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| Un enseignement... différent [PV Imaé] |
| | InvitéMar 06 Déc 2016, 05:21 L'enseignement de Thaïs s'était avéré plus précieux qu'Ismaëlle n'avait pu le penser de prime abord. Elle s'était en effet trouvé non seulement une alliée de poids, mais aussi – et surtout – un modèle à suivre en matière de réussite au sein de l'Empire. La fillette se laissa ainsi aller à penser que peut être les bruits de couloirs qu'elle avait pu entendre ici et là au sujet de la Chevalière Imaé étaient possiblement eux aussi excessifs, même si dans un registre bien différent. Sans doute des ragots, déformés et amplifiés, rien de plus. Personne ne pouvait traîner pareille réputation à sa suite. Ismaëlle avait essayé de s'en convaincre avec une ferveur peu commune chez elle. Elle décida pour aller à la rencontre d'Imaé d'appliquer la même méthode que lors de sa première entrevue avec la sorcière. La technique s'étant avérée très efficace une première fois, pourquoi pas une deuxième ? Le matin du jour voulu, elle se leva aux aurores, et étant de nature assez matinale, cet effort ne fut pas le plus compliqué à fournir pour elle. Comme précédemment, elle s'appliqua à se préparer avec tout les soins du monde : elle enfila une tenue sérieuse et austère, qui la laissait libre de tout ses mouvements. Enfin, la fillette appréciait surtout le beau contraste que faisait le cuir sombre avec sa peau et ses longs cheveux pâles. Les vêtements couleur d'ombres et sans fioritures donnaient également à l'enfant l'impression de se vêtir déjà comme pour la guerre, ce qu'elle appréciait immodérément, se découvrant ainsi un caractère belliqueux né sans doute à la suite de son arrivé sur le continent noir. Ses ablutions achevées à la lueur d'une bougie, elle s'en alla de très bonne heure en direction de la salle d’entraînement. Elle était presque certaine d'y voir passer à un moment ou l'autre la chevalière à la lourde réputation. Pour peu, elle aurait presque était en confiance face à l'idée de cette première confrontation, mais si d'aucuns taxaient la fillette de couarde, elle même se voyait plutôt comme d'une grande prudence. Une trace de l'éducation de sa mère ? Assurément, après tout être élevé par un être paranoïaque ne peut être sans conséquence. De cela cependant l'enfant n'avait pas conscience naturellement. Contrairement à la matinale Thaïs, Imaé n'était pas déjà occupée à s'exercer quand Ismaëlle fit son entrée dans la grande salle. L'enfant dû donc se résoudre à attendre, aussi s'installa-t-elle nonchalamment dans un coin. L'idée de s'exercer elle même lui traversa bien l'esprit, mais elle ne s'en sentait pas vraiment capable. Enfin, elle voulait surtout éviter de se ridiculiser en public, car déjà quelques chevaliers et leurs élèves révisaient leurs mouvements sur les mannequins de bois. Cela offrit un spectacle instructif à la fillette : quelle était sa hâte de pouvoir porter l'armure et manier elle aussi avec une dextérité consommée des armes de la plus belle facture ! Elle se prit ainsi à rêver du jour où elle se hisserait au somment de la hiérarchie de l'Ordre... Les ambitions d'Ismaëlle ne souffraient déjà aucune limite. Il s'écoula pourtant plusieurs heures sans que rien ne se passe. Ismaëlle, toujours assise en retrait dans la grande pièce, attira quelques regards curieux, mais toujours pas trace de la Chevalière qu'elle était venu y attendre. La fillette n'aimait pas que le cours des événements ne suive pas l'une des trames qu'elle avait prévues. Ce trait de caractère n'irait d'ailleurs pas en s'arrangeant chez la jeune fille... Mais elle dû tout de même se contraindre à la patiente, car elle ne pouvait alors rien faire pour presser l'arrivé d'Imaé, en admettant seulement que cette dernière vienne effectivement. Non pas qu'Ismaëlle doute un seul instant de ses calculs, mais se sentir impuissante à influer le cours des événements était quelque chose qu'elle supportait mal.
Alors que la fillette en était rendu à la conclusion qu'un devoir imprévu avait retenu son mentor en d'autres lieux – chose qu'elle n'aurait naturellement pas pu prévoir, sauvant ainsi son amour propre – une femme répondant parfaitement à la description d'Imaé fit son entrée elle aussi dans la salle d'entraînement. Sautant sur ses pieds engourdis par tant d'attente inactive, la fillette fonça droit sur la Chevalière, avant de finir par mesurer son pas : elle ne voulait pas donner l'air de quelqu'un d'impatient, quand bien même elle l'était effectivement. Arrivée à sa hauteur, et se souvenant fort bien tout à coup des mises en gardes de Kelen, elle s'inclina gracieusement devant la brune. Quand elle sentit le regard de la Chevalière se poser sur elle, elle se présenta de façon concise, et toujours les yeux humblement baissés. La fillette n'osait pas croiser le regard d'Imaé, car quand bien même elle ne voulait pas accorder de crédit aux propos qui lui était parvenu, maintenant qu'elle se trouvait face à la Chevalière, les médisances à son sujet revenaient brusquement parasiter la mémoire d'Ismaëlle.
- « Ma Dame, j'ai nom Ismaëlle, et peut être savez vous déjà que l'on a confié mon enseignement à votre garde. Vous êtes l'un de mes deux mentors, aussi je me permet de me venir présenter, en espérant bien sûr ne pas abuser de votre temps. »
La réplique était pompeuse, mais Ismaëlle voulait donner l'image d'une enfant instruite. Elle se refusait toujours à relever les yeux, car la fillette était tout sauf à son aise en cet instant...
Dernière édition par Ismaëlle le Sam 10 Déc 2016, 14:36, édité 1 fois
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| | | | InvitéMar 06 Déc 2016, 14:23 « J-je vous pris... d-de bien vouloir m-m’excuser... » sanglota la jeune femme.
Imaé la regarda sans aucune expression sur son visage. C’était un masque d’impassibilité et de froideur qui se tenait devant la pauvre victime. Que se passait-il au juste ? Oh, simplement une Imaé qui se plaisait à torturer une femme du peuple. Mais avec raison – puisqu’elle n’avait plus le droit de torturer sans raison – et cette raison n’était autre qu’un manque de respect envers elle. Qu’avait-elle fait ? Elle lui avait craché au visage. Oui, une simple paysanne avait osé cracher au visage d’une Chevalière. Pire encore : au visage d’Imaé. Elle ne connaissait pas l’histoire de la paysanne et ne voulait pas savoir – certainement y avait-il une raison pour une telle haine envers l’ordre prestigieux des chevaliers – et elle ne perdit pas son temps en conjecture pour aller droit au but : elle assomma la jeune femme, et l’emporta dans sa salle de torture.
« Tu t’excuses ? » répéta l’Hybride d’une voix songeuse. « O-oui.... pitié, je m’excuse, j-je ne ferais plus jamais ce genre de choses, pitié, laissez moi partir... » « Tu implores ma pitié... hm. »
Imaé s’éloigna du corps de la jeune femme d’un air songeur. C’était à croire que la paysanne venait d’une autre planète. Toute personne vivant sur Irianeth depuis aussi longtemps que la Chevalière devait savoir que la pitié ne faisait pas partie de ses habitudes. Au contraire, elle devenait encore plus agressive lorsqu’on implorait sa pitié. Car elle considérait cela comme un acte faible, et dénué d’intérêt.
« Je vais te relâcher. » « Merci !! » s’exclama alors la victime, sa voix transpirant le soulagement. « Par Parandar, merci ! »
J’eus un sourire sournois sur le visage alors que je me retournais vers la paysanne avec un nouvel objet dans les mains.
« Je n’ai pas dis quand. »
Le sourire de soulagement de la paysanne disparu bien vite alors que l’Hybride s’avançant vers elle en sifflotant un air qui, en temps normal, serait doux et galvanisant. Là, cela sonnait plus comme quelque chose de morbides et annonciateurs de mauvaises choses.
Plusieurs heures plus tard, l’on pouvait voir la jeune femme simplement vêtue d’un haillon, marcher dans les couloirs du château en s’aidant du mur en direction de la sortie, avec une trainée de sang la suivant comme son ombre. Elle avait l’air malade, mal en point, et sur le point de mourir. Elle ignorait tout le monde, et la quasi-totalité du monde l’ignorait – surtout sachant qu’elle sortait de la salle de torture d’Imaé. Des doigts semblaient lui manquaient, et du sang suintait de plusieurs parties de son corps – et oui, cela incluait son entre-jambe. On pouvait dire que la Chevalière n’y était pas allée de main morte, mais elle n’en avait cure : après tout, il en allait de son honneur de la rendre tellement mal qu’elle mourrait dans d’atroces souffrances. Cependant, Imaé n’était pas satisfaite. Elle avait pourtant passé plusieurs heures sur la jeune femme, la torturant tant physiquement que psychologiquement, l’obligeant même à imiter un orgasme alors qu’elle la violait avec des copeaux de verre. Elle avait apprécié ses cris, ses suppliques, et la perte de l’espoir progressif dans son regard. Pourtant, elle n’était pas rassasiée. Même un massage d’Ombre ne combla pas la frustration qui habitait la jeune hybride. C’est pourquoi c’est tout naturellement qu’elle s’est dirigée vers la salle d’entrainement pour évacuer sa frustration sur des mannequins en bois.
A peine entra-t-elle dans la salle d’entrainement qu’elle eut droit à des regards des autres combattants et quelque chuchotement craintif. Elle s’en moquait, tout ce qui lui importait était d’évacuer, alors ils pouvaient bien faire ce qu’ils voulaient elle s’en foutait royalement. Sauf si l’un d’eux voulait se tester à s’entrainer avec Imaé – bien sûr cela se conclurait par la mort de son adversaire, pardi. Mais alors qu’elle pensait pouvoir être tranquille, voilà qu’une jeune fille vint à sa rencontre. Les yeux vairons d’Imaé se tournèrent lentement vers l’insecte qui se prosterner devant elle, avec une certaine froideur dans le regard.
« Ma Dame, j'ai nom Ismaëlle, et peut être savez vous déjà que l'on a confié mon enseignement à votre garde. Vous êtes l'un de mes deux mentors, aussi je me permet de me venir présenter, en espérant bien sûr ne pas abuser de votre temps. »
La Chevalière garda le silence un moment, toisant la fillette comme si elle n’était rien d’autre qu’un déchet sur son chemin. Elle ne relevait pas les yeux vers l’hybride bizarrement, et celle-ci se demanda si c’était à cause des rumeurs à son sujet. De ces longs doigts fins, Imaé prit presque délicatement le menton de la dénommée Ismaëlle pour l’obliger à lever ses yeux vers elle. Elle avait des yeux peu communs, un peu comme Imaé, mais cela ne la choqua pas. Au contraire, elle scruta attentivement le visage d’Ismaëlle en tournant sa tête d’un côté et de l’autre comme un animal de laboratoire.
« Tout le monde dehors, » ordonna-t-elle d’une voix impériale tout en lâchant le visage d’Ismaëlle.
Les soldats venus s’entrainer s’exécutèrent sans rechigner, voir même avec un certain empressement pour éviter d’avoir de quelconques représailles. Imaé ne quitta pas des yeux la jeune enfant tandis que le monde fuyait le terrain. Ce n’est qu’une fois qu’elles furent seules qu’un léger sourire – qui n’annonçait rien de bon – se dessina sur les lèvres d’Imaé. Et la gifle claqua.
« Je n’aime pas les lèches-bottes. Je n’aime pas quand ça parle trop. Donc tais-toi. De plus, je ne crois pas t’avoir autorisée à m’adresser la parole. »
Elle se détourna alors de l’élève pour aller chercher des armes dans les placards pour les entrainements. Elle en sortie plusieurs. Des dagues principalement. Beaucoup de dagues. Mais aussi un arc et des flèches. Elle en fit un petit tas à ses pieds avant de se tourner de nouveau vers l’autre.
« Tu vas d’abord commencer par apprendre comment te comporter avec moi. Tu vas courir en zigzag. Et moi je vais te lancer ces dagues. C’est pour m’entrainer sur des cibles mouvantes. »
Elle était sérieuse ? Oh oui, très sérieuse. Elle commença à s’armer de plusieurs dagues avant de mettre le carquois derrière son dos et l’arc en travers de sa taille. Prête pour attaquer la jeune enfant, elle ferait en sorte, quand même, de ne pas la tuer. Simplement elle se ferait un plaisir de d’abord lui faire de petites éraflures avant de planter vraiment ses armes dans ses membres. Une petite dague dans le bras, une petite flèche dans la jambe – ah, et elle devait continuer à courir, bien sûr. Elle avait son mot à dire ? Certainement pas.
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| | | | InvitéSam 10 Déc 2016, 17:51 Elle sentait le regard de la Chevalière sur sa nuque, sans rien voir cependant de l'expression d'Imaé, mais sans doute était ce une bonne chose. Cette dernière garda un long moment le silence, silence interminable durant lequel Ismaëlle s'appliqua à demeurer aussi immobile que possible. Elle avait beau se focaliser sur le bruit des battements de son cœur, son qui d'habitude l'apaisait grandement, rester ainsi dans l'expectative était pour la fillette un exercice malaisé. Si elle avait une fâcheuse tendance à juger les gens au premier regard, elle avait horreur d'être elle même le sujet de l'appréciation d'une autre personne. D'autant plus quand elle savait devoir faire profil bas, chose qui mettait à mal la fierté déjà démesurée de l'enfant.
Sans le moindre signe avant coureur, une main inquisitrice s'insinua au niveau du menton de la fillette, la forçant à montrer pleinement son visage. Ismaëlle n'était pas vraiment de nature pudique, mais l'examen que ce permit la Chevalière la mit très mal à l'aise. Malaise qui fut encore renforcé quand elle croisa les yeux vairons de son mentor. Bleu et rouge était assurément des couleurs mal assorties pour des prunelles, association qui conférait d'ailleurs à tout le visage d'Imaé une aura d'étrangeté assez dérangeante. Ismaëlle avait eu toutes les peines du monde à affronter le regard de la Chevalière, mais maintenant qu'elle était face à ses yeux si anormaux, une sorte de fascination l’empêchait de se libérer de l'emprise du regard de cette femme. À la manière dont on examine une bête de somme avant d'en faire l'acquisition, Imaé observa le visage de son élève de gauche et de droite, comme à la recherche d'imperfection qui en amoindrirait la valeur. Était ce l'étrangeté de la situation ou l'inquiétude née de la froideur inquiétante de la femme qui lui faisait face, toujours était-il qu'Ismaëlle n'esquissa pas le moindre geste pour se soustraire à cet examen. Y mit fin l'ordre ne supportant aucune réplique que proféra le Chevalière.
- « Tout le monde dehors. »
Elle lâcha ces mots en même temps que sa prise sur le menton d'Ismaëlle. Cette dernière aurait due se sentir soulagée d'être débarrasser de ce contact odieux, mais un très mauvais pressentiment commençait à germer au creux de son ventre. Les rumeurs ne pouvaient pas être vraies. La fillette se répéta ces mots comme un mantra protecteur, car la salle d'entraînement était en train de se vider complètement. L'endroit bruyant était désormais plus calme qu'un tombeau, et cela n'augurait rien de bon pour la suite des événements. Imaé n'avait pas lâchée la fillette des yeux, mais son masque inexpressif fut bientôt traversé par l'ombre d'un sourire. Sourire qui exprimait sans doute beaucoup de chose, mais assurément pas une once de joie. Dans la grande salle ne restait plus que la fillette et la Chevalière, et cette solitude déplu fortement à Ismaëlle. Tendue comme un arc, la jeune fille sentait qu'il allait se passer quelque chose. L'air était immobile et lourd, elle était comme paralysée. Son esprit prolifique établissait déjà de nombreux scénarios possible. Nombreux certes, mais qui ne lui permirent pourtant absolument pas de voir venir la gifle qui s'écrasa avec grand bruit sur sa joue. Dans le silence absolu de la pièce vide, le son se répercuta sinistrement sur les murs... Quelle partie de sa personne était la plus meurtrie ? Sa joue l'élançait certes, mais l'amour propre de la fillette avait reçu un coup plus grand encore. Personne n'avait jamais osé commettre le crime de frapper Ismaëlle. Enfin, personne s'il faisait exception de la nuit où Melisende avait placé un couteau sur la gorge de sa fille. La main qu'Ismaëlle avait portée à sa joue par réflexe s'attarda un moment sur son cou, où un col montant dissimulait la marque de cette fameuse tentative « d'enseignement »...
- « Je n’aime pas les lèches-bottes. Je n’aime pas quand ça parle trop. Donc tais-toi. De plus, je ne crois pas t’avoir autorisée à m’adresser la parole. »
Comme sa gifle, la voix d'Imaé raisonna dans l'espace vide. À mesure qu'elle parlait, Ismaëlle rentrait la tête dans ses épaules, affectant une pose défensive qui tenait du réflexe, alors qu'elle se mettait à afficher une moue renfrognée. Les yeux à la couleurs incertaines de la fillette était plus sombre que jamais, et sans doute auraient ils foudroyés Imaé sur la place si la fillette en avait eu le pouvoir. Une haine sans précédent était en train de germer dans le cœur de l'enfant... S'entendre ordonner le silence était un véritable supplice pour Ismaëlle. En pensée, elle s'était déjà vengée mille fois de l'affront qu'elle venait de subir, ce découvrant une imagination particulièrement fertile pour cet exercice. Alors qu'Ismaëlle fulminait intérieurement, la Chevalière s'était mise à rassembler autour d'elle toute une panoplie de lame, ainsi qu'un arc assorti des projectiles appropriés. À la manière d'un chat courroucé, la fillette ne quittait plus des yeux l'odieuse Imaé. Quand cette dernière reprit la parole, Ismaëlle eut toute les peines du monde à leurs donner du sens.
- « Tu vas d’abord commencer par apprendre comment te comporter avec moi. Tu vas courir en zigzag. Et moi je vais te lancer ces dagues. C’est pour m’entraîner sur des cibles mouvantes. »
Les armes dont elle s'était équipée étaient tout sauf factices. Mais ce ne pouvait être qu'une vaste plaisanterie. De fort mauvais goût certes, mais une plaisanterie tout de même. Il ne pouvait en aller autrement. Une flèche se planta avec un bruit mat aux pieds d'Ismaëlle qui n'avait toujours pas esquissé le moindre mouvement. Hors de question qu'elle serve de cible à la pédante Chevalière, qu'elle tire cette idiote.
- « Vous n'oseriez tout de même ... »
Si la première flèche avait était un coup de semonce, la deuxième ne termina sa course dans le mur et non dans l'épaule de la fillette que parce que cette dernière l'esquiva d’extrême justesse.
- « Ça suff... »
Ce fut une dague qui cette fois coupa la réplique d'Ismaëlle. Dague qui laissa une éraflure brûlante sur la joue, pourtant déjà meurtrie, de la fillette. Imaé ne plaisantait vraiment pas. Elle devait être complètement folle pour se lancer dans pareil exercice, et contre cela Ismaëlle ne pouvait rien. Aucunes des plaies qu'elle récolta n'étaient mortelles, loin s'en faut. Imaé n'en était vraisemblablement pas à son coup d'essai : les tirs laissaient des blessures douloureuses, mais les dégâts étaient minimes. Ismaëlle esquiva ainsi certain projectiles, mais elle ne pu se prémunir de tous. Plus le temps passait, plus le souffle lui manquait : courir comme un lapin affolé pour ne pas se faire trouer la peau n'était pas une activité à laquelle la fillette avait l'habitude de s'adonner. D'autant qu'elle ne voyait pas comment se sortir de ce mauvais pas. À un moment, la porte de la salle d'entraînement s’entrebâilla un court instant, et Ismaëlle voulut y voir la fin de son calvaire. Mais à peine l'ombre passée par là eut elle jeter un coup d'œil dans la pièce qu'elle s'en retournait déjà loin de là. Personne ne pouvait rien pour la fillette. Nul secours de viendrait à elle. Aux nombreux maux de la jeune fille se rajouta le goût amère de l'impuissance. Elle savait son ennemie plus puissante qu'elle, et se savoir à sa merci était un coup dur porté à sa fierté... Esquiver les flèches et autres dagues était éreintant, mais à chaque arme qu'elle voyait passer plus ou moins près d'elle, la haine de Ismaëlle grandissait envers celle qui osait lui imposer pareil exercice...
Dernière édition par Ismaëlle le Ven 23 Déc 2016, 11:04, édité 2 fois
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| | | | InvitéDim 11 Déc 2016, 11:50
Si l’on devait décrire Imaé en cet instant, la première chose qui viendrait à l’esprit – si l’on oubliait le côté fou – c’était qu’elle avait l’air de s’amuser. Au dépend d’Ismaëlle, cela va sans dire, et c’était d’ailleurs ce qui l’amusait le plus dans cette situation. C’était de voir la réaction de la jeune enfant. Elle avait dans ce regard, cette flamme d’haine et d’animosité qu’Imaé aimait tant. Elle devrait s’estimer heureuse, cette enfant, de n’être tombé que sur Imaé. Si Zyra avait été dans l’ordre encore aujourd’hui, et qu’Ismaëlle avait été son élève, ouhh, elle aurait souffert bien plus. Elle l’aurait haït bien plus encore. Peut-être même la jeune enfant serait-elle morte. Mais Imaé doutait qu’elle sache toute la chance qu’elle avait. Zyra, comme tant d’autres, était tombée aux oubliettes. Limite s’ils n’étaient pas devenus des contes de fée que l’on raconte aux enfants le soir avant d’aller se coucher. Ne pas faire de bêtise, sinon le fantôme de Zyra te torturera ; ne sois pas si dépressif, sinon tu crèveras dans la honte comme David – l’ancien chef des chevaliers d’Irianeth. Des contes de fée peut-être bien plus que des légendes pour les enfants. Mais de toute manière, il ne fallait pas s’atteler au passé. Imaé était bien contente de s’en être sortie de l’enseignement de Zyra, et comptait bien faire souffrir ses élèves et écuyers à son tour. Comme une sorte d’hommage.
Tout ça pour dire qu’Ismaëlle semblait bouillir intérieurement, et que cela ne faisait que grandir le sourire de la Chevalière. La jeune élève pouvait la haïr autant qu’elle le voulait, ce n’était pas cela qui la ferait survivre, ni même la préparer pour ce qui allait suivre. Tout ce dont Imaé pouvait « espérer » pour la jeune enfant, c’était qu’elle ne tombe pas encore sur elle en tant qu’Ecuyère. Mais Ismaëlle devra bien comprendre très vite que dans l’ordre, ils ne sont pas des enfants de cœur. Si les chevaliers d’Irianeth sont supérieurs aux chevaliers d’Emeraude, c’est bien car ils n’étaient pas remplis de bonbons et de guimauves. La blanche colombe ne sembla pas prendre au sérieux Imaé. Du moins au début. Cela ennuya fortement la Chevalière d’ailleurs, que la misérable insecte remette en question son exercice. Alors Imaé fit la seule chose logique : elle commença à attaquer Ismaëlle. Pas trop sérieusement, juste histoire de lui faire comprendre qu’elle n’était pas au pays des bisounours avec l’hybride. Pourtant elle avait très certainement dut entendre parler de la Chevalière comme étant une tortionnaire à la méthode d’enseignement peu commune. Torturer pour renforcer, c’était son dicton, et cela avait plutôt bien marcher sur Beurk. Cela ne marche pas pour tous, d’ailleurs. L’enfant finit par se plier à l’exercice en comprenant qu’Imaé ne plaisantait absolument pas. Un large sourire carnassier s’était même dessiné sur son visage alors que la fillette se lançait dans une course futile dans la salle d’entrainement, zigzaguant entre les mannequins d’entrainement, et tentant d’éviter les diverses armes pointues et mortelles de la jeune femme. Pendant qu’elle la torturait – d’une certaine manière – Imaé l’étudiait. Elle étudiait sa façon de courir, d’éviter, son endurance, sa capacité à réfléchir. Autant dire qu’il y avait plus de points négatifs que de points positifs, mais il y avait possibilité d’améliorer tout ça. De toute façon, Ismaëlle était encore jeune, elle avait du temps devant elle pour perfectionner ce qui n’allait pas. Au bout d’un moment, un long moment, l’épuisement se fit sentir. Imaé l’entendait dans le souffle de l’enfant, mais aussi dans la réduction de sa concentration pour éviter les armes. Ainsi, plus le temps passait, et plus elle avait du mal à éviter le gros des attaques. Jusqu’au moment où, par manque d’inattention et d’épuisement, la fillette trébucha et tomba face contre terre. Sur le moment, la Chevalière était sur le point de lui lancer une énième dague, et ce mouvement impromptu l’obligea à dévier au dernier moment son tir pour éviter que la dague ne se fiche dans son crâne. Faire mourir ses élèves et écuyers par accident pouvait passer, mais Imaé doutait que les tuer elle-même soit autorisé. Non, bien sûr que non Imaé n’avait jamais provoqué la mort accidentelle de ces sous-fifres ! Hm.
Les attaques cessèrent. Ismaëlle s’était déjà relevée, prête bien malgré elle à recommencer l’exercice. Mais Imaé avait cessé de lui envoyer des projectiles, signant par la même occasion la fin de l’exercice. Pendant plusieurs minutes, elle sembla réfléchir très calmement et avec impassibilité tout en fixant l’enfant qui se tenait là, devant elle, recouverte d’éraflures et blessures variées, le souffle court.
« Ton pas n’est pas assez léger, ta méthode d’évitement est bonne mais le stress semble diminuer fortement ta concentration. L’endurance peut être largement améliorée. Enfin, petite question... »
Imaé marqua une pause pour s’approcher d’une table dans un coin de la salle. Elle y déposa des herbes diverses et variées d’une sacoche qu’elle avait à sa ceinture, avec beaucoup de précaution, limite avec une certaine vénération. Puis elle se retourna de nouveau vers Ismaëlle.
« Il y a des armes qui se baladent ici et là depuis que je t’en envoie, et tu n’as même pas cherché à en prendre une pour te défendre. Pourquoi ? T’ais-je interdis de te défendre ? Manque d’audace, à ce que je vois. Je suis un peu déçue. Si tu veux devenir Chevalière il va falloir que tu apprennes à prendre des décisions sur le moment. Tu ne seras pas toujours guidée. »
Imaé qui se mettait à enseigner de manière un peu moins brutale ? C’était étonnant. Enfin, pas si étonnant que cela. Après tout, elle prenait en compte le jeune âge d’Ismaëlle. Ce n’était pas comme une élève. Les élèves avaient des cours. Ils avaient donc plus de connaissance que l’enfant qui se tenait en face d’elle. Elle devait se sentir privilégiée tout de même, d’avoir des mentors alors que son statut ne le lui aurait pas permis.
« Approche, » ordonna-t-elle sèchement. « Testons tes connaissances. Chaque plante que tu vois là entre dans la composition d’un baume cicatrisant. Sais-tu comment le préparer ? »
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| | | | InvitéVen 23 Déc 2016, 16:01 Imaé avait vraiment l'air ravie du divertissent offert – bien involontairement – par Ismaëlle. La fillette pour sa part luttait contre la fatigue et la douleur entraînée par ce jeu ridicule, mais surtout contre la brûlure cuisante infligée à sa fierté. Personne ne s'était jamais attaché ainsi la haine de la jeune fille. Alors que cette dernière s’octroyait le luxe de jeter un coup d’œil à son « mentor », elle put voir un sourire satisfait se peindre sur le visage de la Chevalière. Les poings crispés à s'en blanchir les jointures, la mâchoire contractée à l'extrême, et les yeux rendus nuageux d'Ismaëlle exprimaient bien mieux que des mots tout le mécontentement de la fillette. Jamais personne n'avait osé la traiter de la sorte. La jeune espoir bouillait littéralement de l'intérieur. La Chevalière ne s'en tirerait pas à si bon compte... Ismaëlle se vengerait. Elle ne savait pas encore comment, mais cette simple idée lui mit du baume au cœur. Imaé paierait pour chacune des éraflures qu'elle avait crées, elle paierait pour son expression de profond contentement, elle paierait même pour le fait de sa simple existence. Alors qu'Ismaëlle se représentait la Chevalière en proie à mille et un tourments, elle se découvrit une motivation nouvelle. Ce nouveau combustible lui permit de poursuivre l'exercice sans recevoir de coup trop important, mais surtout cela recollait les morceaux éparts de son orgueil. Le temps s'étirait, et le calvaire de la fillette semblait ne devoir jamais finir. Ismaëlle pourtant était de nature tenace : hors de question pour elle de s'en remettre à la merci de la Chevalière. La fatigue engourdissait peu à peu ses membres et ralentissait encore ses réflexes, mais la jeune fille aurait préférée la mort pure et simple à l'avilissement d'implorer la pitié d'Imaé. Enfin, cette fierté ne la protégea nullement quand son corps ne put plus suivre le rythme imposé par l'exercice. Ismaëlle trébucha sur le sol pourtant lisse, et elle vit le parquet se rapprocher dangereusement de son visage, comme si le temps s'était encore ralentit. Elle se mordit la langue car le ridicule de sa chute la blessait davantage que l'impact lui même. Lorsqu'elle s'écrasa à terre, le goût métallique du sang emplit sa bouche : elle s'était mordue en heurtant le sol. Étendue de tout son long, elle était immobilisée, sa respiration précipitée menaçait de l’étouffer, mais elle manquait de la force nécessaire pour se retourner. Son cœur qui battait à un rythme effréné réussit l'exploit de rater un battement quand elle sentit une nouvelle dague lui frôler le crâne. Il n'en fallut pas davantage pour qu'elle se redresse, se campant aussi solidement que possible sur ses jambes. Elle devait faire des efforts considérables pour les empêcher de trembler, refusant de s'avouer vaincue. Elle attendait la prochaine salve de projectiles. Il n'y en eu pourtant pas de nouvelle. Dans une immobilité totale, Ismaëlle tachait de retrouver un semblant de souffle, tendue comme la corde d'un arc. Elle était sur ses gardes à présent, renouant avec sa prudence habituelle. Les minutes s'égrainaient lentement, et Imaé semblait en état de grande méditation. Elle finit pourtant par reprendre la parole :
- « Ton pas n’est pas assez léger, ta méthode d’évitement est bonne mais le stress semble diminuer fortement ta concentration. L’endurance peut être largement améliorée. Enfin, petite question... Il y a des armes qui se baladent ici et là depuis que je t’en envoie, et tu n’as même pas cherché à en prendre une pour te défendre. Pourquoi ? T’ai-je interdis de te défendre ? Manque d’audace, à ce que je vois. Je suis un peu déçue. Si tu veux devenir Chevalière il va falloir que tu apprennes à prendre des décisions sur le moment. Tu ne seras pas toujours guidée. »
Si le visage d'Ismaëlle n'avait pas était ainsi rougit par l'effort, Imaé aurait sans doute pu voir la jeune fille s'empourprer sérieusement. Un pas qui manquait de légèreté ? Pire, un manque d'audace ? Dire que la fillette était vexée aurait été un sérieux euphémisme. Inconsciemment, elle rentra la tête dans ses épaules et croisa ses bras sur la poitrine. Qu'étaient des remontrances telles que celles là lorsqu'elle venait de risquer sa vie ? Il n'empêche, Ismaëlle n'aimait pas recevoir des critiques. Elle se garda pourtant de tout commentaire. Elle arborait une mine renfrognée, dont elle ne se dépatriait pas avant un bon moment. L'idée de renvoyer ses propres projectiles à l'odieuse hybride ne lui avait même pas traversée l'esprit tant elle était obnubilée par l'évitement des salves d'armes. Elle venait d'avoir la peur de sa vie, et se trouvait maintenant bien bête de n'avoir songer qu'a s'enfuir, sans même envisager un moyen de se défendre. La honte s'ajouta à ses maux, la faisant haïr un peu plus encore Imaé, source de tout ces tourments. Bien entendu, pour rien au monde Ismaëlle n'admettrait devant qui que ce soit qu'elle n'avait pas ripostée car elle n'avait pensé qu'à fuir. Brusquement, la confrontation prit une tournure des plus inattendues.
- « Approche, testons tes connaissances. Chaque plantes que tu vois là entre dans la composition d’un baume cicatrisant. Sais-tu comment le préparer ? »
En disant cela, Imaé avait sorti d'une sacoche pendue à sa ceinture de multiples plantes, et était occupée à les installer l'une des tables bordant les murs de la salle d'entraînement. Ismaëlle haussa un sourcil interrogateur. Comment Imaé pouvait elle passer si rapidement d'un tel extrême à un autre ? Un instant plus tôt, elle déployait tout un arsenal contre la fillette et voilà qu'elle l'interrogeait maintenant sur ses connaissances en botanique. Ismaëlle ne savait plus bien sur quel pied danser. Elle avait péniblement retrouvé son souffle, mais un voile de sueur couvrait encore son front. C'est avec circonspection qu'elle rejoignit son mentor devant la table où elle avait installée les différents simples. La fillette avait grandit dans une herboristerie, autant dire qu'il s'agit d'un exercice qui ne lui posait pas le moindre problème. Elle repéra dès l'abord les quelques fleurs roses et violettes de l'Amran qui constitueraient un excellent revitalisant pour l'organisme. Ismaëlle reconnu ensuite les feuilles ovales et les tiges bleues d'une branche de Balme qui ferait un cicatrisant plus que correct. Enfin les grappes de clochettes rouges de l'Ashine attirèrent le regard de l'enfant. Avec ces dernières elle savait pouvoir donner des propriétés antiseptique à son baume. Elle sélectionna les simples, et se prêta bon grès mal grès au jeu de l'interrogation.
- « Pour extraire les vertus curatives du Balme et de l'Ashine, il faut les faire infuser dans de l'eau très chaude. Si on ajoute à la décoction obtenue l'Amrans soigneusement écrasé, ainsi qu'une graisse végétale quelconque, il en résulte un onguent prompte à aider la cicatrisation d'une plaie légère. »
Les plantes d'Imaé étaient de la meilleures qualité, et la fillette en fut impressionnée. Pas au point d'amoindrir sa haine toute fraîche de la Chevalière, mais tout de même. À première vue, on ne devinait pas forcément à cette dernière une passion pour l'herboristerie. Alors qu'Ismaëlle expliquait comment il lui semblait le plus judicieux de préparer le baume demandé, elle garda les yeux rivés sur les plantes. Hors de question pour elle de recroiser volontairement le regard dérangeant de cette femme. Ismaëlle avait toujours une mine boudeuse, mais pour une fois, elle avait presque une bonne raison de l'arborer. - HRP:
les plantes viennent de l'univers de donjon et dragon si qqun se pose la question 8)
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| | | | InvitéJeu 01 Juin 2017, 14:05 Imaé avait en face d’elle une élève capricieuse. On aurait presque dit qu’elle était une de ces pourries gâtées qui avait tout, tout cuit dans la bouche et qui à la moindre contrariété prenait cet air boudeur qui leur donnait plus l’air d’être bêtes et inutiles qu’autre chose. Ismaëlle ressemblait à ce genre d’enfant. Imaé l’avait testé sur ses capacités à survivre et à trouver un plan pour s’en sortir. Elle était encore jeune, peut-être que la chevalière y était allée un peu fort, néanmoins c’est souvent en y allant sans hésiter qu’on apprend. Avec brusquerie et toutes les merdes qui déboulaient. C’était l’enseignement d’Imaé. Elle testait, et elle tentait de renforcer la personne. Physiquement, mentalement, et elle tentait aussi de renforcer les points forts de son (esclave) élève. Une élève très jeune en ce qui concernant Ismaëlle. C’est bien pour cela qu’Imaé y était allée un peu trop fort.
La chevalière pouvait sentir la honte, la haine, et la fierté blessée de l’enfant. Elle s’en délectait. Ismaëlle ne s’en rendait pas compte, mais elle était en train d’apprendre. Et qu’elle la haïsse ne la dérangeait absolument pas. Imaé n’était pas de celle qui se faisait aimer. Elle n’était pas non plus une grande pédagogue, c’est pourquoi elle demandait à avoir des élèves et écuyers pouvant résister à l’entrainement qu’elle leur ferait subir. Elle se demandait même pourquoi Ismaëlle lui avait été attribué. Elle semblait faible et incapable d’apprendre de ses erreurs ou des critiques. Evidemment qu’elle n’était pas parfaite. Evidemment qu’elle faisait des erreurs. Mais si elle continuait sur ce chemin, tout ce qu’elle fera c’est se prendre le pire mur de sa vie. Et ce mur, ce sera certainement Imaé, car Imaé n’acceptait pas les faibles dans l’Ordre.
Ismaëlle répondit donc aux questions d’Imaé concernant les plantes médicinales. Celle-ci garda un air neutre et impassible tandis que l’élève donnait ses réponses. Elle devait bien avouer être légèrement impressionnée par les connaissances de l’enfant, à un si jeune âge. Cependant elle n’en laissa rien paraître, se contentant de jauger Ismaëlle de toute sa hauteur.
« Pour le moment tu sembles plus douer pour les plantes que pour l’entrainement physique. Peut-être serais-tu en meilleure position en tant que Sorcière. Néanmoins, tu es encore jeune, tout reste à faire. Aussi, si tu veux apprendre, il va falloir que tu travailles sur ton caractère capricieux. Ne crois en aucuns cas que les autres chevaliers seront cléments si tu gardes une telle attitude. Si tu veux être chevalière, ou encore sorcière, il va falloir que tu travailles sur ton attitude. Quelqu’un de faible montre qu’il est en colère. Quelqu’un de fort montre que cela lui passe par-dessus la tête. Et je me contre-fous que tu me haïsses si cela peut t’apprendre à devenir forte. »
Imaé, donner des leçons de morales ? C’était plutôt inattendu, mais il faut dire qu’Ismaëlle ne lui en donnait pas trop le choix. Imaé tentait simplement de lui faire comprendre quelque chose qu’elle ne saurait comprendre que bien plus tard. Il était quasiment certain que l’élève ne fera que se renfrogner d’avantage.
« Fabriques ton onguent pour soigner tes blessures, » ordonna-t-elle après avoir marquer un temps d’arrêt. « Maintenant dis moi. Tu es dans une forêt, blessée gravement à la jambe. Il n’y a aucune de ces plantes autour de toi pour te soigner. Que fais-tu ? Que ce soit pour te soigner, ou pour éviter de te faire bouffer par les animaux sauvages. »
Cette question avait un but. Imaé avait une idée sur l’entrainement que devra subir Ismaëlle. Elle semblait douer avec les plantes, mais peu pour survivre. Alors autant jouer sur ces deux facteurs !
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| | | | InvitéJeu 22 Juin 2017, 11:02 Ismaëlle pouvait se sentir jugée, analysée, et passée au crible par cette femme, alors même qu'elle évitait soigneusement de croiser directement son perturbant regard vairon. Elle détestait cette sensation, véritablement. Que put-elle faire d'autre en cet instant que de se promettre que plus jamais elle ne laisserait quiconque se permettre une telle condescendance envers elle ? La fillette était prompte à lancer de théâtrales serments lorsqu'elle était dans un tel état d'anxiété et d'inconfort. Non, décidément, elle se refusait à être un livre ouvert pour qui croisait son chemin. La Chevalière avait parlé de travail et de progrès à fournir. Voilà bien un aspect d'elle même sur lequel la jeune Espoir ne manquerait pas de s'améliorer...
Imaé ne l’interrompit pas alors qu'elle exposait la manière dont elle préparerait l'onguent demandé. Quand elle eut finit, il s'installa un lourd silence, qui pesa dans l'esprit de la fillette. La Chevalière finit néanmoins par reprendre :
- « Pour le moment tu sembles plus douée pour les plantes que pour l’entraînement physique. Peut-être serais-tu en meilleure position en tant que Sorcière. Néanmoins, tu es encore jeune, tout reste à faire. Aussi, si tu veux apprendre, il va falloir que tu travailles sur ton caractère capricieux. Ne crois en aucuns cas que les autres chevaliers seront cléments si tu gardes une telle attitude. Si tu veux être chevalière, ou encore sorcière, il va falloir que tu travailles sur ton attitude. Quelqu’un de faible montre qu’il est en colère. Quelqu’un de fort montre que cela lui passe par-dessus la tête. Et je me contre-fous que tu me haïsses si cela peut t’apprendre à devenir forte. »
Ismaëlle était crispée, accablée par les paroles d'Imaé. D'autant plus accablée d'ailleurs que les mots de la Chevalière reflétaient bien des peurs de la fillette. Plus douée pour les plantes que pour l'entraînement physique, la faute à l'enseignement de Melicende. Ismaëlle avait beau s'entraîner quotidiennement, ce n'était pas encore suffisant. Elle était toujours petite et chétive malgré ses escapades à la criques. Ce n'était pas suffisant... Être Sorcière plutôt que Chevalière ? L'idée avait déjà traversé l'esprit de la fillette. Mais changer d'avis maintenant revenait à abandonner, et voilà bien une chose à laquelle elle ne pouvait se résoudre. Elle avait fait trop de sacrifices pour ne serait ce qu'envisager de revenir sur ses pas, elle ne le supporterait pas. Ismaëlle est de ceux qui ne savent pas plier – à la manière d'une lame manquant de souplesse, elle ne pouvait que se rompre... ce n'était toujours pas suffisant... Au milieu du flot d'émotions qui la secouait, la fillette retint pourtant une chose avec plus de clarté que toute les autres : quelqu’un de faible montre qu’il est en colère. Quelqu’un de fort montre que cela lui passe par-dessus la tête. Voilà ce qu'elle allait devoir apprendre si elle ne voulait plus jamais se retrouver dans une situation semblable à ce qu'elle venait de vivre. Elle devait apprendre à voir les failles des autres tout en masquant les siennes. Ce discourt lui faisait amèrement penser à ce que lui avait enseignée sa mère, mais il fallait se rendre à l'évidence : il y avait là du vrai qu'il serait bénéfique à la fillette d'appliquer... mais ce n'était encore pas suffisant. Ne pouvant admettre la présence du moindre bon conseil dans le discourt d'Imaé, Ismaëlle demeura parfaitement immobile, guettant la suite des événements.
- « Fabriques ton onguent pour soigner tes blessures. » Bon gré mal gré, la fillette s'exécuta. Elle s'activait encore à sa préparation quand Imaé enchaîna : « Maintenant dis moi. Tu es dans une forêt, blessée gravement à la jambe. Il n’y a aucune de ces plantes autour de toi pour te soigner. Que fais-tu ? Que ce soit pour te soigner, ou pour éviter de te faire bouffer par les animaux sauvages. »
Ismaëlle réprima un frisson. Voilà bien une situation dans laquelle elle était bien contente de n'être que sur un plan hypothétique. Superstitieuse, elle croisa les doigts pour conjurer le mauvais sort : hors de question qu'il lui arrive pareille mésaventure. Cela fait, elle se prêta tout de même à l'exercice.
- « D'abord j'évaluerais la gravité de ma blessure » elle déglutit « je n’agirais pas de la même manière selon le type de la plaie. Une fracture devra être réduite, un empoisonnement contenu, un saignement endigué... »
Elle retint un haut le cœur en songeant à de telles lésions sur sa propre personne. Mais comme il fallait à tout prix paraître forte, elle s'ébroua et tacha de se souvenir de ce quelle avait lu sur le sujet. Visualiser des pages couvertes d'encre était assurément plus aisé que de s'imaginer les meurtrissures évoquées.
- « En fonction de cela, je me déplacerais dans la mesure de mes moyens pour me mettre à l’abri, et ne pas laisser la situation empirer. » après une courte pause, elle précisa : « Je me pense capable d'utiliser un sort de lévitation apte à m'aider à grimper dans un arbre. »
Elle se creusa ensuite les méninges. Que ferait-elle une fois sa survie immédiate assurée ? Elle paniquerait. Ce n'était clairement pas une solution satisfaisante. Elle chercherait à appeler à l'aide. Voilà qui était un peu mieux. Oui mais qui ? Elle n'en avait pas la moindre idée. Cette conclusion lui donna le vertige : il y avait trop de chose qu'elle ignorait, elle disposait de trop peu de soutient sur lesquels compter... Elle était affreusement faible. Cet état de fait la révulsait. Il fallait que cela change, et vite. Car c'était très loin d'être suffisant.
Quelque part dans l'esprit de la fillette, un rouage s’enclencha. Elle détestait le fait d'être faible plus encore que le fait de paraître ridicule. Sa force lui importait davantage que sa fierté. Devant elle reposait son onguent à moitié achevé. Elle suspendit son travail, serra les poings et leva les yeux vers son mentor.
- « Et je m'assurerais d'avoir encore assez de ressource pour combattre une nouvelle menace. »
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| | | | InvitéJeu 24 Aoû 2017, 10:43 Ismaëlle ne contesta aucunes des observations dures et froides d’Imaé. Cela arracha un fin sourire victorieux mêlé à de la satisfaction. Oui, Ismaëlle devait imprimer dans son esprit qu’Imaé lui était bien bien, bieeeeeeeeeeeeeeen supérieur, en tout, que ce soit en connaissance qu’en endurance, ou encore en combat singulier, en passant par la force physique brute. Imaé ne connaissait pas les capacités magiques de l’enfant et cela ne l’intéressait de toute manière pas. Tout simplement car les capacités magiques n’étaient pas la chose qui était primée pour pouvoir entrer dans l’ordre des chevaliers, de ce fait c’était plus le mentor sorcier qui devait s’occuper du cas « magique » de l’enfant. Imaé n’avait qu’à améliorer les compétences physiques. Et mentales. De l’enfant. Elle ne savait pas si cela marcherait, puisqu’elle était encore jeune, mais elle avait bon espoir. La gamine semblait intelligente après tout. Semblait. Puis, la chevalière lui posa des questions sur une mise en situation virtuelle. Enfin, « virtuelle ». Imaé avait sa petite idée derrière la tête, et un sourire carnassier étira ses lèvres alors que la recrue répondait sagement à sa demande.
« Bien, » reprit donc l’hybride. « Désormais tu te lèveras avant que le soleil ne pointe le bout de son nez, tu te coucheras après qu’il aura disparu. Tu devras avoir un quota de 4h d’entrainement physique par jour. 1h d’endurance par des sprints. 1h de renforcement physique via les mannequins, ou avec moi si tu le désires. » Elle ne le désirait pas. « Le tout le matin. Le soir tu auras 1h d’entrainement au tir sur cible fixe ou mouvante. 1h d’entrainement à l’arme blanche, puis si tu t’en sens capable 1h de sprint avant d’aller te purifier et dormir. Tu feras cela pendant deux semaines, passées ces deux semaines, prévoient que je te prendrais avec moi pour un entrainement de survie qui mettra donc en jeu l’entrainement physique que tu auras subi durant ces 2 semaines. Après cet entrainement de survie, je demanderai à ce que tu fasses 6h d’entrainement physique par jour, dont 3h de renforcement physiques. Tu veux être chevalière non ? Alors il va falloir t’y plier. Si tu ne le fais pas, je le saurais. » Un fin sourire malsain se plaqua sur son visage tandis que ses yeux se mirent à luire d’une aura malfaisante. « Et tu le regretteras. »
Suite à l’annonce de son planning, elle laissa l’enfant planter là, sans plus de façon, non sans avoir lancer un dernier ordre, peut-être injuste, mais dont Imaé se fichait éperdument :
« Et ranges-moi ce bazar. »
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| | | | InvitéLun 11 Sep 2017, 13:42 Ismaëlle attendit patiemment de voir si ses réponses allaient être approuvées. Non pas que l'avis de cette femme lui importait. Du moins voulu-t-elle le croire. Elle ne parvint pas à soutenir bien longtemps le regard mordant de sa mentor, mais au moins l'avait elle supporté un instant, ce qui était un début.
- « Bien. »
Se fut toute la réponse qu'elle reçue, et bien qu'une fois encore elle se refusait a l'admettre, elle pu sentir un soulagement mêlé d'un brin de fierté naître en elle. L'approbation d'Imaé était plus que discrète, mais il faudrait s'en contenter. Ismaëlle refoula bien vite tout cela, préférant se concentrer : quel nouveau tour la Chevalière allait elle lui jouer ? Elle affichait après tout un sourire tout à fait inquiétant, et si l'Espoir avait apprit quelque chose aujourd'hui, c'était bien à rester sur ses gardes.
- « Désormais tu te lèveras avant que le soleil ne pointe le bout de son nez, tu te coucheras après qu’il aura disparu. Tu devras avoir un quota de 4h d’entraînement physique par jour. 1h d’endurance par des sprints. 1h de renforcement physique via les mannequins, ou avec moi si tu le désires. Le tout le matin. Le soir tu auras 1h d’entraînement au tir sur cible fixe ou mouvante. 1h d’entraînement à l’arme blanche, puis si tu t’en sens capable 1h de sprint avant d’aller te purifier et dormir. Tu feras cela pendant deux semaines, passées ces deux semaines, prévoient que je te prendrais avec moi pour un entraînement de survie qui mettra donc en jeu l’entraînement physique que tu auras subi durant ces 2 semaines. Après cet entraînement de survie, je demanderai à ce que tu fasses 6h d’entraînement physique par jour, dont 3h de renforcement physiques. Tu veux être chevalière non ? Alors il va falloir t’y plier. Si tu ne le fais pas, je le saurais. Et tu le regretteras. »
Il y avait de quoi être bouche-bée après une tirade pareille. Ismaëlle déglutit lentement, avant de prendre une profonde respiration, puis de hocher la tête, aussi vaillamment qu'elle le pu. Elle s'était toujours tenu pour quelqu'un d'appliqué en se rendant régulièrement à la plage pour s'y entraîner. Elle réalisa qu'elle n'avait fait que jouer jusqu'à présent. Les exercices auxquels elle avait pu s'astreindre jusqu'alors n'étaient que des enfantillages à côté de ce que prévoyait Imaé. Elle parlait d'une discipline et d'une rigueur bien au delà de tout ce qu'avait pu connaître la fillette jusque là. Cette perceptive lui faisait peur, c'était indéniable. Mais également, il se trouvait en elle une impatience sourde... oui, elle se plierait à l'entraînement proposé par Imaé, pour lui prouver qu'elle en était capable. Elle ne pouvait pas encore penser à tout ce que cela pourrait lui apporter. La blessure de son orgueil était encore trop fraîche. Et Ismaëlle était encore bien trop immature. En parlant, Imaé ne s'était pas départit de son rictus mauvais. Surtout alors qu'elle prononçait son ultime menace. Cela fit froid dans le dos à Ismaëlle, mais elle essaya de le masquer bellement. Bellement mais inutilement. Si elle voulait être Chevalière ? **Elle va voir ce qu'elle va voir...**[/i] La fillette ne pouvait que brûler de relever un défi pareil. C'était bien la seule chose dont on ne pouvait douter chez elle : sa motivation.
- « Et ranges-moi ce bazar. »
Cette conclusion, qui n'était rien de moins qu'un ordre, clos cette première rencontre. Imaé ne s'attarda guère, et elle eut disparu avant qu'Ismaëlle ne songe à protester. L'aurait elle osé si elle en avait eut le temps ? La question ne se posait pas, aussi l'Espoir la balaya-t-elle de son esprit tout comme elle se mit à balayer d'un revers de main les miettes de plantes et de simples sur la table de travail. Le reste, elle le rangea soigneusement dans sa propre aumônière, toujours pendue à sa ceinture. La Chevalière ne le lui avait pas interdit après tout. Elle conserva également pour elle le baume qu'elle avait concocté sous l’égide de sa mentor. Il ne lui serait que trop utile pour les temps à venir.
Comme elle venait de s'approprier des plantes, Ismaëlle pu ranger le reste de la salle (presque) avec le sourire. Enfin, elle n'en affichait pas moins son expression boudeuse habituelle, et elle ne tourna elle aussi les talons que quand chaque couteaux eut regagné son râtelier. Quand tout cela fut terminé, elle regagna sa chambre dans les quartiers des élèves. Elle se lava et pansa ses plaies : les lames d'Imaé lui avaient laissé un certain nombre d'écorchures. Elle posa également une petite compresse froide sur sa joue. Hors de question de subir le regard d'autrui avec le visage tuméfié de qui s'est fait gifler sans rien dire. Le pire advint lorsqu'elle tressa ses cheveux selon son habitude. Elle découvrit qu'un couteau avait sectionné une partie de sa natte, et qu'elle arborait maintenant une coupe asymétrique du plus bel effet. S'astreignant au calme, elle se munit elle même d'une petite dague que lui avait offert Kelen, au moyen de laquelle elle coupa sa chevelure. Il n'est pas besoin de dire que le résultat n'avait rien de brillant, et était inégal par dessus le marché. Pourtant, en voyant ses mèches pâles atterrirent mollement à ses pieds, Ismaëlle se fit une promesse : plus jamais elle ne se montrerait faible comme elle venait de l'être. [i]Plus jamais, et surtout, devant personne.
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