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| Un trophée de choix (RP Ehvan) |
| | InvitéSam 10 Déc 2016, 16:18 Ehvan avait décidé qu'il était grand temps pour Caelan de rencontrer la famille de son père. L'idée n'enchantait pas vraiment le petit garçon, ses grands parents habités Opale et il était donc impossible pour lui d'emmener Cèdre dans la ville. Les habitants l'auraient sans doute chassé et peut être même aurait ils put blesser le louveteau. Une idée des plus terrifiante pour Caelan. Comme tout ce qui séparait l'enfant de son ami, cela le mettait d'humeur maussade, mais il n'ignorait pas agir ainsi pour le bien de son comparse. Celui-ci quand à lui ne paraissait guère plus enclin à se séparer, ne serais ce que pour quelques heures, du jeune humain. Il existait un réel lien entre les deux protagonistes qui ne souffrait pourtant aucune distance. Toutefois être loin l'un de l'autre n'était jamais un exercice aisé. Caelan ne manquerait assurément pas de manifester son mécontentement à son père.
Ehvan et son fils était donc parti à l'heure où le soleil se levait à peine, laissant derrière eux une Khaliss encore légèrement endormi et un Cèdre boudeur. Le louveteau ne manquerait pas d'attendre Caelan dans la forêt près du village à l’affût de toute occasion pour l'enfant de fausser compagnie à toute la famille Opalienne. Bien sur le petit garçon savait que ce voyage était important pour son père. Néanmoins sa mère et le louveteau ne faisait pas partit de l'aventure et cela lui laissait la désagréable impression d'être coupé de son foyer. D'une partie de celui-ci tout du moins. Caelan avait des comportements lupins certes et il ne comptait en rien les dissimiler à ces individus qui étaient pour lui des étrangers, il ne voyait pas l’intérêt de prétendre être différent de ce qu'il était. Si cela ne leur plaisait pas qu'importait. Il n'avait pas besoin d'eux, il avait sa mère, son père et Cèdre et était parfaitement heureux ainsi.
Ils étaient donc partit tout deux, Ehvan avançait d'un bon pas avec accroché à son mollet un Caelan aucunement enclin au moindre effort et qui assénait des coups de dents à la jambe de son père, chaque fois que celui ci lui rappelait qu'ils allaient passé une journée des plus agréable. Comment cela aurait-il été possible loin de la forêt et des loups ? L'enfant n'aimait pas particulièrement la compagnie des humains (lui même ne se considérait pas entièrement comme tel, pas plus que sa mère à vrai dire). Ehvan lui était son père et n'était donc soumis qu'a cette seule catégorie. La rencontre avec ses grands parents fut vite expédiée. Ehvan leur présenta son fils et il n'y eût guère plus de cérémonie. Comme à son habitude l'enfant ne parlait que peu, n'en voyant simplement en rien l'utilité. Son père le comprenait et c'était là l'important.
A l'heure du repas ils s'installèrent tous autours de la table. Les mets servit comportaient divers accompagnement et un ragoût de mouton. La viande avait une odeur exécrable d'eau tant elle avait été bouilli. L'animal était cuit, ce qui était regrettable il aurait été particulièrement délicieux cru. Faisant mine d'ignorer son air boudeur, sa grand mère servit à l'enfant une pleine assiette. Caelan huma le fumé qui s'échappait de sa pitance, c'était certain jamais il ne mangerait de cette chose. Il était habitué au proie tout juste chassé et il aimait la viande encore chaude du sang qui avait naguère coulé en abondance dans les veines de son repas. Il refusa donc d'avaler tout ce qu'on lui proposait, grommelant intérieurement de ne pas avoir put rester avec sa mère et Cèdre.
Lorsqu'il sortirent dehors le soleil était à son zenith. Caelan était submergé par toutes les odeurs qu'ils sentaient. Il avait l'habitude des senteurs de la forêt, mais là tout était différent. Il y avait le fumet délicieux des lapins qui peuplaient les champs avoisinant, celui du blé qui commençait à sortir du sol, celui presque trop puissant des moutons qui broutaient l'herbe grasse des champs. Les sons, les odeurs, la lumière qui n'était jamais aussi intense dans les bois... Tout cela affolaient les sens de Caelan, il devait trouver un endroit au calme. Il s'en alla donc droit vers l'étendu qui s'approchait le plus d'une forêt. Il dénicha une plaine parsemé d'arbre. Il s'adossa à l'un d'eux, les yeux clos, laissant son esprit vagabonder là où il voulait être, au près de Cèdre. Celui-ci était partit chasser mais s'ennuyer de son acolyte avec qui il réalisait d'ordinaire cet exercice Caelan se détendit tranquillement, le flot d'information c'était interrompu. Ici les odeurs et les sensations qu'elles recelaient étaient connues pour le petit garçon. Désormais tout allait bien. Soudain un intrus troubla les songes du petit garçon. Un petit intrépide venait le défier. Un jeune lapereau c'était aventuré trop loin de son terrier. Le museau en l'air il humait l'odeur que dégageait l'enfant. Le lapin était sans défense devant le chasseur sans nulle doute redoutable qu'était Caelan. Le petit garçon bondit donc sur sa proie la manquant de peu. Une course folle eût alors lieu entre le petit animal apeuré et l'enfant. Celui-ci après moult tentatives hasardeuses parvint enfin à se saisir de son futur repas. Il rayonnait de fierté. Il était parvenu à chasser seul. C'était la première fois qu'il y parvenait. Il c'était donné à corps perdu dans la bataille, au propre comme au figuré à vrai dire. Sa vêture n'avait plus de cela que le nom tant Caelan lui avait fait subir un mauvais traitement. A force de se jeter de part et d'autre du champs l'enfant était noir de terre mais bel et bien ravi de son coup d'éclat. Il tenait d'ailleurs son trophée au dessus de sa tête manquant de peu d'écarteler la pauvre bête
« Papa ! »
Caelan avait crié à plein poumon pour attirer l'attention de son père, qu'il arriva aisément à provoquer. Celui-ci se dirigeait d'ailleurs vers son fils suivit par ses propre parents Soudain l'enfant se souvenant qu'il n'avait rien avalé depuis le matin, planta ses canines dans la gorge de l'animal, s'éclaboussant au passage du sang de sa proie. Kahliss l'aurait pour sur réprimandé. Il savait qu'en louveteau bien élevé, il devait égorger avec les griffes, mais il avait faim et avec les crocs l'affaire s'avérait bien plus aisé, même si c'était un peu plus salissant il est vrai. Néanmoins, tout à sa joie d'avoir réussit pareil exploit seul, il se remplit le ventre en songeant que sa mère ne lui en voudrait guère pour pareil fait. Il sentait d'ailleurs Cèdre se sustenter aussi, lui avait attrapé un lièvre avec lequel il se régalait. En fin de compte la journée s'avérait bien meilleur que Caelan ne l'eut crut de prime abord.
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| | | | InvitéJeu 22 Déc 2016, 16:04 Caelan allait sur ses six ans. Autant dire que ce n'était plus un nourrisson depuis longtemps, ce qui ravissait Ehvan. Dès la naissance de son fils, le nomade n'avait eu qu'une hâte : le voir grandir. Et plus l'enfant vieillissait, plus le jeune homme trouvait son rejeton formidable. Curieux, Caelan menait sans cesse des expériences sur tout ce qui l'entourait, au grand amusement de son père. Depuis sa naissance justement, la famille vagabondait de forêt en forêt, mais il n'était plus question pour le nomade de quitter les siens. Ehvan prenait son rôle de père très au sérieux, et il entendait bien transmettre à son fils les valeurs qui lui étaient chères. Justement parce que l'éducation de Caelan lui tenait à cœur, le nomade avait eu du mal à accepter la présence quotidienne de Cèdre au côté de son fils. Certes Kahliss était une louve à part entière, mais elle n'en gardait pas moins une conscience humaine, même sous sa forme animale. Le louveteau attaché à Caelan était lui une créature sauvage, et, fut ce un petit, le voir en contact permanent avec son fils lui aussi encore si jeune avait un temps inquiété Ehvan. Enfin, si Kahliss tolérait la présence du louveteau, sans doute ce dernier ne représentait il pas de danger pour leur fils. Ehvan ne l'en gardait pourtant pas moins à l’œil : l'imprudent nomade se découvrait une nature raisonnable en se qui concernait son rejeton. En parlant de fils justement, Ehvan s'en montrait un bien ingrat, car hormis de vagues lettres annonçant la naissance de Caelan à ses parents, il ne leurs avait pas encore présenté ce dernier en bonne et due forme. L'idée n'enchantait pas particulièrement le nomade, mais cela lui permettrait de passer du temps avec son fils, et il était sans doute bon pour le jeune garçon de voir d'autres visages que ceux de ses parents et de son loup. Ehvan avait donc prit la décision de mener cette expédition et de conduire son rejeton sur les terres de ses parents au cœur du royaume d'Opale. Sortir de la forêt ne pouvait faire que le plus grand bien à Caelan : l'enfant devait voir par lui même que le monde était bien plus vaste qu'une successions sans fin de hauts arbres, et puis, devoir s'adapter à un nouvel environnement serait une chose assurément bénéfique pour le petit. Le nomade se posait toujours des questions sur tout et particulièrement sur n'importe quoi. Depuis la naissance de son fils d'ailleurs, il avait une nouvelle source de réflexion pour le coup tout à fait légitime. Ces derniers temps surtout, le jeune homme se demandait si l'éducation qu'il offrait à son enfant était à même de lui permettre de mener plus tard la vie qu'il entendrait. Au cours de sa propre jeunesse, Ehvan avait eut le sentiment que le mode de vie de ses parents l'avait grandement limité dans ses choix de vie. Père à son tour, il espérait ne pas entraver Caelan de la même manière. Pour l'heure, l'enfant semblait ravi de vivre au milieu de bois, de dormir la plupart du temps à la belle étoile, de n'avoir ni toit ni demeure et de voyager sans cesse. Mais qu'en serait il dans quelques années ? Depuis ses quatre ans environ, Caelan avait démontré son potentiel magique en faisant léviter autour de lui de menus objets. Les portes des différents Ordres s'ouvraient donc à lui. Pourrait il s'y sentir à sa place ? Vivre en communauté impliquait une certaine rigueur en matière de mode de vie, rigueur que le garçonnet ne semblait pas encore avoir acquis. Enfin, il était encore jeune, et Ehvan se rassurait en se répétant qu'il n'était pas encore temps de confier à d'autres son rejeton. À voir la difficulté qu'avait l'enfant à l'idée de passer une journée loin de sa mère et de son loup, le drame que serait une séparation plus longue se devinait aisément. La visite à Opale revêtait ainsi plusieurs utilités aux yeux du nomade : présenter son garçon à ses parents n'en était qu'une parmi d'autres, quand bien même Ehvan était effectivement fier de son petit louveteau. À Opale, Caelan ferait la rencontre certes de ses grands parents, mais aussi du reste de la fratrie de son père, ainsi que des rejetons de ces derniers. Ehvan avait deux frères aînées et deux sœurs cadettes, et tous avaient déjà des enfants. Tout ce beau monde vivaient également plus ou moins à proximité de la ferme familiale, ce qui permettrait à Caelan de côtoyer d'autres jeunes de son âge, ce qui promettait d'être une expérience inoubliable. Ce bain de foule ne pouvait que lui changer les idées, non ? Le jour du départ venu, Caelan se montra de fort mauvaise humeur. Laisser derrière lui sa mère et son compagnon lupin ne lui plaisait guère, mais Ehvan se montra ferme. Il n'était pourtant pas un père particulièrement strict, mais dans le cas présent, il semblait indispensable au nomade que son fils coupe le cordon, fusse pour quelques jours seulement. Il y avait trop de chose à découvrir de par le monde pour que Caelan passe sa vie sous le couvert des arbres seulement entouré des loups qui lui étaient si chers. Et puis, Kahliss ne laisserait pas partir son petit sans le garder à l’œil. Elle les suivrait immanquablement à quelque distance, instinct maternel oblige. Ehvan s'était inquiété avant la naissance de son fils sur un nombre incalculable de sujet, mais principalement sur leurs capacités, à Kahliss et lui même, à fournir un milieu stable et propice au bon développement d'un enfant. Après tout, n'étaient-ils pas deux vagabonds sans aucune expérience en matière d'éducation ? Finalement, les choses s'étaient faites très naturellement, et le nomade n'avait vraiment pas le sentiment d'être un moins bon père qu'un autre, tout comme sa compagne faisait à ses yeux la plus formidable des mères pour leur garçon. Caelan était curieux de tout et attentif la plupart du temps à ce qui l'entourait. Il avait su lire très tôt, et s'il parlait peu, il s'exprimait avec une aisance et un vocabulaire remarquable, ce dès son plus jeune âge. Non, le jeune garçon ne semblait vraiment pas pâtir de cette vie de liberté qu'était la sienne, et Ehvan s'en réjouissait. L'enfant devait pourtant connaître également comment la plupart des autres jeunes de son âge vivaient, car il était hors de question pour le jeune père que son fils paraisse ignorant ou sauvage aux yeux des autres enfants qu'il serait forcément amené à côtoyer un jour ou l'autre, qu'importe la voix qu'il choisirait. Même un ermite ne peut complètement s'isoler de tout contact, vivre en autarcie n'étant ni une existence facile, ni enviable, et ce n'était bien évidement pas ce que souhait Ehvan à son précieux rejeton. Les paquetages du nomade et de son fils furent préparés la veille du départ. Le matin venu, c'est avec les premiers rayons du soleil qu'ils partirent pour cette nouvelle aventure. Cèdre tournait en rond, perdu à l'idée qu'il ne pouvait suivre Caelan. Kahliss pour sa part dormait encore, ou du moins faisait elle mine de dormir. L'idée de laisser son fils s'éloigner d'elle ne la ravissait pas, et Ehvan ne le comprenait que trop bien. Il était pourtant parvenu à rassurer la jeune femme : il ne pouvait rien arriver à leur petit, puisqu'il ne le quitterait pas un instant. Le début du voyage parut long au garçonnet : il s'installa plusieurs fois sur le pied de son père, lui mordant allègrement le mollet, accroché à sa jambe comme une chausse particulièrement encombrante. Caelan avait cette manie depuis l'enfance, et ce jeu amusait beaucoup Ehvan, quoiqu'à mesure que l'enfant prenait de l'âge, l'exercice devenait de moins en moins aisé. Il n'y avait pas grand chemin à parcourir pourtant pour rallier la ferme d'Opale. S'étant stoppé à la limite de la propriété de ses parents, Ehvan se préparait mentalement à cette visite. Il n'était pas revenu depuis plusieurs années, trop occupé par l'éducation de son fils. Revoir les siens revêtait une saveur douce amère, comme à chaque fois que le nomade remettait les pieds sur le théâtre de sa jeunesse. Il n'avait jamais était malheureux, mais jamais absolument heureux non plus. Enfin, il n'était pas temps de s'isoler dans ses songes. Marchant au milieu des champs, le nomade évoqua des souvenirs de son enfance à Caelan, qui pour le coup avait fait l'effort de se tenir sur ses propres pieds. Quand une silhouette lointaine émergea au milieu des épis de blé, Ehvan mit quelques instants avant de reconnaître sa plus jeune sœur, Isobel. Elle était terriblement semblable à Marthe, la seconde sœur du nomade, elle même copie conforme de leur mère. Le phénomène en était presque inquiétant : lui même ressemblait il autant à son père ? Baissant les yeux sur son fils, il se demanda si Caelan aurait lui aussi des traits de plus en plus similaires aux siens. Ce dernier ayant lui aussi avisé cette présence inconnue, le jeune garçon se dissimula instinctivement derrière Ehvan. Le jeune père passa un bras réconfortant autour des épaules de son fils et le poussa à poursuivre leur route. Quand il furent à porté de voix, le nomade put déjà entendre sa sœur crier à l'intention des autres membres de la famille disséminé aux alentours : « C'est Ehv' ! Il a son fils avec lui ! ». Le message de leur arrivée se rependit comme une traînée de poudre au milieu des épis de blé... *** La matinée entière passa avant que tout le monde se fut rassemblé autour de la grande table pour le déjeuné. Comme les beaux jours étaient de retour en ce début de printemps, on s'était installé dehors, devant le grand hangar. Comme prévu, tout le monde était présent, et c'est pas moins d'une dizaine de cousins que se découvrit Caelan. Les plus vieux avaient une quinzaine d'années environ, quand le cadet de la famille n'avait lui que quelques mois. Le fils d'Ehvan était pourtant le centre de l'attention générale : on le questionnait allègrement sur ses goûts et sur ses voyages, sur sa mère aussi, mais rares étaient les réponses du petit garçon. Toute cette agitation le poussait à se renfermer, et il ne parlait que peu. Ehvan s'occupa de faire la conversation pour eux deux, mais il ne pu rien pour la mine dégoûtée que le repas tira à son fils. Caelan préférait la viande fraîche, le ragoût qui lui était servit ne devait donc pas le ravir. Le nomade se promit d'aller plus tard avec son fils trouver une nourriture qui lui plairait mieux, l'enfant ayant le droit d'avoir des préférences alimentaires. Voulant bien faire, la mère d'Ehvan avait servit une pleine assiette de mouton à ce nouveau petit fils qu'elle rencontrait à peine, sa manière à elle de lui souhaiter la bienvenue. Elle signifia plus tard à Ehvan qu'il devait avoir mal habitué son rejeton, ce dernier n'ayant pour ainsi dire pas touché aux différents mets qui lui avaient été proposé ce jour là. Le jeune homme avait assuré sa mère que le petit n'avait rien d'un enfant difficile, mais que tout ce monde autour de lui avait du le mettre mal à son aise, ce qui n'avait tiré qu'un soupire résigné à l'Opalienne. En général, Ehvan faisait peu de cas de l'avis de ses parents, mais cette fois ci, sans qu'il pu dire pourquoi, la remarque de sa mère l'avait blessé, sans qu'il daigne pourtant le reconnaître. Ce ne serait pourtant pas la seule critique née de ce séjour parvenir aux oreilles du nomade... Dans l'après midi, Ehvan emmena son fils faire le tour de la ferme en compagnie de ses parents, de sœurs et des leurs bambins. Isobel et Marthe se montraient douces avec Caelan, mais cela ne semblait pas atteindre le petit garçon qui n'avait d'yeux que pour son nouveau terrain de jeu. Alors qu'il sautillait dans les champs, Ehvan le laissa s'éloigner quelque peu. Les autres enfants le talonnait, il ne risquait rien et puis, le voir se dérider un peu rassura le nomade. Il gardait malgré tout un œil attentif sur la progression de son fils, écoutant d'une oreille de plus en plus distraite les questionnements incessants des ses sœurs au sujet de la mère de Caelan. Les moutons attisèrent un temps la curiosité de ce dernier, mais bientôt il s'était mit à cavaler en direction d'un maigre bosquet à la lisière des champs. Les autres enfants ne l'y avait pas suivit, sentant sans doute le besoin d'isolement de leur si étrange cousin. Avec un soupir, Ehvan vit son fils s'adosser à un arbre. Faussant lui aussi compagnie à ses sœurs, le nomade se mit à trotter tranquillement pour rejoindre son fils. Le caractère renfermé dont ce dernier faisait preuve depuis leur arrivée ne lui ressemblait guère, mais il rappelait assurément sa propre jeunesse à Ehvan. Toujours à quelque distance de son fils, le nomade vit ce dernier se dresser d'un bond souple sur ses jambes, l'esprit soudain aiguillé par une distraction encore pou l'heure invisible aux yeux d'Ehvan. Caelan se mit bientôt à courir en tout sens, étant manifestement à la poursuite de quelque chose. Le jeune père devina bientôt que son fils tentait d'attraper un petit animal, d'où sa soudaine volubilité. Alors qu'il avait ralentit l'allure, Ehvan fut hélé par un Caelan victorieux, qui brandissait triomphalement un petit corps au dessus de lui. - « Papa ! » hurla l'enfant, un sourire ravi illuminant sa frimousse. Le nomade devina la vêture de son fils crotté par cet exercice impromptu, mais devant le ravissement affiché par l'enfant, Ehvan ne pu que rire des frasques de son garçon. Derrière lui, le reste de l'assemblée s'amusa également de l'habileté de Caelan : il avait attrapé un lapin en un instant, ce qui était loin d'être un exercice aisé, tout particulièrement à mains nues. Pourtant cet étonnement bienveillant ne dura pas. Ehvan pu presque lire l'idée dans le regard de son fils avant que ce dernier ne l'exécute. Abaissant à son niveau sa proie encore agitée de soubresauts, Caelan la mordit gaillardement. Bientôt son visage et ses vêtements se retrouvèrent maculés du sang du lapin. La scène n'avait rien de nouveau pour Ehvan, qui arrivait justement au chevet de son fils. - « Ce n'est pas comme ça que ta mère t'a appris il me semble. En plus, si tu ne vide pas ce lapin avant de la manger, tu va être malade, à toi de voir. »Le nomade souhaitait à son fils d'apprendre par l'expérience autant que possible. Il venait de le prévenir qu'à défaut de retirer les entrailles du lapin, Caelan pouvait tomber malade en les mangeant. Si malgré tout l'enfant persistait à dévorer grossièrement le fruit de sa chasse, Ehvan ne l’en empêcherait pas. Le garçon serait malade après coup, et cela lui servirait de leçon. Leçon bien plus permanente qu'une simple interdiction de la part de son père. E théorie tout du moins. De leur côté, les parents et les sœurs d'Ehvan s'étaient stoppés net, et aucuns n'osaient rompre le silence gêné qui régnait parmi eux. Gêne dont le nomade devinait la cause après coup : un enfant ne dévore pas de lapin cru après l'avoir attrapé de ses mains. Mais Caelan était tout sauf un enfant normal, chose que personne ici ne serait en mesure de comprendre. Lui même n'était plus vraiment surprit des aspects presque bestiaux du comportement de son fils, mais en toute logique, n'importe qui d'autre aurait sans doute tiqué devant pareil spectacle. Enfin, il s'agissait la des proches du nomade, il ne serait donc pas fait tout un foin de cette histoire, non ?
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| | | | InvitéJeu 05 Jan 2017, 11:40 Ehvan éclata de rire devant les frasques de son fils. Celui-ci rayonnait tout bonnement de fierté devant l'exploit qu'il venait d'accomplir seul. Le nomade s'approcha de son rejeton pour lui donner un judicieux conseil.
« Ce n'est pas comme ça que ta mère t'a appris il me semble. En plus, si tu ne vide pas ce lapin avant de la manger, tu va être malade, à toi de voir. »
Il était vrai que Kahliss lui avait enseigné à se nourrir d'une manière plus élégante. Le petit garçon se mit à réfléchir un instant. Il n'avait en rien envie d'être malade. Cela sous entendait ne pas pouvoir vagabonder comme bon lui semblerait avec Cèdre, ce qui lui semblait tout bonnement intolérable. En outre, évider le petit animal qu'il venait d'attraper ne lui prendrait que bien peu de temps. Le choix fut donc rapidement réalisé. Avec un sourire qui recelait toute la fierté qu'il ressentait, Caelan tendit une main à son père pour ainsi lui quémander son canif, lui même n'en n'avait pas, ce qui lui aurait été d'une utilité indéniable dans pareille situation. Néanmoins, il n'avait que six ans et tout enfant des bois qu'il était, ses parents lui avait imposé certaines règles. Lorsqu'il les trouvait justifiée l'enfant s'y soumettait de bon grès. Les difficultés s'annonçaient les rares situations ou il n'y trouvait aucune légitimités. Toutefois au vue de son jeune âge, c'était encore là cas exceptionnel. Ehvan comprit son fils sans qu'il n'y ai besoin de mot entre eux. Les paroles sont vaines quand la complicité œuvre. Le petit garçon se saisit de l'objet avec adresse et se mis en tailleur à même le sol. Il entreprit rapidement d'évider le lapereau non sans en avoir l'eau à la bouche. Son ventre criait famine et il était trop heureux de pouvoir bientôt combler son estomac vide. Le petit garçon ne percevait rien des messes basses et des regards mi-interloqué mi-apeuré que posait sur lui la famille qu'il venait tout juste de se découvrir. Néanmoins, pour lui les membres de son entourage se cantonnait à Ehvan, Kahliss et Cèdre. Une idée saugrenue lui apparue soudain, peut être qu'un jour il aurait une petite sœur ou un petit frère. A la réflexion, cela lui plairait assez d'avoir un compagnon pour jouer avec lui et Cèdre, un plus jeune sur qui il pourrait veiller. Il pensait sans nul doute qu'il serait un grand frère admirable. L’éviscération terminé, Caelan dévora son repas avec appétit en proposant toutefois de manière triomphale une part à son père. Il était heureux de pouvoir lui donner un peu du gibier qu'il avait chasser seul. C'était là une preuve indubitable qu'il devenait grand. Il prit tout son temps pour se sustenter, si bien qu'il ne restait plus grande chère sur son repas. Son père était le seul à être resté près de lui ce qui ne le gênait en rien bien au contraire. Il n'était pas souvent seul avec Ehvan et le petit garçon devait reconnaître que c'était assez agréable d'être avec son papa. Caelan savait Kahliss auprès de Cèdre, ils étaient tout deux en sécurité et allaient pour le mieux, il leurs manquaient mais cela ne durerait que bien peu, demain son père et lui devaient retrouver le reste de leur petite famille juste avant la tombé de la nuit.
Ehvan et son fils retournèrent auprès de la familles du nomade. Caelan ne ressentait pas vraiment la tension ambiante, il percevait bien sur que ses interlocuteurs se montrait bien moins loquace que dans la matinée, mais après tout peut être étaient ils fatigués. Il n'avait pas vraiment envie de réfléchir à tout cela. Lui même était éreinté. A nouveau à leur du dîner il ne toucha que bien peu à sa pitance. Rien ne lui plaisait et après son succulent repas il n'avait plus faim. Néanmoins, il eût bien moins de sollicitation que plus tôt dans la journée. Voyant son fils tomber de sommeil, Ehvan en vint bien vite à aller le border. L'enfant ne se fit pas prier bien trop heureux de retrouver Morphée.
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| | | | InvitéSam 14 Jan 2017, 08:17 Caelan sembla envisager sérieusement la mise en garde de son père, l'enfant étant assez attentif en règle générale lorsqu'il s'agissait de sujet qui lui plaisait. Il afficha pendant un instant une mine de profonde réflexion. Ehvan s'amusa de la moue de son fils, mais lui laissa le temps de faire son choix. Quand finalement l'enfant releva les yeux vers son père, se fut pour tendre vers lui une main impérieuse assortie d'un sourire dévoilant ses canines un brin trop longues. Le fruit de son débat intérieur était donc de suivre le conseil d'Ehvan. Le nomade lui confia donc, manche en avant, le couteau de chasse qui ne quittait jamais sa ceinture, vie dans les bois oblige. Remettre ainsi une lame affûtée à un enfant de six printemps pouvait paraître inconscient, mais Ehvan savait son fils à même d'éventrer un lapin sans se blesser. Accroupi au dessus de sa proie, Caelan s'appliqua à évider le petit animal aussi soigneusement que possible, donnant ainsi raison à son père. Ehvan souri avec fierté : ce qu'il était entrain de faire paraissait sans doute bien anodin aux yeux de son fils, mais le nomade savait que pareille habileté était tout sauf courante chez un enfant de son âge. Aucuns des rejetons d'Isobel ou de Marthe n'en savaient autant, Ehvan était prêt à le parier. Quelques gargouillements vinrent troubler la concentration de Caelan, mais l'enfant tint bon et acheva son travail proprement. Cela fait, il s'assit de manière plus confortable, à distance des entrailles tout juste extraites de son repas, pour se restaurer tranquillement. Avant de mordre à belles dents dans cette pitance largement méritée, il tendit le lapereau à Ehvan, lui offrant de partager la chair qu'il avait lui même chassée. Le nomade ébouriffa les cheveux de sa précieuse progéniture et le laissa manger tout son soûl, le souper du soir promettant hélas d'être tout aussi cuit que le déjeuner. Avant la fin de son repas improvisé, ne restait plus dans le petit bosquet qu'Ehvan et son rejeton, les autres ayant regagnés la maison familiale avec une précipitation appliquée. Le lapin terminé, Caelan essuya dans l'herbe grasse la lame avec laquelle il avait œuvré, avant de la restituer à son père. S'en emparant, Ehvan décrocha dans le même temps de sa ceinture le fourreau du petit couteau dans lequel il replaça l'outil. Cela fait, il présenta le tout à son fils. - « Tu as montré que tu savais t'en servir, tu peux donc le garder. » L'outil lui serait assurément utile, et Ehvan s'amusait beaucoup d'offrir ainsi à son fils un couteau qu'il tenait lui même de son père. « Cèdre à ses griffes, tu as maintenant ton couteau. » ajouta-t-il en passant à nouveau sa main dans les boucles cendrés de Caelan. Il était inutile de préciser au jeune garçon qu'il ne s'agissait guère d'un jouet, il le savait fort bien. Après cela ils enterrèrent ensemble les restes du lapereau pour n'attirer aucun charognard, et ils s'en retournèrent eux aussi à la maison. Le reste de l'après midi se déroula sans plus rien de particulier, mais personne ne chercha plus avec insistance la compagnie des deux visiteurs. Curieusement, passer la nuit dans un lit n'avait rien de très séduisant en cette saison. *** Le repas du soir eut lieu dans une ambiance plus morne que le midi. Chacun gardait les yeux rivés sur sa propre assiette, et les conversations se tarissaient rapidement. Non pas que le bruit en vint à manquer à Ehvan : il préférait de loin ce presque silence à un brouhaha de conversations inutiles. Cependant, le nomade pouvait se douter que quelque chose n'allait pas, sans qu'il puisse pourtant deviner pourquoi. La soirée allait s'avançant, et assit aussi droit que possible sur sa chaise, les yeux de Caelan semblaient se fermer d'eux même. Ils étaient parti à l'aube le matin même, il était normal que l'enfant soit épuisé après cette longue journée. S'excusant de quitter un moment la table, Ehvan prit son petit dans ses bras. Enfin, petit était un terme qui désignait de moins en moins bien le jeune garçon. La vitesse à laquelle grandissait son fils stupéfiait le nomade. Il l'emporta dans la chambre sous les combles que lui même occupait enfant, et dans laquelle il trouva comme il s'y attendait deux lits prêts à les accueillir. Le nomade installa soigneusement son rejeton, avant de redescendre au rez-de-chaussé avec les autres. Vivre dans les bois transforme un homme, et lui confère obligatoirement quelques aptitudes. Quand faire le moindre bruit signifie ne pas avoir de quoi manger pour la journée, on apprend vite à marcher sans faire de bruit. Il était donc bien normal qu'Ehvan ait acquis au cours de son existence au cœur des forêts une certaine discrétion. En descendant les raides degrés des escaliers, lui parvinrent les conversations de la famille toujours attablée. Le tableau était à la vérité assez charmant : la grande pièce était baignée de la lumière jaune des bougies, les enfants avait quitté la table et s'étaient rassemblés devant l'âtre de la cheminé où l'un des plus âgés devait leur conter une histoire. Les adultes quant à eux étaient occupé à échanger des propos d'une voix de plus en plus forte. Dans les escaliers, Ehvan marqua une pause. Il avait beau savoir qu'il appartenait à cette famille, il s'en sentait étrangement détaché. Un étranger dans sa propre maison. En songeant à cela, le jeune homme en vint à se rappeler qu'il ne considérait plus ce lieu comme chez lui depuis qu'il s'en était allé en compagnie de Voyageur voilà bien des années. Il s’ébroua et reprit sa descente quand soudain une bribe de conversation lui parvint. - « ...as l'air normal du tout ! » Ehvan reconnu son père, la voix rendue rauque par la boisson. Le nomade acheva sa descente à pas de loup et s'avança davantage, mais resta tapit dans l'ombre du couloir, désireux soudain d'entendre sans être vu. Il savait que pareil comportement était proprement malséant, mais il n'en avait cure. Il avait peur de deviner le sujet de la conversation animée qui se tenait autour de la table depuis qu'il s'était éclipser pour coucher Caelan. - « Pourtant tu l'as pas vu cet après midi ! Il a fait peur aux enfants ! » le nomade reconnu cette fois la voix d'Isobel. « Il a mordu à pleine dent dans un lapin ! Il avait le visage couvert de sang, et ce n'était pas le sien ! Un sauvage, cet enfant est un sauvage ! » le ton était presque strident sur la fin de la phrase. La sœur d'Ehvan avait l'air choquée, mais c'était presque compréhensible. À bien y réfléchir, il était fort peu courant de voir un enfant manger de la viande crue, à même l'animal. Enfin, Isobel en faisait sans doute un peu trop, il n'y avait pas là de quoi en faire tout un plat. D'autant qu'Ehvan n'aimait pas entendre son petit taxé de sauvage... - « ...pas étonnant s'il a grandit dans les bois. Je savais Ehv... particulier, mais j'ai pensé que pour élever son enfant, il f'rait un effort. Il s'agissait pas d'lui pour une fois... » même la mère du nomade s'y mettait. Ehvan n'était pas d'un naturel colérique, mais il sentait monter dans sa bouche un goût ferreux fort désagréable... Toute la tablée avait elle a redire sur sa manière d'élever son enfant ? Ehvan avait toujours était le mouton noir de la famille, car il n'avait pas suivit le modèle général, et qu'il s'en était allé. Être mit à part de la société formée par les siens lui paraissait donc presque normal, mais il s'était toujours senti le bienvenu lorsqu'il revenait à Opale. - « Peut être qu'il a pas de mère du tout ? Comment expliquer sinon qu'elle soit pas v'nue avec eux ? »Les spéculations allèrent bon train pendant un moment. Personne ne sembla se demander pourquoi Ehvan ne revenait pas, aussi le nomade resta-t-il à son poste d’observation. Une curiosité maladive et un brin mauvaise le poussait à rester caché, pour savoir jusqu'où iraient les médisances de sa famille. Il les avait toujours su relativement étroits d'esprit, mais les découvrir à ce point prompt à la calomnie dépassait de loin les estimations du jeune homme. Sans même connaître la mère de son fils, voilà que tous se prêtaient au jeu du jugement sans le moindre fondement. Adossé au mur, les bras croisés sur la poitrine dans une attitude fermée, Ehvan écoutait alors que la colère montait peu à peu en lui... - « Il a pas causé une seule fois depuis son arrivée, toujours le nez en l'air, comme s'il ne comprenait pas c'qu'on dit autour de lui. L'enfant est peut être juste simple d'esprit ? Voilà pourquoi il n'aurait pas de mère : elle s'en serait allée en laissant ce gamin sot dont elle ne voulait pas ! »Voilà qui coupait toute envie d'espionnage chez Ehvan. Le nomade se renfrogna, et quitta brusquement son point d'écoute, sans plus se soucier d'être discret. D'ailleurs, il n'avait pas chercher à se faire silencieux pour surprendre cette conversation. Le nomade remonta quatre à quatre les marches qu'il venait de descendre et prit la direction de sa chambre. Il ne prêta pas attention au brusque silence qui s'était fait dans le salon. Étaient-ils tous stupides ou pensaient-ils vraiment n'être pas entendu ? Peut importait au fond. Dans la petite chambre mansardée, Ehvan trouva son fils endormi. À son entrée pourtant, Caelan ouvrit un œil ensommeillé. Ce simple fait gonfla le cœur du nomade de fierté. Son fils à lui était capable de chasser, de se nourrir, de se construire un abris... et il n'avait que six ans. Il était endurant, curieux de tout, et avait sans doute déjà lu davantage de livre durant sa courte existence que tout les occupants de la maison réunit n'en liraient jamais. - « Cae, viens, on lève le camp. »L'enfant ne rechigna pas un instant et quitta ses couvertures.
Dernière édition par Ehvan le Lun 16 Jan 2017, 17:01, édité 1 fois
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| | | | InvitéLun 16 Jan 2017, 16:31 Avant de rejoindre Morphée, Caelan contempla avec fierté le présent de son père : le couteau de chasse dont il ne se séparait jamais. Allongé sur son lit, il jouait avec les reflets de la lune, se reflétant sur la lame par le bais de la modeste fenêtre qui ornait la petite chambre. Elle n’était pas pleine, nul besoin ne se faisait donc ressentir d’aller hurler ses louanges. L’enfant avait fait preuve d’adresse et avait montré sa capacité à se servir de l’arme de fortune à bon escient, il avait donc mérité ce bien. Cela n’entachait en rien la satisfaction que ça inspirait au petit garçon. Son père l’avait jugé digne de s’en servir et lui avait offert le canif qu’il tenait lui-même de son propre père. Pour Caelan, la fierté qu’il avait vue dans les yeux d’Ehvan, quand il lui avait tendu l’artefact convoité était en réalité le véritable présent. Celui-ci Caelan ne l’aurait guère cédé pour tout l’or du monde. Il appréciait sans nul pareil et à sa juste valeur, la complicité qui l’unissait à son père. Il avait néanmoins remarqué que pareille relation n’existait pas entre ses cousins et leurs parents. Bien sur, les enfants n’était pas malheureux , ils étaient nourries, logé et bénéficiait même d’une certaine affection. Ils travaillaient aux champs pour assurer le bien de la communauté, en cela ils étaient en tous points semblables à leurs bétails. La liberté individuelle était allègrement bafouée au profit du bien de la communauté. Un raisonnement que Caelan ne comprenait pas, sa famille n’étant pas de vulgaire mouton, il se demandait pourquoi agir ainsi. Il admettait que cela pouvait assurer un certain sentiment de sécurité mais il n’y avait là aucune possibilité de libre arbitre. Le bénéfice ne valait donc pour l’enfant, rien en comparaison de ce qui était sacrifié pour l’obtenir. Il avait beaucoup lu sur le sujet. Le petit garçon doutait que les opaliens présent sous ce toit, n’ai déjà ouvert un livre et il trouvait à dire vrai cela bien triste, peut être même ne savait ils ni lire ni écrire. Sa propre existence serait bien morne sans le plaisir de parcourir des épopées formidable aux héros à qui il s’identifiait bien souvent, mais également des traités de philosophie qui le faisait réfléchir sur sa propre condition. Il avait remarqué qu'ici les enfants étaient relégués à un rang inférieur par rapport à leurs aînées, considérait comme stupide et inexpérimenté. A bien y réfléchir, cela était sans doute le cas de sa tripotés de cousins. Mais leurs parents n’étaient probablement en rien étranger à cet état de fait, après tout eux non plus ne semblaient pas briller par leurs intelligences. Il était sans doute plus mal aisé de s’instruire lorsque ses propres parents ne sont que des incultes. Toutefois, Ehvan avait fort bien réussit cet exploit. Caelan en ressentait un certain respect pour son père, qui avait du se sentir bien seul au milieu de pareil rustre. Après tout, il appartenait aux parents d’instruire leurs enfants et le petits garçon trouvait injuste que l’exercice fut plus mal aisé à l’engeance des crétins. Pour le moins, si leurs descendances avaient un quelconque goût pour la connaissance, ce qui ne semblait en rien être le cas de ses cousins, qui semblait ravi de leurs piètres conditions. En outre, les hommes de la famille de son père paraissaient considérer les femmes de la maison, comme sottes et faisant parties de leurs biens propre. Une vision des choses qui excédait caelan, lui qui éprouvait pour sa mère un respect des plus totales. Après tout il ne comprenait pas bien en quoi le sexe féminin était sensé lui être inférieur. Un frisson d’horreur le parcourra en pensant à la réaction qu’auraient eux Kahliss, si lui ou Ehvan, avait tenu pareil discours. Pour sur ils ne leur auraient été possibles de réaliser pareil affront qu’une fois. L’enfant savait que le peuple d’Opale entretenait une vision archaïque de la femme mais il ignorait que cela était aussi poussé dans la bêtise. Il avait observé que les femmes de la maison s’occupaient des enfants et de la pitance pendant que les hommes prenait soin du bétail. Une répartition des tâches qui semblait bien stupide à Caelan, pour lui il était évident que la richesse d’un groupe reposait sur la diversité de ceux qui le composait. Il était donc contre productif de rassembler au même endroit ceux ayant les même savoirs. Si Caelan ne parlait que peu, il écoutait beaucoup. Il avait d’ailleurs tiqué sur chacune des inepties débité par sa famille. Toutefois, il n’en avait dit mot, observant qu’Ehvan, bon seigneur ne leur en avait guère tenu rigueur, même si les fautes de phrasé pleuvaient et les incohérences ce multipliaient. L’enfant ne comprenait pas vraiment pourquoi une grenouille dans un champ signifiait elle systématiquement qu’il allait pleuvoir le lendemain. Pour Caelan, c’était là une « science » bien trop hasardeuse, trop de paramètres pouvaient avoir influencé le petit animal, pouvant expliquer qu’il se trouvait là et la météo n’avait rien à y voir. Le plus probable étant qu’il est été soit attiré par une nourriture délicieuse à quelques distance de son endroit de prédilection, soit qu’il est était chassé par un prédateur le délogeant de fait. Il avait en outre observé le profond attachement qu’éprouvait la famille d’Ehvan pour les dieux. Cette quasi fascination laissait l’enfant de marbre. Il avait trop de bon sens pour s’en vanter devant autres âmes que ses parents, mais Caelan était contre le principe même de religion. Si les dieux existaient il ne comprenait en rien leur utilité, pourquoi ne pas intervenir pour éradiquer la maladie et la faim s’ils possédaient tant de pouvoir ? Si leur but était de laisser les hommes maître de leurs destinés alors à quoi bon adresser des prières à ces divinité, qui resteront à jamais stérile puisqu’ils se faisaient un devoir de na pas intervenir? Pour Caelan, la religion était la réponse des simples d’esprits à ce qu’ils ne parvenait guère à comprendre. Lu,i préférait chercher ses réponses dans des livres et dans l’expérience de ses aînées. Toutes ses observations, l’enfant pouvait en référer à son père qui était toujours ravi de converser avec lui sur ses arguments. Bien sur, ils n’étaient pas d’accord sur tout, mais Ehvan écoutait toujours bienveillant l’avis de son fils. Le petit garçon était ravi de ces moments privilégié avec son père, même si sa mère et Cèdre lui manquait, il appréciait passer du temps seul avec Ehvan. Maintenant qu’il connaissait la famille de son père, il songeait que celui-ci avait dut s’ennuyer profondément et comprenait bien mieux ce qui jeune l’avait poussé à suivre voyageur pour découvrir bon nombre des contrés d’Enkidiev. L’enfant, ne connaissait que bien peu de chose sur ce mentor, mais son père lui avait un jour confié qu’il appréciait l’avis éclairé de ce voyageur sur les livres qu’il lisait. Chose que Caelan comprenait fort bien. L’esprit critique n’étant pas le fort des liens de sang du nomade, le petit garçon songeait qu’a la place de son père lui aussi aurait saisi la moindre occasion de s’en aller explorer les terres de ce monde et ainsi acquérir divers savoir bien plus utile que couper du foin ou savoir réaliser des bottes de pailles. L'enfant, lui préférait sans nul pareil le savoir enseigné par son père et les compétence plus pratique apprise de sa mère. Cèdre lui même, à sa manière si particulière, aidait Caelan à gagner en autonomie et à grandir. Le petit garçon ne se séparait de « son frère » qu'a grand regret. Lui, tout du moins considérait le louveteau ainsi. Notion qu'Ehvan ne semblait guère partager et c'était là un des grands point où ils étaient en désaccord, mais chacun respectait l'avis de l'autre. C'est l'esprit plein d’interrogation, comme à l’accoutumé, que Caelan parvint enfin à trouver le sommeil. Sommeil toutefois compromis par un Ehvan fulminant de Colère.
« Cae, viens, on lève le camp. »
Son père s'exprimait d'une voix sèche bien inhabituel chez lui. Ce qui l'était tout autant, était son brusque changement d'idée. Il était convenu qu'Ehvan et son fils dormiraient chez les parents du nomade, et repartirait le lendemain. Pourquoi donc un si brusque changement de plan ? En outre, Caelan se fit la reflexion qu'il n'avait jamais vu son père en pareil état, bien au contraire celui-ci s'évertuait toujours à poser sur le monde un regard sans haine. Caelan ne pût s’empêcher d'avoir peur. Si papa était en colère, c'est que quelque chose de terrible c'était sans doute déroulé. L'enfant observa davantage son père, son calme était tout relatif, il paraissait fâcher mais pas inquiet le moins du monde. Leurs vies n'étaient donc pas en dangers. Caelan s'apaisa rapidement après avoir élaboré ce constat. Le petit garçon se questionna toutefois sur les sources de l'affliction d'Ehvan cherchant à se remémorer si il avait réalisé une quelconque facétie. Non, rien qui n'aurait suscité la colère de son père et celui-ci lui aurait fait par de son point de vue si tel était le cas. C'était sans doute autre chose, mais Caelan ne savait guère quoi. Assis en tailleur sur son lit, il luttait difficilement contre son envie de retrouver les bras de Morphée.
« Tout ne se déroule pas comme il te sied papa ? »
Caelan s'exprimait d'une petite voix embrumé par le sommeil et ne put guère retenir un bâillement. Toutefois, une fois n'était pas coutume il commença à ranger ses affaires sans énoncer la moindre plainte. L'heure n'était assurément pas aux doléances .
« Non, en effet, j'ai entendu des choses qui ne m'ont pas plu. Nous en parlerons plus tard si tu veux bien. »
Une dispute donc. Caelan se questionnait cherchant à savoir quel en était le sujet. Il ignorait ce qui avait bien put mettre Ehvan dans une telle colère, ne trouvant pas ce qui tenait suffisamment à cœur au nomade pour qu'il éprouve pareil sentiment. Toutefois, pour le moment Ehvan ne souhaitait guère en parler. Soit, il paraissait désirer quitter les lieux en toutes hâte. Caelan se saisit du précieux couteau dont son père lui avait fait cadeau et le plaça précautionneusement dans son paquetage. Il ne voulait en rien risquer de l'oublier ici.
« D'accord, nous en converserons plus tard, si cela te convient davantage »
L'enfant termina son paquetage sans plus mot dire, il le positionna sur son dos. Une fois prêt et Ehvan également, Caelan plaça sa petite main dans celle de son père, un faible sourire au visage. Cette marque de tendresse était bien inacoutimière chez le jeune garçon, mais il voulait ainsi montrer à son père son soutien inconditionnel. Le nomade avait tout droit de ne pas vouloir lui expliquer dans l'immédiat ce qui le peinait, mais voir son père ainsi, attristait le petit garçon qui cherchait dans la mesure de ses moyens à alléger son cœur de ses soucis. Un regard complice plus tard, ils quittèrent la petite chambre ensemble. Une partie de la famille paraissait désormais les attendre et avait semblait il élu domicile dans le couloir.
« - Finalement ce rejeton cause, il a ptet bien une mère et tu l'a ptet pas si mal élevé que ça. Ehv prend pas la mouche comme ça, reste donc »
L'homme qui c'était exprimé de manière si laborieuse, était le frère aînée d'Ehvan, Caelan ne l'aimait guère, il était l'un des plus idiot de la famille. Ainsi, il était donc question de Caelan voilà pourquoi Ehvan semblait si contrarié, on s'en était pris verbalement à son fils. L'enfant garda un calme olympien. Ces rustres avait osé causer tourment à son père ! Il n'allait pas en sortir indemne. Il avait compris depuis quelques temps déjà que la verve pouvait être aussi acéré que n'importe qu'elle autre arme et il n'allait pas se priver de l'utiliser. Du haut de ses six ans, si une chose excédait Caelan, c'était bien que l'on s'en prenne à l'un des trois individus qui composait son monde. Ils avaient mis en colère Ehvan et avait semblait il eût des propos dévalorisant sur Kahliss. L'enfant eut un bref sourire carnassier, il allait être sans pitié.
« Puis-je m'exprimer sans ombrage papa ? »
Le petit avait levé son visage vers son père et il savait que celui-ci ne s'y tromperait, il lui demandait l'autorisation de soumettre son point de vue honnêtement, ce qui n'allait pas être des plus élogieux pour la famille opalienne, cela allait s'en dire. Le nomade émit une brève pression sur la main de son fils, lui donnant ainsi un signal connu d'eux seul. Il avait carte blanche.
« Mais je t'en pris Caelan, exprime ton avis sans détour »
L'enfant offrit un sourire à son père sans lui lâcher la main et reporta son attention sur la petite assemblé.
«Je parle en effet, mais l'ont m'a appris à rompre le silence, uniquement si mon discours avait un quelconque interet. Je constate avec grand désarroi que ce n'est pas un apprentissage universel. Concernant votre phrasé, les contractions, mal utilisé qui plus est, m'écorche les oreilles ainsi que les négations exécuté de manière hasardeuse. Le ne appel le pas l'ignoriez vous? En outre, bien sur que j'ai une mère, il m'aurait été bien mal aisé de me trouver devant vous si il eut été le contraire. Je n'ignore pas qu'Opale a un point de vue archaïque sur les femmes, mais tout de même, vous n'imaginez guère pouvoir venir au monde sans leur précieux concours ? Si ? Observez davantage votre si cher bétail, même eux ont compris que la hiérarchie des genres n'existe pas. Hormis cela, je vous trouve bien semblable à vos moutons. Vous ne vivez que par le groupe et pour la communauté. Il n'y a chez vous aucune possibilité de libre arbitre ou de pensée individuelle. Vous êtes tous pareil et il n'y a aucune place à la différence. A dire vrai, je vous plain, vos vies doivent être bien morne et je ne comprend que trop bien mon père d'avoir eût envie de s'enfuir aussi rapidement qui lui est était possible. Le problème n'étant pas que vous soyez des rustres, de cela par respect pour lui, j'aurais parfaitement pût m'en accommoder. Néanmoins, que vous vous autorisiez pour je ne sais quelle raison stupide, à critiquer l'éducation riche que mon père m'octroie, cela non, je ne peux le pardonner. Je n'aurais put choisir moi même meilleur père que celui que le hasard m'a donné, ce sentiment je le partage également pour ma mère, c'est pour cela qu'il m'est insupportable de les laisser dénigrer ainsi. J'aimerais d'ailleurs la retrouver sans tarder si cela est possible. »
L'enfant c'était exprimé d'une voix clair et sur. Quelque part dans les bois un louveteau grognait pour lui montrer son soutien. Personne ne s'attaquait impunément à la meute.
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| | | | InvitéSam 21 Jan 2017, 17:07 - « Cae, viens, on lève le camp. »
Assit en tailleur sur son lit, la mine encore ensommeillée, Caelan avait visiblement un peu de mal à émerger des ses songes. Enfin, sur son visage, l'envie de dormir le disputait à l'étonnement. Ehvan s'en voulut d'imposer un réveil aussi brusque à son fils, surtout après la rude journée qu'il venait de passer, mais il ne lui paraissait pas concevable de rester plus longtemps sous le même toit que les autres membres de sa « famille ». Le nomade était souvent dans la lune, mais il était loin d'être stupide : il savait son fils loin des normes ordinaires d'un enfant. Il lui savait aussi une part bestiale indéniable, héritage de sa mère. Après tout, Caelan était fils de louve. En revanche, en arrivant à Opale, Ehvan avait réussit à se convaincre que les siens verraient forcément son fils d'un bon œil, aussi étonnant soit-il. En cela le nomade s'était fourvoyé, et il s'en voulait. Il n'était pas homme à se vexer facilement, mais certains sujets lui tenaient à cœur, parmi lesquels bien naturellement son fils et Kahliss.
- « Tout ne se déroule pas comme il te sied Papa ? »
La voix de Caelan était enrouée de sommeil, et l'articulation un brin pâteuse. Mais même au saut du lit, il arrivait encore à s'exprimer de façon plus élaborée que les Opaliens attablés au rez de chaussée. La réplique du jeune garçon s'acheva sur un bâillement, toutefois il commença à plier bagage sans se faire prier. Il devait avoir comprit qu'un élément perturbait le déroulement de la soirée et en cela Ehvan lui devait des explications. Le nomade encourageait perpétuellement la curiosité de son fils, prenant toujours le temps de répondre à ses « Pourquoi » aussi nombreux soient-ils. En résultait que Caelan ne suivait pas bêtement les instructions qui lui étaient données, il en questionnait toujours la raison et le motif. Pour s'exécuter, il avait besoin de comprendre l'utilité de ce qu'on lui demandait. Comportement dont Ehvan était tout particulièrement fier. Enfin, lorsqu'il s'agissait de son fils, le nomade se découvrait un orgueil certain... Sachant cela, si le garçonnet n'avait pas questionné les motivations de son père, ce dernier s'en serait inquiété. D'ordinaire, Ehvan encourageait d'ailleurs volontiers l'esprit critique de son rejeton, mais pour l'heure il ne se sentait pas la force de lui résumer ce qu'il avait entendu. Ses mots auraient sans doute dépassés sa pensée, chose qu'il ne souhaitait pas.
- « Non, en effet, j'ai entendu des choses qui ne m'ont pas plu. Nous en parlerons plus tard si tu veux bien. »
La réponse serait trop vague au goût de son curieux petit garçon, Ehvan le savait, mais il mettait un point d'honneur à toujours se montrer en tout point honnête avec Caelan, aussi lui avait-il confié sa pensée sans détour. Réfreinant visiblement sa curiosité, le jeune garçon n'insista pas pour connaître la cause de ce départ si brusque. Il s'extirpa de son lit, tira de sous son oreiller le couteau qu'Ehvan lui avait offert dans l'après-midi, et s'attela au rassemblement de ses affaires. Il ne s'était pas vraiment installé autrement que pour une nuit – d'autant que Caelan avait l'habitude de devoir préparer rapidement son paquetage, fils de nomade oblige – mais cette tâche lui prit quelques minutes.
- « D'accord, nous en converserons plus tard, si cela te convient davantage. »
Pendant que Caelan s'occupait de ses biens, Ehvan hissa son propre sac sur son dos. Il même n'avait même pas encore commencé à s'installer pour la soirée. Pendant que se pliaient les bagages à l'étage, Ehvan perçu des bruits de pas dans l'escalier. Il y avait là au moins deux personne, et à en juger par la lourdeur du pas, il s'agissait immanquablement de l'un de ses frères aînés. Le nomade n'avait pas cherché à se montrer discret lorsqu'il avait regagné sa chambre d'enfant, et les Opaliens avaient visiblement entendu son départ à défaut de son arrivée. Alors qu'il recommençait à ruminer ce qu'il avait entendu à l'instant, le nomade fut coupé dans ses réflexions par une petite main se glissant dans la sienne. Quand il croisa le regard de son fils, Ehvan y lu une sincère inquiétude, assorti d'un timide sourire. Pour le rassurer, le nomade lui adressa un clin d’œil : il était hors de question que les remarques ignares des siens cause le moindre soucis à son rejeton. Lorsqu'ils sortirent finalement de la chambre, Ehvan eut le déplaisir de constater qu'il avait vu juste. Dans le couloir – à distance respectueuse – les attendaient Ralph, l'aîné de la fratrie, et la mère du nomade. Le reste de la famille devait les avoir envoyé en éclaireurs pendant qu'eux même attendaient au bas des marches. Quand son frère prit la parole, Ehvan ne pu retenir un sourire torve.
- « Finalement ce rejeton cause, il a p'tet bien une mère et tu l'a p'tet pas si mal élevé que ça. Ehv' prend pas la mouche comme ça, reste donc »
Ralph était à cet instant l'image même de tout ce qu'Ehvan avait voulu fuir étant enfant. La face rougit par la boisson, les vêtements tachés par le repas et, naturellement, la diction laborieuse de qui n'a jamais ouvert un livre de sa vie. Le nomade inspira calmement, tachant de tempérer l'acidité qui ne manquerait pas de teinter ses propos. L'exercice était loin d'être aisé, Ehvan s'étant rarement sentit d'humeur moins diplomate. S'entendre dire par un benêt tel que Ralph qu'il n'avait « pas si mal élevé » son fils était une insulte qui passait mal aux oreilles du jeune père. Le nomade n'eut pourtant guère le temps de faire valoir son point de vue à son frère, car à son côté, Caelan prit la parole. Un rictus carnassier traversa la bouille du petit garçon à peine une fraction de seconde, chose qu'Ehvan ne manqua pourtant pas de remarquer.
- « Puis-je m'exprimer sans ambages Papa ? »
Afficher un air plus innocent aurait sans doute été difficilement possible, pourtant Ehvan savait que si son fils jugeait nécessaire d'avoir son approbation avant de parler, ce n'était pas sans raison. L'espace d'un instant, le nomade songea à recommander la prudence à Caelan. Il se reprit pourtant bien vide : les Opaliens avaient osé prendre son fils pour un simple d'esprit ? Ils ne méritaient donc rien d'autre que de constater l'étendue de leur erreur. Exerçant une pression sur la main de son rejeton toujours dans la sienne, Ehvan lui laissa le champs libre pour se faire entendre à sa guise.
- « Mais je t'en pris Caelan, exprime ton avis sans détour. »
Ehvan avait toujours incité son fils à parler franchement, à donner son avis dès qu'il en ressentait le besoin, et ce avec ses propres mots. Ce n'était certainement pas aujourd'hui que les choses allaient changer.
- « Je parle en effet, mais l'ont m'a appris à rompre le silence, uniquement si mon discours avait un quelconque intérêt. Je constate avec grand désarroi que ce n'est pas un apprentissage universel. Concernant votre phrasé, les contractions, mal utilisé qui plus est, m'écorche les oreilles ainsi que les négations exécutés de manière hasardeuse. Le ne appel le pas l'ignoriez vous? En outre, bien sur que j'ai une mère, il m'aurait été bien mal aisé de me trouver devant vous dans le cas contraire. Je n'ignore pas qu'Opale a un point de vue archaïque sur les femmes, mais tout de même, vous n'imaginez guère pouvoir venir au monde sans leur précieux concours ? Si ? Observez davantage votre si cher bétail, même eux ont compris que la hiérarchie des genres n'existe pas. Hormis cela, je vous trouve bien semblables à vos moutons. Vous ne vivez que par le groupe et pour la communauté. Il n'y a chez vous aucune possibilité de libre arbitre ou de pensée individuelle. Vous êtes tous pareils et il n'y a aucune place pour la différence. A dire vrai, je vous plains, vos vies doivent être bien mornes et je ne comprend que trop bien mon père d'avoir eût envie de s'enfuir aussi rapidement que cela lui a été possible. Le problème n'étant pas que vous soyez des rustres, de cela par respect pour lui, j'aurais parfaitement pût m'en accommoder. Néanmoins, que vous vous autorisiez pour je ne sais quelle raison stupide, à critiquer l'éducation riche que mon père m'octroie, cela non, je ne peux le pardonner. Je n'aurais put choisir moi même meilleur père que celui que le hasard m'a donné, ce sentiment je le partage également pour ma mère, c'est pour cela qu'il m'est insupportable de les laisser dénigrer ainsi. J'aimerais d'ailleurs la retrouver sans tarder si cela est possible. »
Un silence plana suite au pamphlet de Caelan. Que l'enfant ait réussit à comprendre la source de la colère d'Ehvan n'étonna pas vraiment ce dernier. Si Caelan était de nature discrète en société, il n'en était pas moins attentif à son environnement, assez même pour s'essayer à l'art de la projection astrale, mais c'était là un autre sujet. De manière générale, il ne parlait que s'il avait quelque chose de constructif à dire, notion que ne partageaient visiblement pas tout les occupants de la maison. En l'état, Ralph était réduit au silence. Lui qui affichait quelques instants plus tôt un sourire qui se voulait chaleureux affectait maintenant une moue dubitative. S'il avait certainement comprit que les paroles de son neveu à l'encontre des siens n'étaient pas des compliments, sans doute n'avait il pas saisit l'entièreté des propos de ce dernier.
- « Merci de nous avoir fait partager ton point de vue Caelan. »
Ehvan ne put retenir la pointe de fierté puérile et un brin narquoise qui naquit dans sa voix. Tenant toujours Caelan par la paume, il se plaça dernière son fils, les mains sur ses épaules, mettant quiconque au défi de remettre à nouveau en doute l'intelligence de son rejeton. S'adressant alors aux Opaliens, le ton d'Ehvan se fit nettement moins chaleureux :
- « Maintenant que vous voilà tous rassurés au sujet de Caelan, nous allons vous laisser. Je ne pense pas être quelqu'un de susceptible, après tout j'ai grandis dans cette maison sans trop me plaindre, pourtant ce que j'ai entendu ce soir, je ne peux le pardonner aussi facilement. »
- « Écouter aux portes, voilà c'que ça donne ! C'très bien que le gamin soit pas idiot, mais z'avez pas a en faire tout un plat comme ça ! »
Ralph ne savait visiblement trop s'il avait le droit de se sentir insulté ou non. Ehvan s’apprêta à répliquer qu'un jugement hâtif ne pouvait conduire qu'à des conclusions stupides, mais il fut une nouvelle fois coupé dans son élan.
- « Ehvan, je suis désolée que tu ai entendu ça, mais ne prend pas cet air outré je te pris. Tu fais partie de cette famille, et par conséquent ton fils aussi. Nous nous inquiétions pour lui comme pour toi, vous nous êtes tout les deux si différents ! »
La mère d'Ehvan venait ainsi de prendre la parole. En temps ordinaire, elle n'intervenait que peu dans les discussions familiales. Elle n'était pas très différente des autres membres de la famille, mais elle avait fort heureusement un caractère moins buté. Sans doute venait-elle d'éviter une scission complète entre Ehvan et le reste du groupe. Le nomade ravala donc sa réplique acerbe, il devait après tout effectivement se comporter en adulte. Enfin, il n'en avait pas moins envie de mettre les voiles. Qu'ils en aient eu l'intention ou non, les Opaliens avaient insultés Caelan et Kahliss, chose pour laquelle Ehvan ne pouvait faire montre d'aucune clémence. « C'est moi qui suis désolé de vous avoir pour parents ». La réplique faillit s'échapper des lèvres du nomade. Il se retint de justesse.
- « Qu'importe. Peut-être seront nous amenés à nous revoir, en attendant, j'ai grand hâte de retrouver la mère de mon fils. » puis, baissant les yeux vers Caelan : « Aller, je paris qu'ils nous attendent ».
S'avançant d'un pas sûr dans le couloir, Ehvan entama la descente des escaliers sans accorder de regard à ceux qu'il croisait, et tous imitèrent le comportement du nomade. Passé la porte d'entrée, ce dernier put seulement entendre : « Prenez soin de vous tout les deux ! ». La voix était clairement féminine, mais le nomade ne put même pas distinguer laquelle de ses deux sœurs avaient parler. Et honnêtement, il n'avait aucune envie de se retourner pour le savoir. La fraîcheur de la nuit les accueillit mieux que n'importe quel fumet de ragoût, le dais du ciel étoilé au dessus de leurs têtes leur offrait une vue qui valait bien mieux que toutes les demeures cossues du monde, et la lumière pâle de la lune était plus agréable que tout les feux ronflants de cheminé de la terre. Oui, immanquablement, l'orée des bois semblait plus confortable que la chambrette mansardée pour passer la nuit. Ehvan laissa échapper un long soupir d'aise. Il n'était nul part ailleurs aussi bien que dehors à la belle étoile.
- « Je suis désolé d'avoir interrompu ta nuit petit louveteau. »
Le nomade n'utilisait pas souvent ce surnom pour désigner son fils, s'inquiétant toujours un peu de voir l'enfant adopter si facilement des manières animales.
- « Ce que tu as répondu tout à l'heure était plein d'une vérité que hélas je ne suis pas sûr de les voir comprendre un jour. »
Ehvan souriait à son fils dans l'obscurité. Il lui ébouriffa les cheveux, et laissa échapper un éclat de rire. Ils avaient prit son fils pour un simplet ? Un sauvageon ? Ils n'avaient même pas étaient en mesure de comprendre la moitié de ce que Caelan, du haut de ses six ans, avait essayer de leur transmettre. Qui avait l'air simple d'esprit maintenant ?
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| | | | InvitéSam 04 Fév 2017, 17:48 « Merci de nous avoir fait partager ton point de vue Caelan. »
A la suite de ses dires, Ehvan se plaça derrière son fils les mains sur ses épaules, avec dans la voix un air de défi. Il semblait également prompt à défendre bellement la meute.
« Maintenant que vous voilà tous rassurés au sujet de Caelan, nous allons vous laisser. Je ne pense pas être quelqu'un de susceptible, après tout j'ai grandis dans cette maison sans trop me plaindre, pourtant ce que j'ai entendu ce soir, je ne peux le pardonner aussi facilement. »
Ainsi, il avait été question de l'intelligence de Caelan. Celui-ci aurait put s'en sentir offensé, si l'affront n'avait pas été proféré par pareil rustre. Il les excusait donc volontiers de leurs manque de savoir vivre. Après tout, l'enfant ne pouvait guère leur en vouloir, tout les adultes ne pouvait être aussi cultivé que son père.
« Écouter aux portes, voilà c'que ça donne ! C'très bien que le gamin soit pas idiot, mais z'avez pas a en faire tout un plat comme ça ! ».
A la diction laborieuse de son oncle, Caelan répondit par une moue moqueuse. Décidément, le fermier ignorait comment s'exprimer avec panache. Pitoyable. L'enfant était d'un naturel railleur, mais ce trait était encore renforcé par la rancune qu'il ressentait à présent. Le petit garçon n'acceptait guère les critiques infondées, particulièrement celles visant sa meute. Malgré son jeune âge il pouvait se montrer particulièrement revanchard dans pareille situation.
- « Ehvan, je suis désolée que tu ai entendu ça, mais ne prend pas cet air outré je te pris. Tu fais partie de cette famille, et par conséquent ton fils aussi. Nous nous inquiétions pour lui comme pour toi, vous nous êtes tout les deux si différents ! »
La dernière phrase prononcé par sa grand mère, sonna aux oreilles de Caelan comme un reproche. Être considéré comme différent ne lui avait jamais semblé être une tare, bien. Il se savait en marge, éloigné de son père par son côté lupin et de sa mère par son humanité. Toutefois, pour l'heure l'enfant s'en accoutumait fort bien. Il délimitait ses activités en fonction du monde auquel il voulait appartenir alors. Pour le moment, il avait une préférence marqué pour son côté plus animal qui lui semblait bien plus naturel. Sans doute son lien avec Cèdre n'était pas étranger à cela. Il était lié au louveteau de manière étriqué et n'en comprenait alors pas réellement les limites, mais de cela également il n'en avait toutefois cure. C'était bien l'une des seules choses que Caelan ne questionnait pas. Ça aurait été pour lui remettre en cause sa proximité avec son ami et cela lui était insupportable. Ce lien était innée et pour l'enfant c'était une bénédiction qu'il chérissait
« Qu'importe. Peut-être seront nous amenés à nous revoir, en attendant, j'ai grand hâte de retrouver la mère de mon fils. » Et se tournant vers Caelan « Aller, je paris qu'ils nous attendent ».
Ehvan ne faisait pas grand acte du pamphlet de son fils. Peut être ce dernier s'était il montré trop amère. Il était vrai que l'enfant s'était laissé emporté par l'acidité qu'il avait perçut dans le ton de Ralph. Toutefois, il s’agissait là de la famille de son père, la sienne donc par extension. Il aurait sans doute été de bon ton qu'il se soit montré plus diplomate avec eux. Caelan ne s’inquiétait pas vraiment du ressenti qu'il laisserait à sa famille opalienne, mais davantage de la peine qu'il pourrait causer par inadvertance à son père. Ralph ne semblait pas être des plus ravi de s'être fait ainsi rabroué par un enfant si jeune et la mère d'Ehvan semblait vouloir maintenir la cohésion au sein des siens. Toutefois, le petit garçon ne souhaitait pas s'excuser au près de Ralph et de sa grand mère pour ses propos. A dire vrai, il détestait déjà présenter ses regrets si ceux-ci n’étaient pas sincère. Si ses paroles avait vexé Ehvan, il lui demanderait pardon plus tard, sur la forme qu'avait pris son discours, mais en rien sur le fond. Il n'avait fait que débiter des vérités. Il aurait néanmoins put davantage enrobé son plaidoyer ou prendre soin de le simplifier pour être compris de tous. Il n'était néanmoins plus temps de se fustiger, ce qui était fait ne pouvait être défait. Il allait donc en assumer les conséquence, si conséquence il y avait. Lorsqu' Ehvan c'était exprimé à son fils son ton s'était avéré plus doux. L'enfant hocha la tête à l'intention de son père. En effet, Cèdre les attendait avec grande impatience et Kahliss également, il n'en doutait pas. Le louveteau jappait non loin dans l'une des forêt proche d'Opale, attendant son comparse avec un certain empressement de le retrouver, empressement réciproque naturellement. Ehvan flanqué de son rejeton, se dirigea alors vers la porte. Ils partirent ainsi sans un regards aux opaliens présent dans la petite demeure malgré l'intervention mollassonne d'une des sœurs d'Ehvan, pour leurs souhaiter de bien vaines politesses. Le petit garçon accueillit la nuit avec un plaisir non dissimulé. La fraîcheur qui régnait à l'extérieur, lui semblait un foyer des plus accueillant, bien plus que ne le serait sans doute jamais n'importe quelle bicoque. Caelan avait passé la plus grande partie de sa vie dans les bois et rien ne lui semblait plus naturel. Il se rendait à présent compte comme les odeurs et les bruits sous le ciel étoilé lui avaient manqué. La vie nocturne recelait tant et tant de source de distraction pour l'enfant : les animaux nyctalopes qui chassaient, la légère brise apportant de merveilleux fumées, les formes qui semblaient à Caelan aussi net qu'en plein jours....
Son père semblait également tout à son aise à l'orée des bois. Ils allaient tout deux dormir à la belle étoile cette nuit, ce qui contentait parfaitement le petit garçon. A vrai dire cela n'avait rien de bien inhabituel à ceci près que cette fois ils n'étaient que tout les deux. Cèdre pensa les rejoindre, mais il laissa finalement Ehvan et le petit garçon à leurs occupations pensant que son ami était en sécurité avec son père.
- « Je suis désolé d'avoir interrompu ta nuit petit louveteau. »
A ce surnom Caelan se redressa vivement, il était rare pour Ehvan d'utiliser ce diminutif. A la vérité, il était à lui seul une marque d'affection profonde. L'enfant ne pût retenir le sourire remplie de fierté qui naquit sur ses lèvres. Le nomade ne le comprenait pas toujours, mais son fils savait qu'il ne le renierais jamais sous le simple prétexte que Caelan était différent . C'était aussi, pensait-il une manière pour son père de reconnaître son côté lupin.
« ce n'est pas grave papa, je suis heureux de pouvoir contempler les étoiles en ta compagnie. »
L'enfant aimait particulièrement les astres et c'était un loisir qu'il aimait partager avec son père.
« Ce que tu as répondu tout à l'heure était plein d'une vérité que hélas je ne suis pas sûr de les voir comprendre un jour. »
Ehvan éclata d'un rire discret. Voilà qui surprenait Caelan, lui qui pensait avoir été trop virulent, il était soulagé de voir qu'il s'était fourvoyé. Son père paraissait au contraire en accord avec les dires du jeune garçon. Un silence paisible s'installa avant que l'enfant ne le rompe. Il était allongé sur le dos le nez levé vers les étoiles. Son père et lui avait monté un camp de fortune pour passer la nuit.
« Ma constellation préférée est sans conteste celle du dragon de l'eau. Le conte veut que ce dragon amphibien vivait dans ce monde, il y a des milliers d'année. Il a été trahit par son frère dragon de feu par jalousie, car le frère de celui ci était le préféré de leur père, le roi des dragons. L'être de feu pris de remord d'avoir ainsi assassiné son propre sang, demanda clémence aux astres et les pria d’accueillir son frère parmi eux. Pour payer son dût le traître donna sa vie, pour que l'être d'eau ne soit pas perdu à jamais. Du repentir de son frère, le dragon amphibien ne retint que le geste d'amour sincère. Ils règnent désormais tout d'eux en paix sur le ciel étoilé, protégeant les hommes de leurs vil travers. Le dragon de feu protège les valeureux et les preux tandis que son jeune frère est le gardien des érudits et des nomades.»
Les légendes concernant les astres était sans l'ombre d'un doute les préféré de Caelan, ils connaissait bon nombre d'entre elles et c'était appliqué à connaître autant de nom d'étoiles qu'il le pouvait. Il se plaisait à converser avec son père de l'un de leur nombreux centre d’intérêt commun. Pointant les étoiles il les énuméra dans un sourire.
« Véga, Hadar, Altaïr, Antares, Déneb, Aldhara, Wezen, Nunki, Sadir, Wei … Papa, celle ci juste à côté d'Aldhara connais-tu son nom? Je ne l'avais jamais remarqué auparavant »
Fronssant les sourcils, le petit garçon s'était arrêté dans son énumération, s'étant aperçut qu'il ne connaissait pas l'astre qui avait attiré son attention. Il avait déjà lu bon nombre de livre sur l'astronomie, c'était une science qui le passionnait et il dévorait tout les ouvrages que son père lui ramenait sur ce thème. Toutefois, cette étoile-ci avait semblait-il échappé à sa vigilance. Bien sur il ne connaissait pas le nom de toutes les étoiles seulement quelques uns de celles des plus brillantes, mais ce n'en était pas moins étonnant pour un enfant de cet âge. Son savoir n'avait déjà d'égal que sa curiosité.
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| | | | InvitéDim 05 Fév 2017, 09:36 - « Ce n'est pas grave papa, je suis heureux de pouvoir contempler les étoiles en ta compagnie. »
Au moins le jeune garçon ne semblait pas tenir rigueur à son père de ce réveil impromptu. La soirée avait après tout vraiment prit une tournure inattendue. Ils cheminèrent tout deux en silence pendant un moment. Une fois sous le couvert des bois, Ehvan fut privé du concourt de la lune pour y voir. Mais avoir passé la grande majorité de son existence au cœur des forêts avait conféré au nomade une aptitude remarquable à se déplacer au milieu des arbres malgré la faible luminosité ambiante. Enfin, il était loin d'égaler son fils en manière de vision nocturne : comme bien des caractéristiques propres aux loups, Caelan semblait avoir hérité de sa mère la capacité d'y voir dans le noir sans le moindre soucis. Quand ils se furent assez éloigné de l'orée des bois, Ehvan se mit en quête d'un lieu propice pour passer la nuit. Après une courte recherche, ils arrivèrent dans une clairière réduite, et légèrement en hauteur par rapport à la forêt environnante. Voilà qui ferait un lieu de bivouac idéal. D'autant que la trouée dans les arbres permettait une vue imprenable sur le ciel nocturne dégagé. Tout deux parfaitement rodés à l'exercice, Ehvan s'agenouilla au centre de la clairière et tira de son sac de voyage l'un de ses talismans de feu, pendant que Caelan revenait vers son père avec de menues brindilles. Aux premières flammèches, le nomade s'éloigna pour quérir du bois, laissant son fils installer leurs couchages et garder un œil sur le feu. Le jeune homme ne fut pas long : aussi autonome que soit son fils, il n'en restait pas moins un enfant de six enfant. Toute l'installation fut faite sans un bruit, ou presque. Mais ce n'était pas là un silence pesant ou gêné, il s'agissait plutôt du silence qu'échange ceux qui n'ont pas besoin de mots pour se comprendre. Quand le feu fut lancé pour toute la nuit, et une réserve de bois constitué, Ehvan s'installa au milieu de ses couvertures. Il demeura assit en tailleur, songeur comme bien souvent. Le sommeil risquait de le fuir cette nuit... La voix de son fils attira pourtant son attention :
- « Ma constellation préférée est sans conteste celle du dragon de l'eau. Le conte veut que ce dragon amphibien vivait dans ce monde il y a des milliers d'années. Il a été trahit par son frère, le dragon de feu, par jalousie, car le frère de celui ci était le préféré de leur père, le roi des dragons. L'être de feu pris de remord d'avoir ainsi assassiné son propre sang, demanda clémence aux astres et les pria d’accueillir son frère parmi eux. Pour payer son dût le traître donna sa vie pour que l'être d'eau ne soit pas perdu à jamais. Du repentir de son frère, le dragon amphibien ne retint que le geste d'amour sincère. Ils règnent désormais tout d'eux en paix sur le ciel étoilé, protégeant les hommes de leurs vils travers. Le dragon de feu protège les valeureux et les preux tandis que son jeune frère est le gardien des érudits et des nomades.»
Caelan était allongé, les bras relevé derrière sa tête aux boucles claires. Il avait les yeux grands ouverts, et le nez en l'air. L'enfant avait bonne mémoire, mais pour les contes et autres mythes attrayant aux étoiles, il devenait une vraie encyclopédie. Dans sa jeunesse, le dais étoilé du ciel était également pour Ehvan une source de rêverie. Face à l'engouement de son fils pour cette science, le nomade n'avait donc eu aucun mal à la fournir en livre et en histoires.
- « Véga, Hadar, Altaïr, Antares, Déneb, Aldara, Wezen, Nunki, Sadir, Wei … » Du doigt, l'enfant pointait les constellations, énumérant leurs noms comme si s'était là une évidence. Ehvan sourit dans l'obscurité : l'enfant n'avait pas fait la moindre erreur. « Papa, celle ci juste à côté d'Aldara connais-tu son nom? Je ne l'avais jamais remarqué auparavant »
La voix enfantine s'était soudain faite perplexe. Les sourcils froncés, Caelan semblé partagé entre la curiosité de découvrir un nouvel assemblage d'astres, l'incrédulité de ne l'avoir jamais remarqué, et l’excitation d'une nouvelle légende à venir. Ehvan s'était toujours dit que tant qu'à conter des histoires à son fils pour l'endormir, autant en choisir des qui lui seraient utiles. L'enfant aimait l'astronomie pour ses mythes, mais il apprenait également ainsi sans même s'en rendre vraiment compte à se repérer la nuit.
- « L'étoile la plus brillante que tu vois, c'est Sirius. Aldara fait en réalité partie d'une constellation plus vaste, celle du grand chien. C'est tout à fait normal que tu ne l'ai jamais remarqué auparavant, elle n'est visible que quelques mois dans l'année. Aldara représente la patte arrière de l'animal, tu le distingue ? Il y a des nombreux mythes à son sujet, mais je crois que ma préférée est celle selon laquelle Sirius, avant d'être une étoile, était un métamorphe. Particulièrement orgueilleux, il possédait un pendentif si brillant que quiconque le voyait avait immédiatement le désir de le posséder. Tiraillé entre la peur constante d'être dépossédé de son bien, et la joie d'être envié par tous, Sirius a cherché à s'installer là où personne ne pourrait l'atteindre et où pourtant tout le monde pourrait l'admirer. C'est ainsi qu'il a élu domicile dans le ciel, et c'est pour cela que l'étoile plus plus brillante de la constellation marque le cou du chien, car c'est là qu'il porte son précieux médaillon. »
Ehvan gratifia son fils de plusieurs autres légendes sur le sujet, d'une voix de plus en plus basse. Quand il ne perçut de Caelan plus que le bruit régulier de sa respiration endormie, il se tut. Pourtant, lui même passa presque la nuit entière à observer le ciel, sans guère parvenir à trouver le sommeil.
- « Bonne nuit Caelan... »
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