là, il ne flancherait pas.
Quand le brun fut presque certain de pouvoir parler sans hurler ni menacer de passer Jubey à tabac, il ouvrit la bouche pour rétorquer à ce dernier que d'eux deux, un seul se souciait vraiment du sort de la jeune femme. Mais un nouveau rebondissement inattendu vint mettre du baume au cœur de Jamère : de son propre chef, Meïlhor s'était relevée, ôtant son arme suspendue jusqu'alors au dessus du cou de son père. Avec une brusquerie sauvage, elle planta rageusement le poignard dans le bois vermoulu du parquet, à quelques pas seulement de son prisonnier. Le bruit sourd et mat de la lame d'acier percutant le plancher résonna étrangement aux oreilles de Jamère, sans bien qu'il sut dire pourquoi...
La rubienne quêtait intensément le regard de son géniteur, cherchant des réponses à des questions connues d'elle seule. Elle avait toujours l'air vaguement déboussolée, mais elle agissait maintenant avec toute la conviction du monde. Après un silence pesant, que même le scélérat entravé n'osa briser, Meïlhor, comme s'il s'agissait d'une évidence, déclara :

- « Pour lui, j'accepte de prendre le risque. »

Le cœur de Jamère manqua un battement. La jeune femme n'avait jamais aimé les effusions de  sentiments, non, elle exprimait son affection autrement, à sa manière, aussi particulière soit elle. Ce qu'elle venait de dire se rapprochait donc en tout point d'une véritable déclaration d'amour. La prudente Meïlhor prenant un risque pour lui... même dans pareille situation, le mercenaire ne pu empêcher une bouffée d'orgueil de l'envahir. Jamère aimait la blonde au delà de toutes proportions, au delà même du côté obscur de la jeune femme. Il était bien sot de se penser un homme réfléchit et objectif : lorsqu'il s'agissait de son amante, même bafouer le serment qu'il avait prononcé sur la tombe de ses parents ne lui faisait plus ni chaud ni froid.
Après sa bravade, la jeune femme fit volte face, et dirigea presque calmement ses pas vers l'extérieur. Dans une pitoyable tentative pour la retenir, Jubey essaya encore de l'invectiver, la provoquant délibérément, semblant presque savoir le dégoût qu'il lui inspirait  :

- « Tu es ma fille Meïlhor et même toute la haine que tu ressent à mon égard ne pourra rien y changer. Je suis ton père, tu n'en aura jamais d'autre que moi. Je fais partie de toi, que tu le veuille ou non. »

Si les mots la firent hésiter un tant soit peu, elle n'en montra rien, poursuivant simplement sa route. Lorsqu'elle referma la porte derrière elle, Jamère sentit la dernière barrière qu'il s'était imposé céder en lui. S'il avait désormais admit qu'il pouvait parfois user de bassesses comme le plus vil des gredins, il n'était pas encore prêt à le montrer à Meïlhor. En quittant la pièce, elle lui laissait le champ libre pour agir comme il l'entendait.
Jamère ne cautionnait pas la violence, mais il en vivait. Il n'aimait pas les armes, mais excellait dans leurs maniements. Il ne souhaitait blesser quiconque, mais à cet instant il avait furieusement envie de faire de la vie de Jubey un calvaire sur terre.

- « Il semblerait que nous soyons seuls désormais... »

Le rictus qui déformait le visage du brun le rendait méconnaissable, ses lèvres retroussées sur ses canines trop longues le faisant paraître plus animal qu'homme, ses yeux n'étaient plus que deux billes d'encre noire.

Il allait lui faire payer ses affronts à Meïlhor, l'enfance qu'il lui avait imposée, les mensonges qu'il lui avait servit... de tout cela, Jubey allait devoir se repentir, et Jamère exultait d'avance à être l'instrument de cette vengeance, quand brusquement la raison lui revint.
La jeune femme avait jugé préférable de ne pas tuer son père. De quel droit Jamère se permettrait il donc d’orchestrer la mort de celui qu'elle avait choisit d'épargner ? Aussi odieux soit cet homme, aussi impardonnables ses crimes soient-ils, la décision de Meïlhor devait être respectée. Il était dans les habitudes de cette dernière de régler ses problèmes en en supprimant tout bonnement la cause. Si elle avait choisit d’infliger la vie à son géniteur, Jamère n'avait rien à ajouter de plus.

À longues enjambées, le mercenaire se rapprocha de Jubey. Le saisissant par sa chemise en lambeaux poisseuse de sang, le jeune homme redressa le malfrat toujours lié à sa chaise. La tête de ce dernier dodelinait dangereusement, il était au bord de l'inconscience. Son visage était figé en un masque grotesque alors que ses meurtrissures commençaient à prendre d'inquiétantes teintes sombres, et Jamère ne pouvait que se repaître de ce macabre spectacle, accroupit en face de lui. Ce châtiment était encore trop doux en comparaison de ce qu'avait était la vie de Meïlhor, mais Jamère devait pour l'heure s'en contenter. Lorsqu'il imaginait l'enfance de la jeune femme, une nausée acide lui tordait l'estomac. Il pouvait presque l'imaginer, encore plus petite et plus frêle qu'aujourd'hui, esseulée, abandonnée dans une ruelle sombre ou une bicoque en ruine, attendant une aide, une présence...
Le coup partit sans la moindre sommation, et étonna même l'attaquant. S'étant relevé d'un bond souple, Jamère décocha un nouveau coup de poing qui fracassa l'arrêt du nez de Jubey en heurtant son visage. À peine remise sur ses pieds, la chaise retomba avec fracas, emportant son prisonnier dans sa chute. Retenu sur le dos à cause de ses liens, le sang coulant abondement de son nez, Jubey était en train de s'étouffer dans le liquide épais qui coulait largement de sa nouvelle plaie. Il ne pouvait guère que tousser, projetant de nouvelles gouttes sombres sur sa personne. Jamère se tenait à distance respectueuse du moribond, tachant de retrouver un calme tout relatif.
Il devait sortir de ce cabanon, y laisser croupir Jubey et rejoindre Meïlhor. Mais quelque chose retenait le mercenaire au chevet de l'agonisant, sans doute une satisfaction malsaine à le voir souffrir, ce scélérat qui s'était permit de si mal traiter sa propre fille. Se saisissant du poignard toujours planté dans le sol, Jamère examina l'arme comme s'il voyait un coutelas pour la première fois de sa vie. Pourtant, jamais une lame n'avait pesée si lourd entre ses larges mains. Ces mains aux paumes souillées du sang de l'homme étendu à ses pieds...
Avec un soupir tenant davantage du soufflet de forge que de quoique ce soit d'autre, Jamère s'avança vers Jubey. Ce dernier trouva encore un reste de sa hargne pour tenter de cracher au visage du brun qui le dominait de toute sa haute taille, mais ses blessures le rattrapaient, si bien qu'il ne réussit guère qu'à se baver un peu plus dessus. Il essayait tant bien que mal d'afficher un air affable, mais  sa figure était à présent si tuméfiée qu'elle en devenait inexpressive. Jamère admirait la combativité, mais chez Jubey cette obsession à ne toujours pas se tenir tranquille malgré son piètre état était une autre expression de sa folie.
Alors, avec tout le mépris dont il était capable, le mercenaire trancha les cordes qui avaient si bien retenues la crapule. Ce dernier roula piteusement sur le côté, crachant tout son soûl, retrouvant une respiration un peu plus aisée. Il voulu tendre le bras pour saisir l'une des bottes de Jamère, mais la poigne manquait de la force nécessaire, et les fines articulations de la main étaient en miettes, Meïlhor y ayant veillé.
Jubey poussa lui aussi un long soupir qui se termina en une quinte de toux humide, qui lui fit monter l'écume aux lèvres. Quand il eu retrouvé un semblant de voix, il croassa le regard dans le vide :

- « Meïlhor, pourquoi ? »

Jamère devina la question plus qu'il ne la saisit vraiment car la diction de l'assassin était pâteuse, sifflante, et rendue difficilement compréhensible par un nombre non négligeable de dents en moins. Être confondu avec la blonde aurait sans doute pu être source d'amusement, mais le jeune homme n'était pour l'heure pas d'humeur à trouver Jubey humouré si peu que ce soit. Répondant comme si la question lui avait été adressé, Jamère articula à outrance chacun des mots qu'il prononça, afin que le message se grave correctement au milieu des pensées vacillantes du prisonnier :

- « Je ne me donne pour l'instant pas le droit de t'achever. Mais sache que si tu survis, quand bien même j'en doute fort, et qu'il m'est donné de croiser ta route à nouveau, je ne pense pas être en mesure de réaliser une seconde fois l'exploit de ne pas débarrasser une bonne fois pour toute le monde de ta misérable carcasse. »

Seul un gargouillis écœurant tint lieu de réponse à Jamère. Rire ou tentative de réplique de la part de Jubey, le mercenaire n'en savait rien et s'en fichait. L'odeur métallique du sang lui devenait tout à coup intolérable, tout comme la vue du misérable étendu à ses pieds. Il tourna donc lui aussi le dos à ce spectacle navrant.

Jamère fut accueillit dehors par la fraîcheur de la nuit, le chant du vent dans les lourdes ramures des arbres alentours, et le spectacle du ciel juste avant le début de l'aube. Il inspira largement l'air propre et pur de la forêt. Les senteurs humides de la terre après la pluie emplirent ses narines et lui firent le plus grand bien. L'orage de la nuit avait complètement vidé le ciel de ses lourds nuages, et le monde entier faisait peau neuve. Le vent était encore frais, mais cette brise fut la bienvenue sur le visage voilé d'une transpiration acre de l'émerien.
La lune inondait largement le sol de sa pâle lumière, et pour une fois, Meïlhor n'avait pas cherché à dissimuler ses traces. Elle avait beau avoir le pas léger, Jamère pu sans mal suivre la piste laissé derrière elle par la jeune femme. D'abord avançant prestement mais calmement, le jeune homme se trouva rapidement excéder de voir la distance qu'avait parcourut son amante. Lorsqu'il se mit lui aussi à courir pour de bon, il laissa également de côté toutes vaines tentatives de discrétion : Jamère était pressé comme rarement il l'avait été, et sa course rapide était lourde et bruyante, mais il n'en avait cure. Le jeune homme slalomait entre les arbres, ne cherchant même plus à esquiver les divers branchages qui lui griffaient le visage.
Les longues jambes du brun avalaient d'ordinaire les distances les plus folles en un rien de temps : pourquoi diable ne parvenait il pas à rattraper Meïlhor ? Elle avait beau être leste et agile, elle n'égalait pas le mercenaire en endurance, il fallait bien qu'elle se soit arrêtée quelque part. « Comment une créature aussi petite peut-elle couvrir une telle distance en si peu de temps ? » le mercenaire ne pouvait s’empêcher de pester intérieurement contre la blonde.
La piste qu'il suivait paraissait toujours aussi fraîche, mais il n'y avait toujours pas trace de la jeune femme. Jamère accéléra encore la cadence, craignant soudain d'avoir passé trop de temps en arrière, craignant aussi que son amante ne veuille pas être retrouvée, craignant surtout que dans son état éperdu, elle ne commette quelques idioties dont elle avait le secret et répondant à une logique connue d'elle seule.
Soudain, un éclat mouvant attira l’œil du mercenaire. Rien de plus qu'un reflet au milieu de la végétation sombre qui défilait à toute allure autour lui, mais pourtant, il savait qu'il l'avait enfin retrouvé.

- « MEÏLHOR ! » hurla-t-il a plein poumons.

Il n'y avait pas trace d'essoufflement dans la voix de Jamère. Poussé par l'adrénaline, il aurait pu continuer à courir de la sorte jusqu'à l'autre bout d'Enkidiev pour la retrouver, il le savait. En revanche, il ignorait pourquoi la jeune femme ne s’arrêtait pas.

- « Bordel... » grommela-t-il dans sa barbe, avant de hurler à nouveau le prénom de la dame de ses pensées, quand bien même cette dernière semblait obstinée à le fuir éternellement. « MEÏ, ARRÊTE TOI MAINTENANT ! » la voix rendue rauque par l'effort, il accéléra encore son allure.

- « C'est moi... » ajouta-t-il davantage pour lui même que pour tout autre chose.
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Jeu 10 Nov 2016, 15:17
Une fois sortie de la maisonnée, Meïlhor se mit à courir droit devant elle, sans même songer à l'endroit où elle se rendait. Cela n'avait pas la moindre importance. Elle désirait seulement mettre le plus de distance possible entre elle et Jubey. Fuir le plus vite et le plus loin possible. Fuir tout simplement. Elle ne pensait plus à rien d'autre, ne cherchant guère à esquiver les branches qui lui griffaient le visage. Elle n'avait cure de son corps meurtri par les éraflures. En outre, elle ne cessait de trébucher sans toutefois arrêter sa course. Elle n'était guère plus qu'un animal traquée qui voulait survire. Oui, mais pour qui ? Pour quoi ? Même cela elle avait oublié. Omit, la raison pour laquelle elle voulait vivre à ce point. Simplement ne pas s’arrêter. Parcourir tout Enkidiev si cela est nécessaire. Rejoindre même Irianeth si la situation l'oblige. Rien n'est grave, rien n' est important, courir suffit, fuir suffit. Plus vite, plus loin. Ne plus jamais ressentir cela. Ne plus avoir peur. Partir. Oublier la douleur et la peine. Ne plus rien ressentir, juste courir.
Tout s'embrouillait désormais dans le cerveau de la blonde, où seul un réflexe archaïque subsistait : fuir pour survivre. Elle ne pensait qu'a cela, elle était désormais loin de la maison de son enfance, mais pourtant même ses poumons en feu ne la ralentissaient pas. Elle était obnubilée par l'envie de s'échapper de tout cela.
Soudain un bruit derrière elle se fit entendre, elle accéléra encore l'allure, mais son poursuivant était indéniablement plus rapide qu'elle. Jubey l'avait rattrapé, elle ne devait pas fléchir, ne surtout pas s’arrêter, continuer d’accélérer. Si il la rattrapait, elle avait un poison létal à porté de main, elle ne souffrirait pas. Tout irait bien



« MEÏ, ARRÊTE TOI MAINTENANT ! » 

Cette voix... Elle n'appartenait pas à l'assassin mais à un être bien plus cher au cœur de la bonde : Jamère. Il s'était lancé à sa poursuite, il l'avait rattrapé une fois encore. Il lui avait promis de toujours la retrouver, une nouvelle fois il honorait sa promesse. Il était près d'elle tout se passerait bien désormais. Elle réduisit l'allure sans toutefois s’arrêter, son corps semblait avoir oublier comment procéder. En outre, la peur était toujours présente, une inquiétude irraisonnée lui hurlait que c'était là une astuce de Jubey, qu'elle ne devait s’arrêter sous aucun prétexte.



- « C'est moi... »

Le ton était cette fois plus doux. C'était là la phrase qu'elle même avait prononcé la nuit de la mort de Lios. C'était bel et bien le mercenaire, nul doute n'était plus désormais possible. Meïlhor arrêta donc spontanément sa course, elle n'avait plus de raison de fuir. Son visage était couvert d’éraflures, ses bras égratignés là ou sa chemise c'était déchiré. Elle devait à la vérité avoir bien piètre allure. Elle n'acceptait guère que Jamère la voit ainsi. Elle ne voulait pas être pour lui, une faible femme qu'il se devait de protéger. La faiblesse avait toujours était le défaut des pleutres pour Meïlhor. Faible, elle ne le serait jamais, elle ne se le permettrait jamais. Sa force de caractère était, ce qui durant toutes ces années, l'avait maintenue en vie. Elle n'était pas prête à abandonner son comportement revêche ; merveilleuse carapace ayant pour but de garder autrui à distance respectable d'elle même. Jamère avait toutefois réussis l'exploit de l'apprivoiser, à force de douceur et de patience. Elle avait commencé à lui faire confiance, à reconnaître que sa présence lui était nécessaire. Que serait alors leurs vies ensemble ? Elle n'était en aucun cas prête à lui céder sa liberté, seule chose qu'elle ne lui donnerait jamais. Cela lui était bien trop indispensable. Toutefois, il semblait l'accepter comme elle était. Elle venait de torturer un homme devant lui et pourtant il était là, près d'elle. Sans doute accepterait-il tous les côtés de sa personnalité. 
Pour l'heure, elle s'obstinait à ne pas faire face à son compagnon, son visage était baissé vers le sol, camouflé à moitié par sa longue tignasse. Elle était essoufflé et avait toutes les peine du monde à reprendre une respiration calme. Jubey était vivant, après tout ce temps où elle l'avait traqué dans le seul but de le neutraliser, elle l'avait laissé libre. Le torturer n'avait rien changé à ce qu'elle ressentait, le tuer n'aurait sans doute guère était plus efficace. La douleur, la peur, la colère, la haine, la tristesse tout était intacte.



« Mei, c'est moi. Tout va bien désormais »

Jamère s'était approché d'elle doucement, tachant visiblement de ne pas la faire fuir à nouveau. Non tout n'allait pas bien, au contraire. Sa vie prenait un tournant auquel elle n'avait jamais songé. Pour son compagnon, elle avait épargné Jubey. De quel droit chamboulait il à ce point son existence ? Comment avait il pris autant de place dans son cœur ?
Sans plus réfléchir d'avantage Meïlhor se retourna avec brusquerie face à Jamère, plantant ses yeux dans ceux bleu nuit de son compagnon. Le regard de la blonde était dur et dans son attitude tout n'était que bravade. Elle était en colère contre Jubey, contre elle même également. Des larmes acides lui brouillaient la vue.
Le brun la serra alors dans ses bras dans un étau protecteur.



« Je suis là Meïlhor »


Rien de plus qu'un chuchotement aux oreilles de la rubienne. Elle ne se débattit pas, bien au contraire elle était heureuse de ce contact réconfortant. Son esprit paraissait atrocement vide et elle réagissait comme si son corps était seul maître de ses réactions. Elle appuya son visage sur le torse de son amant refermant ses bras autours de lui. Il lui caressait le dos, les cheveux et le cou, la cajolait comme si rien d'autre n'avait d'importance. Blottit ainsi dans ses bras, en sécurité, la blonde s’apaisa quelque peu. Elle sentait sa respiration devenir plus régulière, son corps se relâcher ostensiblement. Elle avait mal partout, mais se sentait mieux désormais.


« Il est vivant. Je ne l'ai pas tué. Il est vivant. »

Les mots avaient été jetés à la volé, sans qu'il n'y ai réellement de destinataire désigné.
Lorsqu'elle entama son discours la voix de Meïlhor lui sembla étrange à ses propres oreilles. La jeune femme ne sentait même pas les larmes qui inondaient désormais ses joues. Elle ne cherchait nullement, ni à les dissimuler ni à les retenir. Elle désirait seulement se sentir mieux, qu'importe le moyen d'y parvenir.



« Lorsque j'étais enfant, il me répétait qu'il était mon oncle, que ce n'était donc nullement à lui de s'occuper de moi. J'ai cru tout ce qu'il me disait, alors que tout cela n'était que foutaise, j'avais confiance en lui... 
En grandissant, les choses me sont apparues plus amère, plus acide. J'étais toujours surprise de voir l'aube se lever, n'étant jamais certaine que je verrais le jour suivant.
Je me suis mise progressivement à le détester, de me faire vivre ainsi dans l'incertitude et la peur. Le jour où il a tenté de me vendre est également celui où il est partit. Depuis, je le traquais. Je ne vivais que pour le voir mort, je ne désirais que la vengeance. Je voulais le faire payer pour tout ce qu'il m'avait fait subir. Je pensais que le torturer me serait salutaire... Je voulais que tout cela s'arrête...
La peur, la douleur, la haine, la colère, l'amour … Je désirais que tout cela s'envole, ne plus rien ressentir. Ne plus m'attacher à quiconque pour ne pas avoir à vivre un nouvel abandon... »

Soudain elle s’arrêta sur ces dernier mot. Durant toute son existence elle avait eut peur de Jubey, désormais elle avait peur pour Jamère. La différence était des plus notable, elle passait de la haine la plus totale à l'amour le plus pur. Elle avait taché de ne se lier à personne, en cela elle avait littéralement échoué. Elle aurait donné sa vie pour le mercenaire sans aucune hésitation. Un sentiment la frappa alors, une terreur incommensurable, si lui s'en allait, elle …
Meïlhor leva alors son visage vers celui de son compagnon et plongea son regard dans les yeux bleu nuit. Elle tentait d'y lire ce que refermait l'âme de Jamère.



« Ne t'en va pas »

Elle venait de lui soumettre une prière. Quémander n'était guère dans les habitudes de la blonde. Le jour commençait à se lever et avec lui une nouvelle ère émergeait, il n'était plus temps d'avoir peur.
Jamère resserra encore son étreinte autour de sa bien aimée. Sans la quitter des yeux, il lui répondit d'un ton solennel


« Jamais ! »

C'était une promesse et Meïlhor en pris bonne note. Elle savait qu'il disait vrai, elle le voyait dans son regard d'une rare intensité. Elle pouvait lui donner toutes sa confiance, sans craindre d'être trahit. Son cœur semblait soulagé d'un poids. Il la comprenait, l'acceptait comme elle était. Jamais, il ne l'abandonnerait. Il avait sans doute autant besoin d'elle, qu'elle de lui. Ensemble ils étaient forts, ensemble tout irait bien.
Elle hocha le tête et lui sourit. Ses larmes s'étaient tarit. Elle avait survécu à cette nuit, elle avait gagné, Jubey n'avait pas obtenu d'elle ce qu'il désirait. Il ne reviendrait guère, pas après cette nuit, pas après tout cela. Quand bien même aurait il la bêtise de refaire surface un jour, elle aurait la force de l'affronter. Elle n'était plus seule désormais. Elle avait quelqu'un de solide à ses côtés sur qui elle pouvait se reposer, sans en éprouver la moindre honte. Quand l'un d'eux flanchait, l'autre le soutenait, il n'y avait aucunement à rougir de cela. C'était là une notion bien nouvelle pour la blonde, mais Jamère lui apprenait ce qu'était d'aimer et de faire une confiance totale à l'être que son cœur avait choisit. La blonde avait encore des difficultés avec tout cela, sans doutes en aurait elle toujours, mais elle s'employer à y remédier du mieux qu'elle pouvait, un pas après l'autre. Montrer sa peine et sa tristesse à son compagnon en était un de taille.
Il posa ses lèvres sur celle de Meïlhor dans un baisé que se voulait dans un premier temps léger. Elle ne voulait pas rompre cette échange qui se faisait de plus en plus intense. Elle s'abandonnait entièrement aux caresses de son compagnon, trop heureuse de le retrouver ainsi, après tout ce qu'ils avaient traversé ensemble. Elle ne demandait pas mieux que de passer une nouvelle nuit merveilleuse à ses côtés.
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Dim 20 Nov 2016, 04:13
Les bruits de course finirent par ralentir, avant de cesser totalement. Lorsque Jamère arriva finalement à la hauteur de la jeune femme, ce fut pour découvrir Meïlhor le regard rivé au sol, le dos voûté, affectant une attitude qui ne lui ressemblait guère. Elle était échevelée, sa tenue portait les nombreux stigmates de sa cavalcade effrénée dans la forêt, et elle semblait agitée de tremblements contenus à grands efforts.

- « Mei, c'est moi. Tout va bien désormais. »

Comme si elle eut été un animal blessé et méfiant, Jamère s'approcha très lentement d'elle, craignant que le moindre geste brusque de sa part ne la fasse fuir à nouveau. Après avoir hurlé le nom de la jeune femme lors de sa course, le mercenaire se rendit compte qu'il avait encore la respiration hachée, ce qui lui rendait l'exercice de s'exprimer posément plus complexe. Il tacha néanmoins d'affecter d'une voix calme, se rapprochant toujours de son amante à pas comptés. Elle renvoyait l'image d'une détresse immense, et Jamère craignait de commettre un impair en se jetant sur elle pour l'enfermer dans ses bras trop brusquement. Meïlhor n'était pas dans son état naturel, et la voir aussi bouleversée fendait le cœur de Jamère d'une manière difficile à quantifier, mais comment aurait il pu en être autrement après la confrontation qu'elle venait de vivre ? Elle n'était qu'humaine après tout, et le simple fait qu'elle ai réussit à garder contenance, même seulement en apparence, jusque là tenait du miracle, quoique cela dénotait surtout la grande maîtrise d'elle même que parvenait à s'imposer la jeune femme.
Il fallait maintenant permettre à Meïlhor de se remettre de cette nuit. Jamère devait, pour cette fois, suppléer la volonté sans faille - ou alors si peu - de son amante. Elle finit d'ailleurs par relever la tête, peignant sur son visage son air revêche habituel. Cela lui semblait alors bien peu naturel : les yeux de la jeune femme étaient rougis et gonflés de larmes trop longtemps retenues.
Ne pouvant plus se tenir ainsi éloigné de la jeune femme, Jamère franchit les derniers mètres qui les séparés encore sans plus chercher à modérer son allure. Arrivé à la hauteur de son amante, il l'a prit dans ses bras.

- « Je suis là Meïlhor. » murmura-t-il toujours sur le même ton.

Il avait la désagréable impression de n'avoir pas étreint la jeune femme depuis des lustres, et n'aurait alors su dire combien ce contact lui avait manqué. Contre lui, le brun découvrit une Meïlhor crispée à l'extrême, agitée d'imperceptibles soubresauts nerveux, et respirant par à-coups irréguliers. Il n'ajouta rien, laissant à la blonde le temps de se détendre lentement, si bien qu'un calme tout relatif gagna peu à peu la jeune femme.
Un cours silence passa, que Jamère n'aurait brisé pour rien au monde, et pendant lequel il berça doucement la jeune femme. Presque par réflexe, il ne pouvait s’empêcher - quand bien même  l'aurait il souhaité - de caresser le dos de son amante, d'embrasser sa chevelure et d'y passer ses doigts. Alors que l'apaisement semblait revenir en elle à mesure qu'elle se calmait un peu, elle commença à parler...

- « Il est vivant. Je ne l'ai pas tué. Il est vivant. »

Les mots qu'elle prononçait tout haut semblaient avoir du mal à l'atteindre elle même. Sans doute ne se serait elle jamais cru capable d'agir de la sorte. Elle paraissait à la vérité sidérée par ses propres propos. Mais ces paroles ouvrirent la voie au reste du discours de Meïlhor. Des idées qu'elle ne s'était probablement jamais autorisées à envisager franchir ses lèvres en flots ininterrompus à mesure que de nouveaux sanglots rendaient sa voix bien plus aiguë qu'a l'ordinaire.  

- « Lorsque j'étais enfant, il me répétait qu'il était mon oncle, que ce n'était donc nullement à lui de s'occuper de moi. J'ai cru tout ce qu'il me disait, alors que tout cela n'était que foutaise, j'avais confiance en lui... En grandissant, les choses me sont apparues plus amères, plus acides. J'étais toujours surprise de voir l'aube se lever, n'étant jamais certaine que je verrais le jour suivant. Je me suis mise progressivement à le détester de me faire vivre ainsi dans l'incertitude et la peur. Le jour où il a tenté de me vendre est également celui où il est partit. Depuis, je le traquais. Je ne vivais que pour le voir mort, je ne désirais que la vengeance. Je voulais lui faire payer pour tout ce qu'il m'avait fait subir. Je pensais que le torturer me serait salutaire... Je voulais que tout cela s'arrête... La peur, la douleur, la haine, la colère, l'amour... Je désirais que tout cela s'envole, ne plus rien ressentir. Ne plus m'attacher à quiconque pour ne pas avoir à vivre un nouvel abandon... »

Les mots tombaient comme autant de coups portés. Jamère avait mal à entendre le discours cruel de la jeune femme. Il resserra imperceptiblement ses bras autour d'elle dans un geste sans doute inconscient. Il ne pourrait jamais la protéger de cette enfance rude et injuste dans laquelle elle s'était construite. Il ne pourrait jamais rattraper les erreurs commises. Un sentiment d'impuissance d'une ampleur telle qu'il n'en avait jamais ressentie s'empara violemment de tout l'être de Jamère, lui mettant le cœur au bord des lèvres. Il s'en voulu de ne rien pouvoir faire pour la sauvegarder de ses vieux démons. Le cou ployé, il posa son visage sur le dessus de la tête de la jeune femme, et l'enfoui dans ses cheveux pâles. Les yeux fermés, il ne pouvait qu'écouter le récit des débuts abjects dans la vie qu'avait affrontés Meïlhor. Alors qu'elle prenait une pause dans son récit, elle paraissait presque choquée de tout ce qu'elle venait d'exposer tout haut. Elle se pelotonna encore davantage contre Jamère avant d'ajouter...

- « Ne t'en va pas. »


Elle avait prononcé cette supplique du bout des lèvres, son regard clair encore brouillé de larmes planté dans les yeux de Jamère. Meïlhor ne demandait jamais rien. Elle n'avouait jamais avoir besoin de quoique ce soit. Qu'elle lui fasse cette demande ce soir était tout sauf anodin, et le jeune homme accorda une immense portée aux propos de le Rubienne. C'est avec grande solennité qu'il voulu lui répondre, commençant déjà à songer à un discourt plein de promesse. Mais il songea alors que ce n'était certainement pas avec une déclamation pompeuse qu'il pourrait rassurer la jeune femme. La seule réponse qui lui vint alors fut bien plus concise et ô combien plus naturel, mais non moins importante :

- « Jamais. » lâcha-t-il dans un souffle.

Elle sourit à cette réplique, hochant même doucement la tête. La sincérité du mercenaire semblait avoir accomplit l'exploit de convaincre Meïlhor. Venait il de lui enseigner la confiance ? Pour rien au monde Jamère n'aurait briser sa promesse, et il sourit en coin en songeant que cela ressemblait à s'y méprendre à un engagement comme les exécrait la jeune femme. Il se fit alors la réflexion que sans doute devait il attendre encore que la jeune femme soit totalement remise avant de lui lancer une pique comme celle là.
Mais à la vérité le sourire de Jamère était jaune. Alors qu'il réconfortait son amante, maintenant persuadé qu'il avait fait le bon choix en la poursuivant dans les bois, le regret d'une tâche inachevée revint le hanter et mettre un goût âcre dans sa bouche. Meïlhor n'aurait pu demeurer seule en l'état dans lequel elle s'était trouvé quelques instants plus tôt. Cependant, lorsqu'elle avait parlé de son enfance, la tentation avait été bien grande pour Jamère de laisser la Rubienne un instant pour retourner achever le scélérat qu'elle avait épargné. Que lui même l'avait encouragé à épargner. Alors qu'il entourait le visage de Meïlhor de ses mains, il su qu'elle n'aurait pas supporter un nouvel abandon, même temporaire, même ayant pour but de la venger. La jeune femme avait eu son lot de vengeance, elle avait maintenant besoin de soutient, d'une présence et d'amour. Sur cette pensée il embrassa doucement le clair visage de sa compagne. Et alors qu'il retrouvait le contact familier de ces lèvres qui lui avait tant manqué, il réalisa qu'il n'aurait souhaité être nulle part ailleurs en cet instant.

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